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 Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier

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Robert II d'Harcourt

Robert II d'Harcourt

ϟ Lord of Treason ϟ


Messages : 11
Date d'inscription : 19/11/2013

Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier Empty
MessageSujet: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMar 19 Nov - 6:59

Robert II d'Harcourt  a  dit:
Robert II d'Harcourt

dict "Le Vaillant"


Je m'appelle Robert II d'Harcourt et suis né en 1119, je suis donc agé(e) de 32, à Harcourt, je suis donc de la maison Angevine. Pour de nombreuses raisons que je vous exposerai plus tard, je suis fidèle à Henri Plantagenêt. Pour ce qui est de mes sentiments, bien que je n'aime pas en parler ainsi, je suis marié à Anne d'Amboise. Mon visage? Il s'agit de Jonathan Rhys-Meyer trouvé sur tumblr
Derrière l'écran il y a Stew, j'ai 27 ans, je travail/fais des études de Hotel Management. J'ai connu le forum via Temps de Versailles, et je pense qu'il est très clair et bien fait.Je suis plutôt ACTIF, je fais de mon mieux pour y arriver. Et pour finir continuez d'être aussi passionnés!


    Halte-là, voyageur ! Dis-nous donc qui est ton maître, et les raisons qui t’ont poussé à lui prêter allégeance ! Est-ce par conviction, par intérêt, par obligation ? Ma famille a été mêlée à tout les évènements qui ont touché les Ducs d'Anjou ou de Normandie et ce depuis Guillaume le Conquérant. Mon grand-père ainsi que mon père ont toujours combattu à leurs côtés tout en s'implantant en Normandie. Je ne fis point défaut à mes ancêtres: j'ai consolidé mes terres normandes, étendues ses frontières et porter le fer au côté de mon ami le Duc Geoffroy V d'Anjou. Ensemble nous avons conquit la Normandie. J'ose croire que c'est par mon soutient qu'il est devenu Duc de la Normandie. J'ai par la suite porté assistance à sa famille en Flandres contre le Comte de Hainaut qui s'attaquait à la Comtesse Sybille d'Anjou. Il allait donc de soi que je me dresse une fois de plus l'épée à la main mais cette fois pour me retrouver de l'autre côté de la Manche avec le jeune Henri Plantagenêt, fils de cet ami de longue date. Étant aujourd'hui le plus puissant seigneur de Normandie, je suis aussi le plus solide allié de ce fils qui allait devenir Comte d'Anjou et Duc de Normandie et à sa mère, Mathilde l'Emperesse.
    Si une guerre venait à éclater entre l’Aquitaine, la France, la Normandie et l’Angleterre, que ferais-tu ? Prendrais-tu part au combat ? De quel côté ? Ou bien resterais-tu à l’écart ? Je serais sans l'ombre d'un doute le plus fort et féroce seigneur à rejoindre les troupes normandes. Se sont mes hommes, de fiers normands, qui attribuent cette puissance à la Normandie et à son Duc. C'est à son côté qu'il pourra compter sur ma présence. Qu'importe nos ennemis, nous marcherons contre ceux qui auront voulu s'en prendre à nous, nos familles et nos terres!
    Toutes ces alliances, ces mariages… Qu’en penses-tu ? Servent-ils tes intérêts ? Ou chercherais-tu à les rompre ? Je crois sincèrement que j'ai le poids pour faire basculer la balance des pouvoirs. Je sais très bien ce que cela représente d'être le Comte d'Harcourt. Celui qui obtient mon soutient en retire une puissance inquiétante pour ses voisins d'où le pourquoi on cherche à m'approcher. Je demeure l'allié du Duc d'Anjou et de Normandie bien qu'il soit aisé d'imaginer l'impact que j'aurais de rejoindre le Roi Louis VII pour soutirer la Normandie ou encore prendre le parti de mon épouse d'Amboise... Certains diront même que je pourrais me dresser en mon nom propre et servir mes intérêts... Sots! Ils n'ont jamais comprit que l'influence que j'apporte à la couronne d'Anjou et de Normandie me permet de pas dépendre de personne tout en me plaçant en position enviée de tout les Grands du Royaume. Je fais ainsi la jalousie de plusieurs alors que d'autres voudraient se dresser contre moi. Qu'ils viennent!
    Enfin, dis-nous un peu : plutôt bal ou plutôt tournoi ? Plutôt guerre ou plutôt paix ? Plutôt amour courtois ou plutôt croisade ? Vous me permettez de rire? Un guerrier normand enfin non, un homme de Normandie sait que se ne sont pas les bals qui façonnent l'honneur d'un homme mais bien les tournois et les armes! Si les bals sont parfois le théâtre de la diplomatie, c'est bien au front que se décide le sort des hommes. Quant à l'amour, outre ma femme je suis demeuré fidèle à mes premiers: à mon nom, à ma famille et à mes terres! Enfin, j'espère ne pas devoir quitter ces dernières pour aller dans une croisade qui demeure une entreprise vaine et perdue.  


Chapitre I - Le mariage


C'était probablement l'évènement mondain le plus important de l'année. Bon nombre de personnalités qui allaient façonner le Royaume quelque années plus tard y seraient présentes. Bien sûr l'ampleur de l'évènement n'avait pas la même importance pour le jeune noble âgé de 9 ans, seul membre de sa Famille à accompagner son père, le Baron d'Harcourt. Ce jour, le Comte d'Anjou et futur Roi de Jérusalem allait marier son fils Geoffroy à Matilde l'Emperesse héritière de la Couronne d'Angleterre. Ainsi, tout Grands de ce monde se devaient d'y assister car nul ne pouvaient prédire ce que l'avenir avait en réserve pour cette union gage de paix entre l'Anjou et la Normandie.

Bien que la Famille Harcourt n'avait pas toute la puissance et l’influence qu'elle a aujourd'hui, une longue tradition de soutient mutuel a toujours existé entre la Famille du marié et eux. Puisque ce mariage était le gage de paix tant attendu, il n'était donc pas surprenant de voir cette digne Famille de guerriers normands ayant combattu aux côtés même de Guillaume le Conquérant d'assister à ce mariage hors du commun. C'est très certainement à ce moment que le jeune Robert II d'Harcourt comprit qu'il aurait à porter sur ses épaules le poids et la responsabilité de sa Famille. Son père avait été des plus clair à ce propos en le faisant seul accompagnateur du voyage. Curieusement, le jeune homme était en paix avec ce fait. Il savait que parmi les gens qu'il allait rencontrer, certain allaient devenir des alliés tandis que d'autres trouveraient peut-être même la mort au fil de son épée... C'était là une réalité qui accompagne celui qui a dans sa Famille un long héritage de batailles victorieuses.  Tôt ou tard, Robert savait qu'il allait devoir défendre les intérêts de sa Famille l'épée à la main et même d'en accroître le prestige.

*    *
*

Ils étaient tous entassés dans la Cathédral du Mans. Des gens de partout mais principalement de l'Anjou, du Maine et de la Normandie. Tous allaient se retrouver, tout comme la mariée, unie contre leur gré. Habituellement, on s'imagine les mariages comme étant des évènements heureux mais l'ambiance qu'il y avait dans le lieu Saint ne laissait pas croire en la nature de l'évènement. Le jeune Robert d'Harcourt observait cette scène avec un sourire perspicace aux lèvres pendant que son père parlait çà et là de politique ou de diplomatie pour s'assurer de ses positions au nord. C'est sans surprise aussi qu'il constata qu'il était le plus jeune de l'assemblée. C'était souvent le cas depuis que son père l'avait tiré du reste de la Famille. Son éducation avait été accéléré et pour chaque heure passée derrière un vieux livre il en avait le double à passer au combat. Comme quoi en Normandie on rêve d'écrire sa victoire du sang de nos ennemis par l'épée rougit...  

Enfin, ce qui allait écrire le 17 juin 1128 à l'histoire était ce mariage qui débutait à l'instant. Le silence empli la Cathédrale et tout les seigneurs se tassèrent pour voir le déroulement de la cérémonie. Robert se faufila au devant des jambes de son père qui n'avait eu aucun mal à se trouver une bonne place dans l'assistance, son caractère impétueux de normand et son propre prestige le précédant. Une première apparition saisi l'assemblée présente quand le Comte d'Anjou Foulque V, futur Roi de Jérusalem, entra suivi de sa suite pour présenter le marié, son fils.

C'était un gamin tout juste plus âgé que lui. Six ans à peine les séparaient et après lui, Geoffroy 5e du nom était le plus jeune présent. Voilà qui était d'autant plus étrange du fait qu'il était le principal intéressé de toute cette cérémonie. Il avait tout les apparats digne de son statut. Des vêtements d'un tissu si riche et des ornements dorés digne d'un Roi se retrouvait sur se petit corps d'enfant. Quant à Geoffroy, il avait l’élégance de maintenir une posture fière malgré l'ironie de son age et le fait de son jeune-âge. Robert l'observait attentivement car après-tout, tout deux savaient le ridicule de leur présence bousculée bien trop tôt dans un monde d'adultes. Ce mariage n'avait rien d'un jeu d'enfant et tout les seigneurs présents lui accordait la plus haute importance. Le Baron d'Harcourt aussi était de ceux qui espérait bien tirer partie de cette union.  

Un long moment d'inaction avait suivi l'arrivée du marié. Seul quelques murmures indiscrets se faisaient entendre parmi la foule. Tous se demandaient bien pourquoi la mariée ne faisait pas à son tour son arrivée. Un moment qui dû paraître interminable pour les principaux intéressés et Robert quant à lui fixait attentivement Geoffroy en qui il pouvait légèrement s'identifier. Au bout d'un moment, les deux croisèrent le regard. Le jeune d'Harcourt n'avait pas l'habitude d'être intimidé et il ne détourna pas le regard en cet instant mais offrit à la place un sourire au marié l'histoire de dire "t'en fais pas, ça ira" alors que d'autres autour d'eux s'impatientaient...

Il aura alors suffit des portes de la Cathédrale qui s'ouvrirent pour que les murmures qui s'accentuaient cesse pour de bon. C'était au tour de Mathilde l'Emperesse de venir se présenter en la cérémonie. Qu'est-ce qu'elle lui paraissait vieille à ses yeux de gamin de 9 ans! Il n'aurait pas voulu être à la place de Geoffroy à cet instant. Les mariés avaient onze années de différence et cela jeta un froid immense dans toute l'assemblée. Aucun sourire ne paraissait sur le visage de la femme. Elle s'avançait machinalement vers l'hôtel, elle qui était déjà veuve... Devant cette scène, même le Baron d'Harcourt n'aurait trouvé meilleur argument pour démontrer le devoir et la responsabilité de ceux qui se doivent de porter leur Famille. Comme il était facile d'être un Harcourt se disait Robert en regardant Geoffroy endurer ce mariage qui devenait de plus en plus lourd. Ce dernier se tourna discrètement quelque fois vers Robert pour y retrouver ce sourire confiant sur la gueule du normand qui disait "ça ira... t'en fais pas..."

*    *
*

Ce mariage ne finissait plus de finir... Après la cérémonie c'était amorcé un banquet qui n'avait rien de bien festif à voir la tête des mariés... Mathilde l'Emperesse semblait vouloir prendre ses jambes à son cou et retourner d'où elle venait au plus vite avec son père alors que Geoffroy lui s'efforçait de conserver la façade. Tout comme le jeune d'Harcourt qui sentait la fatigue le gagner et malgré toute sa bonne volonté d'enfant de 9 ans, il commençait à en avoir sérieusement marre de jouer les grands. Son père parlait à d'autres seigneurs d'Anjou ou bien de Normandie tandis que lui s'était prit à errer non loin dans la pièce.

Son regard se perdait sur les riches tentures et sur les peintures faisant le portrait d'une autre époque. Une épopée dont Robert aurait aimé faire partie... Son tour viendrait se disait-il dans sa tête tout en souriant de cette image de conquête. Déjà le jeune d'Harcourt se voyait grand et puissant! Sa collision avec le derrière d'une vieille baronne le ramena à la réalité.

- "Si ce n'est pas le petit Robert d'Harcourt que voilà" c'était ce qu'elle piaffait à son visage la vieille grue pomponnée... Il la dévisagea impétueusement tout en prenant le grand soin de se souvenir de son nom alors que les quelques personnes autours ricanaient de son air qui leur paraissait "surprit". Il l'aurait terrassé de ses bécasses pour la peine! Comment osait-elle l'humilier ainsi lui qui avait 9 ans!? Personne de son âge n'était grand et fort comme lui! Que dire de son père qui lui donnait déjà plus de responsabilités que certain de cette pièce? C'est bien ce dernier qui lui mit la main au collet pour le ramener à l'ordre de ce bref instant qui passa si vite aux yeux de tous mais qui pour Robert marquait un affront gratuit de la baronne.

-"Robert!" que disait son père tout en lui instruisant de se tenir... Après tout, comment pouvait-elle savoir cette baronne que quelques années plus tard se serait le "petit Robert d'Harcourt" qui la dépouillerait de ses terres? D'ici cette revanche il y avait ce banquet à conclure. Cette fois, il allait faire une rencontre d'un tout autre type. Tout près d'eux se trouvait un jeu d'échec avec toutes ses pièces disposées sur l'échiquier. Cela avait eu le don de capter toute l'attention du jeune garçon qui déjà en regardant ce champ de bataille carotté s'imaginait mille et une stratégies. Sa main s'avançait doucement pour toucher le bois verni d'une des pièces quand une voix s'interposa à sa contemplation.

- "Vous aimez les échecs cher seigneur?" la voix ne lui était pas totalement inconnue mais il n'aurait pu deviner sans se retourner pour tomber nez à nez avec Geoffroy, le principal intéressé de toute cet évènement. Vraiment c'était le cas de le dire, les deux jeunes hommes avaient pratiquement et la même carrure. Si Mathilde l'Emperesse aurait qualifié son nouvel époux de "freluquet", Robert était quant à lui beaucoup plus développé que les enfants de son âge même chez les normands. Ce dernier prit la peine de regarder Geoffroy d'un œil perspicace pour y lire toute la richesse d'esprit que le jeune homme face à lui pouvait cacher derrière cette façade. Il répondit d'abord par un sourire, heureux qu'enfin quelqu'un lui confère un peu d'attention.

- "Je les aime en effet bien que je n'aie pas l'occasion d'y jouer souvent." Robert avait bien raison sur ce point avec son éducation qui se bousculait au travers de ses responsabilités nouvelles.

- "Peut-être aurons-nous l'occasion d'y jouer ensemble un jour? Et dites-moi votre nom je vous prie." la proposition était sincère malgré que cela ressemblait plutôt à une façon de remercier Robert de son soutient moral lors de la cérémonie. Ce dernier hocha la tête approuvant une partie un de ces jours avant de répondre.

- "Je suis Robert II d'Harcourt mais sachez cher seigneur que je préfère quand même m'entraîner avec des armes plutôt qu'avec des pièces!" Son sourire s'étira fièrement et son père en entendant le nom de sa Famille rappliquait déjà. Geoffroy paru surprit et amusé à la fois. Il lui répliqua aussitôt.

- "Vous me semblez bien jeune Robert II d'Harcourt!" C'était au tour de Geoffroy de le regarder fièrement mais se fût de courte durée car le jeune noble de Normandie avait la réplique parfois un peu trop facile...

- "Votre nouvelle épouse semblait penser exactement la même chose de vous!" et comme il aurait aimé avoir un court instant pour savourer le triomphe de sa réplique avant que son père intervienne!

-"Robert!!!" s'exclama le Baron d'Harcourt avançant une main capable de faire éclipse à n'importe quel visage de nouveau vers le collet de son fils.

-"Ne lui en voulez pas je vous prie." coupa net Geoffroy "je suis le responsable de tout ceci... D'ailleurs, nous discutions de la possibilité de nous revoir sous peu pour une partie d'échec ou bien même un entraînement mutuel aux armes. Bien sûr, j'aimerais la permission du réputé baron d'Harcourt pour lui soutirer son fils quelque temps. Qu'en dites-vous?" Le père de Robert hochait la tête bouche bée tout en étant impressionné que son fils aie mené la meilleure bataille diplomatique de la soirée! Ce dernier échangea un sourire avec Geoffroy et ce qui allait être le premier d'une longue série de regard complice.  


 




Chapitre II - L'Homme des Grandes Occasions


 
1135

La mort du Duc-Roi Henri 1er d’Angleterre allait être le point de départ de nombreux troubles de l’Angleterre à l’Anjou. Voilà qu’à seize ans à peine Robert d’Harcourt devait lever ses armées d’Harcourt jusqu’à Bouville pour affirmer leur droits sur leurs terres menacées par l’anarchie nouvelle. Son père quant à lui était monté au nord dans leur seigneurie de Cailleville afin d’y rassembler le reste de ses forces en cette forteresse près de la Manche. Cette mort du Monarque venait de briser le casse-tête de la Normandie où chaque pièce pouvait être prise par celui qui tendait la main. L’anarchie était d’autant plus présente en Angleterre où la femme de son ami Geoffroy V d’Anjou devait s’imposer comme héritière. Tous les acquis et possessions des seigneurs vivant sur ces terres n’étaient plus garantie et tout étant à prendre.

La réputation de meneur d’hommes du patriarche d’Harcourt était bien établie et ce dernier mena au nord une campagne aisée pour consolider les acquis de la Famille. Sans grandes difficultés, il repoussa quelques seigneurs anglais cherchant à consolider une emprise aux portes du Royaume Français. Il gagnera de nombreux appuis tout autour de ses positions comme celui du Roi Roger II de Sicile qui mit à disposition des Harcourts tout les effectifs des Hauteville. Sans plus d’efforts il venait de consolider une base solide pour la conquête future de la Normandie qu’allait poursuivre son fils héritier.

Au sud de la Normandie les choses étaient bien plus troublées. Rapidement, le jeune Robert d’Harcourt dû s’imposer sur ses terres. Son éducation aux affaires de la guerre qu’il avait partagée par période avec Geoffroy d’Anjou portait aujourd’hui amplement ses fruits. À seize ans il avait pratiquement la force et la stature d’un homme mature ainsi que l’impétuosité de dix d’entre eux. Rapidement, tous les seigneurs de ces terres troublées allaient apprendre à craindre et respecter le nom de Robert II d’Harcourt. Doté d’un charisme magnanime et d’un esprit éclairé aux stratèges de la guerre, il fût épaulé et suivi par ses troupes dans les combats qu’il allait devoir mener.

Alors que l’héritière au trône d’Angleterre Mathilde l’Emperesse levait son armée contre Étienne d’Angleterre en reprenant Argentan, Exmes et Domfront, d’autres fidèles à ce dernier faisaient de même. De ceux-là, certains ont tenté leur chance en se frottant à  l’inexpérimenté Robert II d’Harcourt afin de s’établir en sol normand pour défendre leurs intérêts d’outre-mer. Imitant les succès de son père, le jeune d’Harcourt mena ses armées d’une main de maître pour mater les armées nouvelles en son voisinage. Chaque victoire était synonyme de l’expansion des frontières de ses fiefs et de sa réputation. À chacune des batailles disputées en Normandie le découpage de cette terre se modifiait. Grâce enfin aux prompts succès en ce début d’année 1135, la Famille d’Harcourt s’était imposée comme une Maison majeure et stable de la Normandie.

Le Duché de Normandie n’était pas le seul théâtre de bataille. Après avoir rassemblé ses troupes à Argentan, Mathilde l’Emperesse avait toute les prétentions de poursuivre sa conquête en Angleterre. Aveuglé par son objectif de reprendre le trône qui lui revenait elle s’y engagea corps et âme malgré le peu de ressources dont elle disposait. Son époux, Geoffroy V d’Anjou, beaucoup plus posé et patient qu’elle savait que toute conquête de l’Angleterre allait d’abord passer par celle de la Normandie. Au lieu de mener cet objectif à terme ensemble, le couple à la tête du Comté d’Anjou prirent les armes chacun de leur côté. Mathilde l’Emperesse allait connaître bien des difficultés à faire la moindre avancée au début de la Guerre Civile et Geoffroy V d’Anjou allait quant à lui subir un échec à sa première tentative de conquérir la Normandie. Chacun manquait cruellement de soutient de la part des principaux barons influents des terres respectives. En plus du reste, une révolte en Anjou allait ajouter un autre frein aux ambitions du couple.


*   *
*


Le campement des troupes de Robert II d’Harcourt s’était arrêté à Beaumesnil, un peu au sud-ouest du fief d’origine d’Harcourt. Posté là-bas en avant-poste avec une force considérable, le jeune d’Harcourt jetait une ombre considérable à tout désir éclairé de ses voisins de s’en prendre à eux. Alors que dans la cour de la place forte se préparait les troupes à une revue, le futur Comte d’Harcourt et ses principaux conseillers réunies dans l’enceinte entouraient une table où trônait une carte de la Normandie et ses alentours.

- « Comme vous le voyez messire, nos forces pourraient aisément vaincre ces positions ici et là » expliquait un des conseillers tout en pointant du doigt les endroits désignés sur la carte.

- « Nos effectifs sont trop peu nombreux pour nous disperser ainsi » rétorquait un autre alors que Robert contemplait pour la millième fois cette carte connaissant déjà tout ses tenants et aboutissants que voulaient bien décrire une fois de plus ses conseillers.

- « Vous savez tous aussi bien que moi que si nous réunissons les troupes d’Harcourt à celle des Hauteville avec cette garnison nous pourrions réussir là où Geof… » la main levée du jeune Harcourt coupa net la parole au conseiller. Robert prit la parole pour la première fois depuis un moment.

- « Si votre intention était d’affirmer qu’avec les troupes de mon père et de ses alliés nous pourrions réussir à conquérir la Normandie, alors permettez-moi de vous couper sur-le-champ! Il est bien vrai qu’aucune forteresse sur cette carte pourrait nous résister mais quel serait votre plan devant toutes ces armées unies à vouloir notre mort?! » malgré la puissance à première vue des forces des Harcourt, il n’en demeurait pas moins que c’était là un aveu d’impuissance. Robert avait bien sûr déjà pensé à ce scénario… Réussir là où son ami Geoffroy avait échoué… Vaincre de petits seigneurs était une chose aisé mais chassé Étienne d’Angleterre de la Normandie était une entreprise bien plus vaste. Mathilde l’Emperesse avait déjà reprit trois des plus importantes forteresses du Duché, Geoffroy d’Anjou était clair dans son désir de conquête multipliant les raids et le Roi de France aussi pouvait se joindre à la partie… Il fallait trouver un pari bien plus sur et il se présenta sous la forme d’une rébellion angevine.

La petite assemblée allait quitter la pièce pour effectuer la revue des troupes quand un messager arriva subitement. Il les informa de cette rébellion qui menaçait Geoffroy d’Anjou au cœur même de son Comté. Geoffroy demandait le support d’Harcourt pour l’aider à mater au plus vite cette révolte. Tous les hommes présents s’échangèrent des regards inquisiteurs. Si Geoffroy était occupé sur ses terres, la porte était alors toute grande ouverte pour eux en Normandie. Eux même auraient pu conclure une alliance avec le Roi de France pour se partager le Duché tant convoité… Ils pouvaient aussi se lancer à l’aide de Geoffroy et s’allier une fois pour toute scellé de ce fait l’amitié existante entre les deux jeunes seigneurs. Durant ce temps où les scénarios défilaient dans l’esprit des conseillers, Robert lui souriait. Il se souvenait bien de la première révolte sous le règne de son ami.

Les deux jeunes nobles étaient réunis en Anjou. Ils se voyaient souvent tant tôt pour recevoir une éducation commune ou pour s’entraîner aux armes. Il fallait le dire, les deux jeunes hommes appréciaient la compagnie de l’autre et une saine amitié s’était développée. C’était en plein cœur d’une partie d’échec qu’ils avaient apprit la rébellion du Vicomte Aimery VI de Thouars. Geoffroy était à cette époque âgé de seize ans comme Robert l’était au jour de la deuxième révolte. Ce dernier se souvenait très bien de cette scène où Geoffroy lui demandait son avis. Même à dix ans, Robert d’Harcourt avait cet esprit vif et battant. Il savait que l’on ne pouvait y aller de main morte avec les traites! Robert conseilla alors de prendre sous son aile les gens de Thouars mais de jeter à bas toute fortifications qui pourraient revenir le hanter par la suite. De traquer ce traite d’Aimery et de l’exécuter en exemple.

Comme il aurait aimé l’accompagner pour aller mater cette rébellion mais âgé seulement de dix ans, il fut laissé derrière… Il dû même retourner pour sa sécurité en Normandie auprès de son père. C’est bien plus tard qu’il reçu des nouvelles comme quoi Geoffroy avait réussi à rétablir l’ordre sans grande peine. Le donjon de Thouars avait été réduit en ruine et la population s’était rangée sous la coupe de son ami. Six ans plus tard face à de nouveaux troubles, Robert d’Harcourt maintenant à la tête d’une armée n’avait aucune intention d’être laissé de côté! Cette fois il allait être aux premières lignes pour défendre son ami. La simple idée de trahir leur amitié le répugnait et il se fit un point d’honneur de la respecter. Il informa tout ses conseillers réunis de sa décision et les pria de préparer leur départ dès la revue terminée. Enfin, il se tourna vers le messager pour qu’il se rende auprès de son père.

- «  Informez mon père que nous allons marcher aux côtés du Comte d’Anjou contre les rebelles de cette terre! »

*     *
*
 

Son épée déjà rougit du sang de nombre de ses ennemis s’abattait une fois de plus pour donner la mort. Son bouclier déviait les coups frappe après frappe malgré l’engourdissement et la fatigue à son bras. Au cœur de la bataille, éclaboussé du succès de ses engagements, Robert II d’Harcourt mettait, avec ses hommes, en déroute les ennemis de Geoffroy d’Anjou. Du haut de son cheval, le jeune homme se battait avec vigueur rendant coup pour coup les attaques et repoussant l’ennemi. Au devant de lui se dressait un peloton d’hommes décidé à combattre jusqu’à la mort pour soutenir celui qui les avait mené là. Ce ne pouvait être que le traitre d’Anjou accompagné de sa garde rapprochée qui lui faisait face.

Robert d’Harcourt mit pied à terre en appelant ses hommes à se regrouper autours de lui et à serrer les rangs. Bien que sa victoire lui fût pratiquement déjà acquise, il n’allait pas reculer devant un combat face au chef ennemi. « Qu’on me le ramène vivant » ordonnait-il en référence au chef ennemi. Ses troupes étaient anxieuses d’en finir et Robert se devait de leur rappeler de tenir les rangs. Leurs ennemis s’élançaient sur eux avec l’énergie du désespoir pour tenter un ultime assaut.

- «  Serrez les boucliers et encaissez!!! »

L’ordre était des plus simples et les troupes disciplinées de Robert d’ Harcourt n’eurent aucun mal à s’exécuter. L’ennemi se heurtait à leur position défensive où les lances repoussaient leurs approches. Lorsque les boucliers s’ouvraient, s’était pour qu’un soldat use de l’épée pour achever un ennemi laissé vulnérable au devant. Méthodiquement la troupe du jeune d’Harcourt égrainait les espoirs de la rébellion. Finalement, lorsque la charge des rebelles fût terminée, se fût au tour de Robert et ses hommes de prendre l’offensive. Les normands s’abattaient sur eux avec une férocité digne de leurs ancêtres! Robert utilisait tant tôt son épée pour bloquer une attaque pour ensuite répondre du plat de son bouclier et revenir bas de la lame dans une frappe traçant un arc vers une cuisse ennemi beaucoup trop exposée. Où encore, son bouclier repoussait les armes ennemies vers le ciel pour ouvrir un chemin mortel pour la pointe de son épée. Les troupes de Robert accompagnés de quelques hommes de Geoffroy, dominaient cette bataille qui avait prit les traitres par surprise. Celle-ci ne dura que quelques minutes avant que le chef ennemi ne se rendent pour ainsi sauver la vie du reste de ses hommes fait captifs.    

Ce seigneur félon n’avait pas cru que Geoffroy d’Anjou allait trouver si promptement un soutient de cette taille et efficacité. Ayant les yeux fixés sur le Comte d’Anjou il n’avait pas vu venir l’offensive bien préparée de Robert II d’Harcourt qui accourait en appuie. Il ne pouvait pas plus croire qu’il venait d’être battu par un jeune homme de seize ans tout droit sortie de Normandie. Capturé par les hommes de Robert, il fût amené devant lui.

- « Pour le salue de vos hommes fait prisonniers, reconnaissez-vous Geoffroy V d’Anjou comme Comte d’Anjou légitime? » demanda Robert.

- « Oui il est le Comte légitime » répondit le félon.

- « Devant Dieu, avouez-vous votre traitrise? » poursuivit le jeune seigneur.

- «  Oui messire… » Ainsi, craignant que le futur Comte d’Harcourt ne connaisse point les us et coutumes de la guerre, il implora le statut de prisonnier de guerre.  

- « Prisonnier de guerre? » questionna Robert

- « Oui vous devez… » commença le traitre mais n’eue pas l’occasion de terminer sa phrase.

- « Il n’y a nul guerre en Anjou! Vous l’avez reconnu vous-même… L’Anjou possède un Comte légitime et vous vous rendez coupable de félonie! Je suis normand, je sais reconnaître une guerre lorsque j’en vois une! Ici, il n’y avait que vous et vos actes criminels. »

- « Mais qu’est-ce que ça veut dire?! » questionna en s’affolant légèrement le félon. Robert se tourna vers ses hommes pour demander :

- « Quel est le sort réservé aux traitres messires? » il était inutile pour le jeune d’Harcourt d’entendre la réponse de ses hommes pour savoir que le seul sort pour les traitres était la mort. D’un signe de tête à ses hommes il fit mettre le félon à genoux devant lui. Ce dernier le suppliait et implorait son pardon. L’épée encore chaude du sang de ses ennemis sortie à nouveau de son fourreaux. Robert se plaça au devant de l’homme tout en inclinant sa lame en direction de la poitrine du traitre.

- « Priez maintenant pour le salue de votre âme… » offrit le seigneur d’Harcourt avant de plonger d’un geste vif et net sa lame de part et d’autre de l’homme reconnu coupable de traitrise.  

*       *
*

1138

- «  Il est temps pour nous de passer à l’offensive! » s’animait Robert II d’Harcourt aux côtés des conseillers rapprochés du Comte Geoffroy V d’Anjou pour sa conquête de la Normandie débutée officiellement en 1136.

- « Ne soyez donc pas aussi impulsif à vouloir mener ces hommes à la mort, nous devrions encore attendre et observer notre ennemi. » répliqua tout droit au visage du jeune d’Harcourt un des conseillés angevins du Comte.

- « Voilà deux ans que nous attendons et observons!!! » s’exclama Robert tout en frappant la table du poing à bout de patience avant de poursuivre : « Étienne de Blois cumule les âneries dans sa gouvernance au trône d’Angleterre. Chaque jour les hommes qui lui étaient fidèles le sont de moins en moins… La volonté de combattre de ces seigneurs s’effritera aussi rapidement que nos armées réduiront leurs rangs au néant et qu’aucune aide ne viendra à eux! C’est à nous de saisir cette opportunité avant que d’autres ne le fassent! Mon ami, vous savez tout comme moi que le temps est venu… » le Baron d’Harcourt regarda intensément le Comte, son ami, pour guérir son soutient.

- « Robert a raison… Nous avons soigneusement préparé ce terrain. Nous avons placé nos pions pièces par pièces… Nos positions dominent l’échiquier et il est temps de faire tomber les pièces ennemis! Nous allons récolter aujourd’hui le fruit de notre patience. Le temps a joué en notre faveur et contre celle d’Étienne de Blois et ses semblables.  Pendant deux longues années nous nous sommes contentés de petites victoires stratégiques pour que le jour venu nous puissions faire cette conquête. Ce jour est venu! » le discours de Geoffroy fit naître un sourire au visage de Robert sachant que c’était maintenant son tour d’entrer dans la partie.

C’était le signal de départ que Robert avait attendu depuis deux ans. Il avait convaincu deux ans plus tôt son père que la Famille Harcourt se devait de rejoindre le partie de Geoffroy V d’Anjou. Après la victoire de son fils lors de la révolte angevine, le patriarche ne doutait nullement de la position avantageuse de la Famille dans cette alliance. Ainsi, ils pourraient être un membre actif de la conquête et saisir du même coup des territoires à rendre sous leur giron. Il ne fallu pas bien des batailles avant que le jeune Robert d’Harcourt devienne le leader et symbole des assauts du clan d’Anjou, lui-même contrôlant une forte partie de la Normandie. Il accumulait les combats de fronts et pourtant rien ne semblait pouvoir les ralentir ses hommes et lui en cette année 1138. Durant toute l’année, ils forcèrent leurs ennemis à se retrancher dans leur forteresse abandonnant les campagnes au clan de Geoffroy V d’Anjou. L’avantage du terrain tournait rapidement en leur faveur. C’est en cette année que l’union entre les positions de Mathilde l’Emperesse, de Geoffroy d’Anjou et celle de Robert II d’Harcourt augmentées du succès de leurs conquêtes, s’imposa comme étant la plus puissante de Normandie. Déjà, le clan qui allait gagner six ans plus tard était connu de tous.

*     *
*

1139

Une brume basse flottait lascivement sur le campement des forces du clan de Geoffroy V d’Anjou. Les feux de camps et les brasiers parvenaient à peine à éclairer le campement endormi… L’atmosphère générale rendait inconfortable même les plus endurcis des soldats. C’était ce genre de nuit où les mauvais souvenirs du passé reviennent vous hanter. Dans ces nuits où les songes nous ramène les images des vies volées par la triste réalité de la guerre. Cette fraîcheur nocturne qui vous glace le sang en prenant le poids du prix en vies qu’il en a couté pour cette gloire à l’épée acquise.  Beaucoup d’hommes passaient ces nuits seul à se recueillir priant Dieu de bien vouloir pardonner leurs actions. D’autres tombaient de fatigue pour se réveiller plus tard en sursaut par un cauchemar. Le jeune seigneur d’Harcourt quant à lui prenait doucement une coupe de calva sous sa tente éclairée de quelques bougies.

À force d’avoir combattu dans autant de bataille, il s’était souvent demandé pourquoi il survivait à ces engagements armés. Il avait été témoin de nombreux hommes rappelés trop tôt par le Divin alors que lui revenait des combats pratiquement indemne. Cela pouvait pratiquement laisser croire qu’il en tenait plus qu’à la chance ou à ses années d’entraînement aux choses de la guerre. Robert se permettait de croire que leur conquête était juste et que c’était là la seule chose à faire afin que la Normandie puisse un jour connaître des temps de paix. Il se devait aussi de croire que le ciel approuvait son combat s’Il ne venait point le chercher comme d’autres. Ou bien c’était tout simplement que le Saint-Père ne le voulait pas au paradis et que ses actions allaient revenir le hanter jusqu’aux plus sombres enfers… Il prit une gorgée de calva et chassa cette pensée absurde de sa tête! Il ne pouvait pas douter de son engagement. Il représentait maintenant bien plus que sa personne ou même sa Famille; il était le symbole du Seigneur de Guerre par excellence, le guerrier normand en puissance et le leader charismatique arrachant les victoires par le tranchant de son épée. Même son père n’aurait pu penser que cette histoire prendrait de telles proportions…  L’alcool coula une fois de plus dans sa gorge et il s’étendit sur sa paillasse.

Au dehors, par cette nuit brumeuse, les gardes aperçurent tardives la petite troupe de cavaliers qui s’approchaient du campement. Surpris et nerveux, ils pointèrent leurs lances en direction des chevaux alors que d’autres dégainaient leurs épées. C’était ce genre de nuit où la mort semblait déjà flotter autours d’eux et voir des cavaliers étrangers s’approcher d’eux n’aidait pas à surmonter la tension qui habitait les gardes. Brandissant leurs armes, les gardes protégeant l’entrée du campement stoppèrent l’avancée des inconnus.

- « Haltes étrangers! Identifiez-vous maintenant ou vous n’irez pas plus loin! » crièrent les gardes aux cavaliers avec une voix qui ne se voulait pas aussi assurée qu’à l’habitude.

- «  Je suis Nicolas d’Harcourt, Seigneur de Renneville. Je viens rencontrer mon frère, Robert »

La surprise des gardes fut totale. Personne n’avait déjà rencontré les frères et sœurs du seigneur de guerre normand. Toute l’organisation de cette Famille avait toujours été centralisé autours du Père et du fils héritier… Les autres membres avaient quant à eux des rôles bien secondaires dans l’administration des terres ou dans quelques offices royaux. Après avoir fait escorter le visiteur au travers du campement, il fût par la suite admis sous la tente de Robert II d’Harcourt. Ce dernier regarda son jeune frère finement vêtu avec une mine épouvantable et sous l’effet du calva il ne put s’empêcher de sourire à cette vue.

- «  C’est moi qui passe ma vie au champ de Mars et c’est toi qui a l’allure d’un prince… » Il lui fit signe d’entrer et de se mettre à l’aise alors qu’il se relevait pour lui servir un verre de calva que son frère déclina poliment. Cela n’aida pas à l’agacement de Robert de voir ses plus proches frères demeurer bien loin du danger dans leurs propriétés défendu par leur père et lui.

- « Bonsoir mon frère, je suis heureux de vous revoir bien portant… » le ton et les mots de Nicolas sonnaient si faux que cette fausse politesse n’était qu’une critique de l’accueil qu’il venait de recevoir. Robert n’avait aucune envie de se livrer à ce jeu futile et il alla droit au but en déposant son verre.

- « Qu’as-tu à m’annoncer de si important pour que tu te déplaces en personne ici? »

- « Qu’est-ce qui te fait croire que je suis porteur de message? Peut-être ai-je voulu prendre des nouvelles de mon frère pour en informer tes plus jeunes frères et sœurs que tu n’as pratiquement jamais vu? » la question avait tout l’air d’un reproche. Comme si Robert avait fait le choix de négliger sa présence auprès de sa Famille préférant aller combattre sur tous les fronts à l’ouest du Royaume. C’était bien parce qu’il avait le poids de cette dite Famille sur les épaules qu’il s’étant autant engagé comme son père lui avait inspiré les actions.

- « Je te préviens Nicolas, ne joues pas à ça sous mon toit! » les paroles furent marquer par le doigt pointé vers le plus jeune.

- « Toit?! » Nicolas leva les yeux vers le tissu de la tente se disant que cela n’avait rien d’un toit digne d’un Harcourt. La patience de Robert venait d’arriver à terme et il s’avança impétueusement vers son jeune frère mais ce dernier le coupa net dans son élan :

- « Père est mort… »

Sans l’ombre d’un doute, la nouvelle arrêta net Robert d’Harcourt qui chercha de sa main la chaise la plus proche pour s’asseoir avant que ses jambes ne flanchent… Il demeura un instant silencieux et glissa une main sur son visage afin de faire passer le choc de l’annonce. À ce moment précis il savait qu’il venait d’hériter de tout le patrimoine de la Famille d’Harcourt et qu’il en était maintenant le chef de famille. Durant ce moment de silence et de réflexion, Nicolas était allé prendre un verre qu’il avait au préalable refusé et il observait la réaction de son ainé ne comprenant pas celle-ci. Nicolas n’avait jamais aimé son père qu’il jugeait trop dur ou bien il jalousait l’attention qu’il n’offrait qu’à Robert. La seule chose qu’il avait pu recevoir de leur père avait été la petite seigneurie de Renneville qui dépendait des terres d’Harcourt… Aussi bien dire que maintenant que son frère Robert en était le baron, il ne lui restait plus rien.  À son tour il trempa ses lèvres dans l’alcool pour se tourner vers son frère qui devait avoir une multitude de questions.

- « Comment est-il mort? »

- « De vieillesse… »

- « En sommes-nous sur? Nos ennemis auraient pu l’empoisonner! » et avant que Robert ne puisse poursuivre dans cette voie Nicolas le coupa.

- « Il était vieux Robert! Il t’a demandé avant de mourir… En fait, il ne demandait que toi… Il n’a même pas reconnu ses plus jeunes enfants! » le ton de Nicolas frôlait pratiquement le dédain…

- « Quand sera-t-il enterré dis-moi? » demanda Robert désirant malgré la guerre autour de lui, rendre un dernier hommage à ce père qui lui avait forgé le caractère. À sa surprise son jeune frère éclata de rire et la première image dans l’esprit de Robert à ce moment fut son poing terminant sa course dans la gueule de son frère.

- « Voilà trois semaines qu’il est mort! Ne crois pas qu’il fut facile pour moi de me rendre ici pour t’en prévenir! Nous ne voulions pas ébruiter l’affaire non plus… Un plan pour se faire envahir alors que tu étais ici à te battre avec cet Angevin. Tu vas devoir…»

Tais-toi veux-tu?! » coupa Robert reprenant une gorgée à son verre tout en digérant les informations qu’il recevait en vrac. Rapidement il mit de côté sa peine l’instant de penser à la marche à suivre. Il devait rallier les hommes de son père ainsi que ceux qui lui étaient fidèles. Il allait devoir faire plus de diplomatie dans les prochains jours que durant toute sa vie jusqu’ici. Doucement Nicolas ramenait la conversation sur la raison précise de sa venue en personne au campement de son frère.

- « Je sais mon frère que cette nouvelle t’attriste… Tu n’es pas seul à vivre cette épreuve et laisses-nous à tes frères et moi le soin de veiller à nos terres à l’est de la Normandie. Nous n’avons nul besoin de nous battre et maintenant la diplomatie doit faire son ouvrage et nous sommes beaucoup plus doués que toi à cela. » Robert le regarda à la suite de ces mots et il haussa un sourcil. Il pencha légèrement la tête sur le côté tout en observant son jeune frère qui ne lui demandait rien de moins que de dilapider le fruit des succès de son père. Quelle erreur de la part de ce frère de croire que le chagrin le rendrait si naïf! L’héritier d’Harcourt respira profondément et se leva exposant fièrement sa forte stature de guerrier normand. Nicolas se calla dans son siège sous l’aura de puissance de son frère.

- « Qui te dit que j’ai besoin de toi pour accomplir la responsabilité que Père m’a confié?! J’irai moi-même rallié nos troupes et inspecter ces domaines dont tu avais la charge et qui me revienne. Crois-moi que le seul maître de Renneville c’est moi et tu ne rediras rien là-dessus! Vous vivrez sur mes terres si vous le désirez et je concèderai quelques parcelles pour votre loisir et confort mais que je n’apprenne jamais que vous cherchez à me nuire car je serai alors impitoyable! »

- « Ce n’est pas parce que Père t’a fait seul héritier que tu te dois d’être aussi égoïste Robert! » à cette parole, celui qui avait prit tant de risques et fait tant de sacrifice pour voir unifié la Normandie lança une gifle du revers de la main qui marqua la joue du jeune Harcourt.  

- « N’oublies jamais que c’est pour notre Famille que je me bats! Tu auras un jour un mariage avec une femme pas trop moche qui t’offrira une dot des plus honorables du simple fait que tu es mon frère! Et vois les choses du bon œil, au nombre de bataille auxquelles je participe, les chances sont plutôt en ta faveur pour devenir le prochain baron d’Harcourt! »

Dès le lendemain à l’aube, Robert II d’Harcourt s’en retournait sur ses terres pour en prendre pleinement possession. Avec la réputation qu’il s’était forgé depuis le début de la conquête avec le Comte d’Anjou, c’est sans difficulté qu’il trouva nombre d’hommes fidèles à son père près à rejoindre et grossir ses rangs. Aussi, il réaffirma sa position au sein de sa propre fratrie en lançant un projet que leur père avait depuis longtemps désiré : le Château d’Harcourt.

*     *
*


Depuis la mort de son père, Robert II d’Harcourt avait eu à gérer de nombreux dossiers d’allégeances et d’engagements. Si la plupart d’entre eux n’avaient été que formalités, un dossier en particulier avait fait sourire le jeune Baron. On pouvait certainement dire que le hasard faisait bien les choses. C’est avec un pincement sur son orgueil blessé bien des années plus tôt au mariage de Geoffroy V d’Anjou qu’il reconnu le nom d’une certaine Baronne qui lui avait pincé les joues… Cette dernière avait toujours été l’exemple de ces nobles qui croient que le monde leur est redevable par leurs titres… Elle s’était toujours vantée de la gloire d’autrefois de sa Famille et du prestige de son domaine. Un domaine géopolitiquement très bien situé en effet près des frontières des terres d’Harcourts. Bien qu’il était à cette époque trop jeune et peu intéressé aux choses politiques, Robert avait apprit par son père que la dite Baronne avait tenté au mariage de Geoffroy V d’Anjou de s’attirer les faveurs du Roi de Jérusalem en vain… Le mieux qu’elle avait obtenu était une protection du patriarche Harcourt en échange de droits et de redevances.

C’était une entente qui avait été conclue bien des années auparavant, à une époque où la Normandie n’était pas le théâtre d’un des plus intenses conflits armés. Le début de la conquête et de l’unification de la Normandie avait bousculé bien des acquis du passé. Ceux qui n’avait pas les forces de se défendre seul et qui ne trouvait pas d’alliés puissants n’avait qu’à craindre le jour où une puissance viendrait se porter maître de leur territoire. Dans l’esprit de Robert d’Harcourt, le territoire de « l’arrogante Baronne » était bien trop important stratégiquement pour qu’il laisse un de leurs ennemis s’en emparer. En même temps, il était déchiré dans la fibre de sa fierté de devoir se porter le garant de cette Baronne… Peu de solutions semblaient se présenter à lui mais il en trouva une qui était, du moins pour lui, acceptable.

Robert II d’Harcourt se présenta à la résidence de la Baronne avec une poignée d’homme suffisamment nombreuse pour mener de front son discours diplomatique. Dans cet échange verbal qui se tenait dans le salon principal de la résidence, il n’y avait aucune place pour la négociation. Le Baron d’Harcourt venait tout simplement annoncer sa décision quant à cette terre. Le fait qu’elle n’était pas de fait la sienne ne semblait pas vraiment l’importuner lorsqu’il se présenta au devant de la Baronne. Celle-ci tentait de conserver un air rassurée et posée malgré le mutisme inquiet des gens de sa suite alors que les bottes du jeune Baron résonnaient sur le plancher s’approchant d’eux.  Robert entra dans la pièce la tête haute et les fortes épaules bien droites. Ses nobles habits n’arrivaient pas à masquer complètement la cotte de mailles qui lui recouvrait le corps pas plus que son épée à sa hanche. Si toute la scène pouvait laisser croire à une visite de courtoisie, un seul regard sur le Baron d’Harcourt suffisait pour comprendre que sous l’apparat se tenant un réel Seigneur de guerre en pleine conquête. La maîtresse des lieux comprit alors que le jeune Robert tenait sa survie entre ses mains. Elle tenta donc de détendre l’atmosphère en ouvrant la discussion.

- « Seigneur d’Harcourt! Quel plaisir de pouvoir vous recevoir en mon humble demeure. On m’a beaucoup vanté vos exploits sur les champs de bataille! On dit grands bien de votre bravoure et de votre force! Avez-vous faim? Du vin! Oui voilà ce qu’il faut – du vin! Ne voulez-vous donc pas vous asseoir cher ami? » Robert haussa un sourcil à ce discours décousu… Alors que la Baronne s’approchait de lui pour l’accueillir. Il leva une main pour l’empêcher d’avancer d’avantage.

- « Détrompez-vous Baronne, nous ne sommes point ami… En fait, vous l’aurez deviné ma visite n’a rien d’amical. » le jeune d’Harcourt regarda les quelques gardes de la pièce de manière à leur enlever l’envie de jouer au héro avant de poursuivre. « Je suis venu prendre possession de ces terres avant que nos ennemis ne le fassent. Vous n’êtes pas sans savoir la valeur stratégique de ce lieu… » le ton du Baron était si calme et naturel qu’il glaça le sang de la Baronne la forçait à répondre au travers une gorge serrée.

- « Mais qu’est-ce que cela signifie Robert?! Et comment comptez-vous prendre possession de mes terres!? » la Baronne lança un regard sur ses enfants bien trop jeune pour être marié. Comme elle regrettait son époux mort bien des années plus tôt… Elle s’était jusque là maintenue grâce aux soutiens des uns et des autres mais cette fois, elle était seule et abandonnée de tous. Depuis que le Roi de Jérusalem, père de Geoffroy V d’Anjou lui avait refusé sa grâce, elle n’avait jamais toléré l’idée de voir ce fils unifier la Normandie. Elle ne supportait pas plus le clan d’Étienne de Blois mais Geoffroy n’était tout simplement pas une personne valable à ses yeux… Ce qui était quand même agaçant vivant jadis sous la protection de la Famille Harcourt…

- « Soyons réaliste Baronne… Vous n’êtes pas vraiment mon type de femme et je doute qu’un mariage entre nous soit possible… » le sarcasme de Robert eu l’effet de briser la retenue de la Baronne et elle éleva le ton.

- « Comment osez-vous! Votre Père n’aurait jamais » et l’héritier d’Harcourt la coupa.

- « Mon père est mort! » et la Baronne se tue. « L’ambivalence de votre soutient à notre clan cause aujourd’hui votre perte! Ne venez pas me jeter l’odieux sur les épaules et assumez ce qui vous arrive! Mes hommes contrôlent chaque centimètre de vos terres ce qui clos toute discussion. Soyez encore heureuse que je sois le fils respectueux de mon père! Je ne sais ce qu’il vous trouvait mais il vous avait offert sa protection et ainsi je ferai de même… » Confuse et les yeux rougit de larmes, la Baronne écoutait chacun des mots qui sortaient de la bouche de Robert.

- «  Je sais que vous avez d’autres terres hors de la Normandie… Vous allez donc faire vos bagages, vous prendrez ce qui vous chante et je vous fournirai une escorte jusqu’à destination. Après quoi, vos terres normandes seront annexées aux miennes. Je vous promets qu’aucun mal ne sera fait à vous ou à votre famille mais vous devrez être partie dans la semaine. Puisse Dieu veiller sur les vôtres et vous. » Ces mots résonnaient telle une sentence et il n’y avait pas à douter qu’ils étaient sans appel.

Même si d’une certaine manière Robert d’Harcourt pouvait savourer une vengeance, il n’y prenait aucun plaisir. Il aurait largement préféré éviter d’en arriver là mais il ne pouvait pas laisser l’endroit à l’ennemi. Alors qu’il abandonnait le salon principal d’où de nombreux pleurs s’y échappaient, il savait dans son fort intérieur que cette journée finirait par le hanter. Exproprier une Famille sans défense réelle n’avait rien de glorieux ou d’honorable mais comme lors d’une partie d’échec, parfois il faut savoir sacrifier une pièce pour un plus grand coup!


*     *
*




 


Dernière édition par Robert II d'Harcourt le Lun 26 Mai - 14:16, édité 23 fois
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Henri de Champagne

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMar 19 Nov - 15:24

Henri de Champagne  a  dit:
Bienvenuuuue parmi nous ** **  !

Je suis ravie - et Henri aussi - de voir une nouvelle tête par ici et j'ai hâte de lire ta fiche, ton personnage est passionnant - c'est Sybille qui va être contente d'avoir son beau-frère green mdr 


Bon courage pour la rédaction de ta fiche et à très vite sword
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Sybille de Déols

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMar 19 Nov - 18:21

Sybille de Déols  a  dit:
Oooh... mon beauf' ! green
Bienvenue à toi ** ** Nous sommes ravis de voir débarquer un petit nouveau ! **

Et Sybille est ravie de voir la famille débarquer What a Face Même si c'est la famille côté angevin *elle sort* En tout cas, j'ai hâte de lire ta fiche !
Bon courage pour la rédaction et si tu as besoin d'infos sur Anne ou la belle-famille de Robert, n'hésite pas à m'envoyer un MP ! super 
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Henri Plantagenêt

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMar 19 Nov - 23:26

Henri Plantagenêt  a  dit:
UN ROBEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERT happy happy happy 

Tu l'auras déjà compris dans mon mp, je suis RA-VIE de voir un Robert débarquer sur le forum siffle en parlant de mp, je suis vraiment désolée pour le pavé que constituent mes réponses à tes questions, j'ai essayé d'être aussi claire que possible, mais n'hésite pas à me re-mpotter si tu as besoin de quoi que ce soit d'autre ! Et comme l'a dit Sybille, ta chère belle-soeur, elle est super calée sur la famille d'Amboise et sur le personnage d'Anne donc n'hésite pas à lui poser des questions à ce sujet si tu en as. Et si tu veux des infos sur les Plantagenêt, le duché de Normandie, le comté d'Anjou, la conquête de la Normandie, celle de l'Angleterre, et tout le bordel, n'hésite à me re-mpotter, je serais ravie de rouvrir mes bouquins pour l'occas' green si besoin on peut même réfléchir plus précisément au lien personnel entre Henri et Robert si ça t'aide à le positionner comme allié des Plantagenêt.

Bref, bon courage pour l'écriture de cette fiche, et encore une fois, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite surtout pas ! ** 
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Aliénor d'Aquitaine

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMer 20 Nov - 14:28

Aliénor d'Aquitaine  a  dit:
Hiiii Robert ** Bienvenue à toi! J'ai hâte de lire ta fiche, bon courage :)
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Béatrice de Breteuil

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMer 20 Nov - 21:31

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Bienvenue à toi, excellent choix de cet excellent personnage !
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Aénor de Lusignan

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMer 27 Nov - 14:22

Aénor de Lusignan  a  dit:
Bienvenue !!
JRM est tellement ... Hot !
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Robert II d'Harcourt

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMer 4 Déc - 1:59

Robert II d'Harcourt  a  dit:
D'abord merci à tous pour ces mots de bienvenu!

D'autres part désolé pour la légère absence de la semaine passée. J'étais légèrement à Toronto pour représenter des hôtels tout ça... Bref, dur vie! green 

Donc voilà, comme vous avez pu voir le Chapitre 1 est en construction, et tout le plan de match est prêt. Reste plus qu'à écrire et je m'y mets à fond! intello mouhaha 
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Henri Plantagenêt

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMer 4 Déc - 20:06

Henri Plantagenêt  a  dit:
Y a pas de souci Robby, merci de nous avoir prévenus ! J'ai hâte de lire la suite, c'est déjà très prometteur tout ça What a Face
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Flore d'Evreux

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyJeu 5 Déc - 19:08

Flore d'Evreux  a  dit:
Bienvenue sur LOT, Robert ! hug Amuse toi bien avec ce personnage haut en couleurs ! :)
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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyDim 22 Déc - 17:12

Robert II d'Harcourt  a  dit:
Comme vous avez pu voir, je ne vous ai pas oublié! Disons qu'il demande une satané recherche chronologique pour écrire le passé de ce Robert! Avec le temps des fêtes et la fin de session ça n'a pas aidé mais voilà, le chapitre II est en construction et devrait ce terminer ce soir ou demain.  Wink 
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Hermine de Campdavaine

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyDim 22 Déc - 18:44

Hermine de Campdavaine  a  dit:
Robbie! Finis vite ta fiche, on va pouvoir bien s'amuser, tous les deux... Enfin, je vais bien m'amuser, plutôt... Twisted Evil mdr
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Mathilde l'Emperesse

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyDim 22 Déc - 19:23

Mathilde l'Emperesse  a  dit:
OUAIIIIIIS !!! UN NORMAND ! UN NORMAND ! UN NORMAND ! ... Hum hum (un peu de sérieux tout de même...ou pas) Bienvenue Stew ! green 
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Henri Plantagenêt

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Où apparaît la force, le droit commencer de rayonner

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyLun 23 Déc - 13:01

Henri Plantagenêt  a  dit:
Y a pas de souci Robert, je comprends que ce soit compliqué niveau chrono, d'autant plus que comme je t'ai expliqué en mp on a fait à notre sauce mdr On sera indulgentes, t'en fais pas mdr en tout cas n'hésite pas si tu as besoin d'un coup de pouce, comme tu le vois tu es attendu de pied ferme  Cool  une vraie star Cool
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Robert II d'Harcourt

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyMar 14 Jan - 6:58

Robert II d'Harcourt  a  dit:
Chapitre III - Bataille de Caen et les autres


1141

C’était un début d’année qui s’annonçait des plus prometteurs pour le clan angevin dans sa conquête de la Normandie. Malgré le départ de Mathilde l’Emperesse pour reprendre le combat en Angleterre, le clan n’avait jamais été aussi nombreux avec l’apport en troupe du beau-frère de Geoffroy, Thierry d’Alsace.  Robert II d’Harcourt était lui aussi de retour à la tête de ses troupes et tous avaient convenu que la prochaine cible allait être la ville de Caen. Ce n’était pas vraiment une bataille qui s’annonçait difficile vu la quantité d’hommes disponible pour mener l’offensive mais des années à combattre laisse certaines blessures qui sont parfois plus difficile à reconnaître.

Depuis le début de cette conquête, plusieurs seigneurs s’étaient démarqués et avaient fait un nom pour eux-mêmes. D’autres avaient perdus bien plus que des troupes dans cette entreprise… Beaucoup portaient secrètement les marques profondes des blessures à leur orgueil de se faire évincé par des hommes tels que Robert d’Harcourt par exemple. Si ce dernier était l’homme le plus en vue de la Normandie, d’autres combattants prestigieux qui rejoignaient leurs rangs comme un certain Philipe d’Hesdin venu tout droit d’Artois n’aidaient en rien la cause de quelques seigneurs angevins laissés dans l’ombre. À l’aube d’un assaut sur la ville de Caen, le clan angevin était partagé pour établir qui et comment allait mener l’attaque. Tout le monde voulant s’attirer les fleurons d’une victoire pratiquement assurée et personne ne voulait être laissé de côté… Plus la discussion évoluait et plus les arguments manquaient  de poids.

- « Et pourquoi cela devrait être vous qui mène l’attaque? Vous êtes bien trop jeune voyons! » Robert roula des yeux en entendant ce commentaire… Autours de la table où était réunis les principales seigneurs en compagnie de Geoffroy V d’Anjou, peu pouvaient se vanter d’avoir mené autant de combats que lui et ce, malgré ses 22 ans. Ce seigneur angevin poursuivi. « D’ailleurs j’aimerais bien savoir pourquoi nous, angevin, devrions suivre les directives de normand?! Un coup parti nous pourrions demander à ces seigneurs artésiens de mener nos hommes non? »

- « Peut-être si nous sommes ici c’est justement pour vous montrer comment faire?! » lança un Philipe de Hesdin tout en ricanant de la scène.


- « Franchement! C’est d’un ridicule sans fin! Je propose de mener l’attaque car je crois être celui qui peut obtenir de meilleur résultat! Les hommes me suivent et me reconnaissent. Ils ont foi en moi et ils seraient prêt à marcher jusqu’aux abysses de l’enfer avec moi! » s’emporta Robert ayant pour une rare fois à devoir se justifier de vouloir prendre le front.

- « Je ne doute pas que les hommes de Normandie soient prêt à vous suivre Harcourt, mais c’est autour de l’Anjou et non d’un baron normand que se fonde cette alliance! De toute manière, nous ne voulons pas aller si loin, restez derrière nous avec vos hommes… »  rétorqua le premier.

- « Parce que nos soldats angevins ne voudraient pas me suivre au-devant  selon-vous?! » questionna le jeune d’Harcourt.

- « Rien de plus normal! La Normandie rendra hommage à l’Anjou quand tout ceci sera terminé… » répondit le premier nonchalamment.

- « Ça suffit messieux… » tenta d’intervenir le Comte d’Anjou mais Robert bouillait trop pour s’arrêter à cela.


- « Lorsque tout ceci sera terminé je rendrai hommage au Duc de Normandie, aussi Comte de l’Anjou et du Maine en la personne de Geoffroy V d’Anjou! Je suis tout aussi baron que n’importe quel angevin de mon rang! Peu d’entre vous peuvent se vanter de rivaliser mes faits-d’ armes! »

- « Ça suffit Robert! » venait de prévenir Geoffroy à son ami.

- « Incontrôlable ce Robert…» rajouta Hesdin…

- « De quel droit viennent-ils remettre en doute ma valeur?! Combien d’autres victoires devrais-je arracher pour obtenir le respect qui me revient?! Sans moi je ne suis pas prêt à parier sur votre prétendue puissance angevine! » dès que la phrase quitta ses lèvres rougit d’impétuosité, Robert savait très bien qu’il était allé trop loin… Bien que tout le monde à cette table reconnaissaient la valeur du baron d’Harcourt, ce dernier venait de concéder la victoire à l’angevin seul à corroborer ses idées.

Geoffroy d’Anjou se tourna avec un regard sévère vers son ami. Ses lèvres blanchies par le pincement des mots qu’il pesait étaient un signe bien suffisant pour remplir Robert de culpabilité. Il aurait voulu s’expliquer et s’excuser dans un premier temps mais dès qu’il ouvrit la bouche Geoffroy leva une main lui ordonnant de se taire pour une fois. À côté de lui, Robert sentait le regard moqueur de Philipe d’Hesdin se poser sur lui ce qui n’aidait pas son humeur. Le comte annonça le plan d’attaque qu’approuvait Robert ainsi que le rôle de chacun où sans surprise, le baron d’Harcourt se retrouva en punition dans un rôle de réserve au côté des artésiens… Si cette position beaucoup plus sécuritaire aurait satisfait bien des nobles de la cours parisienne actuelle, elle était une réelle punition pour un homme de guerre tel que Robert d’Harcourt.

*   *
*

Sur son cheval qui piaffait violemment le sol d’impatience, Robert d’Harcourt quant à lui partageait cette émotion en survolant la scène de bataille du regard son heaume sous le bras. Le combat s’était amorcé depuis près d’une heure et les résultats escomptés semblaient lents à survenir. Le bruit du fer contre fer, les cris des blessés et les cadavres berçait l’atmosphère de la petite colline qui dominait le terrain entre le campement du comte d’Anjou et la ville de Caen. Robert ne faisait que se répéter que leurs hommes auraient dû déjà être au sommet de cette colline et en position de la tenir jusqu’à la retraite de leurs ennemis. Il critiquait l’espace entre les rangs, la vigueur des combattants et l’énergie qui semblait manquer aux meneurs pour conclure cette bataille.  Ce n’était peut-être que sa perception qui lui jouait des tours étant frustré de devoir rester derrière mais il avait vraiment l’impression que le momentum leur était défavorable.  Les hommes fatiguaient de devoir se battre en pente ascendante depuis si longtemps et bientôt les relèves allaient intervenir et s’ils ne contrôlaient pas la colline, les encaisser allait devenir beaucoup plus ardu!

Il n’était pas le seul à partager cette crainte et il le réalisa lorsqu’un autre chevalier approcha son cheval à ses côtés. Au loin la cavalerie ennemie semblait sur le point d’intervenir… Leurs bannières étaient encore bien trop loin du sommet de la colline… Robert se préoccupait peu de son voisin venu assister au triste spectacle, il se contenta de faire signe à ses officiers de tenir leurs hommes prêt à intervenir en relève, ils allaient certainement avoir besoin avant longtemps! Dire qu’à la base il ne pensait même pas devoir tirer l’épée tellement cette victoire semblait acquise! Le chevalier à ses côtés fini tout de même par briser le silence.

- « On dirait bien que votre ami angevin a de la difficulté finalement à mener une offensive ne croyez-vous pas? »

- « Vous êtes?! » demanda Robert en se tournant la tête vers le chevalier tout en haussant un sourcil.

- « Philipe d’Hesdin, renfort visiblement nécessaire pour votre campagne! » il enleva à son tour son casque pour révéler un sourire qui n’amusait aucunement le baron d’Harcourt.

- « Je ne trouve pas cette scène très drôle – des hommes meurent par dizaine alors que nous espérions une victoire rapide! » l’inquiétude de Robert se reflétait dans le ton de sa voix. Il n’était aucunement effrayé de devoir combattre mais le nombre de pertes humaines commençaient à prendre de grave proportion.

Pendant qu’il se faisait cette réflexion, du nouveau s’opéra sur le champ de bataille. L’ennemi qui jusque-là avait livré un échange coriace avec leur force sembla abandonner la colline pour se retirer vers la cité de Caen. Robert observa la cavalerie ennemie qui n’avait toujours pas bouger malgré la retraite de leurs troupes… Ce n’était pas normal et il avait assisté à bien assez de combats pour en juger malgré son jeune âge!

- « Ah et bien finalement on dirait que vos hommes se débrouillent pas si mal! Regardez la déroute qui s’amorce! » s’exclama Philipe tout en observant la réaction de Robert. Le chevalier artésien avait lui aussi remarqué que quelque chose n’allait pas et il cherchait à savoir à quel genre d’homme il avait à faire en le baron d’Harcourt.

- « Non ça ne va pas… C’est un piège et ils vont tomber droit dedans! Ses bannières sont trop loin du front. Il ne pourra retenir ses hommes sur le haut de la colline. Ceux-ci voudront poursuivre l’ennemi qui va se rabattre sur eux alors qu’ils seront isolés et éparpillés! » Le seigneur d’Hesdin regarda Robert comprenant très bien l’analyse qu’il venait de lui faire. Cet échange de regard entendu rassura les deux hommes sur leur valeur réciproque et sur la complicité au front qui allait suivre.

- « Il serait encore temps d’intervenir Robert… La victoire n’est pas perdue…» Hesdin le pressait d’agir, lui-aussi ne supportait pas d’être laissé derrière…

- « Le con il n’a toujours pas demandé la relève et ses hommes dévalent la pente! » Robert serra les dents mais cela n’empêcha pas un juron de se faire entendre par l’artésiens.


À ce moment le baron d’Harcourt décida qu’il en avait assez vu et qu’il avait suffisamment attendu avant d’agir. Il fit signe à Philipe d’Hesdin de la suivre au galop alors qu’il allait rejoindre les troupes en réserve. Après un bref échange entre les seigneurs présents, tous conclurent qu’il fallait suivre les directives de Robert s’ils espéraient remporter la victoire ce jour-là. Mieux valait tard que jamais se disait Robert en reprenant les choses en main ayant maintenant le soutient des autres. Sentant que la bataille allait être difficile pour eux, il choisit alors de s’adresser à ses troupes histoires de les galvaniser.

- « Messieux écoutez-moi! Nous allons devoir porter nos fers jusqu’au sommet de la colline! Une fois sur place nous tenons bon! Nous sommes les troupes les plus tenaces qui soient et nous allons leur montrer! Nos troupes déjà sur place vont se retirer pour se regrouper et ils reviendront nous prêter main-forte mais d’ici là, se sera à nous de briller! Nous aurons besoin de piques au-devant car leur cavalerie ne tardera à nous tomber dessus en guet-apens et je veux des boucliers en nombre pour encaisser leur relève. Soyez fort! Soyez brave!! Restez dans le sillon de nos chevaux et nous allons vous ouvrir le chemin!! » les cries de ses hommes se répandait à travers les rangs et tous était prêt à suivre les nobles seigneurs dans la bataille.

Robert remit en place son heaume sur sa tête et alla se positionner à la tête des chevaliers. Les forces au sol marchaient déjà d’un pas assuré vers le bas de la colline. Dans le camp adverse, c’était leur cavalerie qui s’élançait pour surprendre les troupes angevine qui s’étaient aventuré trop loin du sommet de la colline. À ce moment, le baron d’Harcourt maudissait ce seigneur angevin de ne pas avoir su remplir son rôle. Encore pire lorsqu’il s’aperçue qu’il retraitait en panique face à la charge ennemi. Il lança de nouveau un coup d’œil vers Hesdin qui lui rappela un fait :

- « Cette bataille n’est pas perdue! »

Le baron d’Harcourt savait très bien qu’il avait raison et il savait aussi l’influence qu’il pouvait avoir dans une bataille.  Il savait l’admiration que lui vouait nombre de soldats ainsi que la fougue qu’ils emploieraient de le suivre au front. Il savait aussi que le blason de gueule et d’or à son bouclier était connu de tous. Connaissant très bien son rôle dès lors, il proclama aux chevaliers une autre directive bien simple mais qui allait avoir l’effet escompté.

- « Faites savoir à tous sur le champ de bataille qu’Harcourt mène la charge! Soyez avec moi mes braves! Aux lances!!! Soyons victorieux!!! » et sous le baron, même son cheval semblait prêt à foncer tête première à l’assaut! Les chevaliers laissés en retraite étaient quant à eux plus que ravi de s’élancé dans une charge épique.

Les cavaliers passèrent au côté des rangs de réserve qui bientôt se mêlait aux forces angevines déjà présentes. Robert les menait tout droit vers le sommet de la colline. Sur le flanc ennemi, les troupes qui n’avaient pu retraiter du côté angevin était décimées par la cavalerie ennemie. Cette dernière faisait des ravages tel que désiré mais jamais elle ne crue voir apparaître à leur rencontre la troupe mené par Robert d’Harcourt.  Lorsqu’ils se glissèrent sur la ligne de front cela força chaque camp à reculer de son côté respectif. En peu de temps depuis leur apparition sur le champ de bataille, les deux cavaleries s’entrechoquèrent violement.

Le sol vibrait si violement sous la charge des chevaux qu’on aurait cru que la colline allait s’écrouler. Les hennissements des bêtes étaient des plus stridents mais Robert forçait malgré tout sa monture à aller de l’avant de ses éperons. Sous cette pression à ses flancs la monture galopait à vive allure quand son cavalier abaissa sa lance pour désarçonner le premier cavalier qui passait par là.  Le temps de réaliser qu’il avait fait mouche et son cheval l’avait déjà mené deux longueurs plus haut s’élançant par-dessus les corps et débris qui jonchait le sommet de la colline. Le baron d’Harcourt tira l’épée de son fourreau et il fût imité par ses compagnons rassemblés près de lui. Un coup d’œil derrière pour voir ses troupes en relève prendre position. Plus loin les angevins se regroupaient à leur tour, il l’espérait…

Quant à lui? La charge effrénée se poursuivait l’épée à la main. Les chevaliers du camp Plantagenêt se battait avec fougue et énergie. Le courage pompait le sang dans leur veine à chaque frappe qu’ils offraient. La cavalerie ennemie fut mise en déroute rapidement face à la vigueur de l’assaut.  À leur tour, ils envoyèrent leur relève mais Robert d’Harcourt n’allait reculer devant rien ni personne! Chacun de ses hommes l’imitaient sans problème témoignant une hargne au combat typiquement normande.   Le sang qui giclait et les cris qui retentissaient étaient un spectacle des plus funeste mais le jeune d’Harcourt ne s’en souciait guère, seul la rage de la bataille orientait ses actions.

Porté par l’adrénaline de la bataille, le baron d’Harcourt lança une fois de plus sa monture à l’assaut. Levant son épée infatigable dans les airs pour de nouveau semer la mort, Robert ne vit jamais la lance s’abaisser devant lui pour empaler son cheval. Cela eu pour effet de stopper net l’animal mourant qui s’écroula brusquement sur ses pattes avant, sa tête et son cou roulant sous lui pour lancer l’arrière dans les airs… Robert sentit violement son sang être projeté vers l’arrière alors qu’il avait l’impression de ne jamais avoir quitté le dos de son cheval pendant qu’il était pourtant catapulté au-dessus des têtes et des rangs ennemis. L’atterrissage n’eut rien de bien gracieux… Son bouclier qui s’était retrouvé au-dessus de sa tête toucha le sol en premier tordant son poignet et bras gauche amortissant le coup qu’allait prendre son front.  Il termina sa roulade tout simplement pour rebondir encore plusieurs fois avant de s’immobiliser totalement sur le dos, toutes sensations ayant quitté son corps…

Non loin derrière, Philipe d’Hesdin était témoin impuissant de la chute du baron d’Harcourt. Étant fidèle à la réputation qui le précédait, il se battit avec acharnement pour se dégager de l’affrontement qui le tenait. Il rallia des hommes autours de lui pour s’élancer au secours de Robert tout en propageant qu’Harcourt avait percé les rangs ennemis pour insuffler la hargne à leur troupe. En fait, ce n’était pas totalement faux mais il ne pouvait qu’espérer que Robert d’Harcourt ne soit pas mort.


*     *
*


Tout était noir. Il ne ressentait rien et toute sensation avait quitté son corps. Son esprit divaguait à la limite de la conscience et du rêve, de la vie et de la mort. Il y avait que ce très loin et très faible écho qui semblait ne pas vouloir le laisser tranquille. Une faible onde sonore qui raisonne comme le note la plus claire des clochers d’églises. Par instinct, on se refuse de laisser-aller ce son, comme s’il était le seul fil nous prévenant d’une chute certaine.   À mesure que la conscience s’agrippe à cette note et plus elle s’intensifie. Ce qui était à la base un distant tintement devient beaucoup plus présent.  La vibration prend de plus en plus d’espace dans votre tête au point de faire pression dans celle-ci. À ce moment, vos sens reviennent peu à peu, vous êtes maintenant conscient de la pression dans votre tête avec toute la douleur que cela implique. Le bruit est agressant, puissant, il vibre dans tout votre être courbant les traits de votre visage en une grimace de douleur. On aurait sonné la plus grosse des cloches de Paris avec votre tête que vous en auriez des vibrations moindre. Vous comprenez alors que vous n’êtes pas mort : même l’enfer ne pourrait être pire!

Luttant pour demeurer conscient, Robert d’Harcourt grimaçait de douleur pendant qu’un sourd grognement glissait de ses lèvres. Sa tête voulait exploser et le reste de son corps lui demeurait interdit. Une fois que la note infernal eu trouvé son apogée, les bruits du champ de bataille tout autour de lui se firent entendre.  Une cacophonie faisait place à une autre et ce n’était guère mieux pour ce guerrier fortement ébranlé. Il tenta d’ouvrir les yeux mais seul l’œil droit accepta de répondre à sa volonté. Si ses paupières se dégagèrent l’une de l’autre, se fût pour qu’un puissant spasme de douleur l’envahisse à la même vitesse que la lumière trouvait sa rétine. Serrant les dents et pinçant ses yeux, il senti pour la première fois cette douleur particulière à son front et la substance qui c’était coagulé dans les cils de son œil gauche.

Son esprit lui revenait et les échos de bataille aussi. L’instinct du guerrier normand l’appelait et lui criait de se relever pour se battre. Il se résolu à rouvrir les yeux tout en tournant la tête vers son bras droit laissé en croix. Il força le gantelet de ce côté à se fermer sur le manche de son épée mais cette main ne trouva qu’un espace vide et une poignée d’air qui fuyait sa grippe. Où donc avait bien pu s’enfuir son épée?! Lui-même échoué sur le sol à plusieurs mètres de son cheval empalé, comment pouvait-il savoir que sa lame avait terminé sa course une dizaine de mètres plus loin? Son souffle était difficile et ses mouvements laborieux mais il tenta quand même de soulever sa tête malgré la vive douleur à son front pour repérer son arme… n’importe quelle arme!

Encore une fois, c’est certainement cet instinct de guerre qui le sauva. Son œil gauche à moitié fermé ne lui offrait qu’une vision brouille néanmoins, quelque chose qui ne devait pas se trouver dans la limite de sa vision venait d’être repérer par ses sens guerriers. Retournant la tête devant lui, ses yeux s’écarquillèrent - principalement l’œil droit faut le dire – à la vue d’un soldat ennemi au-dessus de lui hache à la main. Cette dernière avait déjà pris son envol pour s’abattre sur lui et mettre fin à ses jours. Pour une rare fois dans sa vie, Robert se sentait vulnérable et impuissant. La lame de la hache allait s’abattre à la base de son cou et il croisa les bras au- dessus de sa tête pour se protéger. Ce bouclier qui lui avait tordu le poignet et le bras gauche était demeuré suffisamment en place pour bloquer le coup mortel non sans douleur. N’ayant aucunement la force pour repousser de son bouclier la frappe qu’il venait de recevoir, Robert dû encaisser son propre bouclier qui s’écrasait contre son heaume et sa tête contre le sol. La coupure du coin de la racine de ses cheveux à celui de son arcade oculaire gauche se rouvrit laissant gicler un débit de sang se glissant dans le coin de son œil et sur sa joue.

Robert d’Harcourt cherchait à se défendre, à protester à la face de son assaillant qui se moquait de lui. Ce dernier s’avança au-dessus de lui triomphant. L’une de ses grosses bottes plaqua le bouclier aux couleurs d’Harcourt sur le sol s’écrasant sur lui.  Ainsi étiré, son bras gauche était une autre douleur qui se rajoutait aux autres déjà présente et un sourd grognement quittait ses lèvres chaque fois que son souffle difficile le lui permettait. Robert savait à ce moment précis que la mort planait au-dessus de lui mais il savait aussi une autre chose très importante : il n’était pas mort! Il pouvait pratiquement entendre son cœur battre avec force contre sa poitrine compressée dans son bustier d’armure cabossé.  Ce cœur qui pompait l’adrénaline dans tout son corps pour en chasser la douleur. Ce guerrier qui reprenait la lucidité nécessaire pour espérer survivre à cet engagement.

À ses pieds, le soldat ennemi ne voyait qu’en Robert d’Harcourt qu’une cible vulnérable à achever. Pour la deuxième fois il leva sa hache dans les airs pour effectuer son sale boulot de mort. Légèrement tourné sur son épaule gauche à cause de cette botte maintenant son bouclier au sol, Robert savait qu’il n’aurait pas de deuxième chance.  La hache s’abattait vers lui au même moment où le talon de la botte du baron la frappait violement en se levant en l’air. La hache de son ennemi retomba tout près de sa tête mais il n’avait aucunement le temps de s’en soucier. La frappe avait laissé son ennemi surprit de retrouver sous lui le fier baron d’Harcourt tout droit sortie des morts.  Ce dernier saisie l’occasion pour une fois de plus le frapper de sa botte sur le côté du genou le faisant plier en perte d’équilibre vers l’avant.  Et comme si son gantelet droit aurait été la gueule d’un serpent bondissant pour mordre son agresseur, sa main se lança vers le casque de son ennemi. Ses doigts trouvèrent la fente de la visière écrasant au passage les yeux laissé vulnérable derrière et courbant les phalanges Robert entraîna son ennemi au sol avec lui.

Les deux hommes se débattaient et se tortillaient pour reprendre le dessus sur l’autre mais Robert d’Harcourt avait l’avantage de ne pas être sous l’effet de surprise. Il savait à ce moment exactement ce qu’il tentait de faire. Pendant que son adversaire tentait de se relever, Robert quant à lui ne cherchait qu’à l’écraser au sol de son corps par-dessus lui. De plus forte stature et tout en armure le baron d’Harcourt représentait alors un poids considérable. Bien que l’ennemi n’avait besoin que de quelques secondes de plus pour se dégager, jamais elles ne lui furent offerte par Robert. La même main qui avait agrippé que de l’air cherchant son épée mais qui avait réussi à se faufiler dans la visière de son ennemi se saisie de la petite lame à la hanche du chevalier.  Cette fine et effilée lame que l’on nomme « miséricorde » servant à achever les blessés condamnés à mort par leur blessure. Sa taille lui permettant de se glisser aisément entre les pièces d’armures pour rejoindre une partie vitale. De son avant-bras gauche il s’appuya sur la tête de son adversaire et sans hésitation il plongea la miséricorde tout juste sous le casque de son ennemi où la lame se fraya un chemin jusqu’au cerveau. En l’espace d’un violent spasme son opposant était mort et Robert pouvait rouler sur le côté pour reprendre son souffle et tenter de se relever pour la première fois depuis sa chute.

Malgré les maux de tête, malgré les hauts le cœur dû à son corps ébranlé et malgré son équilibre hasardeux, Robert trouva le moyen de se remettre sur pied. Chacune de ses articulations craquaient en guise de protestation et les pièces de son armure bossées grinçaient pour faire de même. En se redressant il en profita pour survoler la scène qui s’offrait autours de lui. Son vol plané l’avait abandonné un peu à l’écart ce qui expliquait qu’une masse d’ennemis ne fondait pas actuellement sur lui. Il aperçut son cheval mort plus haut mais aucune trace de son épée. Il voyait ses hommes se battre avec vigueur reprenant l’avantage de la bataille mais c’était une considération qui se devait de passer à la suite de sa propre situation.  Il abandonna son bouclier à ses pieds car son bras et poignet meurtrie n’auraient pas pu de toute manière l’utiliser adéquatement. Ayant enfin les mains libres il pu retirer son heaume qui s’appuyait sur sa blessure au front. Ses cheveux était mouillé de sueur et de sang. Ce sang se mêlant à la saleté ambiante qui formait une tâche brunâtre de son front à la base de son cou sur tout son profil gauche. L’œil de ce côté à demi clos et injecté de sang n’offrait qu’une piètre vision mais les sens du guerrier demeurait alerte et il se sentait même en mesure de poursuivre le combat!

D’un autre côté, ce n’est pas comme s’il aurait eu vraiment le choix. La bataille se rapprochait rapidement de sa position et son allure n’était pas difficile à remarquer. De son côté il baissa les yeux vers le sol afin d’y retrouver une arme pouvait être destiné à poursuivre le combat. La hache de son précédant assaillant allait faire l’affaire pour commencer.  L’avantage du maniement rustique de l’arme était la prise à deux mains que lui offrait le manche afin de servir des frappes puissantes malgré ses blessures. Rejoignant la bataille de façon à retrouver ses hommes, Robert d’Harcourt s’élança trois fois ce qui suffit pour mettre fin aux jours de deux de ses ennemis. Voyant que sa présence ne passait pas inaperçu, il dû troquer sa hache pour une épée laissa sur le champ de mars. Avec de telles blessures, il n’avait rien du guerrier normand dont il avait l’habitude d’être en de pareilles circonstances. Ses pas manquaient d’équilibre et son bras de force mais malgré tout il réussissait à tenir ses opposants en respect.

Peut-être aurait-ce été qu’une question de temps avant que Robert ne succombe au nombre d’ennemis qui le pressait mais le plus « Vaillant » des guerriers normands fût bientôt rejoint par Philipe d’Hesdin et sa troupe. Cette dernière protégea les hommes le temps qu’ils discutent de la suite mais on pouvait lire sur le visage des hommes autours que tous étaient des plus inspirés de voir Harcourt toujours aussi hargneux au combat malgré sa condition.   Les deux nobles se saluèrent et Robert profita de ce temps pour desserrer son bustier d’armure cabossé qui lui compressait le torse.

- « Vous avez vraiment une sale gueule Harcourt! » commenta Phillipe voyant l’état de Robert…
- « Je vous le fais pas dire! » lança Robert forçant un sourire en coin à ses lèvres.
- « Peut-être devriez -vous retrai… » Robert le coupa
- « Allons un peu de nerfs monsieur Hesdin! Cette bataille n’est pas encore gagnée! On reforme les lignes et allons assiéger cette ville jusqu’à ce que capitulation s’en suivre! »

Tel est Robert d’Harcourt… Un guerrier hargneux qui ne se lasse pas de combattre. La bataille de Caen aura valu au baron d’Harcourt le titre de « Vaillant »… En cette bataille il fit taire par ses actions tous ses détracteurs. Il s’était imposé comme étant le normand de souche avec le plus d’influence et de respect. Alors que Mathilde de son côté avait enfin le succès en ce début d’année, Geoffroy d’Anjou lui pouvait se vanter d’avoir si fier vassal que Robert et ce dernier se considérait des plus honorer de compter si puissant proche ami. Le clan Plantagenêt dominait sur tous les fronts!


*     *
*


Suite à la bataille de Caen, les évènements s’enchaînaient à un rythme endiablé tant du côté de Mathilde l’Emperesse que des troupes de Geoffroy Plantagenêt où Robert d’Harcourt prenait part. De son côté, Mathilde avait connu un printemps des plus glorieux et il n’en tenait qu’à elle si ce succès ne s’était pas terminé par le trône d’Angleterre! À la fin de ce printemps, elle s’était faite Angliae Normanniaeque Domina « Dame des Anglais et des Normands »… Il était vrai que le clan Plantagenêt dominait la Normandie car après Caen, se fût Bayeux, Lisieux puis falaise qui tombèrent. Toute des batailles où Robert d’Harcourt eu un rôle dominant dans l’arraché de la victoire. Durant cette série de victoire en sol normand, Mathilde quant à elle avait été défaite dû à son arrogance et son caractère qui avait soulevé le peuple contre elle. La méthode ainsi que les résultats de Mathilde étaient tout simplement à l’opposé de ceux employés par Geoffroy et Robert. La conquête méticuleuse du clan Plantagenêt c’était poursuivi jusqu’en 1143 où les troupes avaient assiégé Avranches et où entre temps Mathilde avait dû fuir désespérément en sol détenu par son époux.  

L’hiver qui suivi avait permis au fils et au père Plantagenêt de se retrouver au Mans.  Peu après le nouvel an 1144, Robert d’Harcourt était allé rejoindre Geoffroy là-bas et il avait pu pour la première fois rencontrer ce fils si précieux aux yeux du père. Savait-il au moins que son père n’était pas le portrait qu’en faisait l’Emperesse? Savait-il que tous ces combats en Normandie n’étaient que pour lui permettre un jour, de réclamer l’Angleterre? Ce jeune Henri avait vraiment l’exemple de deux parents pour lui apprendre tout ce qu’il y avait à savoir pour sa vie future, tant le bon que le mauvais… Robert quant à lui se souvenait du jeune Henri attentif lors des réunions stratégiques de la conquête de la Normandie. La conquête méthodique était un exemple pour tous ceux qui désiraient se lancer dans un projet de cette ampleur et déjà le futur Duc de Normandie en prenait bien note.

C’est lors d’une de ces réunions qu’il fut convenu que Robert d’Harcourt avec ses hommes prenne le chemin de Driencourt dès les premières lueurs du printemps. C’était une des rares places fortes qui n’était pas encore tombée aux mains du Comte d’ Anjou et du Maine. En aucun cas le camp Plantagenêt avait imaginé la suite… Sortie de nulle part le Roi Louis XII s’était décidé à jouer un coup de maître sur l’échiquier en prenant le contrôle de Driencourt battant de vitesse les troupes de Plantagenêt où Robert se tenait. Ce dernier survolait la scène du regard où les bannières capétiennes flottaient tout en demandant des explications à ses proches officiers à savoir ce que le Roi des Francs pouvait bien fouttre là! Le baron d’Harcourt enrageait face à la scène! Louis XII venait d’arracher une victoire sans porter un seul coup et il pouvait bien rire dans sa barbe à l’heure qu’il était. Robert savait qu’il aurait pu tous les massacrer et se faire seul maître des lieux mais entre lui et la Cité se tenait les troupes du Roi et il savait bien les conséquences d’un tel geste!

- « Déployez nos troupes sous le couvert de nos archers et maintenez-les à distance respectable mais assurez-vous qu’ils voient nos bannières! » ordonna le baron d’Harcourt sous les regards surprit de ses officiers.
- « Mais ce sont les troupes du Roi! » tenta un parmi eux.
- « Je sais reconnaître une bannière capétienne quand j’en vois une et c’est pourquoi nous allons garder nos hommes à une distance respectable. » Robert mit l’accent sur le dernier mot avant de conclure : « Le Roi veut se servir de Driencourt pour négocier? Donnons à Geoffroy de quoi négocier à son tour… »

Le sourire de Robert s’étira pour la première fois… Si les négociations ne portaient pas fruits, il comptait bien être le premier à frapper! Au fond de lui, Robert se doutait bien qu’il n’aurait pas plus à sortir l’épée que le Roi en avait eue besoin pour se faire maître de Driencourt. Au fond de lui il s’en balançait totalement! Ce qui comptait était que par sa petite parade, il venait de lancer le message clair qu’il n’allait reculer devant rien ni personne et cela ne faisait qu’en rajouté sur sa renommée. Le caractère typique du normand avait été vanté et Robert d’Harcourt était de ces hommes qui en glorifiaient la légende.

Les négociations eurent effectivement lieu entre le Roi et le Comte d’Anjou… Le coup de maître de la prise de Driencourt par le Roi fût chèrement payé par Geoffroy Plantagenêt… Ce dernier était prêt à concéder des terres d’une valeur bien supérieure à Driencourt pour arriver à ses fins de voir enfin la Normandie unie sous sa tutelle.  En avril 1144, Geoffroy Plantagenêt prêtait allégeance au Roi de France en tant que Duc de la Normandie, Comte du Maine et de l’Anjou…  Si Robert II d’Harcourt avait été présent à l’époque quand celui-ci était devenu Comte par son mariage avec Mathilde l’Emperesse, il était alors des plus normal qu’il soit présent lorsqu’il fût fait Duc! Considérant le rôle qu’il avait eu à jouer lors de cette conquête, le Baron d’Harcourt ne pouvait que sourire satisfait de la réussite de leur engagement. Il avait avec succès su tirer sa part du gâteau lors de la conquête… Le jeune Baron avait annexé plus de terres aux siennes qu’un homme de son rang possédait normalement. Sa liste interminable de titres aurait pu satisfaire la plupart des hommes mais encore là, Robert savait tout l’étendue de son mérite et il n’était pas le seul. Le nouveau Duc de Normandie savait tout aussi bien que lui qu’il lui était redevable…

- «  Mon fidel ami… Vous avez toujours été là à mes côtés… Vous m’avez vu devenir Comte et aujourd’hui, vous m’avez vu devenir Duc. »
- « Nous avons réussi Geoffroy! Voilà pourquoi nous nous sommes battus non? »
- « Moi oui, et toi?... » le Duc de Normandie laissa la question en suspens pendant que Robert étirait un léger sourire à ses lèvres. Il reprit :
- « Je crois qu’il serait juste que ce soit mon tour de te voir être fait Comte! Je vais élever Harcourt en Comté et j’ai besoin que tu me représentes là-bas au nord… »

Savait-il à ce moment les menaces d’une 3e révolte en Anjou? Une révolte qui allait occuper entre autres choses Geoffroy de 1145 à 1151…  Cette révolte angevine était qu’un autre exemple du travail encore à faire avant que le Clan Plantagenêt puisse espérer d’autres conquêtes comme l’Emperesse l’aurait souhaité… Même en Normandie, certaines places fortes demeuraient à être prises. Robert II d’Harcourt mena ses troupes au siège d’Arques qui ne tomba aux mains de Geoffroy qu’en 1146…  À ce jour, le Comte d’Harcourt avait 27 ans et cela faisait déjà 11 ans qu’il était en guerre contre les uns et les autres… Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Robert d’Harcourt commençait à penser à se marier et à assurer sa descendance. Il ne voulait pas avoir fait tout cela pour mourir bêtement sur un champ de bataille et voir l’héritage de la Maison d’Harcourt être dilapidé entre ses frères et sœurs. Juste l’idée de voir ces arrivistes hériter de tout lui était insupportable!






Chapitre IV - Grands voyage avant le mariage





À la suite de la capitulation de Arques, le désir du Comte Robert II d’Harcourt était des plus simples. Après tant d’années à combattre il se disait qu’il était peut-être temps pour lui de trouver une femme et d’assurer sa descendance. Tant de combats, tant de sacrifices et il se retrouvait en ce début 1147 aux portes du Mans afin de rencontrer celui pour qui il avait tant combattu, le Duc de Normandie Geoffroy Plantagenêt. Pour Robert, cette rencontre se devait forcément d’être en liens avec son futur mariage. Il se doutait bien qu’étant maintenant Comte, son mariage allait prendre une importance nouvelle. C’était peut-être l’occasion de souder des alliances, d’agrandir les terres ou bien d’enterrer de vieilles querelles… Dans tous les cas, ce mariage était une opportunité à saisir pour le clan Plantagenêt! C’est donc avec un peu de surprise que le Comte d’Harcourt comprit que sa venue au Mans n’était pas celle qu’il avait prévu…

- « Je croyais que vous vouliez me parler de mon futur mariage! Pas m’envoyer… en Flandres?! Mais que diable j’ai à faire avec les flamands?! » demanda un Robert d’Harcourt de mauvaise humeur.
- « Parlant de mariage… Regarde ce que m’a donné le miens… Et c’est bien parce que ma sœur est mariée avec le Comte des Flandres que je me dois de lui apporter mon soutien. Le Comte Thierry est parti à la croisade que le Comte du Hainaut en a profiter pour l’attaquer! Comment ose-t-il s’en prendre à un croisé?! » De son côté, Geoffroy Plantagenêt semblait tout aussi irrité de toute cette situation, à commencer par son plus fier vassal qui ne lui rendait pas la tâche facile.
- « N’est-ce pas là que nous aurions dû être…? » Les deux hommes prirent le temps de se regarder dans un moment de silence… La conquête de la Normandie c’était fait au détriment d’une participation à la croisade… Était-ce vraiment la chose qu’ils se devaient de faire?  « Mais quelle est le rapport avec moi?» continua Robert.
- « Tu te souviens que les Flandres nous ont aidé lors de la conquête… »
- « En envoyant des petits seigneurs tel que Hesdin?! » lâcha le Comte d’Harcourt en haussant un sourcil au nom de Philippe.
- « De ce que j’en sais, vous vous êtes plutôt bien battu ensemble tous les deux… N’est-ce pas à ses côtés qu’on t’a pratiquement proclamé héro de guerre?... »
- « Certes… Mais encore… »
- « Je dois mater une révolte sur mes terres en Anjou, je ne peux certes pas aller là-bas moi-même! Qui donc voudrais-tu que j’envoie?! À défaut d’y aller moi-même j’envoie mon plus fort vassal! Les Flandres nous serons redevables de ce geste… Le jour viendra où mon fils Henry pourra prétendre au trône d’Angleterre… Ce jour-là nous devrons avoir la certitude que personne en ce Royaume ne conteste son ascension. Le soutient des Flamands est nôtre tant que ma sœur en sera la Comtesse et je compte bien sur toi là-bas pour le lui rappeler que ce mariage servait à quelque chose! » Geoffroy se tourna vers son ami. Il savait bien ce qu’il lui demandait une fois de plus mais il n’avait pas réellement d’autres choix…
- « Et à mon retour, j’imagine qu’on discutera du miens… »

*     *
*

Il se passa une année complète où le Comte d’Harcourt dû se battre en Flandres… Pendant cette période de temps, Henry Plantagenêt était parti impulsivement rejoindre sa mère en Angleterre afin de lui porter secours et de reprendre le trône qui lui était dû. Qu’est-ce qu’ils avaient sa mère et lui à foncer ainsi sans s’assurer d’avoir établie des bases solides pour y asseoir un futur Royaume? C’est ce que Geoffroy Plantagenêt avait voulu s’assurer de son côté et c’est entre autre pour cette raison que le Comte d’Harcourt se retrouvait à combattre en Alsace dans le camp de Sybille d’Anjou. Robert critiquait sévèrement l’Emperesse pour ce manque de vision à long terme mais en considérant Henry, il ne pouvait que sourire voyant en lui un tempérament qui était très semblable au sien… Après le départ en secret de son fils, Geoffroy paru ébranlé. Rapidement il envoya un message ordonnant à Robert d’Harcourt de revenir sur ses terres pour s’assurer de l’ordre au nord… En plus des révoltes en Anjou qui prenaient plus de temps à mater, le siège de Montreuil-Bellay avait aussi été initié par le Plantagenêt. Ainsi, à l’aube de son départ d’Alsace, le Comte d’Harcourt eu la visite d’un visage connu.

- « Vous nous quittez déjà cher Comte? Est-ce la boue de notre contrée qui vous importune autant? »
- « La boue n’a jamais eu pour habitude de me contrarié Seigneur d’Hesdin, même dans un campement aussi peu discipliné que le vôtre… » Robert eu un sourire invitant son compagnon d’arme à s’asseoir…
- « Alors c’est bien vrai, le Comte d’Anjou vous rappelle à lui pour se protéger; vous êtes rendu son chien de garde on dirait?! » ricana Hesdin.
- « Je suis le chien de personne! Et il est Duc de Normandie… Je suis son vassal, voilà tout. »
- « Que de loyauté cher Comte! » Robert arqua un sourcil et dévisagea un instant le Seigneur d’Hesdin.
- « N’êtes-vous pas le vassal de Sybille d’Anjou? Peut-être auriez-vous oublié vos devoirs?! » questionna à son tour le Comte d’Harcourt.
- « Les guerres se succèdent plus rapidement que naissent les hommes de valeurs Robert… Des hommes comme nous valent leur pesant d’or, ou de titres, qu’importe… Les meneurs d’hommes de qualité se font rares et il en tient qu’à nous de tendre la main et de saisir les opportunités! C’est bien ce que tu as fait par chez toi non? »
- « Je ne suis pas comme toi! La guerre m’aura été plus profitable qu’à bien d’autres c’est vrai… Mais jamais je n’ai eu l’intention de trahir Geoffroy et les plans que nous avons bâti ensemble. Cette loyauté m’a élevé en tant que Comte, l’as-tu oublié?! »
- « À faire comme tes amis les Hauteville en Italie, tu aurais peut-être pu être Prince! Tu es Comte, c’est vrai, mais tu marches dans la même boue que moi ici et elle se compare en tout point peu importe le campement crois-moi… »
- « Avant que je quitte laisses-moi te mettre en garde d’une chose… Si jamais tu trahis les intérêts de Sybille d’Anjou alors tu te feras l’ennemi de tout l’Anjou à la Normandie. Si ce jour devrait se produire et que l’on doive s’affronter, soit assuré que je me ferai un plaisir de te tuer! » Les deux hommes se fixèrent un instant et Robert d’un signe de tête l’invita à quitter.

*     *
*

Une autre année s’était écroulée où le Comte d’Harcourt avait contribué à maintenir l’ordre sur les terres du Duc Geoffroy Plantagenêt. Une autre année à se demander quand il allait pouvoir se marier et assurer sa descendance. À chaque jour qui passait, Robert d’Harcourt prenait des risques et au final c’était tout son patrimoine qui risquait d’être perdu. Plus le temps avançait et plus cela le préoccupait. De son côté, le Duc de Normandie semblait avoir la tête ailleurs… D’autres priorités à gérer comme la fuite de sa femme et son fils, encore Montreuil-Bellay et encore et toujours des révoltes en Anjou… C’était tout à fait normal après-tout mais Robert d’Harcourt n’était pas le genre d’homme à apprécier être considérer comme un pion de plus sur l’échiquier…

En ce début d’année 1149 où Henry Plantagenêt fêtait ses 16 ans, Robert d’Harcourt était une fois de plus appelé au Mans pour y rencontrer son vieil ami. Depuis qu’il était devenu Comte d’Harcourt, chacune de ses visites au Mans était une source de déception. À chaque fois, le Duc de Normandie avait « juste un autre petit service » à lui demander… Robert se demandait déjà ce que cela allait être cette fois. Dans tous les cas il n’avait pas prévu ce scénario. Dans ce salon finement décoré se tenait le Père et le fils Plantagenêt. Henry demeurait en retrait et c’est le Duc de Normandie lui-même qui alla accueillir le Comte d’Harcourt. Les deux hommes se saluèrent  malgré tout comme les amis de longues qu’ils étaient. Ce n’était pas quelques frustration personnels qui effaçaient tout de même ce qui avait été bâti entre et par eux. Robert sur sa forte stature fier senti le regard d’Henry se poser sur lui. Même face à son propre père, Henry ne pouvait que constater la carrure du guerrier normand devant lui.

Après quelques discussions générales que deux hommes de guerre peuvent se partager, le sujet principal, raison de la venue du Comte d’Harcourt au Mans, tomba  sur la table. Henry Plantagenêt désirait reprendre les armes et retourner une fois de plus en Angleterre pour représenter son propre partie cette fois et y gagner les appuis nécessaires pour qu’il puisse réclamer le trône. Celui-ci assied dans son coin la tête basse, peinait à masquer le sourire déterminé qu’il avait sur le visage. Il avait son père présent en train de demander à son plus puissant vassal de le rejoindre… Il y avait vraiment quelque chose à sourire! Robert tant qu’à lui écarquilla les yeux en ravalant les mots qui désiraient vivement sortir de sa bouche. À 30 ans, sans femme ni enfant, ayant déjà combattu toute sa vie depuis ses 16 ans, Robert d’Harcourt avait bien d’autres projets que d’aller envahir un Royaume voisin de l’autre côté de la Manche!

Devant l’expression de son vassal, Geoffroy Plantagenêt demanda à son fils de les laisser un instant. Ce dernier paru surprit de cette demande considérant qu’on parlait tout de même de son expédition mais il n’osa pas argumenté face aux deux conquérants qui l’avaient fait rêver depuis son enfance. Une fois qu’il eut quitté le Duc de Normandie se retourna vers Harcourt. Ce dernier retenait encore ses mots préférant conserver le silence mais la façon dont il se pinçait les lèvres était un signe plutôt clair qu’il n’approuvait pas l’idée d’aller là-bas.

-«  Il s’agit de mon fils Robert… » implora le Duc de Normandie.
- « Et il n’a que 16 ans! Bien jeune pour reprendre ce que votre épouse aura laissé en reste! » lacha sèchement Robert.
- « Quelle âge avions-nous lorsque nous avons pris les armes pour nous représenter dis-moi?! Tous deux nous avions 16 ans et tu aurais transpercé de ta lame tous ceux qui t’auraient dit que tu étais trop jeune! »
- « On parle d’aller conquérir un Royaume Geoffroy! Qui sait vraiment les dégâts qu’aura laissés l’échec de Mathilde… »
- « Qui sait les dégâts que cause présentement Étienne? Nous sommes où nous sommes présentement parce que nous avons su saisir les opportunités lorsqu’elles se présentaient à nous, Robert. C’est maintenant ou jamais qu’Henry doit rallier ses alliés s’il espère reprendre un jour le trône qui lui est dû et il devra le faire par lui-même! Il a prévu aller à la rencontre du Roi d’Écosse tu sais? Il a besoin d’être entouré de gens qui dignes d’un Roi! Il a aussi besoin de gens capable de mener une guerre si les armes doivent être tirées… » Geoffroy Plantagenêt fixa le Comte d’Harcourt connaissant mieux que quiconque la valeur de cet homme sur les champs de Mars.
- « J’avais d’autres projets pour cet été… Me marier par exemple! Aller crever en Angleterre en se lançant tête première sur Étienne n’en faisait pas partie vois-tu?!»
- « Robert! Ne me force pas à t’y contraindre…»  se fut au tour de Geoffroy d’être amer dans sa réplique. C’était là une demande qui n’en était pas une et l’expression du Duc ne laissa pas place au compromis…
- « Ton fils pourra être Roi… Il en a les couilles et le caractère… Je dis bien que c’est conditionnel à ce qu’il place bien ses pions! Nous avons eu la Normandie pièce par pièce pas en se lançant sur des coups de tête! Si ton fils a appris de sa première leçon alors j’espère qu’il sait maintenant réfléchir avec sa tête! Est-il prêt à faire les sacrifices nécessaires pour devenir celui qu’il aspire à être? »
- « Il les fera et tu seras là pour les lui rappeler non? »
- « J’y serai… » conclu le Comte d’Harcourt…

Robert tourna alors les talons pour retourner au Château d’Harcourt afin d’effectuer les préparatifs de son départ. L’expédition les mena à la rencontre du Roi d’Écosse David 1er et Henry s’y fit faire Chevalier pouvant enfin prétendre légitimement au trône. L’expédition ne fût pas un succès sur toute la ligne mais Henry Plantagenêt en sortit beaucoup plus fort qu’au début. Ce n’était pas une victoire complète mais c’était une pièce placée dans la bonne direction. « Une pièce à la fois » que répétait le Comte d’Harcourt … Ils furent de retour en sol français en triomphant. Tout le Royaume applaudissait ces normands de retour du Nord avec à leur tête un jeune homme à la chevelure blonde aussi courageux que charismatique. De nombreuses célébrations allaient être organisées et considérant comment Robert d’Harcourt était à sa place lors d’un bal, il préféra poursuivre sa route et voir à ses propres projets…

* *
*

- « Savez-vous qui je suis?! »
L’homme se tenait droit et fier au centre de la salle d’audience. Il était assurément le plus grand de la pièce et seul celui qui trônait devant lui pouvait rivaliser en carrure. Le maître des lieux était nul autre que Sulpice II d’Amboise et bien assied dans son siège les bras sur les appuis, il considérait avec respect l’homme devant lui avant de lui répondre.
- « Vous êtes Robert d’Harcourt deuxième du nom… Votre père était Baron si ma mémoire est bonne… Qu’en est-il de vous? On raconte que la guerre vous a bien profité? »
- « Je suis devenu Comte en effet… » répondit Robert d’Harcourt en étirant légèrement son sourire fièrement.
- « C’était un brave homme votre père… J’avais beaucoup de respect pour lui, même si je déteste profondément les angevins! » chacune des paroles de Sulpice étaient bien sincères…
- « Nous dirons que je suis normand alors! » plaisanta le Comte d’Harcourt afin de détendre l’atmosphère. Le maître des lieux renvoya une pointe à son tour…
- « Le Duc c’est remis de son passage à Amboise? Se souvient-il de cette défaite?! » rappela le Seigneur d’Amboise
- « Je n’y étais pas… » rappela tant qu’à lui Harcourt
- « Heureusement! Votre réputation vous précède! On dit que peu de places seraient en mesure de résister « au Vaillant »! » et encore une fois, Sulpice était des plus sincères.
- « Nous sommes deux hommes de guerre et il est temps pour moi d’offrir quelques moments de paix à nos Familles si vous voyez où je veux en venir... » Robert regarda la pièce finement décoré considérant l’importance de la Famille d’Amboise.
- « Sans vouloir vous offusquer, Comte, ma fille Sybille est déjà mariée et j’espère conserver Châteauroux dans la Famille. »
- « Et sans rien enlever à votre aînée, on m’a grandement vanté la beauté et l’humeur de votre seconde. Aussi, j’ai besoin d’étendre mes amitiés hors de la Normandie et de l’Anjou. Réglons la paix entre nous et je ferai de votre fille la deuxième femme en importance de notre territoire derrière l’Emperesse! »
- « Très bien… Cela ne risque pas de plaire au Plantagenêt de voir son plus fier vassal marier la fille de son ennemi! » un sourire apparu au visage du Seigneur d’Amboise. Il savait très bien que ce mariage était un affront que Robert faisant au Duc de Normandie. Une façon de lui rappeler la considération à maintenir pour son Vaillant vassal d’Harcourt.
- « Ce n’est pas un choix qui lui est offert! Pour mon mariage je fais ce que je veux! » Et Robert n’avait aucune intention de n’être pas reconnu à sa juste valeur et il était prêt à faire fort pour envoyer un message clair!

* *
*

Le mariage avait attiré bien des gens au Comté d’Harcourt. La haute noblesse de l’Anjou à la Normandie y était convoquée et peu manquait à l’appel. Tout s’était déroulé de l’ordre et le bonheur et même le Duc Geoffroy Plantagenêt avait félicité un peu amèrement le Comte d’Harcourt d’avoir su trouvé si ravissante épouse. À ce chapitre, Robert d’Harcourt pouvait s’estimer grandement chanceux. Ce mariage en avait été un d’intérêts à la base mais il était tombé sur une des plus ravissantes femmes qui lui avait été donné de voir. De plus, que pouvait-il lui reprocher?! Le calme de cette femme venait équilibrer le tempérament bouillant du Comte et sa gentillesse naturelle ne pouvait que le faire sourire. Elle avait une clarté d’esprit qui savait charmer Robert. Cette façon dont elle avait accompli son devoir la première nuit suite au mariage… Comment elle se permettait de lui parler avec franchise… Le Comte d’Harcourt ne voulait surtout pas la contraindre en rien et à sa surprise, c’est sa femme qui prenait l’initiative quant à leurs discussions ou actions qui seraient bonnes pour le Domaine. Étrangement, le Comte d’Harcourt demeurait réservé quant à son passé… Il avait tant vécu à combattre et il ne pouvait pas jurer devant Dieu que chacune de ses actions avaient été honorables… Quelque part, il ne voulait pas décevoir cette femme qui accomplissait chacun de ses devoirs sans broncher.

Un soir, Anne alla le trouver dans un petit salon où le Comte s’occupait de quelques paperasses. Prévoyante, elle avait amené une bouteille de vin dont elle en avait versé une coupe à son époux. Celui-ci l’invita à faire de même et à partager avec lui le rouge breuvage. Elle prit place sur un canapé un peu en angle avec le bureau où se trouvait Robert. Anne releva légèrement les plis de sa robe afin de replier ses pieds sous celle-ci en prenant appuis sur l’accoudoir. Elle demeurait là en silence, observant la forte stature de son époux faisant ombrage à l’imposant meuble. Le Comte se retournait par moment lui souriant puis il fût incapable de continuer en sentant le regard de sa femme posé sur lui. Il retourna son fauteuil de façon à lui faire face.

- « Vous avez l’air d’une jolie femme ayant une question qui lui brûle les lèvres… Pourrais-je vous aider ma chère? » c’est avec sincérité que Robert complimentait sa femme et il était tout aussi sincère dans son désir de la rendre aussi heureuse que possible.
- « Savez-vous ce que l’on m’a dit de vous; Lorsque l’on a su que Père me mariait à vous?» Demanda Anne ne laissant aucune émotion transparaître sur son visage.
- « Je ne sais pas mais j’aimerais bien savoir ce qui se dit sur le Vaillant Comte d’Harcourt! » après-tout, Robert n’était pas totalement ignorant de la façon que les récits de ses batailles avaient été romancés…
- « On dit de vous que vous êtes arrogant, vantard et égoïste! » lança d’un trait Anne.
- « Et bien… » tenta Robert sur la défensive mais sa femme le coupa.
- « On dit de vous que vous êtes un assassin! Un meurtrier qui prêt à tout pour sa propre gloire! » à ces mots Robert se recula dans son siège prenant une longue inspiration tout en écarquillant les yeux. Rapidement il se demanda si elle pensait réellement ce qu’elle avait entendu mais sa femme eue bien du mal à masquer le petit sourire en coin qui perlait au coin de ses lèvres.
- « On dit de moi que je suis aussi le plus Vaillant combattant que la Normandie ait connu! On dit que grâce à moi, l’unification de celle-ci fût possible! On dit que sous mon aile, plusieurs hommes me doivent la vie! On dit aussi que j’aurais soulevé un cheval à main nues, que j’aurais vaincu un dragon et que je l’aurais mangé pour déjeuner… » Robert eu un léger rire et sa femme lui offrit un sourire. « Et vous savez ma chère femme, tout ce qui a été dit est probablement vrai! Sauf peut-être pour le dragon bien sûr… C’était pour mon diner que je l’ai mangé! » Cette fois il ria un peu avant de reprendre une gorgée de vin et sa la Comtesse l’imita à son tour.
- « Votre fierté sans borne vous confère un certain charme le savez-vous? »
- « Et je me soumets tant à votre intelligence qu’à votre beauté » il fit une révérence maladroite du siège de son fauteuil. Il reprit : « Je souhaite Anne, que vous soyez heureuse parmi nous. J’espère que vous saurez vous faire une bonne opinion de moi et ce, malgré mon caractère… »
Elle inclina légèrement la tête afin d’admirer la sincérité de l’homme de guerre devant elle. Depuis quelques semaines, ils s’étaient pris à se surprendre d’apprécier grandement la présence de l’autre. Alors que d’autres hommes auraient baissé la tête timidement à ces paroles, Robert demeurait devant elle, droit et fier. Une fierté qui en sa présence ne semblait qu’augmenter! Doucement, Anne posa de nouveau ses pieds sous elle et se leva avec grâce. Son pas léger l’amena tout juste au côté de son époux qui ne la quittant pas des yeux, lui saisit une main aussi délicatement que sa forte main le lui permettait. Plongeant son regard dans celui du Comte, Anne se penchant et déposa un baisé à la joue rugueuse de son époux. Ce dernier caressa du revers des doigts le visage de sa femme qui s’appuya sur ceux-ci tout en laissant le bout de ses doigts se perdre dans une mèche de ses cheveux alors qu’elle se relevait.

Anne tourna la tête afin de masquer un sourire qui pour une raison qu’elle ignorait, ne voulait plus quitter ses lèvres. Elle voulue faire quelques pas en direction de la sortie mais fût retenir sans surprise par la main de Robert dans la sienne. Elle se retourna pour lui faire face et lui se leva pour l’envelopper de ses bras puissants. Elle n’arrivait pas à comprendre d’où venait cette tendresse que lui portait l’homme de guerre. Même assied il était imposant mais une fois au creux de ses bras elle était vraiment qu’une mince et petite chose. Elle posa les mains sur son torse afin de doucement le repousser et elle le regarda.

- « Pourquoi avoir organisé ce mariage Robert? Vous n’avez pas reçu de mon père ce qu’un homme tel que vous aurait été en droit d’espérer de son mariage… » cette fois, elle baissa les yeux, gênée d’avoir tant reçu de lui alors qu’elle avait l’impression de ne rien pouvoir lui offrir… Robert posa une main sur la hanche de sa femme et de l’autre lui releva le menton pour pourvoir la regarder.
- « Vous m’avez offert beaucoup plus que vous le croyez… En plus de toutes vos qualités qui font de vous une femme merveilleuse, vous m’avez permis de dire au monde connu qu’Harcourt faisait ce qu’il voulait quand il le voulait! Vous m’avez permis de retrouver ma liberté et toute la considération qui nous est dû! À mes yeux, cela a une valeur inestimable. » la sincérité était transparente dans le regard du Comte d’Harcourt et conservant sa main à la hanche de sa femme, il déposa l’autre sur le ventre de sa femme. « Et peut-être un jour, m’offrirez-vous un héritier pour tout ce qui aura été bâti »… à ces paroles, la Comtesse entoura le cou de son époux de ses bras et se hissa sur la pointe des pieds en le forçant à se pencher pour lui prendre un baisé. Après quelques instants à s’observer tendrement, elle brisa le silence.
- « Il ne se fera pas de lui-même cet héritier cher Comte d’Harcourt… »





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Robert II d'Harcourt

Robert II d'Harcourt

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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyLun 26 Mai - 14:12

Robert II d'Harcourt  a  dit:
Conclusion - Il était d'une autre époque.





Il venait à peine de descendre de cheval pour fouler la cour du Château d’Harcourt lorsque sa femme, le ventre arrondi d’un premier enfant, vint à sa rencontre une lettre à la main.  C’était elle qui pendant ses absences s’occupait de la bonne régence de leurs terres. Lui, comme à l’habitude, ne se faisait que peu de soucis des missives qui lui étaient parvenus et donnait d’abord toute son attention à sa femme. Une attention d’autant plus douces et délicates depuis qu’elle portait leur premier enfant. Robert posa d’abord une main à ce ventre arrondi, présage d’un bonheur futur et l’autre prit celle de sa femme afin de la porter à ses lèvres pour un léger baisé. Il souriait de ce paisible bonheur loin des champs de batailles et de la Cour parisienne.  Son humeur légère fût brisée que par l’empressement de sa femme à lui remettre une missive qui venait de nul que Roger II de Sicile.

Ce dernier les informait de la mort subite de ses fils ainsi que la responsabilité de successeur qui incombait maintenant au 4e né, Guillaume de Hauteville. C’était un Prince Arabe hédoniste et mou! Un homme égoïste dont la priorité de sa vie reposait sur ses plaisirs… Le Comte d’Harcourt les avaient en aversion ceux-là lui qui s’était efforcé d’être l’image forte du guerrier normand pour tout un peuple! À peine revenu chez lui qu’il se devait à présent d’aller cueillir ce nouveau venu et de parfaire son apprentissage dans les choses de la guerre et d’états. Bien sûr, Robert ne pouvait refuser cette faveur faite à son ami le Roi de Sicile surtout compte tenu de l’apport des troupes Hauteville dans les rangs d’Harcourt lors de la conquête. Cette faveur qui allait unir un homme qui avait toujours combattu vaillamment pour obtenir ce qu’il possédait et l’autre qui avait tout eu cuit dans le bec et qui ne désirait rien de plus que la facilité de sa vie actuelle.

En aucun moment le Comte d’Harcourt voulu faire de faveur au Prince dans son apprentissage. On pouvait même dire qu’à chaque manque d’intérêt du jeune Hauteville, Robert était plus rude avec lui. Car le Vaillant avait vu ces hommes mourir pour la Famille Hauteville lors de la conquête. La luxure et l’oisiveté dont avait pu jouir le Prince était grandement dû aux sacrifices de ses gens sur ses terres normandes qui avaient combattus pour cette Famille et qui les avait maintenu dans les bonnes grâces du Duc. Robert d’Harcourt était présent à chacun de ces combats et avait lui-aussi été une pierre angulaire de ces évènements. Combien de fois durant leur entraînement aux armes Robert avait envoyé valser Guillaume face contre terre du plat de son bouclier? Il l’avait à maintes fois dominé de la force de ses bras et de par sa vigueur au combat. Une colère du Comte l’avait même poussé à soulever le Prince de terre d’une main au collet mais Robert s’efforçait de lui faire comprendre dans tout cela le sacrifice que se devait la noblesse envers ses gens pour pouvoir avoir leur fidélité. Faire comprendre que c’est par les actions valeureuses que la loyauté est acquise… Du moins, c’est ce qui avait fait le succès et la renommée du Comte d’Harcourt.

Robert II d’Harcourt aurait bien pu croire que cela était peine perdu mais le Prince de Sicile eu un jour l’occasion de lui prouver sa valeur. En cette occasion bien particulière, Guillaume avait démontré que sous sa façade désintéressée, l’enseignement du Comte avait porté fruit. C’était un jour comme bien d’autres où les deux hommes suivis d’une garde de quelques hommes se rendaient à Paris. Ils avaient sur leur route rencontré quelques paysans dans le besoin à cause d’une charrette à la roue brisée. C’était enfin une occasion selon Robert pour que le Prince se rende utile… Les gardes et le Comte perchés sur leur cheval avait bien ri du Prince qui sans succès s’épuisait par manque de force sur le bâton servant de levier pour changer la roue de la charrette. Une occasion comme Robert les aimait de démontrer sa force et tout ce qui selon-lui faisait un vrai homme! Le Comte d’Harcourt prit la place du Prince. Robert retira la ceinture soutenant son épée qui allait le gêner alors qu’il prendrait à bras le corps le levier. Signalant au paysan de se tenir prêt à remplacer la roue, Robert saisi le levier en pliant les genoux et dans toute sa puissance de guerrier normand souleva la charrette là où le Prince avait échoué! Un rugissement fier et dominant s’échappait de ses lèvres au même moment où le paysan s’efforçait de remplacer la roue sous le regard des gardes satisfaits de leur souverain.

Ironiquement, la seule personne qui ne suivait pas la scène de la charrette avec intérêt est celui qui venait de s’en faire chasser… Comme le hasard fait bien les choses, cette même personne allait s’en couvrir de gloire non pas pour avoir eu une quelconque importance dans l’affaire de la charrette mais bien en sauvant la vie du Comte d’Harcourt. Le Prince était resté à l’écart et lorsqu’une bande de brigands se lança contre l’attroupement il fût le premier à crier garde! La surprise aurait été totale sans l’intervention de jeune de Hauteville. Robert d’Harcourt se serait probablement fait tuer si le Sicilien ne se serait pas interposé l’épée à la main. Pendant que le Comte d’Harcourt était projeté violement au sol sous l’effet de la charrette qui retombait au sol, le Prince de Sicile plongeait sa lame au travers de l’assaillant qui s’en prenait à son tuteur.

Les épaules contre terre, Robert voyait le Prince s’interposer courageusement. Il ne venait pas seulement de sauver sa vie mais celle de tous les hommes présents. Comme le Vaillant voulait se relever, il vit une flèche qui lui siffla tout juste au-dessus de la tête. « Archer!!! » cria-t’ il à l’un de ses hommes. Alors qu’il était enfin de nouveau sur ses pieds, le Comte dû se battre au corps à corps contre un opposant. De justesse il put se saisir des mains qui tenaient la lame qui s’abattait sur lui. Du coin de l’œil il aperçut le Prince qui peu à peu était surpassé par les évènements. L’Archer quant à lui allait de nouveau tirer en la direction de Robert qui put dans sa lutte avec son opposant s’en servir comme bouclier. Un des gardes du Comte eu raison de l’archer et Robert quant à lui pu enfin se saisir d’une épée pour rejoindre la mêlée au côté du Prince. Ce dernier regarda Robert et comme il lui avait été enseigné se permis d’ordonner aux gardes présents de protéger les civils.

Avec l’effet de surprise saboté par l’intervention du Prince de Sicile, l’embuscade fût un réel fiasco. De plus, quand Robert d’Harcourt pu enfin se saisir de sa lame, aucun adversaire présent n’était en mesure de rivaliser avec lui. Les normands comprirent rapidement la raison de cette attaque. Le fils d’une certaine baronne venu se venger de celui qui avait dépossédé sa mère plusieurs années auparavant… Robert ordonna alors que l’on renvoie le corps de ce fils à sa mère pour qu’on puisse lui rendre grâce en tout honneur… Si le Comte d’Harcourt savait être impitoyable par nécessité, il n’était pas par contre dépourvu de cœur.

Leur retour sur Paris fût acclamé… On vanta grandement l’habileté du Prince au combat et son intervention héroïque… C’était aussi ça l’avantage de compter le Comte Robert d’Harcourt dans ses amitiés et le Prince de Sicile le comprit rapidement. Depuis l’incident de la charrette, le Comte avait été beaucoup plus modéré envers Guillaume de Hauteville. Chacun s’offrait plus de liberté en la Cour parisienne au grand plaisir du sicilien… Robert quant à lui gravitait dans cet environnement tant bien que mal… Ses conseils en matière d’affaires d’États et de guerre demeuraient très écoutés au Conseil du Roi de France mais la vie de Cour ne lui réussissait pas vraiment… Même des servantes comme Hermine de Campdavaine trouvait le moyen de se jouer de lui sans qu’il puisse s’en rendre compte.

Cette dernière écoutait faussement intéressée chaque fois que Robert s’époumonait à rappeler ses triomphes du passé… Combien de fois avait-il rappelé à la servante de Sybille d’Anjou qu’il avait dû personnellement intervenir pour le venir en aide contre le Hainaut?! Sybille d’Anjou se devait de se souvenir de cette intervention du Duc de Normandie. Le Comte d’Harcourt croyait bien utiliser la servante de Sybille à cette fin mais Hermine de Campdavaine était dans ces jeux de Cours plus rusé que le guerrier normand…  Qui oserait se moquer d’un héros de guerre comme l’était Robert II d’Harcourt?! Seulement quelqu’un qui n’avait rien à voir avec cette époque du passé… Dans cette Cour de France, Robert était aussi vulnérable qu’influant… Il y avait sa femme avec lui heureusement mais les défis allaient être nombreux. Il n’y avait par contre aucun doute que le Comte d’Harcourt allait être bien plus qu’une simple pièce sur l’échiquier!






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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier EmptyLun 26 Mai - 16:31

Robert II d'Harcourt  a  dit:
Voilà! Après des mois et des mois cette fiche est terminée.

Elle est longue... Mais je crois que ça trace un portrait juste du personnage!

À votre bon jugement donc.
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MessageSujet: Re: Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier   Robert II d'Harcourt - Plus qu'un pion sur l'échiquier Empty

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