Quel est donc le quotidien de ces seigneurs du Moyen Âge ? Oubliez les scènes d'orgies ou les pièces sombres et peu décorées que l'on voit dans les films : le mode de vie est d'abord marquée par le raffinement et le luxe. On développe une société de cour, on prend à cœur d'acquérir des objets prestigieux, on s'habille de manière luxueuse et on décore ses pièces d'habitation par de grandes tapisseries ou broderies d'un travail exceptionnel... Alors, toujours aussi gueux ces gens du Moyen Âge ?

Qu'est-ce qu'un seigneur ?

Le seigneur est avant tout un individu qui possède des terres parfois en propre, le plus souvent accordées en fief, qu'il est chargé de faire fructifier. Les plus puissants qui ont généralement des titres de comte (du latin « comes » associé à la possession d'une ville), de duc (du latin « dux » qui est davantage militaire) ou sont de grands prélats ont également des domaines en propre qu'ils administrent directement ou au moins par le biais d'agents qu'ils nomment et d'autres qu'ils accordent en fief à leurs vassaux. Ils représentent l'autorité publique dans ce territoire c'est-à-dire qu'ils y prélèvent des impôts, souvent indirects au Moyen Âge, ce sont les cens sur les terres des paysans, des droits de péage, des tonlieux sur les marchandises ou des taxes diverses sur les villes et y rendent la justice. Les grands seigneurs, pour ce faire, peuvent s'entourer de leur conseil et peuvent prononcer toutes sortes de peine. Les vassaux en revanche ont le droit d'être jugés par leurs pairs alors que les conflits entre comtes sont arbitrés par le roi auquel on vient de plus en plus réclamer justice. Notons que le Moyen Âge n'est pas dans une logique de châtiment, la prison y est très rare, mais plutôt dans une logique d'arbitrage et de réparation.
Dans ce système, les seigneurs ecclésiastiques représentées par des prélats ou des abbayes fonctionnent exactement sur le même modèle. Le royaume de France est au XIIe siècle en plein essor économique, une bonne gestion de terre permet de s'enrichir... Et de récompenser généreusement ses fidèles !

Les loisirs du seigneur

Alors à quoi passent-ils leur temps tous ces seigneurs et ces dames quand ils ne sont pas en train de comploter ou de combattre ? Il existe de nombreux jeux d'intérieur dont les échecs qui sont considérés comme le jeu nobiliaire par excellence car il est censé développer l'intellect. On aime aussi pratiquer le chant ou la danse. Même si on sait lire, on aime écouter les histoires de chevaleries, l'histoire d'Alexandre ou des textes religieux moralisateurs. Reste que l'essentiel des loisirs se trouve en extérieur : à part la chasse, on privilégie les entraînements guerriers comme la quintaine ou les tournois.
La chasse demeure l'activité essentielle de l'aristocratie à qui elle est réservée à l'image des forêts du domaine du seigneur, non pas tellement en terme d'entraînement à la guerre mais plus pour marquer un territoire et s'enorgueillir de ce privilège. Les hommes pratiquent une chasse montée dont les proies les plus prestigieuses sont les cervidés ou les bêtes comme les sangliers ou les ours. Les femmes ne sont pas écartées mais leur est réservée la chasse au faucon à laquelle peuvent également participer les ecclésiastiques.

Les banquets au château

Les banquets qui sont régulièrement donnés au château en temps de fêtes sont marqués par l'abondance de la nourriture et l'importance de l'alimentation carnée. On mange beaucoup de viande mais peu souvent des espèces sauvages même si c'est beaucoup plus prestigieux : cervidés et sangliers sont importants dans les repas de fête. On ne dédaigne pas non plus les oiseaux de prestige, faisans, cygnes, cigognes, paons. Et en période de Carême, on consomme des poissons frais (esturgeons, soles...). On a largement recours aux épices, on choisit des vins de qualité ou on boit de l'hypocras. La table doit crouler sous les victuailles, les restes sont distribués aux pauvres. Le repas est un acte social : on met en scène le pouvoir du châtelain, on manifeste sa puissance et sa générosité.
Les banquets sont divisés en un certain nombre de services, sept au maximum avec une succession de potages, de rôtis, d'entremets ou encore de desserts (fruits et gaufres). Entre ces services, des spectacles sont organisés pour distraire les invités, mettant en scène trouvères, jongleurs et autres cracheurs de feu... L'essentiel est d'en avoir plein les yeux !

Les vêtements et la beauté

Rassurez-vous, au XIIe siècle, point de coiffures à la Mélusine, de cornes pour les femmes ou de vêtements trop compliqués pour les hommes ! Si la simplicité n'est pas pour autant de mise, les hommes portent des bliauds, sorte de longues robes sur des chausses, souvent dans du tissu riche, la taille entourée d'une ceinture métallique très ornée. Les dames quant à elles ont diverses pièces d'étoffes qui forment une longue robe, resserrée également à la taille et portent un voile entouré d'un cerclet de bronze sur des cheveux noués en tresses. Le vêtement est l'expression d'un niveau social, plus il est riche, plus il indique la puissance. Au Moyen Âge, l'habit fait bel et bien le moine.
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On prend soin de son corps à cette époque et contrairement à une idée fort répandue... On se lave et pas seulement par être propre mais aussi par plaisir, la dame au bain est un motif bien répandu dans l'art du Moyen Âge. Les villes sont pourvus de bains publics mais ce sont bien souvent des lieux mal famés et ouverts à la prostitution. Les femmes se maquillent légèrement, l’Église autorise en effet le port du fard rouge, mais l'idéal à atteindre est bien entendu d'avoir une peau blanche, la plus blanche possible et on utilise bien souvent des artifices pour cela. Le canon de beauté est alors simple : il faut avoir une taille de guêpe, un petit ventre rebondi, des petits seins et de préférence être blonde... Bon courage, mesdemoiselles !