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 only a bad joke (Thibaud)

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Alphonse de Toulouse

Alphonse de Toulouse

ϟ Lord of Treason ϟ


Messages : 115
Date d'inscription : 23/05/2013

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MessageSujet: only a bad joke (Thibaud)   only a bad joke (Thibaud) EmptyDim 20 Oct - 16:39

Alphonse de Toulouse  a  dit:
« Je veux que vous envoyez de suite une lettre à mon parent le roi de Castille… Et bon Dieu où se cache la missive pour l’intendant de mes terres ? »
Le comte de Rouergue se tenait au centre de ses appartements et organisait autour de lui un curieux ballet frétillant et bruyant qui ne manquait pas d’agacer l’écuyer du maitre de séant. Ce dernier, militaire jusqu’au bout des ongles, arpentait la pièce de long en large en tentant de maintenir un semblant d’ordre et de discipline dans ce qui ressemblait de plus en plus à une volière caquetante. Image vivante de la désapprobation, il rattrapa de justesse une étoffe pourpre qui manqua de peu de s’écraser contre le premier clerc du comte. Autour de lui de jeunes garçons s’agitaient dans tous les sens. Certains portaient des lettres et des documents officiels, d’autre des armes et des objets de décoration, les troisièmes de la nourriture et du vin, tandis que les derniers (et les plus nombreux) disparaissaient sous la quantité impressionnantes d’étoffes multicolores des tailleurs.
Au milieu de ce désordre, Alphonse trônait sans se soucier des personnages qui s’asseyaient un peu partout dans son cabinet. Torse nu, il acceptait ou refusait d’un signe de tête les tissus qu’on lui proposait de façon à refaire sa garde-robe. Distraitement il mangeait du bout des lèvres les plats venus tout droit de la cuisine. Mais surtout il organisait sa maison en lançant régulièrement des ordres d’une voix à l’accent fortement espagnol. De temps en temps quelques mots lancés à la volée dans cette même langue s’échappaient de ses lèvres.
« Est-il vraiment nécessaire d’organiser un cirque pareil ? » grommela Adonis en vérifiant du coin de l’œil que personne ne volait son maitre et en empêchant un garçon de renverser du fromage sur la jonchée fraichement changé. « Pourquoi diable, ne te contente tu pas de manger à table comme tout le monde. Et de faire chaque chose en temps et heures ? »
D’un air contrarié Alphonse fit un geste de la main pour qu’un garçon lui apporte un verre de vin, verre qu’il toucha à peine d’ailleurs.
« Contrairement à la plupart des nobles, je passe ma matinée au conseil du roi… Ce qui est mortellement ennuyeux, tu peux me croire. Et peux-tu me dire où se trouve mon exemplaire du code justinien ? »
Le comte écouta d’ailleurs à peine sa réponse, trop occupé à dicter sa correspondance et à indiquer quelle ceinture il préférait pour aller avec son nouveau bliaud.
De guerre lasse, Adonis alla se réfugier dans un coin et attendit que cela cesse. Autour de lui les intellectuels au service d’Alphonse ne levaient pas le nez de leurs écriteaux et prenaient en note chacune des paroles du jeune homme. Les serviteurs du palais furent promptement congédiés, le comte de Rouergue estimant avoir assez mangé. Pourtant le tailleur s’attarda un long moment. Et malgré lui l’écuyer admirait l’aisance avec laquelle son ami menait d’une main de fer le monde se déroulant autour de lui. Jonglant avec de nombreux sujets de conversations, il avait un avis sur tout et donnait de nombreuses instructions tout en écoutant les ragots de cours que l’on déversait sans fin dans son oreille.
On pouvait reprocher bien des choses au comte de Rouergue, en particulier son rapport au vin et aux femmes, mais on devait lui reconnaitre quelque chose. Il était un administrateur contentieux et intelligent.
Donc alors qu’Adonis aurait volontiers passé son après-midi à courir la gueuse, à se battre, ou à se distraire, il se retrouvait coincer dans les appartements de son maitre le temps que ce dernier s’estime satisfait de son travail. Et cela pouvait prendre un long moment, un très long moment.
« Adonis, quand tu auras finit de dormir, nous partirons. »
L’écuyer releva les yeux et vit son maitre vêtu de sa tenue d’équitation et se tenant seul au milieu de son appartement. Ses boucles auburn tombaient de façons désordonnées sur ses épaules massives et il jouait distraitement avec une pièce d’échec.
« Les parasites sont partis il y a longtemps ? »
« Un moment, et ils sont bien trop utile pour être qualifié de parasites. »

Alphonse soupira de contentement en s’éloignant de Paris pour se diriger vers la forêt royal. Bien que la soirée soit trop avancée pour permettre de chasser, il appréciait de sortir un peu pour s’aérer les poumons et l’esprit. L’été avait pris fin depuis quelques semaines déjà et le jeune homme le regrettait. Ce n’était pas le froid qui le dérangeait mais la morosité humide qui semblait régnait sur la capitale et même sur la cour de France. Le ciel ne montrait que de temps en temps un pan d’un azur pâle et maladif mais généralement on n’apercevait qu’un gris uniforme et déprimant qui épuisait le jeune homme. Même le vent qui soufflait dans sa lourde cape rouge sombre s’avérait chargeait d’une humidité dérangeante. Affligé, il talonna son cheval et dès que la foule cessa de le comprimer passa au petit galop. Puis arrivée en lisière des bois poussèrent sa monture de façon à ce qu’elle adopte un galop souple et vivifiant. Le vent, pourtant d’une humidité doucereuse, lui gifla les joues et pendant un instant il n’entendit que le fracas des sabots contre la terre humide et le sifflement d’Eole contre ses oreilles.
Puis un cri le força à tirer sur les rênes et il se retourna pour voir son écuyer en fâcheuse posture, son cheval boitant de façon inquiétante. Contrarié le comte de Rouergue fit effectuer une volte à son cheval et rejoignit au pas adonis qui grommelait entre ses dents.
« Le palefrenier s’est mal occupé de lui « marmonna le malheureux cavalier en passant une main concernée sur la jambe de sa monture.
La jument broncha et s’agita tant et si bien qu’Alphonse fut forcé de saisir les rênes pour l’empêcher de blesser quelqu’un. Puis il mit pieds à terre avec souplesse. Il eut un regard triste pour ses bottes noires qui prenait une teinte brune alors que de la boue commençait à en parsemer le cuir.
En effet, un caillou coincé sous le sabot de la bête la faisait souffrir dès que l’on augmentait l’allure et à en juger par l’état désastreux de fourchette l’infection ne datait pas d’hier.
Un sifflement agacé s’échappa des lèvres d’Alphonse alors qu’il comprenait que la sortie était plus que compromise. Cependant soucieux de ne pas laisser paraitre sa colère, il demanda à son ami de rentrer au château tandis que lui-même allait continuer seul un petit moment. Alors que le bruit des malédictions de son ami et du boitillement du cheval s’éloignait Alphonse donna un coup de pied dans une souche d’arbre, de façon à montrer l’étendue de son agacement. S’il trouvait l’incompétent qui avait gâché son plaisir ce dernier allait regretter d’avoir posé un orteil dans les écuries royales.
Alors qu’il s’apprêtait à retourner sur le dos de son cheval pour aller noyer son agacement dans du vin, une scène incongrue attira son attention. Le comte de Blois sortait des bois. Ce qui n’avait rien d’étonnant en soi, il était connu pour être un chasseur assidu. Par contre la scène que se déroulait sous les yeux d’Alphonse possédait un caractère inédit des plus divertissants.
Le comte se révélait être couvert d’un mélange de terre, de poussière et de sang qui le faisait ressembler à un gueux et non pas à un noble de la plus haute importance. Mais surtout au lieu d’être à cheval, comme son rang le permettait et l’exigeait, le pauvre homme allait à pied. Un rire contenu commença à secouer la poitrine du comte. Ce dernier le contint mais incapable de museler son mauvais esprit il lança à l’adresse du nouveau venu :

« Monsieur le comte ! Voilà une tenue des plus surprenantes… Je sais que vous appréciez les ordres mendiants, mais de là à imiter leurs bures miteuses et leurs modes de transports ! A moins que le sang ne souligne votre passion pour les bouchers ? Mais je crois surtout que c’est la confirmation de ce que la cour soupçonne. Votre faible talent pour la monte force votre frère à lutter pour vous trouver une épouse. »

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