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 Dame Béatrice de Breteuil

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Béatrice de Breteuil

Béatrice de Breteuil

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MessageSujet: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMer 12 Déc - 0:51

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Béatrice de Breteuil

« Une maîtresse aimée est si près d'une soeur ! »


Je m'appelle Béatrice, dame de Breteuil et suis née en 1134, je suis donc agé(e) de 17 ans, à Breteuil, je suis donc Normande. Pour de nombreuses raisons que je vous exposerai plus tard, je suis fidèle à Henri Plantagenêt. Pour ce qui est de mes sentiments, bien que je n'aime pas en parler ainsi, je suis officiellement célibataire mais en couple avec Henri Plantagenêt et mère de son fils Geoffroy. Mon visage? Il s'agit de Gemma Arterton trouvé sur Tumblr
Derrière l'écran il y a Steph (Maquizz/Banquizz), j'ai 25 ans de bêtises, je travail/fais des études de chômage professionnel (licenciée d'archives). J'ai connu le forum via la persécution du tyran que je suis a poussé les admins à me révéler leur projet diabolique, et je pense qu'il est pas aussi bien que le mien qu'il déchire sa race, mais d'après moi il y manque de moi … heureusement je viens à la rescousse. Je suis plutôt très (trop?) active, je fais de mon mieux pour y arriver. Et pour finir vive les schizos \o/


    Halte-là, voyageur ! Dis-nous donc qui est ton maître, et les raisons qui t’ont poussé à lui prêter allégeance ! Est-ce par conviction, par intérêt, par obligation ? Vous pourriez être plus polie avec une dame, je vous prie ! Mon maître ? En tant que fille non mariée, cela devrait être mon père, ou bien mon frère puisque mon père n'est plus de ce monde. Je pourrais aussi dire que mon maître est Dieu, bien que je ne suis qu'une pécheresse, puisqu'en effet mon maître est un homme que j'adore et que j'admire, il s'agit d'Henri Plantagenêt. Mais ne pensez pas que je suis juste une demoiselle enamourée qui suit juste parce que je n'ai pas d'autre idée. Je sais que Breteuil est à la frontière du duché et que mon frère, Valéran est un garçon intelligent et sait à qui porter allégeance. Je l'ai écouté et je le suis de mon plein gré. Alors en plus de mon cœur, c'est mon âme qui appartient à la Normandie et j'en suis très fière. Je ne peux peut être pas prendre les armes pour défendre les miens mais je ferais tout ce qui est en mon (petit) pouvoir !

    Si une guerre venait à éclater entre l’Aquitaine, la France, la Normandie et l’Angleterre, que ferais-tu ? Prendrais-tu part au combat ? De quel côté ? Ou bien resterais-tu à l’écart ?
    On ne m'a jamais appris les armes et je peine à soulever une épée à deux mains. C'est tout ce que je peux faire avec, la tenir, alors ne comptez pas sur moi pour me battre. Je serais donc à l'écart, mais surveillant de près ce qui se passe, pouvant peut être donner des conseils, ou du moins une autre vision, extérieure et peut être "naïve" mais un avis n'est pas fait pour être suivi. Je serais un homme, bien sûr que je me battrais pour la Normandie, avec autant d'ardeur que je peux donner dans ma vie quotidienne.
    Mais malheureusement, si une guerre éclate, je ne pourrais que prier pour la victoire et sauver les miens.

    Toutes ces alliances, ces mariages… Qu’en penses-tu ? Servent-ils tes intérêts ? Ou chercherais-tu à les rompre ?
    Je vois cela un peu de loin, même si je comprends que les alliances et unions maritales servent bien sûr la politique. Le roi de France a davantage épousé Aliénor d'Aquitaine pour la richesse de ses terres que pour elle-même. Tout est une question de politique dans ces clans difficiles à gérer et où chacun doit faire fructifier ses intérêts. Ils ne me servent en rien, le seul mariage auquel je pense est le mien. J'avoue qu'il m'arrive de me rêver en reine d'Angleterre et si on se met en travers de mon chemin, je n'hésiterais pas un instant à me défendre !

    Enfin, dis-nous un peu : plutôt bal ou plutôt tournoi ? Plutôt guerre ou plutôt paix ? Plutôt amour courtois ou plutôt croisade ? Je préfère les bals car on s'y ennuie moins ! Bien que les tournois aient quelque chose d'excitant, il m'arrive de m'ennuyer sur ma chaise ! Alors que je peux danser sans cesse dans les bals jusqu'à ne plus sentir mes pieds. Je suis aussi plutôt paix car la guerre ne fait que des dégâts et l'égo masculin est difficile à rafistoler après une défaite. Et enfin comment peut on préférer se battre à l'autre bout du monde dans d'infâmes conditions alors qu'il est plus plaisant de jouer aux jeux d'amour, avec poésie ! Vous devez me trouver un peu fleur bleue avec mes idées de danses, de paix et d'amour. Que voulez vous, je ne veux et ne peux me battre, la violence ne m'intéresse pas. Peut être changerais-je d'avis, mais vous savez, on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans ... pourquoi devrais-je l'être ?


Dernière édition par Béatrice de Breteuil le Mer 12 Déc - 16:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyJeu 13 Déc - 0:50

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Il était une fois, il y a fort longtemps...




Chapitre 1 : 1134 – 1147
De l'enfance improbable


L'histoire que je vais vous raconter, elle vous a peut être déjà été contée par un troubadour qui a fait de cette vie peu ordinaire une chanson. Beaucoup pensent qu'il ne s'agit là que d'une fable, un conte, une légende chantée par ces poètes nomades, que tout ceci n'a pas existé mais que la chanson est plaisante tout de même a écouter. Il est certain que vous l'ayez entendu, elle commence ainsi :

Dans le château de Teuil abritait une prisonnière,
Jolie chose pleine de joie et le bel œil,
Elle ne sortait jamais du château de Teuil,
Jolie chose mais malheureuse héritière.

Cela vous revient ? Cette histoire est pourtant vraie, en partie. Teuil est en fait Breteuil, à une centaine de kilomètres de Paris et à la frontière du duché de Normandie. Dans son haut château de pierre, la famille est issue de Gilduin, vicomte de Chartres au début de l'an mil où le roi Robert II lui donna le comté de Breteuil où il fit construire ce château, qui était plus de l'ordre de la prison pour la jeune femme qui nous concerne. Mais nous y reviendrons sous peu. Les comtes de Breteuil se succédèrent de père en fils durant un siècle, fiers de leurs terres où l'abbaye bénédictine Notre-Dame possédait une riche bibliothèque, faisant la fierté des alentours. La famille était fidèle à la couronne de France, de bons vassaux jusqu'à l'arrivée à la tête du comté de Valéran II, qui épousa une normande et préféra retourner sa veste en toute impunité, prêtant allégeance pour lui et sa descendance. Seulement, on ne choisit pas sa famille et son fils Erard ne fut pas de cet avis.

Il faut avouer que celui qui deviendra Erard III à la mort de son père n'était pas un tendre, il s'agissait d'un homme possessif, hargneux et froid. Rien ne lui faisait peur, pas même vouloir trahir la Normandie au profit de la France et défaire tout ce que son père avait entrepris. Il se maria une première fois où il eut quatre garçons dont l'éducation se fit à la dure depuis leur plus jeune âge. La pauvre dame de Couçy son épouse était terrifiée par cet homme qui pouvait piquer des colère retentissantes, à tel point qu'on pouvait l'entendre à n'importe quel endroit du château.

Le roi était épris de maladie, cette folie,
A vos risques et périls de l'approcher.
Il faut dire que quand il poussait ces affreux cris,
Bien souvent des têtes tombaient.

Là encore, la chanson nous trompe car il n'était pas roi, peut être roi des fous, mais un simple comte ! Mais reprenons notre histoire.

Puis lassé de son épouse, il la répudia pour épouser sa maîtresse, la seule sachant le tempérer un tant soit peu et répondant au nom d'Ivette de Bulles en 1130. Contrairement à la première épouse, elle ne mit au monde que des filles Mannasès, Béatrice en 1134 et Ermengarde. C'est la seconde qui nous intéresse. Des trois, elle est de loin la plus jolie et la plus gracieuse, celle qui souriait à longueur de journée et à qui on pouvait tout laisser passer. Ses deux autres sœurs n'étaient point laides, même si Ermengarde avait un nez un peu grand, mais Béatrice se démarquait et ne voyait pas cet inconvénient d'être l'enfant du milieu. Mais toute cette famille n'était véritablement heureuse que lorsque le père partait ne revenant qu'après quelques mois ou années, sans savoir vraiment où il allait. Peut être trop jeune pour s'en souvenir, ou ne retenant que les instants où son père était absent, Béatrice gardait cette enfance comme un excellent souvenir, fait de joie et d'amusement, avec ces grands frères protecteurs et ses sœurs camarades de jeu. Pourtant, elle sortait peu, ne pouvait jouer qu'autour du château, ordre du comte qu'il fallait respecter à la lettre. Alors l'enfant ne connaissait que le château et son herbe verte autour, bien peu pour une demoiselle à la curiosité grandissante, avec soif d'apprendre et de voir. Mais on ne plaisantait pas avec les règles, le comte s'en assurait quand il rentrait, que personne n'ai désobéi. Hugues, pour s'être rendu à Paris sans autorisation, fut enfermé dans sa chambre pendant de longs jours avec pour nourriture du pain et de l'eau. « et sois heureux de ne pas connaître le cachot ! » avait hurlé Erard, furieux d'une telle désobéissance. La seule qu'il aimait, c'était Béatrice, il avait toujours de doux mots pour elle et la couvrait de baisers, lui faisant mille compliments. Mais aussi mille menaces avec le sourire, ce qu'elle ne comprenait pas du haut de ses dix ans, mais dont elle s'était affolée lorsqu'elle comprenait au fil des années. Années qui passèrent où elle grandissait et s'embellissait à vue d’œil.

Guette bien, guetteur du château,
Quand paraît la belle à la grande âme,
A la longue chevelure, cette jolie dame
Aime la de tout ton fardeau.

Elle n'eut que douze lorsque sa mère mourut, l'hiver fut trop rude pour qu'elle ne le supporte. La jeune fille n'avait que peu de repères dans ce château et sa mère était son pilier, son modèle, son mentor, son amie. Sa mère, tout simplement. D'un seul coup, elle perdait tout et cette fragile demoiselle, sensible sans trop le montrer, avait laissé les larmes envahir ses joues et devint inconsolable durant des semaines entières, refusant de s'alimenter ou même de sortir. Mais alors que le jour vint où il n'y eut plus de larmes, ce fut la peur qui l'envahit : qu'allait-elle devenir ? Et surtout … comment allait réagir son père ? Il ne devrait plus tarder de rentrer et il n'y verrait plus sa femme. Ni l'un de ses fils : son second, nommé Erard aussi, s'en était allé un beau matin, ne supportant plus la vie à Breteuil, partant à travers la France découvrir la vie. Béatrice l'avait supplié de l'emmener, elle aussi voulait voir le monde, battre le sentier au galop et sentir le vent dans ses cheveux. Mais ce fut un refus catégorique et la voici obligée de rester au château.

En fait, pas tout à fait. Après avoir réfléchi, la jeune fille avait décidé de s'enfuir à son tour, comme son frère. Sauf qu'elle n'avait que douze ans, alors que son frère en avait presque vingt, beaucoup plus apte à parcourir le monde. Un matin, elle se faufila près de la grande entrée, déguisée en servante – vêtement qu'elle avait chapardé à la lingère – et avait tout simplement couru, rejoignant le village de Breteuil qu'elle voyait pour la première fois. Si, du haut de sa fenêtre, les bâtiments lui semblaient bien petits et les habitants ressemblaient à des fourmis. Mais se retrouver au milieu de cette foule active, ne cessant de marcher pour faire des achats, rendre visite à d'autres personnes … vivre en somme. Tout cela mit le petit cœur de Béatrice en émoi et ses grands yeux noisettes brillaient devant ce spectacle, ma foi bien banal pour le reste du monde, mais qui était un véritable enchantement. Voilà ce qu'elle voulait, vivre tout simplement. Elle ne demandait pas la liberté absolue mais qu'on la laisse connaître le monde qu'on lui apprenait mais ce n'était que des mots. La vie, la vraie n’existait que lorsqu'on s'y trouvait en plein dedans ! Mais ce fut de courte-durée, à peine une journée car au détour d'une rue, une main lui attrapa l'épaule. Un brigand ? Un homme aux mauvaises attentions ? Non, juste son frère aîné, l'héritier de Breteuil, le beau Valéran qu'elle adorait.

Mais tu es folle d'être partie ainsi !
Pourquoi je ne peux le faire, alors que tu as laissé Erard ?
Parce que c'est un garçon.
Et alors ? Je suis une fille débrouillarde.
C'est un garçon de vingt ans qui est déjà sorti du château, qui a une bourse avec lui et sait se battre. Qu'as tu répondre à cela ?

Elle voulut répliquer en ouvrant la bouche et … n'eut rien à dire. Il avait raison et Béatrice baissa les yeux, honteuse. Valéran la prit dans ses bras et la souleva de terre pour l'emmener jusqu'à son cheval.

Rentrons à la maison. Si tu n'es pas là à l'arrivée de père, je n'ose pas imaginer ce qui pourrait se passer …

Elle n'avait pas le droit de quitter le château,
La vaillant Valeran maudissait cet ordre,
Mais si le père revenait trop tôt
Il verrait son coup se tordre.

Finalement, le père ne rentra que quelques mois plus tard, peu après la treizième année de Béatrice. Il avait été blessé à la jambe et était devenu boiteux, on l'avait touché non loin de l’œil gauche et avait perdu une partie de la vue. Jamais plus il ne serait apte au combat, restant jusqu'à sa mort dans le château de Breteuil, un vrai cauchemar pour Béatrice. Lorsqu'il rentra, les jeunes filles s'étaient coiffées et attendaient bien sagement leur père pour venir l'embrasser et montrer leur joie de le savoir en vie. Mais pas une ne le pensait, encore moins Béatrice dont le sourire forcé respirait le dégoût. Non pas qu'elle haïssait son père mais il lui faisait si peur. Dés qu'il posait son regard sur elle, la jolie brunette devait prendre sur elle pour ne pas trembler. Erard III embrassa donc ses filles, sa petite seconde un peu plus et la congratula :

« Tu es encore plus belle à mon départ ! Plus tu deviens belle et moins j'ai envie de te faire partir.
Merci père. » répondit-elle en bredouillant.

Que dire d'autre ? Cette phrase était terrifiante et la seule pensée de Béatrice fut l'envie de se défigurer pour qu'il la libère. Mais elle aurait le temps d'y penser car le père vint à ses fils et n'en compta que trois. Son second, qui portait son nom, n'était pas présent.

« Où est Erard ?
Parti, père. répondit Valéran.
Où cela ? A Breteuil ? A Paris ? Le gredin, je lui avais dit de ne pas s'éloigner ! Où est il ?
Je ne sais, il est parti il y a quelques mois et n'a pas donné de nouvelles. »

Un bruit retentit. Le comte avait giflé son fils aîné, son héritier et était à présent tout rouge de colère. Erard III détestait qu'on le contredise, que ses ordres soient bafoués et il hurla tout un tas d'insultes à l'encontre de son fils qu'il reniait dés à présent. Il était comme fou, possédé, et tout le monde s'était écarté de plusieurs pas pour ne pas à être confronté à cette fureur digne du diable. Toute la famille de Breteuil paierait cher pour l'envie d'un seul de ses membres. Et malheureusement, ce n'est pas terminé.

« Et où est Ivette ? Partie elle aussi ? » lâcha t'il, enragé de ne pas voir la seule femme qui pouvait le calmer.

Il y eut un silence tout à coup. Le chef de famille ne savait pas encore que son épouse était décédée durant l'hiver, que son corps reposait dans la chapelle familiale depuis quelques mois déjà. Et personne n'osait le dire, tous se lançaient des regards. Valéran regardait Mannasès qui observa Hugues qui tourna la tête vers Enguerrand qui fixa la jeune Ermengarde qui poussa Béatrice vers son père. Sur ses frêles épaules reposait cette phrase que tous redoutaient de dire.

« Mère nous a quittés cet hiver, après avoir vaillamment combattu elle aussi, mais contre la maladie. »

Les yeux rivés au sol, la voix fluette tremblant, elle avait réussi et dut faire un effort surhumain pour relever la tête vers son père qui la fixait bêtement, n'ayant pas l'air de comprendre ce qui se passait durant de longues secondes. Le choc de la nouvelle sans aucun doute. Puis, sans crier gare, il fit demi-tour, poussa ses fils et courut vers la chapelle familiale dont il ouvrit les portes avec fracas, avant de les refermer avec toute autant de force.

Et il n'en ressortit pas.

Béatrice fut désignée une nouvelle fois pour apporter le repas du père devant la chapelle, toquant légèrement avant de repartir à pas de loup. Mais les repas n'étaient jamais mangés, le pauvre homme ne se consolait pas de la perte de la seule femme capable de le calmer, de l'adoucir, celle qu'il considérait autant comme son épouse que comme son amie. C'était horrible à dire mais lorsqu'elle ferma les yeux, tous les enfants pensèrent à la réaction du comte et surtout à comment sa folie allait resurgir. Chacun vaquait à ses occupations, attendant qu'il ressorte à tout instant, plus fou, prêt à brûler le château ou décider de vivre à tout jamais dans la chapelle. Sait on jamais avec Erard III, il était aussi imprévisible que fou. Mais qui pensait à Béatrice, dont le cœur battait à s'en rompre à chaque fois qu'elle emmenait le plateau, tremblante comme une feuille, à l'idée qu'il sorte ou pire, qu'il la fasse entrer avec lui à tout jamais. Elle s'était demandée au bout de trois jours s'il était toujours vivant, mais la nourriture mangée du dîner le lui confirma – à son plus grand malheur – et alors qu'elle fit l'échange de plateau, elle entendit du bruit à l'intérieur, une voix qui parlait assez peu distinctement. Elle se raidit un instant puis se hâta à tout mettre sur le plateau quand la porte s'ouvrit.

« Entre, Béatrice … » fit son père faiblement sans qu'elle puisse le voir.

Elle se mit à trembler, fixant la porte avec grande peur puis s'y rendit presque à reculons. L'endroit était sombre puisque la nuit tombait mais elle reconnut la silhouette de son père, appuyé contre le tombeau d'Ivette.

« Reste avec moi, ma fille, tu ressembles tant à ta mère.
Oui, père. » bredouilla la jeune fille.

Un long silence s'installa par la suite. Béatrice restait non loin de la porte, prête à s'enfuir s'il tentait quoi que ce soit. Mais Erard ressemblait à une statue à ne pas bouger, à croire qu'il se fondait dans la pierre, si seulement il ne soupirait pas de temps à autre. Elle aussi restait immobile, retenant presque son souffle pour ne pas le perturber dans sa contemplation de la sépulture. Puis enfin, il se tourna vers sa fille, encore plus terrifiée. Il s'était approché de la jeune femme et lui toucha la joue de sa main rapeuse.

« Tu ressembles tant à ta mère, tu tiens de sa beauté et de sa grâce. Chaque fois que je te regarderais, je penserais à elle pour ne pas l'oublier. Jamais. Puis il s'éloigna de quelques pas, retournant à sa place. Tu es si belle que je suis incapable de te laisser partir. A tout jamais tu resteras avec moi. »

Les larmes vinrent noyer les yeux de la jeune femme. Cela sonnait comme une punition, une sentence mais elle se retenait de toutes ses forces pour ne pas faire de bruit pour pleurer. Quand enfin il s'endormit, Béatrice n'hésita plus, quitta la chapelle et se mit à courir à travers champ. Partir, il lui fallait partir vite et loin, loin de ce château maudit et de ce père fou. Ses pieds lui faisaient mal, ses jambes cuisaient sous l'effort de la course, elle ne voyait rien dans la nuit mais avançait tout droit, le plus vite possible. Mais butant contre une pierre dans sa course, elle fit une vilaine chuter et tomba dans les pommes. Le lendemain, elle était dans sa chambre, son frère Hugues et sa sœur Mannasès veillant sur elle.

« On t'a trouvée à l'aube et on t'a ramenée ici. Petite sœur qu'as tu fait ? demanda Hugues en lui caressant les cheveux.
Je … Père m'a dit qu'il voulait me garder ici pour toujours. J'étais enfermée avec lui à la chapelle et j'ai fui. Hugues, promets moi de ne pas me garder ici à jamais ! implora t'elle.
Hugues, ne lui promets pas quelque chose que tu ne pourras pas faire. On ne peut guère lutter contre le père. Qui sait si l'un d'entre nous pourra quitter les lieux comme l'a fait Erard. Et toi Béatrice, arrête de pleurer et reste digne. » lâcha sèchement sa sœur aînée qui quitta la pièce.

Comment être digne à treize ans quand son père vous fait la promesse de vous garder avec lui pour toujours ? Elle se mit à pleurer, Hugues la prit dans ses bras pour la consoler et chuchota à son oreille :

« Un jour, nous serons tous libres. »

Elle ne verrait plus les champs de blé
Que depuis sa fenêtre dans sa tour de pierre.
Son père l'avait enfermée
En mémoire de sa femme mise en bière.




Dernière édition par Béatrice de Breteuil le Ven 14 Déc - 23:58, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyVen 14 Déc - 22:28

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Il était une fois, il y a fort longtemps...



Chapitre 2 : 1147 – 1150
De l'adolescence en captivité


La plus jolie des captives
Tentait de mordre la vie à pleines dents,
Malgré ce père à la démence possessive,
Elle se refusait à l'abattement.

Tout absolument tout pouvait paraître comme une occupation intéressante aux yeux de Béatrice. Elle avait quatorze ans, chantonnait tout en cousant la robe pour le mariage à venir. Non pas le sien, il ne fallait pas rêver mais un autre souhait se réalisait : Mannasès quittait le château familial pour épouser un seigneur, fils d'un ami de leur père. Mannasès avait seize ans, c'était le bon âge pour convoler et le mariage serait dans quelques jours, au château de Breteuil. Depuis sa blessure à la jambe, Erard III ne se déplaçait presque plus et avait insisté pour que les noces soient célébrées sur ses terres et avait eu gain de cause. Seule ombre au tableau : Hugues ne serait pas présent au mariage de sa sœur, parti pour la croisade. Avec le départ du jeune Erard il y a quelques années (sans jamais avoir eu de nouvelles), deux fils manquaient à l'appel en ce printemps de 1148. Et malgré tout, le temps continuait de filer et Béatrice de mener une vie de captive. Depuis sa fugue l'année dernière, jamais elle ne remit les pieds en dehors du château, ne pouvant que marcher dans la cour intérieure en guise de promenade, rien de bien joyeux. Mais pourtant, la jeune fille refusait de se laisser abattre, de pleurer et de rester enfermée juste dans sa chambre à broyer du noir. Cela lui arrivait parfois, personne n'était infaillible, mais cet enfermement ne devait pas l'abattre, Béatrice se refusait de laisser gagner ce règne obscur de la mélancolie. C'est un peu comme si son père gagnait aussi, et là encore, elle ne voulait rien entendre. Puis quelle satisfaction de voir sa sœur s'en aller ! Mannasès était une fille avec un fort caractère et assez froide, la contraire de Béatrice et les deux sœurs avaient du mal à se comprendre et s'entendre. Mannasès avait du mal à s'entendre avec tous les Breteuil de toute façon, ce n'était pas plus mal qu'elle parte, même si cela enlevait une présence entre Béatrice et son père.

En effet, Erard III n'avait cessé de tomber dans la folie et l'obsession de garder sa fille à la maison, l'empêchant de voir le monde extérieur. Si la jeune fille voulait voir des personnes, elle devait demander l'autorisation à son père de les recevoir. Mais au fil des années, le nombre d'amis s'était raréfié, le comte faisait peur. Heureusement, il avait la lubie – malgré sa blessure – de partir en croisade après le mariage de sa fille aînée. Personne ne l'avait vraiment contredit, il avait préparé son départ et même informer le roi de France de sa décision. Autant dire que sans le comte dans le château, tout serait nettement plus libre, à commencer par Béatrice qui aurait l'occasion sans doute de quitter le château familial.

Mais tout ne s'était pas passé comme prévu, à cause de chamboulements. Le mariage en lui-même se déroulait à merveille. La robe de Mannasès cousue des mains de sa jeune sœur était parfaite et les festivités étaient divertissantes. Dans la cour du château, on dansait, riait et s'amusait gaiement. Béatrice n'en perdait pas une miette, ce n'était pas tous les jours qu'elle pouvait voir autant de monde et danser avec d'autres garçons que ses frères. Parmi eux, un jeune à peine plus âgé qu'elle l'avait invitée à une danse. Quand on a quatorze ans et aucune expérience de la vie amoureuse, on s'emballe pour un rien, comme le fit Béatrice avec ce garçon. Ils avaient dansé plusieurs fois, discuté entre deux danses et elle s'était improvisée guide de la demeure familiale. Non, ce n'était pas vraiment judicieux ni bien pensant pour une adolescente de son âge mais la demoiselle de Breteuil ne pensait pas à mal, bien qu'elle espérait un petit signe de tendresse de la part de son cavalier. Lorsqu'il lui prit la taille pour l'amener contre lui, Béatrice se sentit frémir. Il approcha doucement son visage du sien et ils finirent par s'embrasser. Un baiser doux et délicat, un premier baiser pour Béatrice.

Mais que se passe t'il ici ? ECARTE TOI D'ELLE ! hurla une voix bien trop reconnaissable aux oreilles de Béatrice.

Son père trouvait là, devant eux, ayant sans aucun doute suivi les deux tourtereaux dans leur expédition. Il était tellement obsédé par le fait de garder sa fille pour lui que personne ne l'approche.

Tu oses approcher ma fille, dans MON château, sans aucune impunité ? Mécréant ! Tu vas savoir ce qu'il t'en coûte d'agir de la sorte ! Erard sortit sa lame de son fourreau et s'approcha du jeune homme.
Père, non ! s'interposa Béatrice, se mettant entre son père et le garçon.
Béatrice, va dans ta chambre.
Non.
VA DANS TA CHAMBRE ! hurla le père, furieux.

Béatrice ne bougea pas mais son père lui faisait si peur qu'elle était déjà incapable de soutenir son regard. Se tournant vers le jeune homme, elle eut du mal à déglutir mais ne pouvait aller contre l'autorité de son père. Elle dut bien se résoudre à s'éloigner. Heureusement le jeune homme était rapide et agile, réussit à échapper au comte de Breteuil et prit la clé des champs. L'adolescente s'enferma dans sa chambre pour pleurer tout en le regardant partir en courant. Jamais elle ne le reverrait et surtout elle redoutait le moment où son père passerait la porte de sa chambre. Mais il ne vint pas et après deux heures d'attente insoutenable, Béatrice redescendit dans la cour du château pour assister à la fin des festivités et voir sa sœur s'en aller. Une fois Mannasès et son cortège avait quitté la cour, il ne restait que la famille de Breteuil et les quelques serviteurs, il était à présent difficile d'échapper à son père. Mais là encore, Erard III ne vint pas à elle, la laissa monter à sa chambre après avoir aidé bien aimablement les serviteurs à porter les assiettes.

Ce n'est que là, alors qu'il faisait nuit et que sa chambre n'était éclairé que par quelques bougies que son père fit une apparition de son imposant physique et encore plus impressionnant que d'habitude. Il resta silencieux à la fixer durant de trop longues secondes, peut être minutes avant d'enfin parler/

Ne me trahis plus jamais, m'entends tu ?

Sa voix grondait et la jeune fille ne fit que hocher péniblement de la tête, ayant du mal à déglutir. Il tourna les talons et ferma la porte derrière lui avec fracas. Autant de tension, Béatrice ne tint plus et se mit à pleurer. Jamais elle ne voulait se laisser abattre mais là, Erard III avait fait fort. !

Pour un peu d'amour sincère,
Elle paya bien cher.
Condamnée à ne jamais se marier,
Elle ne devait non plus jamais aimer.

Puis il fallut bien reprendre une vie normale. Surtout que le père, dans sa lubie, était partie en croisades, persuadé que son fils Hugues avait besoin de lui. Erard III serait davantage un boulet avec sa patte folle mais personne ne l'avait contrarié, tout le monde était bien trop heureux qu'il s'en aille. Valéran, l'aîné, profitait de cette absence pour faire des allers-retours à la cour du Mans pour se lier avec les Plantagenêts, les ducs de Normandie. Il était l'héritier du comté et pensait souvent que leur père ne reviendrait pas de la croisade. Plusieurs fois, il voulut emmener Béatrice mais les consignes étaient claires à son égard : elle ne sortait pas ! La nourrice, les serviteurs et même leur oncle étaient complices de cette incarcération et la jeune femme de quinze ans, acceptant son sort, demandait juste à ce que son frère lui raconte ce qui se passait à l'extérieur, à quoi ressemblait cette fameuse Mathilde l'Emperesse dont on racontait mille histoires, mais aussi les choses de la Cour, qu'il lui rapporte des ouvrages, des histoires, tout ce qui se révélait intéressant. Il revenait régulièrement, ne pouvant abandonner sa famille bien longtemps.

Dis moi, à quoi ressemble cet Henri dont tu me parles tant ? questionna l'adolescente.
Te voilà bien curieuse ma jeune sœur !
Tu m'as décrit cent fois ses qualités et son intelligence, je te crois donc ! Mais il est difficile de n'avoir que des critères moraux, je veux juste savoir s'il est brun ou blond, grand ou non … Je ne vois pas en quoi cela est de la curiosité. répondit-elle avec sérieux tout en s'asseyant en tailleur sur son lit.
Je ne suis guère doué pour décrire mais il est assez grand, disons ma taille à peu de choses près. Il est blond avec des yeux bleus doux mais aussi franc. Il n'est pas garçon à grandes manières, il est simple malgré sa prétention au trône. Et … Valéran passa plusieurs minutes à parler d'Henri Plantagenêt qu'il appréciait et à qui il avait prêté allégeance en secret, promettant que Breteuil serait fidèle aux normands une fois qu'il serait comte. Béatrice continua de poser des questions sur cette intrigante famille qu'elle aimerait rencontrer un jour.

Mais ces petits moments avec son frère devaient cesser. Au début de l'année 1149, Valéran repartit une nouvelle fois pour la Normandie, mais cette fois ci pour combattre les anglais. Il laissait donc le domaine aux mains de son jeune frère Enguerrand qui devait surveiller Béatrice et Ermengarde, les deux jeunes sœurs. Les adieux furent déchirants, particulièrement pour notre protagoniste qui adorait son frère. Elle avait ses grands yeux noisettes noyés de larmes et regarda son aîné partir vers son destin. Le temps semblerait bien long mais elle eut une promesse :

Prie pour que je revienne. A mon retour, je viendrais te libérer.

Elle était aussi pieuse que belle,
Priant à toute heure pour ses frères à la guerre,
A grelotter dans la petite chapelle,
Espérant que son père soit sous terre.

Pendant l'absence des principaux hommes de la famille, la vie avait un rythme tranquille à Breteuil, qui ne s'animait que par les jeux des trois adolescents qui n'avaient que quelques années d'écart, mais aussi la venue de leur sœur Mannasès ou leur oncle. L'année s'écoula lentement, trop peur être aux yeux de Béatrice qui ne savait plus comment s'occuper après avoir écrit, dessiné, cousu, chanté, dansé, coiffé sa jeune sœur. Les jours se ressemblaient mais elle n'avait plus cette pression avec son père dans les parages, même si son oncle annonçait que la croisade n'allait sûrement plus tarder à se terminer. Même si elle avait hâte que son frère Hugues revienne, elle ne voulait pas qu'il soit accompagné de leur père.

Pourtant, vers la fin de l'année, Erard III fit son grand retour en son château de Breteuil, l'air fatigué, las et le regard vitreux. Rien d'un retour en triomphe d'un croisé en somme ! Son visage était bruni par le soleil de l'Orient, quelques cicatrices peuplaient son visage et ses mains (voire ailleurs, mais il valait mieux ne pas les voir). Béatrice avait accouru en soulevant ses jupes, pensant Hugues avec lui. Mais il était seul.

Hugues est mort. lâcha t'il tristement.

Les trois enfants restants pleurèrent la perte de leur frère, un bon garçon, droit et fier dans ses bottes. Non seulement Hugues n'était plus mais surtout le père, lui, était vivant. Que Dieu avait un drôle de sens de l'humour ! Enfin, la famille n'était pas au bout de ses surprises ! Surtout quand on vint frapper à la lourd porte du château et que, derrière son teinte brun, ses longs cheveux et sa barbe, Hugues revenait d'entre les morts. Tout le monde fut un instant interdit. Mais à qui était les ossements que le comte avait emmené pour les installer dans la crypte ?

Je ne sais pas. Mais il m'a cru voir mourir plusieurs fois. Je n'existe plus pour lui. en conclut Hugues.

Pourtant Béatrice tira son frère par la manche pour l'amener à leur père pour qu'il se rende compte de son erreur. Quelle mauvaise idée ! Empêtré dans sa folie furieuse, Erard III insulta celui qu'il qualifiait d'imposteur, de rat, et d'autres qualificatifs que nous ne rapporterons pas ici. Lorsqu'il commença à lancer des objets vers son fils, les deux crurent bons de sortir en courant. Hugues ne pouvait pas rester en ces lieux mais Béatrice ne pouvait se résoudre à le laisser partir alors que la nuit était tombée. Elle le cacherait dans sa chambre, juste pour cette nuit. Après l'avoir aidé à se raser et se couper les cheveux, elle se fit préparer un bain où elle laissa son frère se décrasser.

Pars pour la cour du Mans, Valéran a prêté allégeance aux Plantagenêts, ils te protègeront.
Les normands ? Nous sommes une famille de fous, notre père nous tuera tous. se désola Hugues.
Penses-tu, il n'a même pas remarqué l'absence de notre aîné ! Notre père ne vit plus dans le même monde que nous. Crois moi, pars pour Le Mans.
Mais … et toi ?
Elle prit sa main dans la sienne N'aies pas peur pour moi.

Lorsqu'elle se réveilla au petit matin, Hugues était parti. Elle espérait qu'il l'avait écoutée et retrouvé refuge à la cour normande. Béatrice devait donc jouer les imbéciles et assister aux funérailles de son frère pour ne pas contrarier son père, trop instable mentalement. Mais elle s'accrochait à la promesse de Valéran : il viendrait la libérer. D'ailleurs, on disait que les normands et leurs alliés étaient sur le chemin du retour …

Toute la beauté de ses seize années
Avait besoin d'éclairer le monde entier.
La jolie captive avait un destin,
Celui d'avoir le monde entre ses mains.


Dernière édition par Béatrice de Breteuil le Dim 6 Jan - 23:19, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyVen 14 Déc - 22:29

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Il était une fois, il y a fort longtemps...


Chapitre 3 : 1150 – …
De la vraie vie


Chaque journée, elle scrutait l'horizon,
Espérant la délivrance enfin arriver.
Elle ne voulait plus vivre dans sa prison
Et n'en pouvait plus de rêver.

Quelle idée de te rebeller. Béatrice, cesse de te tourmenter. implora la jeune Ermengarde.
Parce que cela te plaît de vivre enfermée de la sorte ? Moi non, je n'en peux plus d'attendre Valéran. cria la jeune femme.

Aujourd'hui fut un jour plus dur que les jours. Béatrice, lasse d'attendre un frère en guerre, avait tenté de s'échapper avec sa jeune sœur de quatorze ans pour complice. Mais par malchance, l'insomnie de leur père leur avait été fatal et toute l'évasion tomba à l'eau. Obligé de sévir, Erard III avait enfermé ses filles dans la chambre de Béatrice en guise de punition. Mais la jeune femme n'avait pas dit son dernier mot, ce n'était plus tolérable de vivre ici. Enguerrand fut envoyé à Paris pour que la famille de Breteuil renouvelle sa fidélité à son roi, pendant que Valéran guerroyait avec les normands. Une véritable famille de fous. Il ne restait donc que les filles en ce début d'année 1150, mais la plus grande des deux ne voulait plus rester impassible et docile. Son père lui faisait peur mais il n'était pas invincible.

Si dans dix jours, je n'ai aucun signe de Valéran, je fuirais à nouveau. Sa décision était prise.

Et huit jours plus tard … Enguerrand revenant de Paris fut bien joyeux pour un garçon retournant dans sa prison. Leur père étant couché, il en profita pour annonce une grande nouvelle à ses sœurs :

Ils arrivent ! Hugues m'a envoyé une lettre ! Les normands sont revenus ! Valéran, Hugues et quelques hommes viennent à Breteuil. Mes sœurs, nous allons être libres !

En effet, quelques jours plus tard, les deux frères Breteuil et une petite bande de chevaliers arrivèrent au pied du château de Breteuil. En qualité de fils aîné, il eut le droit d'entrer. Il était comme le cheval de Troie, celui qui faisait entrer les loups dans la bergerie. On s'attela à cherche Béatrice et Ermengarde tandis que la garde fut sonnée. Les quelques hommes du comte de Breteuil vinrent protéger le château alors qu'Erard III lui même, boiteux et malade, vint se jeter dans la bataille. Valéran vint chercher les deux filles et courut avec elle pour les mener à la sortie mais il fut bloqué par deux gardes. Béatrice prit la main de sa sœur et continua à courir dans cette demi-cohue mais, sorti de nul part, le vieux comte la retint :

Je t'ai dit que tu ne sortirais pas ! gronda Erard, ivre de rage. Mais Hugues vint à leur secours. Que fais tu là ? Imposteur !

Non il n'avait toujours pas reconnu son fils, celui-là même qu'il avait cru mort en croisades. Hugues se défendit mais dut bien se rendre à l'évidence que l'homme en face de lui n'était plus son paternel, malgré tout. Le combat s'engagea mais par sa jeunesse, Hugues fut plus agile et transperça son propre père qui tomba à genoux, leva une fois les yeux vers son fils qu'il reconnut enfin :

Hugues … puis il tomba, allongée sur les pavés de pierres et regarda sa fille adoré. Je ne voulais que t'aimer.

Et s'en fut fini d'Erard III. Hugues, après un bref signe de croix, sortit du château avec ses deux sœurs. Progressivement, le château se vida de ses assaillants, ne laissant que quelques gardes blessés ou morts, et le corps du défunt comte. Pour la première fois depuis des années, Béatrice fut déchargée d'un lourd poids sur son cœur, une véritable libération. Non, elle ne pleurait pas son père, elle avait appris à ne plus l'aimer, seulement à en avoir peur. Il était temps pour elle de vivre de nouvelles aventures. Et celles-ci commenceraient au Mans.

La princesse fut sauvée
Des terribles griffes de son père, achevé.
Elle allait connaître enfin,
L'amour, le grand, le bien.

Quel changement ! La cour normande était riche de monde et divertissements. Béatrice qui n'avait assisté qu'à de rares festivités en fut toute retournée. Valéran avait gagné du galon auprès des Plantagenêts et avait pu installer ses sœurs à la cour, ainsi que les habiller comme leur rang le voulait. Pour sa présentation à Mathilde l'Emperesse et ses enfants, on l'avait parée d'une robe d'un magnifique bleu. C'était la première qu'elle allait rencontrer des personnes aussi importantes, elle n'avait côtoyé que des seigneurs voisins de Breteuil et quelques chevaliers, bien loin des ducs de Normandie et d'une ancienne impératrice. Mais de ce moment, Béatrice ne retint que l'aîné de la famille, Henri. Beau garçon, bien mieux que ce que lui avait décrit Valéran, mais surtout un garçon bien aimable et souriant. Ce fut le début d'une histoire. D'amitié tout d'abord puisqu'ils ont commencé à partager des conversations bien trop longues aux yeux de la plupart des autres personnes. L'histoire de la jeune fille captive n'effrayait pas le jeune homme qui avait déjà entendu l'histoire en chanson sans vraiment y croire. Bien vite, Béatrice trouva en Henri un garçon de confiance, une bonne âme et un ami. Puis d'amour car il n'en fallut pas beaucoup pour que la jeune femme tombe dans les bras du beau normand. Amants sans vraiment s'en cacher, Béatrice se sentait libre de vivre comme elle l'entendait et aimait comme bon lui semblait. Enfin, la jeune femme découvrait cet amour qu'elle ne connaissait au travers de quelques histoires et chansons. Certains pouvaient parler de manipulation mais la demoiselle n'avait pas d'ambition particulière avec Henri. Au contraire, peu importait qu'il soit duc de Normandie, futur roi d'Angleterre ou simple gentilhomme, il était une belle personne, un homme bon. Au delà d'un amant et d'un ami, il était aussi un allié et quelqu'un à qui on pouvait tout confier sans honte ni pudeur. Il était un garçon simple et sans grandes manières, même s'il était aux petits soins pour elle. Il fallait avouer que devenir favorite n'était pas rien.

L'amour sur elle est enfin tombé,
La demoiselle, en plus d'être libre,
Etait enfin comblée
Et vivait en bel équilibre.

Mais au Mans, Henri ne fut pas la seule personne qui marqua la jeune femme. Béatrice n'avait jamais eu vraiment d'amis autre que les membres de sa famille, ses anciens amis avaient déserté Breteuil car le défunt Erard III leur faisait peur. Quand Hugues lui présenta la jolie Flore d'Evreux, elles s'entendirent à merveille dans la seconde. Toutes deux victimes d'enfermement durant leur enfance, elles avaient une vie à rattraper et Le Mans était leur terrain de chasse. Sous leurs visages de jeunes filles en fleur innocentes se cachaient deux intrigantes, amatrices pour commencer mais à force d’entraînement, on finit toujours par réussir. Une intrigue au Mans ? Vous êtes sûres qu'elles sont dedans, plus ou moins de façon discrètes. Tout est raison de petits complots.

Flore, connais-tu ce seigneur à la chevelure blonde là-bas ?
Bah, c'est un idiot ! Il ne sait pas dire un compliment sans faire une avance. Il mériterait bien que quelqu'un lui donne une leçon.
Quelqu'un comme … nous ? demanda Béatrice avec un sourire mutin.

Flore hocha la tête avant qu'elles ne mettent au point un plan où elles rendraient ridicules ce seigneur qui avait osé faire des avances un peu osées à Flore. Quelques jours plus tard, le pauvre homme dut rentrer au Mans en tenue d'Adam, n'ayant que ses mains pour cacher le strict nécessaire. Béatrice et Flore le regardèrent arriver d'une fenêtre et surtout voir les regards médusés des passants et autres seigneurs.

Alors messire, l'eau était elle bonne ? s'amusa Béatrice avant d'éclater en cœur avec son amie.

Le regard noir du seigneur n'annonçait rien de bon mais qu'importait, elles s'amusaient tellement toutes les deux. Mais qu'elles fassent attention, deux jeunes filles aussi intelligentes soient-elles, peuvent toujours tomber sur plus fort que soit … Mais heureusement, Flore et Henri n'étaient pas ses seuls amis, cela serait bien triste ! Un garçon avait attiré son attention, ce fameux Guillaume de Hauteville. Venu de Sicile, contrée bien lointaine pour celle qui avait vécu la plus grande aventure de sa vie en allant de Breteuil au Mans ! Intriguée par ce garçon, Béatrice s'était mise en tête d'en faire son ami. Le garçon connaissait une autre culture et la jeune femme fut enchantée d'apprendre les coutumes orientales avec ce fameux « prince arabe ». Seulement, Béatrice ne lui consacre pas tout son temps, elle a d'autres amis, d'autres choses à faire que passe toute ses journées avec Guillaume, bien qu'il soit gentil et intarissable sur la Sicile. Contrairement à lui, la jeune femme aime papillonner, voir du monde et ne pas s'enfermer toujours avec la même personne !

Un événement bouleversa sa vie sans qu'elle ne l'attende vraiment. Depuis quelques temps en ce printemps 1150, elle était fatiguée, souvent malade et un peu lasse, malgré la motivation de Flore pour vivre de nouvelles aventures. Non, elle voulait juste guérir ce mal et se reposer. Enfin, pour guérir, il faudrait attendre car ce n'était pas vraiment une maladie et elle courut pour l'annonce de vive voix à Henri.

Henri, j'attends un enfant.

Cela ne pouvait être que de lui car, malgré la liberté de leur couple, Béatrice n'avait pas connu d'autres hommes. Elle allait donc mettre au monde un enfant de celui qu'elle adorait. Mais pour ne pas gêner la Cour, elle devra se cacher le moment venu. En attendant, elle continue de s'amuser et intriguer avec grand plaisir. Il faut dire qu'enfermée, elle avait passé beaucoup de temps à apprendre tout un tas d'enseignement qu'elle n'aurait que peu l'occasion de se servir. La danse par exemple, elle ne pouvait danser que lors de rares fêtes à Breteuil mais pourtant elle exécutait les pas avec grâce, s'étant entraîné pendant ses longues journées à ne rien faire. Autant dire qu'aucune danse ne lui résistait. Elle avait aussi appris à jouer de la harpe et Enguerrand lui avait enseigné le luth. Chaque enfant avait appris un instrument de musique, c'était l'occasion de petits moments familiaux pour s'occuper et s'amuser. Elle dessinait un petit peu mais ce n'était pas un domaine où elle excellait malheureusement. Bref, Béatrice avait largement de quoi s'occupait si on comptait aussi la littérature et tout divertissement qui la sortait de l'ennui au Mans. Bien loin de la ravissante idiote, Béatrice de Breteuil était une fille accomplie, bien loin de l'image de la niaise dans sa tour.

Et sa famille dans tout cela ? Il est vrai que depuis son arrivée au Mans, Béatrice s'est un peu détachée de sa famille pour connaître de nouvelles personnes. Valéran était devenu comte de Breteuil, faisait régulièrement l'aller-retour ; heureusement il y avait Hugues qui veillait sur ses sœurs. Quant à Enguerrand, il s'aventurait là où il avait envie, avec l'obsession de retrouver leur frère Erard qui n'était jamais rentrer. Quant à la petite dernière de la famille, la douce Ermengarde, elle n'aimait pas sa nouvelle vie : trop timide, la jeune fille n'arrivait pas à se faire une place et, pour son bien, ses aînés l'avaient placée au couvent.

Elle goûtait enfin à la vie prospère,
avec une nouvelle patrie, de nouvelles terres.
Et le fruit de l'amour elle portait,
Pour le plus grand bonheur de l'être aimé.

Et grand bien lui fasse le couvent non loin de la cour car c'est ici que Béatrice termina sa grossesse, à l'abri des regards. Son ventre s'arrondissait au fil des semaines, s'émerveillant de cette belle façon de donner la vie. Seule sa famille, Henri et Flore venaient lui rendre parfois visite. Cela lui faisait du bien car la jeune femme tournait bien vite en rond et alors que le froid arrivait, elle pouvait de moins en moins sortir se promener. Heureusement qu'on lui racontait la vie à la cour, en particulier Flore qui avait toujours son mot à dire.

Au fait, Petrade Worms m'a demandée de tes nouvelles. Comme à tout le monde, je lui ai dit que tu étais à Breteuil avec son frère. Mais que te veut-elle ?
Je ne sais pas, Flore. Cette femme est étrange. Elle est si belle, si envoûtante, cela en est presque trop ! Je l'apprécie mais …
Mais quoi ? demanda Flore.
Elle doit cacher quelque chose et je veux savoir quoi.

En effet, chacune manipulait l'autre sans vraiment en voir la fin. Il faut dire que Petra avait une drôle conception de l'amitié, qui était davantage de la soumission mais Béatrice ne mangeait pas de ce pain là. Alors elle s'amusait à dire oui, puis non, à tester la patiente de Petra. Peut être qu'à force de la tirailler de la sorte, la germanique montrera son vrai visage … Mais ce n'était pas le moment, cachée dans ce couvent, Béatrice avait d'autres chats à fouetter. Comme mettre l'enfant au monde.

Ces femmes qui disent que mettre un enfant au monde est la plus belle des choses n'ont jamais accouché ! Cris et hurlements de douleur se faisaient entendre au sein du couvent, toutes les sœurs s’attelaient à recevoir cet enfant qui avait bien du mal à arriver. Ermengarde tenait la main de la future mère en priant qu'il n'arrive rien ni à la mère ni à l'enfant. Pour Béatrice, ce fut la pire des tortures, elle avait l'impression que son corps allait se déchirer et qu'elle pouvait mourir à tout instant. Elle qui était une fille forte habituellement ne pouvait retenir ses larmes et appeler sa mère trop tôt disparu. Elle aurait eu tant besoin de ses conseils, de sa présence. L'accouchement dura de longues heures, difficiles et haletantes mais enfin on vit la tête et le corps suivi. L'enfant était enfin né mais ne cria pas durant quelques secondes, lourdement silencieuses où tout le monde attendait un signe de vie. Puis l'enfant s'agita, émit un petit cri puis pleura. Il était vivant et semblait aller bien. Béatrice fut soulagée, enfin elle pouvait se dire que tout était fini et ses pleurs de douleur devinrent ceux de joie. Hugues, qui attendait à côté, entra enfin et vint au côté de sa sœur, lui enleva les cheveux collés à sa peau pâle.

Va dire à Henri que son fils est né. demanda t'elle à demi-voix.

Elle avait donné un enfant à Henri et mieux, un fils. On appela le petit Geoffroy et il serait promis un grand destin. Mais l'enfant ne pouvait pas aller à la cour mais il n'était pas loin, dans une maison entouré de tout le personnel que pouvait avoir un fils de prétendant au trône, et où la désormais mère pouvait lui rendre visite à son loisir. Non décidément, ce début d'année 1151 ne pouvait que présager une excellente année, du moins elle le pensait. Béatrice n'était pas une idiote et avoir cet enfant plus la confiance, l'amitié et la tendresse d'Henri lui avait fait émerger l'idée que peut être, elle pouvait être reine d'Angleterre. Ses frères n'avaient pas fait taire cette idée un peu saugrenue. Pensez vous, si Henri devenait roi, une Breteuil sur le trône d'Angleterre ! Cela serait la plus belle des ascensions sociales ! Bien sûr, la jeune femme était assez intelligente pour ne pas le crier sur tous les toits mais gardait cette idée dans un coin de sa tête. Autant dire qu'apprendre qu'Aliénor d'Aquitaine ne voulait plus de son mariage avec le roi Louis VII et que les Plantagenêts trouvent que ce serait une bonne idée de s'allier à l'Aquitaine pour appuyer leur pouvoir, elle ne voit pas cela d'un très bon œil.

Bien qu'elle ait gardé ce petit air ingénu, qu'elle n'ait que dix-sept ans, Béatrice de Breteuil est une fille intelligente, rusée, qui veut croquer la vie à pleines dents et surtout qui ne se laisse pas faire !

La jolie princesse fut délivrée,
Connut l'amour, l'argent et la gloire
Ainsi s'achève cette histoire
Ou du moins ne fait que commencer !


Dernière édition par Béatrice de Breteuil le Mar 8 Jan - 21:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMar 1 Jan - 17:19

Sybille de Déols  a  dit:
Steeeeeph ** Bonne année (encore une fois 8D) et bienvenue sur LOT perv

J'ai dévoré le début de ta fiche, j'ai hâte de lire la suite ** Allez hop hop hop on se dépêche, et vive les futurs complots 8D
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMar 1 Jan - 18:24

Thibaud de Blois  a  dit:
Bonne année!

Elle est super ta fiche (j'en attendais pas moins de toi, je te rassure Wink) mais elle donne trop envie de connaître la suite! :D

Bon courage pour la terminer et on se voit jeudiiiiiiii!
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyDim 6 Jan - 22:29

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Merci les filles heart

Promis, j'arrive très vite parmi vous eeuh
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMar 8 Jan - 21:40

Béatrice de Breteuil  a  dit:
C'est l'histoire d'une rpgiste qui avait promis de faire court ... et qui trouve son histoire de 13 pages fade cache

Mais j'espère que ça plaira quand même **
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMar 8 Jan - 21:59

Henri Plantagenêt  a  dit:
Mais mais mais... Mais que dire ? Elle est parfaite cette petite Béa ! ** ** Je t'en fais déjà l'éloge sur msn, tu vas finir par attraper la grosse tête mdr Mais enfin, c'est une superbe fiche que tu m'as pondue là, le père est encore plus chtarbé que ce que j'avais imaginé, les soeurs sont extras dans leur genre mdr Valéran, Hugues et Enguerrand rockent du poney, t'aurais de quoi faire un ou deux scénars intéressants avec ces zozos là, surtout Valéran green *ZBAF* Ce n'était pas un exercice facile de décrire la vie de Béa enfermée au château mais tu l'as réussi avec brio, bravo ! La description des liens est évidemment nickel chrome (Henri la trouve même trop bien pour lui, c'est dire mdr), donc tu as dix fois, vingt fois, mille fois mon feu vert !

Tu es à présent validé(e), bienvenue parmi nous :clap:. Tu peux à présent t'orienter vers le bottin pour réserver ton avatar. Une fois ceci fait, tu pourras créer tes liens ainsi que tes mémoires tu trouveras d'ailleurs dans ce topic des codes prêts pour t'aider si tu ne sais pas coder. Les rangs se font à partir de 100 messages, et les logements à partir de 200.

Bon jeu parmi nous heart
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Henri de Champagne

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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMar 8 Jan - 22:10

Henri de Champagne  a  dit:
Oh une petite bleue, quelle surprise siffle

Bienvenuuue à toi pliz , je n'ai pas encore tout à fait fini la lecture de ta fiche mais j'aime vraiment beaucoup cette petite Béa, elle est vraiment chouette et tu t'es super bien tirée de son histoire happy

Je suis absolument ravie de t'avoir parmi nous, amuse toi bien sur LOT sword
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Béatrice de Breteuil

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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMar 8 Jan - 22:13

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Han merci, merci **

Quel challenge son histoire mais je suis ravie que ça vous plaise **
Maintenant, complots mouhaha
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMer 9 Jan - 0:00

Thibaud de Blois  a  dit:
Oh yeaaaaaaaaaaaah!

Je n'ai pas fini la lecture de ta fiche mais je suis trop contente que tu sois validée parmi nous **

Allez, au turbin pour les complots maintenant sword
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMer 9 Jan - 8:58

Sybille de Déols  a  dit:
Ta fiche est géniaaaaale ! heart
Te voilà toute bleue maintenant ! On t'attend pour les complots What a Face

Bienvenue perv
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMer 9 Jan - 22:17

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Promis, on fera pleins de complots mouhaha (j'adore déjà ce smiley What a Face )
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil EmptyMar 15 Jan - 22:44

Invité  a  dit:
Je peux te souhaiter officiellement la bienvenue maintenant, alors ouelcome Béa !!!! C'est fun de jouer une favorite, tu verras. mdr

Allez au plaisir de peut-être te croiser en rps ici. What a Face
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MessageSujet: Re: Dame Béatrice de Breteuil   Dame Béatrice de Breteuil Empty

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