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| INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) | |
| Auteur | Message |
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Deus Ex Machina ϟ Lord of Treason ϟ
Messages : 149 Date d'inscription : 01/07/2012
| Sujet: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Dim 20 Jan - 19:30 | | Deus Ex Machina a dit: | INTRIGUE : la délégation normande à Paris ! 18 Août 1151 - MATIN LE TOURNOI. Oyez oyez, mes amis ! Un nouveau tournant vient de s'inscrire dans l'histoire ! Pour la première fois depuis son accès au duché de Nomandie, Henri Plantagenêt semble revenir à la raison et a accepté de prêter allégeance à celui qui aurait toujours dû être son seigneur, Louis VII roi des Francs. Bien évidemment une simple lettre ne suffit pas, aussi le duc de Normandie s'est-il mis en route pour Paris, où le roi l'attend en son palais royal pour procéder à la cérémonie et offrir des festivités pour célébrer cette réconciliation. Tout le monde peut y prendre part, la plus haute noblesse comme le plus pauvre des paysans, personne ne sera oublié en ces temps de réjouissances ! Au programme ? Danses, spectacles, musique, troubadours, et bien sûr tournois, et ce dans toute la ville ! Evidemment, le palais de la Cité reste l'endroit principal où il vaut mieux être, surtout avec les tournois qui constitueront la principale attraction. Mais attention, derrière les sourires et les célébrations se cachent parfois de plus sombres desseins. Cette intrigue se déroulera en plusieurs parties, que nous posterons sous la forme de topics différents au fil du temps. Voici le premier topic, qui marque le début des festivités : le tournoi ! Les normands sont arrivés au palais, et la cérémonie d'allégeance n'aura lieux qu'entre Henri de Normandie, Louis VII et quelques personnes sélectionnées pour l'occasion. Nous sommes le matin, et vos admins chéries ouvriront le topic de l'après-midi avec de nouvelles activités quand le moment leur semblera approprié. En attendant messieurs les chevaliers, venez jouter dans la cour du palais ! Mesdames, venez les encourager et les admirer porter vos couleurs ! Quant à ceux qui ne sont pas nobles, rien ne les empêche d'admirer le spectacle ou de vaquer à d'autres occupations ! Et que tout le monde s'amuse ! - Si vous êtes français, votre place est auprès de votre roi Louis VII, et il est tout à fait naturel que vous soyez de la partie ! Après tout vous êtes ici chez vous ! - Si vous êtes aquitain, c'est que vous avez fait le déplacement en l'honneur de la reine, Aliénor votre duchesse d'Aquitaine, et nul doute qu'elle aura pris soin de vous aménager une place de choix ! - Si vous êtes normand, vous faites partie de la délégation venue accompagner Henri Plantagenêt, et si les français peuvent encore vous regarder de travers, il ne tient qu'à vous de leur prouver votre valeur et votre bonne volonté... Ou au moins de faire semblant. - Si vous êtes anglais, vous avez soit prêté allégeance à Plantagenêt et l'avez suivi, soit vous étiez déjà là avant et assistez naturellement aux réjouissances, ou bien Etienne de Blois vous a envoyé là pour épier en tout discrétion... - Si vous êtes étranger, il vous faudra une bonne raison pour venir, mais vivre à Paris ou savoir vous y glisser discrètement devrait largement suffire ! Et maintenant, place à la fête ! |
| | | Sybille de Déols Per aspera AD ASTRA ✫
Messages : 559 Date d'inscription : 11/12/2012 Age : 31 Localisation : Sur mes terres de Châteauroux, sur celles de ma famille ou à la cour.
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Ven 25 Jan - 23:19 | | Sybille de Déols a dit: | J'inaugure Henri Plantagenêt. Voilà bien un nom que Sybille se serait passé d’entendre, ou, à défaut de pouvoir faire la sourde oreille, dont elle aurait préféré s’épargner de croiser le propriétaire. Hélas, il s’agissait là d’une faveur que le destin ne semblait pas vouloir lui faire car c’est bien en l’honneur de la venue du comte d’Anjou et de sa suite à Paris que l’on déployait tant de faste et de festivités. La cour, et même certaines provinces ne parlaient plus que de cela depuis quelques jours, et Dieu savait à quel point l’imminence de ce genre d’évènements pouvait rendre les gens bavards. On ne s’était épargné aucune spéculation, même les plus fantaisistes, avant l’arrivée des Normands, et on ne tarissait plus de commentaires maintenant qu’ils étaient là. En un mot, il aurait été stupide de rester à la cour en cherchant à ne rien entendre à propos du nouveau venu, aussi Sybille avait-elle décidé de prendre son parti de toute cette agitation en se promettant de ne pas échanger un mot avec Plantagenêt. Ils ne s’étaient pas quittés en bons termes, et il en serait sans doute de même d’hypothétiques retrouvailles. Seigneurs et dames pouvaient bien se vouer toutes les rancoeurs du monde, les festivités restaient ce qu’elles étaient, et le Palais de la cité résonnait abondamment de vifs échos, tandis que l’on commençait à s’y rassembler. Les derniers préparatifs étaient enfin achevés et bientôt, les lices seraient ouvertes pour permettre aux chevaliers d’y défendre leurs couleurs ou celles de leur dame, au plus grand plaisir du peuple comme de la noblesse, qui, dans une certaines confusion, se pressaient tous sur les lieux pour profiter du spectacle. Et pour une fois la dame de Déols, malgré toute son inimitié pour les principaux concernés par les évènements, ne faisait pas ombre à ce joyeux tableau. Sybille n’était pas seule dans cette foule : ses deux soeurs se trouvaient non loin. Elisabeth, nouvellement mère d’un jeune garçon avait tout de même fait le déplacement jusqu’à Paris et Hue avait suivi son Normand de mari dans la suite du duc. Ne manquait à la fratrie d’Amboise que le cadet, Hugues, mais Sybille s’était si sombrement fermée à l’évocation de sa captivité qu’il n’avait pas semblé utile à ses soeurs de s’attarder sur le sujet. Elisabeth ayant décrété qu’elles se devaient de prendre part comme tout un chacun aux festivités et que l’on finirait bien par faire entendre raison à qui de droit, il avait été décidé que la conversation pourrait toujours se tenir plus tard. Après avoir laissé ses soeurs disparaître vers les tribunes avec le sourire de l’aînée qui observe sa fratrie, quoi que toujours plus contrariée par la captivité de leur frère, Sybille avisa une autre silhouette connue et s’éloigna. Geoffroy l’accueillit d’un sourire respectueux, et la dame et son vassal échangèrent quelques mots discrets. La jeune veuve avait pour ce chevalier une affection particulière, qu’il lui rendait bien et que beaucoup verraient sans doute d’un oeil méfiant. Aussi se séparèrent-ils rapidement, et non sans lui avoir souhaité de combattre vaillamment, Sybille laissa le jeune homme aller achever de se préparer pour rejoindre les tribunes. Elle les avait presque atteintes lorsque son regard en rencontra un autre, familier lui aussi. Une moue indéfinissable tordait ses lèvres lorsqu’elle s’arrêta à hauteur du comte de Champagne, accompagné d’un homme qu’elle n’avait encore jamais vu mais dont elle se douta aussitôt de l’identité. Le sourire qui flottait sur les lèvres d’Henri ne mentait pas. « Mon seigneur, le salua-t-elle après une révérence d’usage, le hasard fait bien les choses, mes soeurs et moi parlions de vous à l’instant. »Elle laissa passer un silence, accompagné d’un sourire terrible qui éclairait assez bien ces paroles tout sauf innocentes, puis reprit : « Mon fils vous fait dire qu’il attend que vous vous illustriez aujourd’hui, pour que je puisse lui raconter vos victoires, j’espère que vous n’y manquerez pas ! »Les traits plus avenants, elle assorti ces quelques mots d’une oeillade amusée, qui s’effaça bien vite lorsqu’elle laissa son regard s’attarder sur le compagnon du comte. L’innocence d’Aymeric était bien loin en ces lieux, et elle venait de s’éloigner encore, si toutefois le jeune homme auprès d’Henri était bien celui auquel elle songeait. Ce dont elle ne doutait guère. |
| | | Henri de Champagne
PREUX CHEVALIER ☩ L'honneur en armure, La bravoure en bouclier, La gloire en étendard
Messages : 605 Date d'inscription : 10/12/2012 Localisation : Entre mes terres de Champagne, celles de mon frère à Blois, la cour de Louis VII et Châteauroux
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Sam 26 Jan - 13:54 | | Henri de Champagne a dit: | Henri de Champagne avait quitté la troupe normande d'un pas assuré, son éternel sourire aux lèvres afin de laisser son lointain cousin se préparer pour les joutes qui n'allaient désormais plus tarder à commencer. C'était lui que le roi avait envoyé accueillir la délégation angevine non loin de Paris quelques jours plus tôt, immense délégation comme si Henri Plantagenêt avait tenu à faire grande impression à Paris et devant son seigneur, ce qui était d'ailleurs probablement le cas. La première rencontre avec ce cousin qu'il ne connaissait pas avait été chaleureuse. Plantagenêt était encore très jeune mais il brillait dans son regard une force et une détermination exceptionnelles qui confirmaient assez tout ce qui se racontait sur lui. C'était à cela que songeait Henri lorsqu'il parcourait les couloirs du palais de la Cité, bondés de serviteurs qui préparaient les festivités et de belles dames venues assister au tournoi qui allait débuter et qui s'annonçait comme l'événement de l'année. Ces dernières en particulier discutaient avec animation pour échanger des rumeurs ou pour se raconter la façon dont l'Angevin avait prêté hommage au roi, ce dont, jusqu'au dernier moment, on avait douté qu'il fasse. Les commentaires sur ces nouveaux arrivants allaient bon train et chacune de leurs paroles, chacun de leurs gestes ou chacune de leurs attitudes étaient analysés avec verve. Pour une fois, Henri de Champagne partageait l'intérêt de cette cour. Lui n'attendait pas grand chose de cette rencontre mais il était curieux de voir comment se comportait son cousin que l'on disait bouillonnant, même trop, habile bretteur et orgueilleux. Avec son habituelle réserve, il parlait peu mais promenait son regard pénétrant autour de lui. Il ne savait encore si on pouvait compter sur Plantagenêt mais il était assuré d'être fixé sur la question avant le départ de celui-ci pour ses terres dans l'ouest.
Même s'il n'y passait pas beaucoup de temps, Henri était un habitué de la cour de Louis VII. En tant qu'un de ses principaux vassaux, il se devait de siéger au sein de son conseil et de lui apporter aide mais aussi présence. Le naturel du jeune homme se plaisait à l'atmosphère de célébration perpétuelle qui y régnait malgré le caractère de Louis et il y faisait bonne figure grâce à sa simplicité, à sa capacité d'adaptation – il se sentait en effet à l'aise en toutes circonstances – et à son excellente éducation qui lui permettait de soutenir toute sorte de conversation. Il y retrouvait également certains camarades de croisade et cela lui causait toujours un plaisir particulier, teinté d'amertume. Alors, même s'il préférait sans conteste superviser les travaux de son palais de Troyes ou partir en quête de manuscrits anciens dans les abbayes de ses domaines pour les faire recopier dans son scriptorium, il se contentait d'apprécier le moment présent et de se comporter de la façon qu'il convenait à son rang. Si lui n'était pas de ceux qui trépignaient à l'idée d'être présent à la cour, ce n'était pas le cas de ses petites sœurs et il sentit son visage s'éclairer et son sourire s'élargir devant le spectacle que donnait sa fratrie quelques pas plus loin, non loin des lices installées dans une cour du palais. Seule la très jolie Isabelle qui avait enroulé ses longs cheveux blonds en une coiffure compliquée gardait son calme tandis que l'excitation s'était emparée des petites à côté d'elle. Ce fut Adèle, la première, qui vit son aîné et échappa à la poigne d'Isabelle pour courir vers lui. Henri s'était accroupi pour l'attraper dans ses bras et la serrer contre lui. La petite n'avait que onze ans, on lui pardonnait volontiers son impulsivité.
- Oh, mon frère, merci de nous avoir permis de venir avec toi ! S'exclama-t-elle en laissant échapper un petit rire ravi, propre aux petites filles, le tournoi va-t-il bientôt commencer ? Thibaud a dit que tu n'allais pas jouter tout de suite et que tu allais pouvoir rester avec nous dans les tribunes au début.
Henri leva la tête pour voir son frère cadet, déjà en partie préparé pour les premiers combats et vêtu d'une cuirasse, échanger quelques mots avec Isabelle. Il répondit quelques mots à sa petite sœur puis l'envoya rejoindre la jeune femme qui se dirigeait en compagnie d'Agnès et Mathilde au sein de la foule pour trouver des places qui leur permettraient de voir l'intégralité des combats. Mais son regard avait été attiré par une autre scène. Sur les trois femmes qui parlaient avec animation non loin de là, il avait immédiatement reconnu la silhouette gracieuse de Sybille de Déols. Un instant, il l'observa puis d'un geste de la main commanda à son frère de venir le rejoindre avant de retourner auprès de leurs hommes.
- Es-tu prêt ? Je compte sur vous pour faire honneur à notre maison, dit-il en lui tapotant l'épaule, mais avant, j'aimerais te présenter la dame de Déols... Cela ne t'engage à rien, je souhaite juste que tu fasses sa connaissance, s'il te plaît.
D'ailleurs, Sybille venait vers eux avec une moue indéfinissable aux lèvres que même Henri qui commençait à la connaître aurait été incapable de réellement identifier. Il savait que Thibaud n'était guère motivé par la perspective de la rencontrer aussi jeta-t-il un regard sévère mais aussi un peu inquiet à son frère qui semblait s'être renfermé. Détournant son attention, il adressa un sourire chaleureux à la dame de Déols et la salua en s'inclinant légèrement.
- Voilà qui m'étonne que l'on parle de moi, je pensais plutôt que toute l'attention de la cour s'était focalisée sur mon cousin Plantagenêt, répliqua-t-il sans se départir de son calme, pas réellement dupe de ce que pouvaient bien dire Sybille et ses sœurs à propos des Blois.
Il allait enchaîner en parlant de Thibaud qui gardait un air renfrogné mais la dame de Déols s'adressa directement à lui de manière plus douce et avenante, allant jusqu'à le qualifier d'une sorte de clin d’œil. Au souvenir d'Aymeric, les traits d'Henri s'éclairèrent et il eut un petit rire en constatant que le petit garçon auquel il vouait une grande affection demandait de ses nouvelles :
- Je vais faire de mon mieux pour le satisfaire mais aujourd'hui, ce n'est pas moi qui vais mener les hommes de Champagne, il s'agit de mon frère cadet. Je vous présente Thibaud, comte de Blois, enchaîna-t-il en poussant légèrement ce dernier pour qu'il la salue dans les formes, Thibaud, cette charmante jeune femme n'est autre que la dame Sybille de Déols, la mère de mon filleul Aymeric. Si vous vous attendiez à des exploits, vous pouvez compter sur mon frère, il est un excellent combattant et je ne pourrais faire confiance à personne d'autre que lui.
Quittant un instant Sybille du regard, il se tourna vers Thibaud avec une expression joyeuse assez feinte. De toute façon, il n'y avait bien que lui qui était enthousiaste.
- Mais dis-moi Thibaud, ne défends-tu donc les couleurs de personne aujourd'hui ? Allons, tout chevalier est plus vaillant s'il se sait défendre les couleurs et l'honneur d'une dame de son cœur.
L'allusion était parfaitement claire et l'ordre n'était pas discutable. Contraint et forcé, Thibaud fut donc obligé d'en faire la demande à Sybille avant de s'enfuir dès que son frère le lui eut permis. Pendant quelques secondes, la jeune femme et Henri se retrouvèrent seuls face à face, la tension était encore perceptible. Il était étonnant de voir comment la dame blonde parvenait sans difficulté à insuffler le chaud et le froid. Mais Henri n'était pas de ceux qui se laissait troubler par cette capacité et il lui offrit son bras, espérant l'amadouer avec un sourire :
- Permettez que nous nous rendions dans les tribunes, je ne voudrais pas manquer le début des festivités. |
| | | Henri Plantagenêt
Où apparaît la force, le droit commencer de rayonner
Messages : 401 Date d'inscription : 01/07/2012 Localisation : Angers, le Mans, l'Angleterre, et bientôt Paris...
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Mer 30 Jan - 15:25 | | Henri Plantagenêt a dit: | Voilà qui était fait. Après des années de lutte, de défis insolents, de refus arrogants, des années passées à ignorer superbement les sommations d’un roi de France trop faible face à son adversaire, voilà qu’Henri Plantagenêt, duc de Normandie, s’était enfin décidé à prêter allégeance à son seigneur et maître. Une décision guidée non pas par une révélation divine ou la soudaine reconnaissance de l’autorité de Louis VII (autorité et Louis VII n’étaient pas des mots qui allaient ensemble de toute façon, songeait Henri non sans ironie), mais bien par la nécessité de limiter au maximum les conflits inutiles avec la France pour pouvoir se concentrer sur l’Angleterre et frapper plus fort son véritable ennemi, Etienne de Blois. Que Louis VII ait compris la stratégie ou non lui importait peu : le roi des Francs regagnait enfin son autorité sur son vassal, et le Plantagenêt avait la paix de ce côté-là. Un échange de bons procédés, en somme.
Le roi de France et le duc de Normandie sortirent côte-à-côte de l’église où s’était déroulée la cérémonie et échangèrent une poignée de main en souriant sous les acclamations du peuple français et de la délégation normande. Enfin une lutte acharnée qui s’achevait, pour une fois dans la paix et la bonne humeur ! Et puis qu’importait qu’aucune amitié réelle n’unisse les deux hommes, puisque seul le résultat comptait ? Pour la première fois depuis bien trop longtemps, la France était en paix avec la Normandie. Un sentiment de soulagement et de détente parcourait les deux camps alors que les festivités, organisées par Louis VII, pouvaient enfin débuter. Après avoir salué son nouveau souverain, Henri Plantagenêt s’en détourna pour retourner à sa délégation qui applaudissait encore chaleureusement ce traité de paix. Il avait été ravi de voir son cousin, le comte de Champagne, et avait refusé de le laisser partir tant qu’il ne lui avait pas fait promettre de jouter contre lui à l’occasion. Henri de Champagne était beaucoup plus calme et réservé que lui, mais le normand avait aussitôt reconnu en lui la trempe des véritables chevaliers, le courage, la vaillance et l’honneur. Des qualités qui ne pouvaient que le convaincre que son cousin était un homme de valeur, et qu’il pouvait être fier de le compter dans sa famille ! Décidément, ce séjour à Paris s’annonçait sous les meilleurs auspices.
C’est donc l’air satisfait et confiant, le sourire aux lèvres, qu’Henri se dirigea vers Béatrice après avoir reçu les félicitations de ses hommes.
« Voilà une bonne chose de faite ! Maintenant que nous sommes en paix avec la France, nous allons pouvoir délaisser toutes ces démarches officielles et profiter du spectacle offert par notre bon roi Louis. » s’exclama-t-il joyeusement en lui prenant les mains avant de les embrasser. « J’espère que le voyage ne t’a pas trop indisposée. » poursuivit-il en lui offrant son bras afin qu’ils ouvrent la marche vers la cour du palais. « Pour ma part je n’ai jamais connu de voyage aussi ennuyeux ! J’ai dû me battre avec mes conseillers pour ne pas voyager dans leur maudite voiture, au lieu de quoi je les ai forcés à chevaucher à mes côtés s’ils voulaient me parler de la conduite à tenir devant le roi ; comme si je n’avais pas assez de tenue. »
Une indignation bien entendue feinte, puisqu’Henri Plantagenêt était bien conscient qu’il détonnait dans le paysage. Loin de s’être paré de riches habits comme le reste de sa délégation ou de la noblesse de Louis VII, il était vêtu pratiquement comme tous les jours, peut-être avec juste un peu plus de soin que d’habitude. L’apparat était à mille lieues de ses priorités, et sans ce charisme et cette assurance des chefs, ou le blason de sa famille cousue à son manteau court, il eut été difficile de deviner qu’il s’agissait là d’un des plus puissants ducs du royaume. Voire du plus puissant.
« Le tournoi ne devrait pas tarder à débuter, et j’ai déjà promis à mon cousin champenois que nous combattrions ensemble. Mais un chevalier n’est rien sans les couleurs de sa dame, alors avec ta permission, j’arborerai fièrement celles de la plus belle femme de Normandie. Et je gagnerai toutes les parties, évidemment. » sourit Plantagenêt avec un faux air solennel qui montrait bien que lui aussi avait l’intention de profiter de la fête, maintenant que les affaires étaient réglées !
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| | | Thibaud de Blois ϟ Lord of Treason ϟ
Messages : 179 Date d'inscription : 11/12/2012
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Sam 2 Fév - 14:55 | | Thibaud de Blois a dit: | Cette fois, Thibaud ne se rendait pas à la Cour pour seconder son père en l’absence de son frère partit à la Croisade. Cette fois, il n’était ni le fils de, ni le frère de ou l’ami de. Il était là en tant que comte de Blois et étant donné qu’Henri lui avait fait l’honneur de le laisser mener les troupes au tournoi, il pourrait prouver à tous sa valeur au combat. Comme d’habitude, la demi-mesure n’était pas de mise dans les sentiments du jeune homme : il était littéralement envahit par la fierté, à la limite de la présomption. Il avait passé le voyage à observer chacun de ses vassaux et chevaliers et se disait que les meilleurs d’entre eux étaient représentés. La fine fleur des fiefs des Blois-Champagne était représentée. Il y songeait tandis que son écuyer l’aidait à enfiler sa cuirasse.
- Je suis impatiente de vous voir jouter Henri et toi, lui dit sa sœur Isabelle. Je sais que mon époux voudrait que je n’aie d’yeux que pour lui mais il me tarde de lui montrer ce que valent les hommes de notre famille. - Nous ne te décevrons pas, petite sœur, lui répondit-il. Le fait de te savoir dans les tribunes avec les petites me donne déjà beaucoup de forces et m’assure la victoire.
En disant ces mots, Thibaud sentit d’un seul coup une angoisse sourde l’envahir. Et s’il perdait lamentablement ? Il serait la risée de son comté, plus personne ne le respecterait ? Et s’il décevait ses sœurs ou pis, s’il décevait Henri ? Un coup d’œil à celui-ci qui envoyait la petite Adèle dans les tribunes le rassura : il ne pouvait que gagner, après tout, n’était-il pas le meilleur jouteur de ses terres ? Une fois encore, les sentiments du jeune homme changeaient à la vitesse de l’éclair et passaient d’un extrême à l’autre. Henri s’approcha de lui et lui demanda s’il était prêt.
- Je le suis depuis longtemps mon cher frère ! Nos troupes n’ont jamais eu aussi fière allure. Mais avant, j'aimerais te présenter la dame de Déols... - Seigneur, Henri ! Décidément quand tu as une idée en tête… - Cela ne t'engage à rien, je souhaite juste que tu fasses sa connaissance, s'il te plaît. - Puisque cela ne m’engage à rien….
Même s’il était malade à l’idée de décevoir son frère, il se sentait légèrement pris au piège. Il ne voulait pas épouser dame Sybille : on lui prêtait un très mauvais caractère et il avait déjà assez de mal à dominer le sien. Il se mit à bouillir intérieurement tandis qu’Henri s’approchait d’une jeune femme assez bien de sa personne. Même si Thibaud était bien obligé de reconnaître qu’il aurait pu tomber sur bien pire – il y avait suffisamment de femmes laides présentes au tournoi pour en attester – il n’aimait pas qu’on lui force la main et ne parvenait pas à cesser de râler. Il resta renfrogné dans son coin tandis qu’Henri et la dame de Déols échangeaient quelques amabilités, bien décidé à faire savoir qu’il ne l’épouserait que contraint et forcé.
- Mon seigneur, lança la jeune femme, le hasard fait bien les choses, mes soeurs et moi parlions de vous à l’instant. - Voilà qui m'étonne que l'on parle de moi, je pensais plutôt que toute l'attention de la cour s'était focalisée sur mon cousin Plantagenêt. - Mon fils vous fait dire qu’il attend que vous vous illustriez aujourd’hui, pour que je puisse lui raconter vos victoires, j’espère que vous n’y manquerez pas !
Thibaud continuait à ruminer dans son coin sans écouter la réponse d’Henri: bon d’accord, elle était jolie. Mais il aurait apprécié qu’Henri lui laisse un peu plus de choix dans cette affaire. Bien, qu’elle se concentre sur les exploits d’Henri, qu’il ne déçoive pas son filleul. Elle ne faisait pas attention à lui et c’était tant mieux ainsi. Peut-être même pourrait-il s’en aller discrètement. Il ne voulait pas être là. Mais son frère ruina tous ses espoirs en le poussant en avant. Visiblement il avait commencé à faire les présentations.
- Thibaud, cette charmante jeune femme n'est autre que la dame Sybille de Déols, la mère de mon filleul Aymeric. - Vraiment ? En voilà une charmante surprise, répondit Thibaud en dissimulant son ton sarcastique comme il le pouvait. Ma dame, reprit-il en la saluant, c’est un plaisir de vous rencontrer. - Si vous vous attendiez à des exploits, vous pouvez compter sur mon frère, il est un excellent combattant et je ne pourrais faire confiance à personne d'autre que lui.
Et de se tourner vers lui avec un air faussement enthousiaste. Thibaud était vraiment malheureux de ne pouvoir montrer plus d’entrain face au projet de son frère mais c’était plus fort que lui.
- Mon frère m’honore de sa confiance et je ferai de mon mieux pour lui donner raison !
La dame de Déols ne pouvait se douter à quel point il ferait tout pour gagner désormais : Thibaud se laissait gagner par une sorte de fierté mal placée : s’il ne voulait épouser la dame, il ne voulait pas qu’elle se dise « tant mieux, après s’être autant vanté, je m’attendais à voir un bon jouteur et voilà qu’il a rapidement mordu la poussière ! Heureusement qu’il s’est opposé à notre mariage, j’ai échappé au pire ». Pour le jeune comte, désormais il ne pouvait plus se permettre de perdre.
- Mais dis-moi Thibaud, continua Henri, ne défends-tu donc les couleurs de personne aujourd'hui ? Allons, tout chevalier est plus vaillant s'il se sait défendre les couleurs et l'honneur d'une dame de son cœur.
Thibaud comprit immédiatement où son frère voulait en venir et la fierté mal placée fit place à la colère. Il fut sur le point de se tourner vers les tribunes afin de demander à l’une de leurs sœurs de remplir la tâche. Puis la colère fit place à sa peur de décevoir son frère aîné. Et s’il ne l’aimait plus alors ? Il retint donc son soupir de lassitude et se tourna vers Sybille.
- Dame Sybille, mon frère dit vrai ! Et ce serait pour moi un grand honneur de porter vos faveurs. Après tout, mon frère semble penser qu’une amitié entre nous serait profitable à nos deux familles. Voyons s’il a raison !
Bon, ce n’était certainement pas la façon la plus chevaleresque de demander ses faveurs à une dame avant une joute mais au moins avait-il obéit à son frère sans renier ses convictions. « Cela ne t’engage à rien » lui avait dit Henri. Thibaud sentit l’amertume de quelqu’un qui a été trompé par la personne à qui il accorde le plus de confiance. Et en plus, il n’arrivait pas à lui en vouloir, il était simplement malheureux. Il remercia la dame puis prit congé :
- Il est temps pour moi d’aller me préparer !
Il les laissa pour se rendre sur le terrain avec le moral au plus bas. Pour l’heure, il ne se sentait pas combatif pour un sou. Il se rendit sans enthousiasme auprès du chambellan afin de savoir quels seraient ses adversaires. Le premier était un étranger, ancien croisé dont Henri avait vanté les qualités de combattant dans ses récits. Immédiatement, le jeune homme fut à nouveau prêt à gagner quoi qu’il en coûte et la rage des combats lui avait rendu son courage, son assurance et son talent.
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| | | Aliénor d'Aquitaine
Aujourd'hui, je suis reine ☾ autrefois j'étais libre
Messages : 276 Date d'inscription : 01/07/2012 Age : 34 Localisation : Entre Paris et Poitier, cherchez bien, vous me trouverez surement
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Mar 5 Fév - 16:42 | | Aliénor d'Aquitaine a dit: | Aliénor poussa un soupir en se regardant dans le miroir. Elle ne pouvait pas se permettre la moindre erreur. Malgré tout ce qu'on disait sur elle, elle restait la reine, pour encore un peu de temps – mais le plus court serait le mieux. Aussi, fidèle à sa réputation, elle avait tenue à être la plus belle. Malgré son âge qui ne prêtait plus guère aux banalités d'un tournoi, elle acceptait de ressentir l'excitation générale. Ses dames de compagnies ne cessaient de babiller à propos de leurs chevaliers, et celles qui n'en avaient pas encore ne désespéraient pas d'en trouver un lors des festivités de la matinée, du moment qu'elles se trouvaient un cavalier pour un bal, le reste avait fort peu d'importance à leurs yeux. La jeune femme se rappelait de l'époque où elle avait leur âge, et ce n'était pas une mauvaise sensation que de s'en rappeler. Après tout ce qu'ils avaient souffert en Terre Sainte, et revenus en France... Ce n'était qu'une duperie d'une journée, mais il fallait bien s'y plier. Aliénor lissa les faux-plis imaginaires de sa robe, avant de hocher la tête, satisfaite. Elle avait choisi une robe crème pour l'occasion et la couronne de France était solidement attachée sur sa tête, bien qu'elle lui préférait de loin celle de duchesse d'Aquitaine. Il y avait des concessions à faire auxquelles on ne pouvait pas échapper. Ses dames, toutes plus excitées les unes que les autres, se rangèrent en rang derrière leur souveraine, prête à quitter ses appartements pour se rendre à la lice.
Aliénor n'était pas stupide. Ce jour compterait bien plus d'ennemis que d'amis. Des amis ? Elle n'en avait plus aucun ici. Ils attendaient tous qu'elle chute pour la faire remplacer, et il n'y avait aucun doute, sa remplaçante, elle la connaissait déjà. D'autres, au contraire, s'attendaient à ce que le roi la garde prisonnière ici, malgré la procédure de séparation engagée, de peur de perdre l'Aquitaine. Terre riche, vaste et puissante... Mais les pensées d'Aliénor étaient loin de là. Elle songeait plus, avec curiosité, à ce jeune duc de Normandie qu'on lui avait maintes fois décrit. En bien comme en mal d'ailleurs. Cela le rendait bien plus intéressant. Il était si différent de Louis... En arrivant aux gradins, elle prit le bras de Louis, avec une parfaite indifférence de leur part à tous deux. Après tout, ils ne faisaient cela que pour faire semblant d'être un couple uni et fort. Alors que tout le monde savait pour leur séparation. Ca en devenait ridicule, mais Louis y avait tenu. Aliénor avait trop peur de se voir retirer cette liberté qui semblait presque arrivée. Tous se levèrent à l'entrée de leurs majestés, et attendirent que leurs majestés et leurs suites respectives aient pris place pour s'installer confortablement. Si le tournois promettait d'être long, vu le nombre de participants de toutes les provinces, il promettait aussi d'être palpitant.
Aliénor jeta un regard circulaire, pour voir, de loin, les bannières des différents participants – les Aquitains comme les Lusignans, n'avaient pas raté cette occasion, les Blois-Champagne, du côté Français, non plus, mais la plupart des bannières anglaises lui étaient inconnues -, mais aussi dans les tribunes, qui avait osé ne pas se montrer en cette journée d'importance.
-Maman ! Maman ! Cria une petite voix.
Marie, qui avait visiblement une fois de plus échappée à sa nourrice, vint se jeter dans les jupes de sa mère, qui la hissa sur ses genoux. Louis eut un sourire, mais le réprima au moment où il se rendit compte qu'Aliénor l'avait vu.
-Eh bien, damoiselle, que faites-vous ici ?
-Pardonnez-moi, votre majesté, toute cette agitation...
-Je veux un chevalier qui se batte pour moi ! S'exclama la petite.
Aliénor lui caressa les cheveux, avant de lui embrasser le front. Quel destin que celui des princesses de France...
-Un jour... Maintenant filez.
Marie s'exécuta en ronchonnant. Elle n'aurait jamais osé désobéir à la grande dame qu'était sa mère. Aliénor la regarda s'éloigner, et c'est à ce moment là qu'elle aperçut Sybille de Déols... Il serait toujours temps de lui régler son compte.
-Madame, à votre bon plaisir, murmura Louis.
Il était d'habitude que la dame organisant le tournoi soit aussi celle qui le lance. En l'occurrence, il ne pouvait s'agir que d'Aliénor. Mais elle se doutait bien que la petite de Castille aurait donné n'importe quoi pour le faire à sa place. Avec élégance, la reine se leva, et sortit un mouchoir de sa poche, avant de s'avancer sur la rambarde. D'un geste gracieux, elle jeta le mouchoir qui alla se déposer avec lenteur au rythme du vent sur le sol.
-Que le tournoi commence ! |
| | | Sybille de Déols Per aspera AD ASTRA ✫
Messages : 559 Date d'inscription : 11/12/2012 Age : 31 Localisation : Sur mes terres de Châteauroux, sur celles de ma famille ou à la cour.
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Ven 15 Fév - 0:02 | | Sybille de Déols a dit: | « Je vais faire de mon mieux pour le satisfaire mais aujourd'hui, ce n'est pas moi qui vais mener les hommes de Champagne, il s'agit de mon frère cadet, répondit Henri, tirant aussitôt une moue entendue à la jeune dame. Je vous présente Thibaud, comte de Blois. » Sybille, à ces mots, esquissa un sourire qui en disait long, et posa sur le jeune homme ainsi présenté un regard perçant. Ainsi donc, c’était lui. Alors qu’Henri poursuivait les présentations, elle le dévisagea de haut en bas, sans même s’en cacher. Etonnement, il avait l’air plus vieux que son aîné, à moins que sa mine renfrognée ne donnât seule cette impression. Il était déjà à demi préparé pour le tournois, et Sybille lui concéda assez volontiers qu’il n’avait pas mauvaise allure ainsi équipé. Son investigation terminée, elle croisa volontairement son regard comprit qu’elle pouvait, sans trop s’avancer, supposer que cette rencontre ne l’enchantait guère. « Vraiment ? En voilà une charmante surprise. Ma dame, c’est un plaisir de vous rencontrer. - Un plaisir, en effet... On m’a tant parlé de vous. - Si vous vous attendiez à des exploits, reprit Henri avec un enthousiasme qui sonnait mal, vous pouvez compter sur mon frère, il est un excellent combattant et je ne pourrais faire confiance à personne d'autre que lui. - Mon frère m’honore de sa confiance, et je ferai de mon mieux pour lui donner raison ! » Sybille, qui n’avait pas lâché le comte de Blois des yeux, haussa un sourcil et lui adressa un sourire presque carnassier. Ils avaient visiblement aussi peu d’entrain l’un que l’autre pour les projets de son frère, et il ne faisait nul doute qu’ils auraient pu trouver là un terrain d’entente. Mais l’idée que l’on pût vouloir lui imposer Thibaud comme époux, en plus des démêlés familiaux qu’elle ne pouvait oublier, suffisait à lui rendre le jeune homme profondément antipathique. « Je ne doute pas un instant que vous y parviendrez, siffla-t-elle. Ou votre frère m’aurait menti sur vos capacité, mais qui pourrait l’en soupçonner ? » Là-dessus, elle le quitta enfin des yeux pour revenir au frère en question, dont elle espérait qu’il savait, à l’avance, quel accueil devait recevoir ces présentations. La dame de Déols lui avait déjà bien assez fait comprendre qu’elle ne voulait pas d’un mariage avec son cadet, ni qui que ce fut pour qu’il se doutât de la façon dont elle pourrait le recevoir.
« Mais dis-moi Thibaud, reprit pourtant le comte, ne défends-tu donc les couleurs de personne aujourd'hui ? Allons, tout chevalier est plus vaillant s'il se sait défendre les couleurs et l'honneur d'une dame de son cœur. » Le sourire, même mordant, déserta aussitôt les lèvres de Sybille qui gratifia le chevalier d’un regard froid au possible. Si elle le prenait avec humour, le manège d’Henri l’agaçait et elle n’avait aucun envie que toute la cour en soit instruite. Elle se tourna vers Thibaud, mais au contraire de ce qu’elle attendait, celui-ci obtempéra à l’ordre voilé de son frère et c’est à une Sybille bien plus raide en froide que quelques instants plus tôt qu’il demanda l’honneur de défendre ses faveurs. Et comme il demeurait tout de même comte de Blois, celle-ci n’eut d’autre choix que d’accepter. « Nous verrons, marmonna-t-elle en nouant un foulard à ses couleurs au bras du jeune homme. » Peu après, ce dernier s’éloignait pour aller se préparer, laissant Henri et Sybille se jauger en silence, silence que le comte brisa en proposant son bras à la dame. « Permettez que nous nous rendions dans les tribunes, je ne voudrais pas manquer le début des festivités. »
Sybille leva les yeux au ciel, mais accepta son bras et tous deux se dirigèrent vers les gradins déjà remplis. « Vous savez que vous ne me ferez pas changer d’avis ? fit-elle alors qu’ils montaient quelques marches. J’admire vos efforts, mais tout ceci était inutile. » Elle lui adressa un regard entendu avant d'apercevoir ses deux soeurs, installées non loin. Hue les ayant vus, elle ne put qu’entraîner Henri vers celle-ci, retrouvant un sourire plus sincère. Curieuse, les deux jeunes femmes dévisagèrent le nouveau venu, tandis que Sybille les présentait succinctement. « Elisabeth, Hue, voici Henri, comte de Champagne, continua-t-elle en retenant une moue à la vue de leurs regards étonnés. - C’est donc vous, lança Hue, qui ne savait visiblement pas comment réagir, mais sans rien perdre de sa douceur habituelle. Nous sommes... enchantée de vous rencontrer finalement. » Sybille eut à nouveau l’un de ses sourires indéfinissables, avant de se tourner vers le chevalier. Elle allait ajouter quelque chose mais l’attention de la foule fut soudain happée par le début des combats. Son regard erra un instant sur les premiers participants, tous deux très jeunes. « Ils doivent avoir l’âge de mon frère, commenta-t-elle sans lever les yeux vers Henri. Il n’est pas mauvais, il aurait sans doute fait bonne impression aujourd’hui... » |
| | | Jan Fergusson ϟ Lord of Treason ϟ
Messages : 85 Date d'inscription : 10/12/2012 Age : 35 Localisation : Auprès du roi
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Dim 24 Fév - 21:26 | | Jan Fergusson a dit: | Jan enfila son armure, secondé par son écuyer. Le métal, soigneusement poli, luisait à la lumière, et une dame quelque peu coquette aurait pu facilement s'en servir pour refaire sa coiffure. Gaël avait passé une journée complète à préparer l’apparat de son maître et à voir son expression satisfaite, ses efforts avaient payés. Jan était plus réservé sur le résultat, n'aimant pas trop attirer l'attention. Il préférait largement sa vieille cuirasse, usée jusqu'à la corde par les combats et les voyages, dont le métal était recouvert d’éraflures et de vieilles tâches de sang impossibles à enlever. C'était une armure qui avait vécu et servi fidèlement, non pas un costume bien propret. Néanmoins, il ne pouvait bien entendu pas se présenter en guenilles au tournoi ; vu qu'il portait la bannière du roi, il se devait de lui faire honneur à tous les niveaux. Il connaissait bien son écuyer, qui le servait depuis son arrivée en France, et savait qu'il pouvait lui faire confiance pour gérer ce genre de détails. Gaël était sérieux, efficace, consciencieux. Jan était sûr que sa tenue et son cheval seraient irréprochables.
Le jeune garçon se recula finalement, admirant son travail d'un œil critique et s'assurant que tout était correctement en place. Jan ajusta une épaulière et serra les poings, faisant crisser le cuir. Il ne portait que rarement l'armure afin de l'épargner et ne s'y sentait guère à l'aise. Il allait lui falloir quelque temps pour s'habituer. Il réprima un sourire à l'idée que s'il mordait la poussière, Gaël allait sans doute passer une autre journée à tout nettoyer. Pauvre garçon. Ecuyer était vraiment peu gratifiant parfois.
- Merci Gaël. Maintenant va préparer Mjöllnir.
Le garçon s'inclina et s'exécuta prestement. Jan de son côté sortit pour se rendre sur les lieux du tournoi. Il y régnait bien entendu une animation bourdonnante, à laquelle même lui n'était pas insensible. Parader et se montrer n'étaient pas des choses qu'il appréciait en temps normal, mais la compétition et l'idée de porter avec honneur les couleurs de son seigneur lui plaisaient. Tout l'apparat qui allait avec était un peu pénible mais même lui ne pouvait résister à la pensée de faire mordre la poussière à quelques chevaliers. A croire que certaines choses ne changeaient pas, même avec l'avancée en âge !
Jan passa devant un groupe de demoiselles qui se hâtaient en gloussant vers les tribunes. Il les ignora du mieux qu'il put. Il ne portait les faveurs d'aucune dame ; non pas qu'il n'en aurait pas eu l'occasion, il semblait avoir assez de succès auprès des dames de la cour – bien qu'il ne comprenne pas bien pourquoi. Mais il n'y avait qu'une femme dont il aurait voulu porter les couleurs. Rien que d'y penser, son estomac se noua. Il secoua malgré lui la tête, essayant de se vider l'esprit. Ce n'était pas la peine de se ruiner la soirée.
Jan alla s'enquérir de son premier adversaire, qui faisait justement la même démarche et qu'il croisa sur place. Il ne connaissait que très peu Thibaud de Blois et à vrai dire, s'en était au début méfié comme de la peste, à cause principalement de sa fratrie. Mais il avait pu vite s'apercevoir que Thibaud était différent d'Henri, sans doute parce qu'il n'avait pas les mêmes responsabilités d'aîné qui avait poussé son ancien ami à essayer de se servir de lui. L'homme était encore jeune mais d'après ce que Jan avait pu entendre, était plutôt bon jouteur. Pour l'instant, il affichait une mine assez sombre et plutôt soucieux. Sans doute que pour lui, le tournoi avait plus d'enjeux que pour le Nordique, seulement poussé par l'envie de vaincre et de faire honneur à son roi.
Il s'approcha de Thibaud et s'inclina.
- Bien le bonjour Monseigneur. Je suis votre premier adversaire apparemment. C'est un honneur.
Jan était raide comme un piquet, très formel et parlait le minimum possible car encore un peu mal à l'aise avec la langue française. Il fit un effort pour esquisser un sourire de courtoisie. Il n'était pas un modèle de cordialité et faisait de son mieux pour y remédier. |
| | | Béatrice de Breteuil ϟ Lord of Treason ϟ
Messages : 127 Date d'inscription : 12/12/2012 Age : 37
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Dim 24 Fév - 21:49 | | Béatrice de Breteuil a dit: | Un voyage ! Pour Béatrice, cela signifiait une nouvelle aventure, elle pour qui chaque kilomètre était une nouvelle découverte. Il faut dire que depuis son départ du château familial pour la cour du Mans, la jeune femme avait assez peu bougé, juste fait quelques kilomètres pour vivre sa grossesse tranquillement dans un couvent. Rien de bien aventurier pour elle. Alors quand Henri et toute sa Cour durent partir pour Paris, il était évident que la jeune femme serait aussi de la partie. De toute façon, elle se serait imposée, elle avait toujours voir Paris que son frère Hugues lui avait tant parlé. D'ailleurs lui aussi était du voyage, tenant compagnie à sa sœur de temps à autre pour voir comment elle se portait. Mais Béatrice n'était pas une petite nature et si elle entendait que le voyage était long, elle appréciait le paysage avec tellement de plaisir. Mais lorsque Paris se profila à l'horizon, elle ne contenait plus sa joie, souriant comme une enfant.
Le plus long finalement fut finalement cette cérémonie et tous les saluts entre hommes, tous sans doute de haute naissance. Pour cela, Béatrice en connaissait à peu, heureusement que son frère était là pour énumérer la plupart des hommes qu'elle montrait du doigt pour satisfaire sa curiosité. Les normands, elle les connaissait très bien, les français beaucoup moins, sauf quelques uns venus à Breteuil. Malgré le temps un peu long, Béatrice était tout de même ravie d'être ici et aurait bien voulu échapper à tout protocole pour en voir un peu plus. Mais on annonçait un tournoi et une fête, cela aurait de quoi divertir pour la journée. Alors que Hugues l'abandonna quelques instants, elle ne resta pas seule bien longtemps puisqu'Henri vint jusqu'à elle, lui aussi n'aimant pas ces protocoles trop long et ennuyeux.
« J’espère que le voyage ne t’a pas trop indisposée. Point du tout, une vraie promenade de santé ! répondit-elle avec grand sourire. Pour ma part je n’ai jamais connu de voyage aussi ennuyeux ! J’ai dû me battre avec mes conseillers pour ne pas voyager dans leur maudite voiture, au lieu de quoi je les ai forcés à chevaucher à mes côtés s’ils voulaient me parler de la conduite à tenir devant le roi ; comme si je n’avais pas assez de tenue. C'est vrai que tu es réputé pour ta tenue, cela est bien connu ! Et puis tes conseillers ont pu prendre l'air, cela ne leur a pas fait de mal, tout le monde est arrivé en vie à ce que je sais. » se moqua t'elle.
Malgré son visage d'ange et sa jeunesse, Béatrice ne manquait pas de mordant, pouvant un peu piquer mais avec le sourire et un regard angélique, cela n'en était que plus traître et plus trompeur. La douce colombe d'apparence avait un caractère bien trempé et la cour normande avait pu enfin la laisser s'exprimer librement, quitte à faire de nombreuses bêtises mais qui n'avaient pas vraiment de lourdes conséquences sur elle, ce n'était que de simples jeux, même si elle pouvait parfois s'en prendre à plus fort que soi, en terme d'âge, de taille, de titres. Mais l'esprit frondeur de la Breteuil, qui avait su se forger une carapace durant son enfermement, avait appris à déjouer ses adversaires, du moins certains d'entre eux. Alors se moquer gentiment de quelques conseillers et même un peu d'Henri n'était pas bien méchant, surtout pour ce dernier auquel elle tenait particulièrement.
« Mais un chevalier n’est rien sans les couleurs de sa dame, alors avec ta permission, j’arborerai fièrement celles de la plus belle femme de Normandie. Et je gagnerai toutes les parties, évidemment. C'est évidemment grâce aux couleurs de la plus femme de Normandie … Mais qui est-elle ? J'en suis presque jalouse. Elle éclata de rire, se moquant d'elle-même pour cacher le léger rouge sur les joues, les compliments, sincères bien sûr, lui faisaient toujours cet effet. Je te les donnerais à la condition que tu gagnes bien sûr ! Et que j'en retire tout le mérite, accessoirement … »
Le tournoi n'allait plus tarder à commencer, il fallait laisser le temps à Henri de se préparer, enfiler tout l'ensemble pour aller combattre, même si cela signifiait jouer aux yeux du Plantagenêt. Lui donnant son étole, puisqu'il était coutume de mélanger la chevalerie et l'amour courtois, et l'embrassa doucement avant de le laisser, un peu à contrecœur car on ne sait jamais ce qui pouvait se passer dans ce genre de tournoi, même si elle faisait entièrement confiance à Henri dans ce domaine. Allant enfin s'asseoir dans les gradins où l'attendait son amie Flore d'Evreux avec un large sourire aux lèvres.
« Tu as laissé partir ton aimé ? Il était temps. Que tu es médisante ! Je le serais moins quand tu sauras ce que j'ai entendu … »
Oui, il était temps de se retrouver entre amies pour faire quelques cancans, et observer le tournoi, qui allait commencer …
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| | | Henri de Champagne
PREUX CHEVALIER ☩ L'honneur en armure, La bravoure en bouclier, La gloire en étendard
Messages : 605 Date d'inscription : 10/12/2012 Localisation : Entre mes terres de Champagne, celles de mon frère à Blois, la cour de Louis VII et Châteauroux
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Jeu 28 Fév - 21:18 | | Henri de Champagne a dit: | Henri de Champagne était parvenu à ses fins et il sentit un sourire naître sur ses lèvres quand la dame de Déols accorda ses faveurs à son petit frère. Il n'avait pas espéré beaucoup de choses de cette rencontre, certainement pas que ces deux têtes de mule finissent miraculeusement par comprendre qu'une union entre leurs deux familles était pour le mieux – et était logique d'un point de vue autant territorial que dynastique –, aussi ces premiers mots, malgré leur aigreur, lui convenaient à défaut de réellement le réjouir. Thibaud particulièrement n'avait aucune raison de rechigner à une telle union car si Sybille avait un caractère certain, Henri pensait vraiment qu'elle pouvait s'apprivoiser, ne partageaient-ils pas eux-mêmes d'excellents moments autour du petit Aymeric lorsqu'il se rendait à Châteauroux ? Et il fallait bien avouer qu'elle n'avait pas un physique désagréable, ne pouvait-on pas apprendre à l'apprécier ? Quant à elle, elle se rendrait bien compte que Thibaud était un chevalier plein de bravoure et de courage. Pour cela, Henri comptait sur le tournoi pour le démontrer de manière éclatante... Il ignorait encore à quel point il s'était fourvoyé à ce propos. Pour le moment, la dame de Déols avait accepté de prendre son bras et ce fut ainsi qu'ils parvinrent au pied des gradins composés d'une multitude de couleurs chatoyantes, ces dames ayant sorti leurs plus beaux atours en cette occasion spéciale. La délégation normande avait amenée avec elle de nombreuses femmes qui rivalisaient de jeunesse et de beauté et Henri dut admettre que lui qui connaissait la plupart des épouses et filles de chevaliers de la cour, de nombreux visages lui étaient inconnus. Rares étaient les hommes restés auprès d'elles sinon le roi lui-même, Louis VII qui arrivait en compagnie de son épouse Aliénor et en arborant une mine peu réjouie alors qu'il venait de remporter une victoire en obtenant la venue du comte d'Anjou et duc de Normandie... Victoire peut-être pas si évidente si le Plantagenêt parvenait à s'illustrer au détriment de son seigneur.
Ce fut la voix de Sybille et son ton ennuyé qui détournèrent Henri de ses réflexions : - Vous savez que vous ne me ferez pas changer d’avis ? J’admire vos efforts, mais tout ceci était inutile. - On ne peut reprocher à un homme d'avoir de l'espoir, plaisanta-t-il en la suivant sur les marches, alors que tous les regards étaient fixés sur le couple royal pour savoir quand serait donné le début du tournoi, et en ayant un petit sourire contrit alors qu'elle le regardait sévèrement. Il avisa ses sœurs installées à quelques rangs mais fut obligé de suivre Sybille qui venait de voir des personnes de sa connaissance. Sans qu'il comprît véritablement comment, il se retrouva au milieu de la famille maternelle de la jeune femme comme il le devina rapidement, les deux sœurs cadettes d'Amboise le fixant non sans curiosité. - Élisabeth, Hue, voici Henri, comte de Champagne, les présenta la dame de Déols tandis qu'Henri les saluait avec respect. - C’est donc vous, lança la deuxième, une jeune femme à la chevelure brune, avec une véritable douceur dans la voix qui fut contrebalancée par la suite de ses paroles : nous sommes... enchantées de vous rencontrer finalement. Henri trouva le sous-entendu très clair et fut pleinement conscient qu'il n'était pas là en terrain conquis. Il ignorait en quels termes Sybille avait bien pu parler de lui aux membres de sa famille – pas trop mal, espérait-il, après tout, il appréciait la jeune femme et avait les intérêts de son fils à cœur, aussi aurait-il été blessé de l'apprendre. Mais les contentieux entre leurs familles n'étaient pas que chimères. Au moment où ils se parlaient, leur père et leur frère étaient toujours prisonniers du père d'Henri, Thibaud IV ayant insisté pour régler seul ce « dernier problème » comme il l'appelait avant de disparaître. - C'est aussi mon cas, ajouta-t-il néanmoins avec son éternel sourire qui rendait sa compagnie agréable avant d'avancer un compliment facile, croyez bien que j'étais impatient de me rendre compte par moi-même si vous étiez toutes aussi charmantes que votre sœur aînée et tel est le cas, me voilà chanceux. J'ai appris que l'une d'entre vous était mariée à un vassal du duc de Normandie ? Va-t-il combattre ? La conversation fut interrompue par le début des combats et Henri se retourna brièvement pour simplement vérifier que ce n'était pas l'un de ces hommes en lice. Mais aucun des deux blasons n'arboraient les couleurs bleue et blanche aussi se retourna-t-il mais se faisant, il s'aperçut qu'une petite fille s'accrochait à lui. C'était Adèle suivie des autres sœurs de Blois qui avaient décidé de les rejoindre. - Ils doivent avoir l'âge de mon frère, commentait Sybille sans s'être aperçue des nouvelles arrivantes mais de manière à remuer le couteau dans la plaie, il n'est pas mauvais, il aurait sans doute fait bonne impression aujourd'hui... - S'il est comme son hutin de père, on sait bien quel genre d'impression il aurait donné, s'écria une voix moqueuse non loin mais même l'observateur Henri ne put voit d'où cela venait. Ce qui était certain en revanche, c'est que Mathilde dissimula un sourire en faisant mine de s'adresser à la petite Adèle. - Je suis certain que votre frère est aussi brave que ces chevaliers, avança Henri, pour la première fois un peu gêné même si le moqueur n'avait pas totalement tort, avant d'enchaîner rapidement pour faire oublier cette mauvaise impression, à mon tour de vous présenter mes sœurs, Isabelle, Mathilde, Agnès et la petite dernière est Adèle. Voici Sybille de Déols et ses deux sœurs, Hue et Élisabeth. Alors que les jeunes femmes se saluaient, Isabelle donnant l'exemple par son grand sourire, Adèle avec son impulsivité habituelle s'adressa directement à la dame de Déols en s'approchant d'elle, non sans un sérieux amusant pour une petite fille de son âge : - Alors, c'est vous qui allez être notre belle-sœur ? Je suis heureuse de savoir que vous allez rentrer dans la famille et vous êtes très belle et très gentille. N'est-ce pas, Henri ? Le comte de Champagne bien conscient du regard noir que devait lui lancer Sybille ne put s'empêcher de rire à ces paroles bien naïves et serra doucement sa sœur contre lui : - La dame de Déols n'est pas encore décidée à faire partie de notre famille mais peut-être sauras-tu la convaincre ? - Mais pourquoi ? Insista Adèle, ne nous apprécie-t-elle pas ? Pour éviter à Sybille de devoir répondre à cette question, il renvoya la petite dans les jupes de son aînée et avisant la lice, il s'exclama : - Oh mon frère va mener son premier combat, il est contre ce chevalier du Nord, le préféré du roi, Jan Fergusson, le connaissez-vous ? C'est un redoutable adversaire ! Malgré lui, Henri sentit une pointe de fierté en voyant la haute stature de son frère en armure brandissant l'étendard des Blois-Champagne qui flottait au vent. Oubliées les conversations désagréables ou les calculs matrimoniaux, il observait désormais le spectacle avec attention, l'air réjoui. |
| | | Thibaud de Blois ϟ Lord of Treason ϟ
Messages : 179 Date d'inscription : 11/12/2012
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Mer 13 Mar - 0:09 | | Thibaud de Blois a dit: | Heureusement qu’il y avait le tournoi pour faire oublier à Thibaud ce moment plus que contrariant. Les émotions défilaient dans l’esprit du jeune homme, toutes plus intenses les unes que les autres. Il en avait toujours été ainsi, il était chaque fois obligé de refouler chacun de ses sentiments jusqu’à l’explosion. C’est pourquoi ses colères étaient célèbres : un peu trop entier dans ses émotions, le jeune comte expulsait toutes ses frustrations en une seule fois, aussi intenses qu’elles l’avaient abordé. Et cette histoire de mariage pour lequel il ne connaissait aucun engouement faisait partie de ces émois qu’il emmagasinait jusqu’au moment où il n’y aura plus la place pour le garder et où il devra l’évacué d’une façon ou d’une autre. Et le fait que la dame ne semblait pas plus enjouée que lui à cette idée ne le tranquillisait pas : on racontait tant d’histoires sur des prétendants de la belle, morts mystérieusement. Mais il laissa là ses ennuis matrimoniaux, l’heure était au tournoi. Portant son heaume sous le bras, sa longue démarche dégingandée alourdie par le port de l’armure, c’est ainsi qu’il rencontra Jan Fergusson. C’était un homme dont l’honneur se lisait sur le visage. Thibaud vit immédiatement pourquoi Henri l’estimait. Il redoubla donc de concentration. - Bien le bonjour Monseigneur. Je suis votre premier adversaire apparemment. C'est un honneur. - Et pour moi également Monseigneur. Je n’ai pas encore eu le bonheur de vous rencontrer mais mon frère a été l’un de vos compagnons lors de la croisade ce me semble. Thibaud pensait, tout naturellement, que si Henri ne pensait que du bien de monseigneur Fergusson, l’inverse était forcément vrai. Sûrement s’étaient-ils bien entendu. Fergusson, par ailleurs, semblait avoir une belle maitrise de la langue française malgré un accent prononcé et une articulation légèrement hésitante. Thibaud ne pouvait se défendre d’être impressionné par le fait qu’il allait affronter le favori du roi. Un premier adversaire aussi prestigieux avait de quoi intimider mais Thibaud avait appris à transformer ce genre d’angoisse en adrénaline. Il ne se maitrisait jamais autant qu’avant une bataille, même s’il ne s’agissait que d’une joute. Il n’avait pas encore eu vraiment l’occasion de faire ses preuves à la guerre. C’est alors que le signal retentit, à la tribune royale, la reine Aliénor laissa choir son mouchoir au sol annonçant que le tournoi débutait. Cette femme était une autre raison qui faisait que Thibaud ne voulait absolument pas perdre la face : il la haïssait tandis qu’elle le méprisait. Encore une rancune qu’il était forcé de refouler. Puisqu’il ne pouvait lui rendre la monnaie de sa pièce, il se jurait de ne lui fournir aucune raison de se moquer de lui. - Eh bien monseigneur, je crois que ce sera bientôt à notre tour. Bonne chance à vous !Il le salua avec une chaleur sincère. Cet homme lui faisait une excellente impression. Il fit signe au jeune garçon qui lui servait d’écuyer de nouveau parfaitement concentré : il en faudrait peu pour qu’il ne morde la poussière, le sieur Fergusson était redoutable. Remonté à bloc, il se rendit à sa tante afin de terminer de s’équiper. Il monta en selle, son heaume sous le bras pour se rendre en lice. Tandis que le palefrenier menait son cheval, l’écuyer trottinant derrière en tenant sa lance. Thibaud était déterminé désormais. Il gagnerait, il le fallait. Pour Henri qui lui avait fait confiance, pour faire bonne impression à la dame de Deols même s’il ne souhaitait pas l’épouser, pour rabattre le caquet de la reine ainsi que pour honorer le sieur qu’il s’apprêtait à l’affronter en lui offrant soit une victoire difficile soit une défaite plus qu’honorable. Il se mit en place et attendit son tour. - Spoiler:
Voilà, c'est court et je n'ai pas beaucoup avancé, mais on va faire un peu durer le suspens, vu que j'ai l'accord d'un de des deux combattants suivants pour faire trainer, je saisis l'occasion! Désolée que ça soit si court, l'accouchement fut assez difficile. Dis-moi si tu veux que je reprenne ou développe un point
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| | | Henri Plantagenêt
Où apparaît la force, le droit commencer de rayonner
Messages : 401 Date d'inscription : 01/07/2012 Localisation : Angers, le Mans, l'Angleterre, et bientôt Paris...
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Dim 7 Avr - 16:11 | | Henri Plantagenêt a dit: | Il fallait le reconnaître, parfois Henri se demandait quelle étoile pouvait bien veiller sur lui pour avoir placé Béatrice sur sa route. Ce n’était pas comme si il était le jeune homme le plus vertueux ou le plus méritant de tous après tout, mais il fallait croire qu’il avait gagné un bras de fer sans le savoir là-haut et que c’était bien à lui qu’on avait daigné accorder cet honneur. Béatrice représentait tout ce que le Plantagenêt pouvait admirer chez une femme : la beauté, l’esprit, l’humour, un certain caractère sans être une dominatrice enragée ingérable comme sa mère ou une autre blonde qu’il avait bien connue. Si au départ elle avait surtout été un coup de cœur, comme d’autres avant elle, elle avait été la seule à savoir s’imposer et réussir à le garder, non pas à force de chantage ou de larmes comme certaines femmes savaient si bien le faire, mais en trouvant le moyen de renouveler sans cesse la flamme qu’elle avait réussi à faire naître en lui. Et parole de Plantagenêt, c’était bien la seule. Après tout, il était encore jeune et n’avait pas l’intention de s’embarrasser tout de suite avec les complexités de l’amour –naïf qu’il était- mais il était bien obligé de reconnaître qu’il était profondément attaché à son amante, et que pour rien au monde il n’avait envie de la délaisser pour aller voir ailleurs. Ce qu’il ignorait, c’était que cette conviction allait bientôt s’évanouir pour des motifs bien moins glorieux encore que la simple poursuite d’une passion.
« C'est évidemment grâce aux couleurs de la plus femme de Normandie … Mais qui est-elle ? J'en suis presque jalouse. » se moqua-t-elle en riant sous le regard non moins amusé d’Henri qui la connaissait assez pour détecter le regain de couleurs sur ses joues. « Comme si tu l’ignorais, petite fille. » répliqua-t-il, utilisant ce surnom qu’il savait apte à la faire tiquer –surtout qu’ils n’avaient après tout qu’un an d’écart. « Je te les donnerais à la condition que tu gagnes bien sûr ! Et que j'en retire tout le mérite, accessoirement … » « Je m’arrangerai pour qu’un troubadour écrive une chanson à la gloire de Béatrice de Breteuil, la seule femme à avoir réussi à battre un chevalier par le pouvoir de la pensée. Allez, va rejoindre ton amie d’Evreux, avec un peu de chance ça te permettra d’éviter ma mère. » conclut Henri qui n’était pas sans ignorer la guerre qui opposait les deux femmes les plus importantes de sa vie. Une guerre qu’il se contentait d’arbitrer de loin, ces histoires de femmes étant trop compliquées à ses yeux, mais s’il pouvait épargner ces disputes à Béatrice le temps des festivités, tant mieux. Après qu’elle l’eut embrassé, il lui dédia un sourire assuré et un clin d’œil qui semblait vouloir dire « ne t’inquiète pas, c’est dans la poche », et se détourna enfin pour aller s’équiper. Henri Plantagenêt n’était pas très expansif dans ses sentiments, encore moins en public, mais porter les couleurs de Béatrice et possiblement gagner la joute serait sa manière à lui de les exprimer. Il était un guerrier, pas un poète.
Se dirigeant vers les tentes où il pourrait retrouver Manech afin de s’équiper pour la joute, Henri aperçut une silhouette familière dans les gradins. Reconnaissant son cousin Henri de Champagne qui conversait avec une jeune femme blonde dont il ne discernait pas très bien les traits, il décida de faire un court détour –de toute façon il avait le temps, la première joute ne faisait que commencer.
« Bonjour à nouveau, mon cousin ! » lança-t-il avec son assurance coutumière en s’approchant de lui. « Je pensais bien vous trouver dans le public… C’est bien Thibaud qui s’apprête à jouter, n’est-ce pas ? Je suis impatient de voir ça, son adversaire est réputé pour être redoutable, mais je suis sûr que Thibaud va lui donner du fil à retordre. »
Puis, se tournant vers la jeune femme pour lui présenter ses hommages, il fut coupé en plein élan par la stupéfaction. Stupéfaction qui se mua bien vite en sourire un tantinet teinté d’ironie…
« Ca alors, dame Sybille… Voilà un visage que je ne m’attendais pas à revoir de sitôt, et encore moins auprès de mon cousin. Le monde est décidément bien petit. J’espère que vous profitez bien du spectacle et que mon cousin est de bonne compagnie –ce dont je ne doute pas. Quel est donc le chevalier qui aura l’honneur de porter vos couleurs ? »
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| | | Sybille de Déols Per aspera AD ASTRA ✫
Messages : 559 Date d'inscription : 11/12/2012 Age : 31 Localisation : Sur mes terres de Châteauroux, sur celles de ma famille ou à la cour.
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Mar 9 Avr - 22:56 | | Sybille de Déols a dit: | Si Hue et Elisabeth ne savaient visiblement quelle attitude adopter face au comte de Champagne, qu’elles ne connaissaient que ce que leur en avait dit leur soeur, c’est avant tout parce que celle-ci n’avait jamais exprimé d’avis tranché sur lui en leur présence ou dans ses lettres. Elle tempêtait plus volontiers contre Thibaud IV, qui détenait lui-même leur père et Hugues, que contre son fils, et évoquait assez peu le reste de ses préoccupations avec ses cadettes. Sybille leur faisait de toute façon confiance pour se faire leur propre opinion. Elle se contenta donc de les observer tour à tour, guettant une réaction sur leurs traits, et d’échanger avec Elisabeth un regard entendu tandis que Hue répondait par l’affirmative à la question qui lui avait été posée sur son époux. Sybille se prit à se sentir curieuse du jugement de ses soeurs, mais le début du tournois mit fin à ces considérations, et elle ne doutait de plus pas un instant qu’elle saurait absolument tout du jugement en question lorsque l’heure serait aux réunions familiales. La dame de Déols s’attacha donc à observer les cavaliers qui venaient d’entrer en lice, et si elle ne perdait, certes, jamais une occasion de rappeler à Henri ce qu’elle attendait de lui, les regrets qu’elle exprima quant à l’absence de son frère n’en étaient pas moins sincères. « S’il est comme son hutin de père, lança alors une voix derrière elle, on sait bien quel genre d’impression il aurait donné ! » Sybille se retourna assez vivement, et si elle ne le vit pas parler, elle croisa le regard goguenard de Jean de Preuilly, comte de Vendôme, qu’elle ne connaissait pas autrement que comme l’homme que son « hutin de père » avait un jour fait enfermer à Amboise. « Ainsi parlent les vaincus, répondit-elle simplement après lui avoir jeté un regard noir, juste assez fort pour être certaine d’être entendue. - Je suis certain que votre frère est aussi brave que ces chevaliers, glissa Henri sans obtenir de réponse : Sybille venait de remarquer les quatre jeunes femmes qui les avaient rejoints. À mon tour de vous présenter mes sœurs, Isabelle, Mathilde, Agnès et la petite dernière est Adèle. Voici Sybille de Déols et ses deux sœurs, Hue et Élisabeth. »
À son habitude, la jeune châtelaine retrouva un sourire avenant, dissimulant son agacement, et salua les nouvelles venues, aussitôt imitée par ses propres soeurs. Elle allait ajouter quelques mots d’usage quand la plus jeune, Adèle, vint se poster face à elle. « Alors c’est vous qui allez être notre belle-soeur ? demanda la fillette le plus sérieusement du monde. Je suis heureuse de savoir que vous allez rentrer dans la famille et vous êtes très belle et très gentille. N’est-ce pas, Henri ? » Sybille, quoi qu’elle eût gratifié le comte d’un regard éloquent durant cette petite tirade, esquissa une moue amusée. « Est-ce ton frère qui t’as dit tout ça ? suggéra-t-elle en se penchant sur la demoiselle. - La dame de Déols n'est pas encore décidée à faire partie de notre famille mais peut-être sauras-tu la convaincre ? - Mais pourquoi ? Ne nous apprécie-t-elle pas ? » L’intéressée avait beau sourire, elle ne sut que répondre à l’enfant, que son frère eut le bon goût de renvoyer vers ses aînées. Sybille se garda du moindre commentaire et comme pour dissiper le court silence qui s’était installé, tous détournèrent leur attention sur les lices, où le comte de Blois venait de faire une entrée fort à propos. « Oh mon frère va mener son premier combat, lança Henri, il est contre ce chevalier du Nord, le préféré du roi, Jan Fergusson, le connaissez-vous ? C'est un redoutable adversaire ! »
Les deux chevaliers se faisant face ayant happé le regard de la jeune dame, elle ne répondit pas immédiatement. Elle détailla un instant Jan puis son adversaire, tout en songeant qu’elle n’avait pas vu le premier depuis bien longtemps. « Assez bien, oui, finit-elle par répondre, avant de lever les yeux vers son Henri. Nous avons... » Du comte de Champagne, son regard perçant était passé à la foule qui se massait dans les gradins et c’est la silhouette qu’elle y distingua qui l’interrompit. Henri Plantagenêt se trouvait là, et venait résolument dans leur direction. Les traits fermés soudain, elle haussa un sourcil, et garda le silence tandis que les deux cousins se saluaient. Cette journée ne commençait définitivement pas sous les meilleurs auspices. En effet, s’il ne l’avait pas remarquée de prime abord, le Normand se tourna bien vite vers la jeune femme, et l’air avenant avec lequel il s’apprêtait à la saluer le quitta aussitôt. Sybille, quant à elle, s’était de nouveau drapée dans sa froideur. « Ça alors, dame Sybille… Voilà un visage que je ne m’attendais pas à revoir de sitôt, et encore moins auprès de mon cousin. Le monde est décidément bien petit. » Un peu trop petit, songea l’intéressée. Mais elle n’en souffla pas mot. - Je ne peux en dire autant : tout le monde ne parle que de vous, si bien qu’on a l’impression de pouvoir vous croiser à tout moment, répliqua-t-elle avec un humour feint. - J’espère que vous profitez bien du spectacle et que mon cousin est de bonne compagnie – ce dont je ne doute pas. Quel est donc le chevalier qui aura l’honneur de porter vos couleurs ? » La question tira une moue indéfinissable - agacée à vrai dire - à la jeune dame qui considéra un instant les deux chevaliers qui constituaient à ses yeux une association peu souhaitable, avant de se détourner vers les lices pour désigner l’un des combattants. « Vous l’avez sous les yeux : le comte de Blois me fait cet honneur. »
À l’instant où elle prononçait ces mots, le comte en question et le Suédois s’élançaient l’un contre l’autre. Sybille les observa avec attention, avec l’espoir farouche de voir Jan triompher. Mais il devait être dit qu’elle n’obtiendrait rien de cette journée, car il n’en fut rien. Un sourire crispé lui échappa. « Et quel honneur. Vous devez être fier de lui, ajouta-t-elle avec un regard entendu à l’intention d’Henri. Enfin, elle se tourna à nouveau vers le Normand. N’allez-vous pas combattre ? On m’a vanté vos exploits, j’attends avec impatience de les voir de mes propres yeux. » Elle se moquait en vérité éperdument des exploits de Plantagenêt. Mais il lui fallait bien donner le change. Et avec un peu de chance, il se battait bientôt, et ainsi, ne s’éterniserait pas. |
| | | Jan Fergusson ϟ Lord of Treason ϟ
Messages : 85 Date d'inscription : 10/12/2012 Age : 35 Localisation : Auprès du roi
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Mar 16 Avr - 19:40 | | Jan Fergusson a dit: | Jan se crispa un peu à la mention d'Henri. Il aurait été difficile d'y couper cependant et comme il s'y attendait un peu, il réussit à faire bonne figure. Penser à son ancien frère d'arme juste avant le tournoi n'allait pas l'aider à se concentrer, loin de là. Il s'efforça donc de se départir de tout sentiment personnel pour afficher une neutralité teintée de déférence. Du moins, essayer.
- C'est exact, j'ai eu cet honneur.
Il ne chercha pas à entrer dans les détails. Pour lui il était évident que Thibaud était au courant du différent entre les deux hommes, mais à voir l'expression du plus jeune frère, il en était moins persuadé. Il s'attendait à de la froideur ou du mépris, d'autant plus que Jan était d'un rang bien inférieur au sien ; néanmoins Thibaud affichait une certaine admiration qui avait l'air sincère. Le chevalier se demanda s'il s'agissait d'une manœuvre ou non. A première vue, il trouvait le jeune homme sympathique, mais il y avait trop d'Henri en lui pour ne pas se méfier.
Le signal du début de la joute fut lancé, et ils se saluèrent une dernière fois avant d'aller se préparer. Jan trouva Mjöllnir complètement et impeccablement harnaché, comme il s'y attendait. Gaël l'aida à monter sur son cheval et lui tendit son heaume. Il s'en équipa sans tarder, soulagé d'avoir une bonne excuse pour ne pas montrer son visage. Cela l'aida à se concentrer et à se détacher de toute l'effervescence qui bourdonnait autour de lui. Il se dirigea vers la lice, la taille imposante de Mjöllnir suffisant à dégager rapidement son chemin, et attendit son tour, constatant du coin de l'oeil que Thibaud arrivait lui aussi.
Pendant ce bref temps de latence, Jan observa la foule qui se massait dans les tribunes, à la recherche d'un visage familier. Il n'avait guère d'enjeux dans ce tournoi, si ce n'était que faire honneur à son roi, mais cela ne l'empêcherait pas de faire de son mieux pour gagner. Cela ne serait sans doute pas trop dur, se dit-il ; Thibaud était bon, à ce qu'on disait, mais il était jeune et avait loin d'avoir l'expérience de Jan.
Enfin ils furent appeler. Thibaud entra le premier, suivi par Jan qui galopa le long de la lice, brandissant la bannière du roi sous les acclamations de la foule. Il se doutait qu'il ne partait pas favori, mais s'en moquait assez, n'étant pas là pour récolter des applaudissements. Il se mit en place au bout de la lice et Gaël lui tendit sa lance. Jan se prépara autant physiquement que mentalement, rassemblant la concentration nécessaire, se coupant des acclamations de la foule et du raffut alentour. Ce n'était pas seulement une histoire de gagner ; c'était important bien sûr, mais pas autant que de rester en vie. Et une erreur pouvait vite mener à une blessure grave voir pire. Il s'agissait quand même de foncer sur un autre type en armure lancé lui aussi à plein galop. Jan avait vu assez d'accidents de joute pour vouloir éviter de finir broyé, traîné ou piétiné. Il rajusta son bouclier et son heaume, saisit fermement sa lance, stabilisa ses pieds dans les étriers et fixa Thibaud du regard. Il était prêt.
Lorsque le signal du départ fut lancé, Jan n'eut même pas à encourager Mjöllnir à avancer ; l'animal était trop habitué et s'élança à pleine vitesse de lui-même, collé contre la lice. C'était l'avantage d'avoir un bon cheval qui savait ce qu'il avait à faire, la partie pilotage était au moins limitée. Jan sentit l'excitation lui montait à la tête alors que les deux jouteurs fonçaient l'un contre l'autre.
La lance de Jan ripa contre le bouclier de Thibaud, y laissant une profonde éraflure mais non suffisante pour les déstabiliser. Il jura intérieurement, contrarié d'avoir mal géré l'angle d'attaque. De son côté, Thibaud avait tapé près de son épaule, manquant de le faire tomber. Jan reprit le contrôle de sa monture et l'arrêta au bout de la piste, la remettant en face pour le second tour. Son épaule l'élançait et il craignait de se laisser déstabiliser au prochain assaut. Il ne fallait pas qu'il se laisse avoir comme la première fois. Ils s'élancèrent de nouveau. |
| | | Henri de Champagne
PREUX CHEVALIER ☩ L'honneur en armure, La bravoure en bouclier, La gloire en étendard
Messages : 605 Date d'inscription : 10/12/2012 Localisation : Entre mes terres de Champagne, celles de mon frère à Blois, la cour de Louis VII et Châteauroux
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Mar 4 Juin - 17:45 | | Henri de Champagne a dit: | Si Henri de Champagne s'était tourné du côté des lices, délaissant un instant ses sœurs et écoutant d'une oreille distraite la réponse de Sybille de Déols à sa question sur Jan Fergusson, il ne profita pas très longtemps du spectacle que leur offrait son frère, du moins pas assez à son goût. Il ne tremblait pas un seul instant pour son cadet car il était le mieux placé pour savoir que Thibaud était un redoutable chevalier et qu'il faisait merveille dans les tournois mais ce qui lui plaisait davantage, c'était l'excitation avant de s'élancer tandis que les chevaux piaffaient d'impatience car ils ressentaient la peur de leur cavalier, c'était l'inquiétude au moment où le choc se faisait, alors que des exclamations parfois enthousiastes, souvent admiratives, montaient des gradins, c'était l'incertitude de l'issue de la rencontre car il ne suffisait pas d'être doué pour vaincre son adversaire. Mais alors que les combattants s'élançaient, il entendit une toute autre voix que celle de la jeune femme blonde, une voix qu'il connaissait là aussi parfaitement bien, même s'il n'avait pas l'occasion de l'entendre souvent car l'accent d'assurance qui s'y entendait ne pouvait avoir qu'un propriétaire. - Bonjour à nouveau, mon cousin ! C'était évidemment Henri Plantagenêt qui s'approchait d'eux et le comte de Champagne se détourna juste à temps pour le saluer et lui adresser son éternel sourire chaleureux même s'il se crispa involontairement car, pour une raison toute personnelle, il n'avait guère envie d'être surpris par son cousin en compagnie de la dame de Déols. - Je pensais bien vous trouver dans le public... - Je profite du temps qu'il me reste avant d'aller jouter à mon tour, répliqua Henri en guise d'explication mais son cousin, traversant encore quelques rangées pour les atteindre l'écoutait à peine. - C’est bien Thibaud qui s’apprête à jouter, n’est-ce pas ? Je suis impatient de voir ça, son adversaire est réputé pour être redoutable, mais je suis sûr que Thibaud va lui donner du fil à retordre. - C'est bien lui à droite sur le destrier noir, il porte l'écu bleu et blanc de notre famille, couleurs qui étaient celles des Blois de manière générale mais Henri n'insista pas, je sais que vous connaissez bien Thibaud et ses aptitudes... Et vous savez que ni lui ni moi n'abandonnons aussi facilement, j'ai toute confiance en lui.
Mais si Henri bavardait avec une certaine insouciance, il n'attendait que l'instant où l'Angevin se tournerait du côté de Sybille pour la saluer. Et de fait, il ne fut pas déçu par sa réaction car le jeune homme blond parut un instant stupéfait avant de se reprendre bien vite, un mince sourire aux lèvres. Face à lui, la jeune femme paraissait s'être transformée en glace et les traits qu'Henri avait pris plaisir à voir s'animer s'étaient refermés en une expression butée. - Ça alors, dame Sybille… Voilà un visage que je ne m’attendais pas à revoir de sitôt, et encore moins auprès de mon cousin. Le monde est décidément bien petit. Maintenant qu'il ne pouvait échapper à ce face à face, l'observateur Champenois avait légèrement reculé pour mieux observer le couple devant lui, sans perdre une miette de ce spectacle finalement aussi intéressant que celui qui se passait dans les lices qu'il parvenait à suivre au fil des exclamations du public. Son regard brun passait de l'un à l'autre et, toujours en silence, il croisa les bras sans se départir de son sourire faux. La dame de Déols et le Plantagenêt l'ignoraient mais il savait bien plus de choses sur leur relation que toute autre personne, grâce à son informateur à Châteauroux. Sybille avait bien gardé le secret sur la naissance de son second enfant, le petit Guillaume et pourtant... Il était presque étrange de les voir discuter ainsi, avec tant d'animosité, comme s'ils jouaient aux échecs, si bien que le comte ne put s'empêcher de se demander ce dont il en retournait réellement. - J’espère que vous profitez bien du spectacle et que mon cousin est de bonne compagnie... - Comment osez-vous ? Fit mine de s'indigner Henri dans un éclat de rire. - ...Ce dont je ne doute pas, compléta l'Angevin, quel est donc le chevalier qui aura l’honneur de porter vos couleurs ? Alors que Sybille répondait, l'attention d'Henri fut un instant détournée par un nouvel assaut décisif entre son frère et le Suédois avec lequel il était allé en croisade, assaut qui fut à l'avantage de Thibaud. Ce fut la jeune femme blonde qui fut la première à commenter. - Vous devez être fier de lui, dit-elle en lançant un regard vers Henri. - Je le suis toujours, répondit celui-ci, et ce sont vos couleurs qu'il défend, j'espère que cette fierté est partagée.
Mais à nouveau, la dame de Déols se détourna vers l'Angevin comme si son premier interlocuteur ne comptait guère ce qui laissa à penser à Henri que son cœur n'était peut-être pas aussi froid qu'elle voulait bien le montrer. Mais quelle était donc la passion qui y brûlait ? Et cela pouvait-il mettre en danger les projets qu'il avait commencé à construire pour son frère ? - N'allez-vous pas combattre ? On m'a vanté vos exploits, j'attends avec impatience de les voir de mes propres yeux, continua la jeune dame. - J'ose souhaiter que vous serez déçue car c'est contre moi que mon cousin va jouter, s'exclama Henri dans une tentative d'humour, tout en tapotant l'épaule de Plantagenêt, d'ailleurs nous n'allons pas tarder à aller nous préparer, n'est-ce pas, mon cousin ? Ma dame, j'espère que le spectacle ne vous décevra pas et je vous laisse choisir en votre âme et conscience lequel d'entre nous vous allez soutenir ! Il souriait cette fois-ci franchement car l'ironie transparaissait presque derrière son ton joyeux. De plus, il n'accordait pas d'importance exacerbée à une quelconque victoire tant il ne combattait que pour la beauté du geste même si défendre ses couleurs lui était essentiel. Mais avant de s'éloigner, car il leur restait encore du temps avant que leur tour ne vienne, il ne souhaitait pas que ses deux compagnons s'en sortent à si bon compte. Sans être proprement machiavélique, il trouvait que son observation n'avait pas été proprement satisfaite, aussi lança-t-il de manière innocente : - Mais dites-moi, aucun de vous ne m'a jamais dit qu'il connaissait l'autre ! Je sais que le monde est petit mais je serais curieux de savoir comment vous vous êtes rencontrés. Et pourquoi vous semblez si familiers aujourd'hui. Une fois encore, il croisa les bras et leur adressa un sourire désarmant, sans les quitter des yeux pour ne perdre aucune de leurs réactions, même s'il sentait sur lui les regards de sa famille et sans doute celui plus lointain du roi qui avait dû remarquer les retrouvailles dans les gradins entre deux de ses seigneurs les plus puissants. |
| | | Henri Plantagenêt
Où apparaît la force, le droit commencer de rayonner
Messages : 401 Date d'inscription : 01/07/2012 Localisation : Angers, le Mans, l'Angleterre, et bientôt Paris...
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Sam 2 Nov - 16:07 | | Henri Plantagenêt a dit: | Si en temps normal il aurait probablement évité la compagnie de Sybille de Déols, Henri ne pouvait s’empêcher de se sentir curieux à la vision pour le moins surprenante de son cousin et de cette femme réputée pour son indocilité et son indépendance –deux qualités que le Plantagenêt aurait admirées si elles n’avaient constitué un obstacle à ses propres plans. Et le jeune duc savait pertinemment qu’aux jeux de cour le hasard n’était pas de mise, surtout quand la famille de Blois était impliquée. Il avait trop souvent eu affaire à eux pour imaginer le contraire. Certes il tenait Henri et Thibaud en bien plus haute estime qu’Etienne ou Eustache, mais bon sang ne saurait mentir, n’est-ce pas ? Aussi se demandait-il quel genre d’affaires pouvait bien conduire son cousin et la châtelaine de Déols à converser et ce qui les avait conduits à faire connaissance. Henri de Champagne essayait-il d’obtenir ce qu’Henri Plantagenêt lui-même n’avait pu obtenir ? Si tel était le cas, il lui souhaitait bien du courage. Tout en se disant qu’il allait falloir garder un œil sur cette affaire. Il savait que Sybille tenait trop à son indépendance pour céder facilement aux Champagne si c’était bien ses terres qui les intéressait, mais savait-on jamais ce qu’il pouvait advenir par la suite…
- N'allez-vous pas combattre ? On m'a vanté vos exploits, j'attends avec impatience de les voir de mes propres yeux. Lança Sybille en s’efforçant de conserver un air poli qui ne trompa guère l’Angevin –après tout, des trois protagonistes présents, le champenois était le seul à ignorer les liens qui unissaient réellement Henri et Sybille. Pour peu, on se serait cru dans une farce. Henri allait répondre sur le même ton lorsque son cousin lui coupa l’herbe sous le pied : - J'ose souhaiter que vous serez déçue car c'est contre moi que mon cousin va jouter, d'ailleurs nous n'allons pas tarder à aller nous préparer, n'est-ce pas, mon cousin ? « Vous avez lu dans mes pensées, votre frère et ce chevalier semblent en avoir presque fini. Mais n’ayez crainte mon cousin, quelle que soit l’issue de notre joute je nous crois tous deux assez redoutables pour offrir un spectacle digne de ce nom à notre amie ici présente. » répliqua Henri avec un sourire confiant. -Ma dame, j'espère que le spectacle ne vous décevra pas et je vous laisse choisir en votre âme et conscience lequel d'entre nous vous allez soutenir !
Henri ne se retint pas de sourire et jeta un regard vers Béatrice à quelques mètres de là, songeant qu’il n’avait guère besoin du soutien de Sybille de Déols. Mais Henri de Champagne posa alors une question à laquelle ni lui, si Sybille visiblement, ne s’attendaient.
- Mais dites-moi, aucun de vous ne m'a jamais dit qu'il connaissait l'autre ! Je sais que le monde est petit mais je serais curieux de savoir comment vous vous êtes rencontrés. Et pourquoi vous semblez si familiers aujourd'hui.
Le comte d’Anjou haussa un sourcil étonné, surpris de la curiosité de son cousin, et faillit avoir un sourire ironique en songeant à la tête qu’il ferait s’il lui disait la vérité tout de go. Surtout s’il avait effectivement des vues sur Châteauroux et fomentait quelque plan pour mettre la main dessus. Quel dommage que la bienséance et la prudence ne l’en empêchent, le spectacle aurait été des plus cocasses. Au lieu de quoi, il se contenta de sourire à nouveau avec toute la désinvolture du monde.
« Familiers, voilà un bien grand mot mon cousin. Mais j’ai effectivement eu l’honneur de rencontrer la dame de Déols il y a quelques temps de cela, alors que mes affaires me menaient du côté de Châteauroux. Vous n’êtes pas sans ignorer que l’Anjou est en guerre à l’heure actuelle et que nous sommes sans arrêt en train de chercher de nouveaux alliés, mais madame a préféré jouer la carte de la prudence et s’abstenir d’intervenir dans ce conflit – et je ne peux lui donner tort pour cette sage décision. » répondit-il en sachant pertinemment qu’à ce stade, ce n’était même plus de l’euphémisme, qu’il pratiquait, c’était le stade encore au-dessus. « Néanmoins nous avons été accueillis avec toute la courtoisie du monde, et je conserve de ce séjour un souvenir particulièrement chaleureux. »
Bon d’accord, il venait peut-être à l’instant de donner dans la provocation gratuite. Mais très honnêtement, épargner la sensibilité de Sybille de Déols à l’heure actuelle était le dernier de ses soucis, et la réaction de son cousin pouvait être intéressante, ou au moins amusante. Et surtout, l’Angevin n’en avait lui-même pas fini avec ses deux interlocuteurs.
« Mais permettez-moi de vous retourner la question à tous deux, je me demande bien ce qui peut amener les blésois du côté de Châteauroux, ou Châteauroux du côté des Blésois, c’est selon. » demanda-t-il en sachant très bien que jamais Sybille de Déols n’irait voir du côté des Blois si elle n’y était pas forcée. Elle tenait bien trop à son indépendance pour ça. « Vous sembliez si bien vous entendre juste avant que je n’arrive. Voilà qui démentira les rumeurs qui affirment que la famille d'Amboise est trop fière pour se plier à une quelconque amitié, même raisonnable. Je saurai quoi répondre aux prochains détracteurs que j'entendrai parler en de si mauvais termes. » |
| | | Sybille de Déols Per aspera AD ASTRA ✫
Messages : 559 Date d'inscription : 11/12/2012 Age : 31 Localisation : Sur mes terres de Châteauroux, sur celles de ma famille ou à la cour.
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Sam 8 Fév - 22:44 | | Sybille de Déols a dit: | Force était de constater que malgré son manège, ses propositions qu’elle n’avait de cesse de repousser et ses insistances, le comte de Champagne ne faisait pas tout à fait le poids face à son cousin Plantagenêt lorsqu’il s’agissait d’agacer la dame de Déols. Même la victoire que le jeune frère d’Henri semblait décidé à remporter dans la lice ne l’irritait pas autant que la présence de l’Angevin dont il lui semblait avoir bien trop entendu parler depuis quelques jours, elle qui n’avait pas eu la chance de pouvoir attendre ce jour de fête pour faire sa connaissance et aurait volontiers indéfiniment repoussé le moment de le croiser - ce dont elle n’avait pas l’intention, mais il était visiblement dit que rien durant ces festivités ne se passerait comme elle l’avait décrété. La clameur qui s’éleva soudain dans les tribunes et attira leur attention sur les cavaliers qui joutaient sous leurs yeux confirma cette pensée, et une moue aussi fugace qu’indéchiffrable aux lèvres, Sybille vit le comte de Blois désarçonner son adversaire, et remporter ainsi une victoire largement applaudie par le public des dames et seigneurs qui assistaient au tournois - victoire qu’elle se contenta pour sa part de commenter avec brièveté en se tournant vers Henri et sans prendre la peine de lui répondre par la suite car elle n’avait sans doute pas besoin de lui expliquer que la fierté n’était pas exactement ce qui l’étouffait en cet instant. Elle estimait qu’il la connaissait assez pour savoir faudrait plus qu’une victoire en tournois et un foulard noué au bras du jeune comte de Blois pour lui faire changer d’avis - si un tel changement était seulement possible.
Ce fut donc pour se tourner vers l’Angevin, donner le changer et tenter discrètement de le chasser en suggérant qu’il avait mieux à faire que la dame de Déols détourna son attention d’Henri de Champagne, mais quittant lui aussi la lice des yeux, il coupa l’herbe sous le pied de son cousin et répondit en premier. - J'ose souhaiter que vous serez déçue car c'est contre moi que mon cousin va jouter, d'ailleurs nous n'allons pas tarder à aller nous préparer, n'est-ce pas, mon cousin ? - Vous avez lu dans mes pensées, votre frère et ce chevalier semblent en avoir presque fini. Mais n’ayez crainte mon cousin, quelle que soit l’issue de notre joute je nous crois tous deux assez redoutables pour offrir un spectacle digne de ce nom à notre amie ici présente. - Ma dame, j'espère que le spectacle ne vous décevra pas et je vous laisse choisir en votre âme et conscience lequel d'entre nous vous allez soutenir ! Sybille considéra un instant les deux jeunes hommes, les gratifiant tous deux d’un regard qui indiquait assez bien à quel point l’idée d’une telle rencontre la laissait perplexe, et plus encore, celle d’avoir à décider de soutenir l’un d’entre eux. - Hélas, finit-elle par répondre avec un sourire mordant, il se trouve que j’ai déjà confié mon soutien à votre frère, comte. Je tâcherai donc de vous observer en toute impartialité, voilà qui m’évitera un dilemme. Dilemme qui, à bien y réfléchir, aurait sans doute pu se trancher en faveur du comte de Champagne, parce qu’il n’aurait pas déplu à la jeune dame de voir Plantagenêt mordre la poussière sans doute, mais elle se garda bien d’ajouter un mot à ce sujet.
Elle allait ajouter qu’il leur fallait sans doute se hâter vers leurs montures s’ils voulaient être prêts lorsque viendrait leur tour et offrir le spectacle promis quand le Champenois reprit la parole. - Mais dites-moi, aucun de vous ne m'a jamais dit qu'il connaissait l'autre ! Je sais que le monde est petit mais je serais curieux de savoir comment vous vous êtes rencontrés. Et pourquoi vous semblez si familiers aujourd'hui. La question, inattendue, désarçonna un instant Sybille qui n’avait pas la moindre envie d’évoquer la façon dont elle avait connu le comte d’Anjou avec Henri, qui par ailleurs, connaissait Guillaume et savait que le seigneur de Châteauroux mort à la croisade ne pouvait en être le père. Elle le dévisagea froidement, le temps pour Plantagenêt de laisser échapper un sourire ironique. - Familiers, voilà un bien grand mot mon cousin, lança-t-il. Mais j’ai effectivement eu l’honneur de rencontrer la dame de Déols il y a quelques temps de cela, alors que mes affaires me menaient du côté de Châteauroux. Vous n’êtes pas sans ignorer que l’Anjou est en guerre à l’heure actuelle et que nous sommes sans arrêt en train de chercher de nouveaux alliés, mais madame a préféré jouer la carte de la prudence et s’abstenir d’intervenir dans ce conflit – et je ne peux lui donner tort pour cette sage décision. Néanmoins nous avons été accueillis avec toute la courtoisie du monde, et je conserve de ce séjour un souvenir particulièrement chaleureux. Si l’ironie, perceptible dans tout le petit discours du comte d’Anjou, avait tracé sur les lèvres de Sybille un sourire vaguement amusé, il se fana à ces quelques derniers mots et elle dut retenir un regard outré dans sa direction, sachant pertinemment ce à quoi il faisait allusion. - Vous m’en voyez ravie, répondit-elle néanmoins avec tout le naturel possible, pour donner le change, en se gardant bien de préciser qu’elle gardait pour sa part de cette rencontre un souvenir particulièrement tangible, remuant, et aussi blond que ses deux parents. Ell ignorait alors qu’elle n’était pas aussi seule qu’elle le pensait à connaître l’identité du père de Guillaume, et que cette conversation avec bien plus de sens pour Henri de Champagne qu’elle ne le soupçonnait. Très ironiquement, seul Plantagenêt ignorait tout à fait la situation.
- Mais permettez-moi de vous retourner la question à tous deux, reprit ce dernier qui estimait visiblement n’en avoir pas assez fait, je me demande bien ce qui peut amener les blésois du côté de Châteauroux, ou Châteauroux du côté des Blésois, c’est selon. Vous sembliez si bien vous entendre juste avant que je n’arrive. Voilà qui démentira les rumeurs qui affirment que la famille d'Amboise est trop fière pour se plier à une quelconque amitié, même raisonnable. Je saurai quoi répondre aux prochains détracteurs que j'entendrai parler en de si mauvais termes. - C’est que notre amitié se mérite, rétorqua aussitôt Sybille qui sentait l’irritation poindre derrière son masque affable. C’est bien généreux de votre part, mais nous saurons répondre seuls aux mesquineries. Elle ajouta à ces paroles plus sèches que les précédentes un regard particulièrement froid en direction de l’Angevin, avant de continuer, décidée à en terminer avec ces charmantes retrouvailles. - Le comte de Champagne est le parrain de mon fils, Aymeric, que vous avez rencontré à Châteauroux. Nous échangions quelques nouvelles avant que vous ne nous interrompiez. Un sourire faussement avenant adoucit ce qu’il pouvait y avoir de rude dans ces derniers mots, mais Sybille eut néanmoins enfin le plaisir de voir Plantagenêt tourner les talons et s’éloigner, à l’instant même où les deux chevaliers qui joutaient se retiraient des lices pour céder la place aux suivants, dont l’un attira l’attention de la jeune dame de Déols qui préférait encore se préoccuper des exploits du comte de Blois plutôt que de Plantagenêt. - Voilà à nouveau votre frère qui entre en lice, lança-t-elle à Henri qui se trouvait toujours à ses côtés, savez qui doit être son adversaire ? A l’instant où elle prononçait ses mots, un second cavalier fit son apparition, et elle reconnu Geoffroy, ce qui eut pour effet de l’intéresser bien plus que quelques minutes auparavant à ce qui se passait dans les lices. Les deux hommes se lancèrent deux fois à l’assaut l’un de l’autre sans résultat. Ce n’est qu’à la troisième rencontre que Geoffroy, heurté de plein fouet par la lance de son adversaire, tomba à terre. Une salve d’applaudissements s’éleva pour saluer la victoire de Thibaud mais voyant que son ami ne se levait pas et qu’un page se précipitait vers-lui, Sybille fronça les sourcils. - Est-il blessé ? L’inquiétude ne troubla pas sa voix, pourtant, la victoire de Thibaud lui importait peu face à ce qu’il pouvait advenir de Geoffroy. |
| | | Henri de Champagne
PREUX CHEVALIER ☩ L'honneur en armure, La bravoure en bouclier, La gloire en étendard
Messages : 605 Date d'inscription : 10/12/2012 Localisation : Entre mes terres de Champagne, celles de mon frère à Blois, la cour de Louis VII et Châteauroux
| Sujet: Re: INTRIGUE : qui veut la paix... (première partie) Dim 9 Fév - 19:44 | | Henri de Champagne a dit: | Henri de Champagne avait croisé les bras, tourné vers ses interlocuteurs et épiait leurs réactions avec un demi-sourire. Puisqu'il n'avait pu échapper à cette rencontre imprévue et qu'il était obligé de garder la tête haute alors qu'il savait fort bien que le jeune Plantagenêt n'était pas dupe de l'intérêt que l'on pouvait avoir à converser avec la dame de Châteauroux, même s'il avait visiblement renoncé rapidement à parler avec Sybille lorsqu'il était venu lui rendre visite quelques années auparavant, il avait habilement retourné la situation en sa faveur. Il n'espérait rien apprendre de plus de leurs relations à vrai dire, mais avec une satisfaction cruelle, il nota leur surprise et l'instant de gêne qu'ils laissèrent paraître au moment où il leur demanda comment ils s'étaient connus. À vrai dire, il y avait même quelque chose d'étrange de les retrouver tous les trois là dans une tribune d'un tournoi parisien alors que leurs pères avaient passé leurs vies à se combattre les uns contre les autres avant de se trahir. Henri était un jeune garçon fasciné par la broderie représentant la conquête de l'Angleterre dans la chambre de sa grand-mère lorsque Geoffroy Plantagenêt avait mis le siège sous les murs d'Amboise, dans le but d'assurer les arrières de son jeune fils élevé par sa mère comme l'héritier du trône de l'autre côté de la Manche. Sybille ne devait être qu'une jeune enfant quand Thibaud de Champagne s'était allié à Sulpice pour repousser l'Angevin et mettre les campagnes à feu et à sang. Trois enfants qui avaient grandi dans l'espoir et le souffle de la guerre, dans des endroits tout à fait différents mais trois enfants aux destins inextricablement liés par les fils compliqués de la politique. Politique qui les avait menés jusqu'à se retrouver à cet endroit précisément, dans un vaste jeu d'échecs dont aucun d'entre eux ne maîtrisait toutes les données.
Mais à ce petit jeu-là, contrairement aux apparences, le comte de Champagne n'était pas le laissé pour compte ou celui que l'on pouvait considérer comme un imbécile. Il avait de nombreuses cartes dans sa manche, lesquelles lui permirent d'apprécier à leur juste valeur les deux regards que lui lancèrent les jeunes gens à ses côtés et leurs réponses pleines de sous-entendus. Il savait fort bien que l'aîné du comte d'Anjou avait été accueilli chaleureusement par la dame de Déols, avant que celle-ci ne rejette les offres que ce dernier avait bien pu lui faire – et s'il en ignorait les détails, Henri connaissait fort bien les ambitions de son jeune cousin, puisque concernant les terres d'Aymeric de Déols, il avait très exactement les mêmes. Il ne s'était toutefois intéressé à son sort qu'après la mort du maître des lieux, qui avait rendu son dernier soupir dans ses bras et il maniait avec une certaine dextérité promesses et menaces pour convaincre Sybille d'épouser son frère cadet, sans avoir recours, lui, au jeu trouble de la séduction condamné par la morale, et qui l'aurait répugné face à une dame qui méritait mieux que cela, et en conservant sa connaissance de la paternité du jeune Guillaume pour un moment plus propice à ses intérêts. Avec un certain amusement, le comte écoutait ses interlocuteurs en observant la façon dont se fanait le sourire de Sybille qui dardait un regard furieux sur le Plantagenêt, lequel conservait son naturel jovial mais s'empressa de changer de sujet de conversation : - Mais permettez-moi de vous retourner la question à tous deux, je me demande bien ce qui peut amener les Blésois du côté de Châteauroux ou Châteauroux du côté des Blésois, c'est selon... Henri de Champagne leva un sourcil perplexe, notant l'hypocrisie de son cousin qui se doutait bien de ce que pouvait apporter un tel rapprochement. Ainsi, derrière cette façade de jeune chevalier honorable, parfois un peu capricieux ou colérique, se cachait-il un dissimulateur ? - Vous sembliez si bien vous entendre juste avant que je n'arrive. Voilà qui démentira les rumeurs qui affirment que la famille d'Amboise est trop fière pour se plier à une quelconque amitié, même raisonnable. Je saurai quoi répondre aux prochains détracteurs que j'entendrai parler en de si mauvais termes. - C'est que notre amitié se mérite, répliqua immédiatement la dame Sybille, sèche et visiblement piquée au vif, c'est bien généreux de votre part, mais nous saurons répondre seuls aux mesquineries, le comte de Champagne est le parrain de mon fils, Aymeric, que vous avez rencontré à Châteauroux. Nous échangions quelques nouvelles avant que vous ne nous interrompiez. Elle ne semblait pas vouloir laisser parler Henri qui approuva d'un signe de tête, sans se départir de son sourire chaleureux mais ne put s'empêcher d'ajouter avant que son cousin ne tourne les talons : - C'est cela, nous avons à cœur les intérêts du jeune seigneur de Déols, et notre amitié est dictée par ceux-ci, peut-être est-ce donc la seule façon de gagner l'estime de dame Sybille... N'allez donc surtout pas croire qu'elle puisse apprécier ma compagnie ! Il termina sur un éclat de rire et adressa un coup d’œil faussement contrit vers la jeune femme comme pour se faire pardonner son impertinence, mais après tout la dame de Déols devait désormais bien connaître l'ironie du jeune homme à défaut de l'apprécier. Et il ne pouvait pas laisser son jeune cousin subir seul les foudres de son regard.
Henri de Champagne allait à son tour prendre congé pour aller se préparer aux épreuves qui l'attendaient mais ce fut la jeune dame elle-même qui le coupa dans son élan en lui lançant : - Voilà à nouveau votre frère qui entre en lice, savez-vous qui doit être son adversaire ? - Je l'ignore, ma dame, répliqua Henri en se tournant à son tour vers la lice, constatant que son frère devait livrer ce qui ressemblait à son ultime combat alors qu'arrivait un second cavalier aux couleurs de Déols, ne s'agit-il pas de l'un de vos chevaliers ? Le combat promet d'être intéressant. Les deux jeunes gens se turent, Henri ayant momentanément oublié qu'il devait aller se préparer pour participer lui-même aux combats, comme fascinés par la violence de ce qui se déroulait sous les yeux. Les deux montures s'élançaient au galop l'une vers l'autre et dans un fracas d'armure, l'un des deux seigneurs était parfois touché par la lance de son adversaire. - Mon frère a remarqué que votre chevalier avait tendance à perdre l'équilibre sur sa droite, commenta Henri à mi-voix, à peine conscient des remarques plus enthousiastes de ses sœurs derrière lui, il cherche à le toucher sur l'épaule droite et... Mais il s'interrompit en constatant qu'en effet Thibaud venait de parvenir à son but et que le jeune chevalier de Châteauroux s'effondrait au sol comme un pantin désarticulé. Des applaudissements crépitèrent alors qu'une page se précipitait vers l'homme tombé au sol. - Est-il blessé ? Demanda Sybille à ses côtés, sans paraître inquiète outre mesure. - Hélas, c'est parfois le lot des tournois, répliqua son interlocuteur en se hissant sur la pointe des pieds pour constater que le jeune homme semblait touché au coup car du sang maculait le sol, mon frère ne l'a pas manqué, c'est un très bon coup, il mérite sa victoire. Hélas, Henri avait peut-être beaucoup de cartes en main mais il lui manquait des éléments. Cela faisait des mois qu'il côtoyait la dame de Déols, mais elle demeurait impénétrable. Il ignorait totalement l'affection qu'elle pouvait bien porter à son chevalier, aussi continua-t-il sur un ton assez léger : - Je suis certain que sa victoire lui vient d'avoir porté vos couleurs, on est toujours plus vaillant lorsque l'on sent la protection d'une dame chère à son cœur. Sur le terrain, le chevalier de Châteauroux bougeait faiblement et les écuyers durent se mettre à plaisir pour le porter hors de la lice. Un sang rouge avait coulé sur son armure et une plaie béante dans son cou qu'Henri distinguait à peine laissait craindre le pire dans sa vie. Il se retourna vers la jeune dame pour approcher la main et l'espace d'une courte seconde, il serra la paume de Sybille dans la sienne, l'air désolé avant de la lâcher, comprenant que ce contact ne lui plaisait pas : - Je suis navré, vous comprenez bien qu'il ne s'agit que d'un incident. J'espère que vous laisserez mon frère réparer la perte de ce chevalier. Il lui adressa un mince sourire compatissant mais il ne pouvait s'attarder davantage comme le lui signalait son jeune page venu le chercher et qui était resté à quelques pas de là. Aussi salua-t-il, prit-il les couleurs de sa jeune sœur Adèle qui battit des mains, toute excitée à l'idée que quelqu'un allait défendre son nom et s'éloigna-t-il enfin des tribunes pour gagner sa tente. Au moment de quitter les lieux, il sentit un regard peser pour lui. Ce n'était pas Sybille déjà partie mais celui du roi qu'il fixa un instant, imperturbable, avant d'aller revêtir son armure.
Le comte de Champagne fut habillé par son écuyer en quelques dizaines de minutes et en mettant sa cotte de mailles, songeur, il sentit l'excitation du combat à venir naître en lui. On avait beau respecter les préceptes de l’Église qui n'aimait pas verser le sang pour rien, apprécier la paix et la concorde, on ne pouvait s'empêcher de sentir ses veines bouillir à l'idée de prendre les armes pour défendre son honneur et son nom. Ce n'était pas en lisant la Bible qu'il avait grandi, mais en écoutant les récits des hauts faits d'armes des chevaliers et de ses ancêtres et il avait rêvé lui aussi de gagner à la fois la gloire, la couronne de lauriers et le cœur d'une dame. Et s'il ne participait plus autant aux tournois qu'auparavant, s'il avait pleinement pris la place de son père en Champagne, celui du seigneur qui jugeait et arbitrait, s'il accordait moins d'importance à la victoire, il se sentait gagné par une fièvre qu'il connaissait bien. Il pénétra peu de temps après dans les lices pour affronter un jeune seigneur aquitain peu expérimenté. Il fut aidé par son page à mettre pied à l'étrier et malgré l'armure, il sentit son étalon piaffer d'impatience à l'idée de s'élancer dans cette atmosphère moite. Enfermé dans le métal, Henri sentait une chaleur profonde l'accabler mais sans hésiter, il leva sa lance en direction de son adversaire et dès que le signal fut donné, il mit son cheval au galop sous les exclamations de la foule. Toute autre personne aurait pu se sentir oppressé ou perdu, mais il distinguait nettement dans sa visière la lance de l'Aquitain, il avait pleinement conscience de l'étendard bleu et blanc qui flottait derrière lui et des regards de la foule, qui le transperçaient. Il désarçonna le chevalier dès la première lance et sauta à terre pour terminer le combat à l'épée. Il y avait quelque chose d'impressionnant à tournoyer dans cette lice, épée à la main pour frapper son adversaire dans un bruit sourd de métal mais Henri ne se laissa pas déstabiliser et en quelques coups, il remporta la victoire. - Ce n'est pas à vous, lui lança l'écuyer venu lui apporter de l'eau et l'aider à se déplacer à l'ombre pour reprendre son souffle. Mais le combat en cours fut tout aussi rapidement achevé, si bien qu'Henri dut de nouveau très vite remonter en selle. - Contre qui dois-je tirer cette fois-ci ? Demanda-t-il en plissant les yeux pour distinguer le blason du chevalier malgré le soleil. - Henri Plantagenêt, seigneur, répliqua le garçon, le duc de Normandie. Un sourire s'ébaucha sur les lèvres d'Henri alors qu'il se mettait en position mais son regard fut distrait par une silhouette connue derrière la barrière. Et ce fut après avoir croisé le regard glacial de Sybille de Déols qu'il s'élança. |
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