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 Les femmes au Moyen Age

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Deus Ex Machina

Deus Ex Machina

ϟ Lord of Treason ϟ


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MessageSujet: Les femmes au Moyen Age   Les femmes au Moyen Age EmptyVen 4 Oct - 14:29

Deus Ex Machina  a  dit:


La place des femmes dans la société chevaleresque

Ce que femme veut, Dieu le veut !




Les femmes au Moyen Âge, on ne les voit que sous deux images d’Épinal : celle de l'épouse soumise et malheureuse qui reste enfermée dans son donjon à coudre et celle de la guerrière qui bouscule les codes de la société à la Jeanne d'Arc. Ces deux aspects sont tous les deux aussi faux l'un que l'autre, le premier semble tout droit issu de l'imaginaire des contes alors que le deuxième n'est tout simplement pas possible dans un Moyen Âge qui refuse de voir les femmes porter les armes, notre Jeanne nationale faisant figure d'exception. Entre image noire et réhabilitation excessive, il est pourtant possible de tracer un portrait des femmes pas aussi sombre qu'on a pu le dire.
Notons que nous nous intéresserons plus spécifiquement au cas des femmes de l'aristocratie, les sources étant beaucoup plus faibles pour le peuple.

L'éducation

Les petites filles grandissaient jusqu'à sept ans en compagnie de leurs frères avant que la séparation n'intervienne lors de cet âge de la raison. Dans les familles seigneuriales, elles sont en règle générale bien éduquées car elles sont vouées à établir des alliances matrimoniales et dans bien des fiefs encore au XIIe siècle, peuvent hériter en cas de défection d'héritier mâle. Fi de la légende tenace qui veut qu'on ne désire alors que des fils ! Les filles servent tout autant la politique de leurs pères.
L'éducation en elle-même est évidemment exempte de ce qui fait celle du chevalier : la jeune fille n'est point destinée à porter les armes mais les traités d'éducation mettent l'accent sur sa piété, sa douceur censée favoriser la paix, sa pudeur et son apprentissage des tâches domestiques – qui n'est pas tant de savoir coudre que de savoir diriger une maisonnée qui peut parfois être immense comme ces palais comtaux ! Le reste dépend surtout de la bonne volonté des éducatrices et donc de leurs mères, il est néanmoins fort probable qu'on leur apprenne à lire et écrire ainsi que des rudiments de politique pour les plus chanceuses...

Le mariage

A l'exception du cas des moniales pour lesquelles on doit aussi verser une dot puisqu'elles épousent le Seigneur, les jeunes filles sont destinées à établir des alliances matrimoniales qui sont le socle de la société féodale car elles lient des maisons et les destinées de familles. Une fois mariées ce qui peut arriver dès l'âge de la puberté, quatorze ans pour les plus jeunes, elles se doivent de donner au plus vite un héritier à leur époux ce qui assure également leur propre position. Une épouse gère la domesticité, l'approvisionnement de la maison, les terres elles-mêmes quand son mari est absent et s'occupe de l'éducation des enfants. Les jeunes fils sont en règle générale envoyés chez leurs oncles maternels pour parfaire leur formation de chevaliers.
Au XIIe siècle, elles sont progressivement exclues de l'héritage de leurs pères pour des raisons avant tout politiques : il s'agit d'éviter la dispersion du patrimoine. L’Église s'est emparée de la question du mariage pour le christianiser et pour le faire progressivement devenir un sacrement ce qui le rend indissoluble. Mais les interdits en terme de parenté sont si sévères qu'il est facile de se trouver un ancêtre commun pour rompre l'alliance...
Dans ce cas, l'ancienne épouse récupère sa dot qui, au XIIe siècle, n'est plus aussi souvent sous forme de terres mais davantage d'argent.

Leur rôle en politique

Alors les femmes recluses dans un espace domestique ? Pourtant difficile à croire lorsque l'on voit de fortes personnalités comme Aliénor d'Aquitaine ou Sibylle d'Anjou dominer la période ! Les femmes ne sont en effet pas écartées de la politique comme on aurait tendance à le croire : non seulement elles peuvent hériter en propre de terres mais par défaut, lorsque leur époux est mort ou parti guerroyer au loin – ce qui n'est pas si rare, elles se doivent de gérer elles-mêmes les principautés. Loin de l'image d’Épinal, elles peuvent tout à fait poursuivre en justice, gérer leur argent comme bon leur semble, servir de négociatrices lors de guerre, lever des armées et même adouber ! Les exemples de femmes à l'origine de donations ou de constructions d'abbayes et de châteaux ne manquent pas et elles sont bien loin d'être méprisées.
Les grands monastères féminins sont aussi réputés que leurs homologues masculins et accueillent souvent des grandes dames de l'aristocratie veuves. Fontevrauld est sans conteste le plus important en France. Les moniales elles-mêmes ont une culture très étendue à l'image de la fameuse Héloïse capable de lire le texte biblique et de correspondre avec les plus grands esprits de son temps.

L'amour courtois

Le rôle des femmes est absolument essentiel dans la vie de cour et c'est là qu'elles marquent le plus leur influence. Certaines d'entre elles, les plus érudites, n'hésitent pas à écrire de leur main et font la promotion d'une culture de cour que l'on appelle l'amour courtois, venu de la cour de Poitiers : cela passe par l'amour d'un jeune chevalier pour une femme souvent mariée et de plus haute naissance que lui, un amour absolu mais maîtrisé qui passe par une série d'épreuves. La femme devient donc une figure idéalisée voire inaccessible qui permet au chevalier de se dépasser, à qui on doit le respect. C'est désormais elle qui dirige le jeu dans ses relations avec les hommes. On doit à cette promotion de la femme et à leur mécénat les textes les plus célèbres du temps, notamment les légendes de la table ronde.

La société médiévale reste profondément inégalitaire et cela ne fera qu'aller qu'en s'accentuant pour trouver son point d'orgue avec la redécouverte du droit romain à la Renaissance, lequel droit écarte les femmes et les épouses. Néanmoins, la femme, si l’Église continue à s'en méfier malgré l'essor de la dévotion à la Vierge Marie, occupe une place essentielle qui dépend bien souvent de sa personnalité propre... Un peu à l'image des hommes, au final !




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