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 Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille

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Flore d'Evreux

Flore d'Evreux

ϟ Lord of Treason ϟ


Messages : 86
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Localisation : A la Cour du roi.

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MessageSujet: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyMer 24 Avr - 13:58

Flore d'Evreux  a  dit:
Flore d'Evreux

Un jour, peut-être, la vie sera conquête de liberté et non plus réduction des contraintes.


Je m'appelle Flore d'Evreux et suis née en 1129, je suis donc agée de 22 ans, dans un lieu qui m'est encore inconnu., je suis donc Normande. Pour de nombreuses raisons que je vous exposerai plus tard, je suis fidèle à Mathilde l'Emperesse et Henry Plantagenêt. Pour ce qui est de mes sentiments, bien que je n'aime pas en parler ainsi, je suis célibataire. Mon visage? Il s'agit d'Abbie Cornish trouvé sur Bazzart
Derrière l'écran il y a Lisa, j'ai un âge canonique, je fais des études de geek à plein temps / Chomdu oblige  green . J'ai connu le forum via ses admins, et je pense qu'il est toujours aussi bien, si j'ai changé de personnage c'était par problème d'intégration, Mary étant la seule fille du peuple et la seule anglaise du forum, il n'était pas évident de pouvoir rpiser avec ces nobles  green  ni d'avoir des liens très positifs. mais d'après moi il y manque rien, tout est très bien. Je suis plutôt ACTIF, je fais de mon mieux pour y arriver. Et pour finir J'aime beaucoup ce que vous faites What a Face


    Halte-là, voyageur ! Dis-nous donc qui est ton maître, et les raisons qui t’ont poussé à lui prêter allégeance ! Est-ce par conviction, par intérêt, par obligation ? Je ne suis pas née Montfort, la famille qui est à présent à la tête du comté d'Evreux, mais je le suis tout de même jusqu'au bout des ongles. On ne peut pas ne pas prendre parti, lorsqu'on est tout à la fois vassal du roi de France et celui d'Angleterre . On ne peut pas ne pas prendre parti lorsque son comté est une pièce maîtresse sur l'échiquier politique. Ce n'est pas un euphémisme que de dire que nos terres sont un enjeu de taille. De cela je suis au courant depuis mon plus jeune âge, les querelles familiales, les terribles conspirations, les faits d'armes font partie intégrante de ce que je pourrais appeler mon héritage. Par conséquent et par fidélité envers mon père adoptif : Amaury III, je ne pouvais pas soutenir le fils d'Henri Beauclerc, cet homme contre qui notre famille s'est tant battue. Vous me répondrez que je soutiens malgré tout sa fille et son petit fils, mais puisque notre comté a été rattaché au duché de Normandie, il faut bien s'y résoudre. En outre, faire allégeance à ce Plantagênet qui a l'étoffe d'un futur roi d'Angleterre, ne pourra qu'apporter plus de grandeur à notre propre famille. Fidèle et loyale envers la cour de Normandie oui, par conviction sans doute, par intérêt sans aucun doute.  
    Si une guerre venait à éclater entre l’Aquitaine, la France, la Normandie et l’Angleterre, que ferais-tu ? Prendrais-tu part au combat ? De quel côté ? Ou bien resterais-tu à l’écart ? Ça serait là un horrible dilemme si la Normandie rentrait en guerre contre la France, ou si dans un autre contexte, l'Angleterre prenait les armes contre le royaume de Louis VII. Puisque le comté est à la fois lié aux deux royaumes et plus encore au duché, le choix serait quasiment impossible à faire. Alors que faire ? Fort heureusement la décision ne m'appartiendrait pas, je ne pourrai que soutenir mon frère Simon lorsqu'il pèserait le pour et le contre. Peut-être décidera t-il également de rester neutre dans ces conflits. Cela ne lui ressemble pas, mais cela s'est déjà vu autrefois. Quel que soit le parti pour lequel mon père optera, pour cette fois et cette fois seulement, je serai obéissante. Son clan sera le mien. Il ne me pardonnerait jamais d'aller contre son avis, je n'ai qu'un nom, c'est le sien. Je ne le tâcherai pas par une révolte de trop qui me conduirait peut-être à la misère. Là encore l'intérêt de ne pas gâter ma jeunesse dans un autre donjon ou pire au fond du caniveau est plus fort que mes poussées d'indépendance. L'intérêt et peut-être aussi l'attachement. Perdre la seule famille que j'aie jamais eue, même si je recherche ceux de mon sang, jamais ! Il y a des limites à ne pas franchir.
    Toutes ces alliances, ces mariages… Qu’en penses-tu ? Servent-ils tes intérêts ? Ou chercherais-tu à les rompre ? Une question m'obsède : A quand mon tour ? Je suis à la fois vexée et soulagée de ne pas avoir encore une alliance à mon doigt. Vexée parce qu'à 22 ans me voilà toujours jeune damoiselle. Le célibat est très mal vu et je n'aime pas être mal vue. Demain serais je considérée comme vieille fille ? Je ne veux pas être la risée de la Cour. Peut-être soupçonne t-on quelque chose au sujet de ces liaisons que j'aie eues, ou alors est-ce peut-être parce que je ne suis que la pièce rapportée de la famille Montfort-Evreux. Ne connaissant pas mes origines, tous ces jeunes coqs aux titres multiples me prennent certainement de haut ! Soulagée, parce que les unions arrangées privent à jamais de cette liberté dont j'ai tant besoin. Passer son existence entière en couches et peut-être en mourir, que Dieu m'en préserve. Mais justement je crains, surtout à cause de l'évêque de Bayeux, de n'avoir pas le choix. Une dame de ma condition devra tôt ou tard choisir entre les ordres ou le mariage. Il parait que c'est la destinée de toute femme. Or, je ne veux ni les chaînes du mariage sauf si c'est avantageux, ni les barreaux d'un couvent ! Il faudra que je ruse pour pouvoir me sortir de cet épineux problème ou bien que je fasse des concessions. Mais ce n'est pas vraiment mon genre.
    Enfin, dis-nous un peu : plutôt bal ou plutôt tournoi ? Plutôt guerre ou plutôt paix ? Plutôt amour courtois ou plutôt croisade ? Les tournois sont appréciables, car on y croise ces chevaliers combattant pour l'honneur mais surtout pour les beaux yeux de leur dame. Mais rien n'est plus émoustillant qu'un bal. Pouvoir danser procure un sentiment de liberté incroyable et quoi de plus divin que de caqueter, notre voix feutrée par la musique enjouée des ménestrels ? Je me réjouis d'avance dès que l'on annonce que des festivités vont avoir lieu, c'est l'occasion rêvée de sortir ses plus beaux atours et surtout sa langue afin de colporter toute sorte de rumeurs. Comment pourrais je donc vouloir la guerre, la guerre est synonyme de mort, remplacer les magnifiques chants des troubadours par des Te Deum serait vraiment ennuyeux. En outre, qui voudrait être prisonnier de larmes incessantes ? Je ne veux être prisonnière de rien et surtout pas de la tristesse. J'ai une envie de vivre débordante et le sujet de la mort n'est pas mon sujet de prédilection.  Jugez moi frivole et légère qu'importe, vous seriez de plus dans le faux. Mon esprit est déjà assez tourmenté par les mille questions que je me pose, alors oui que le Seigneur tout Puissant nous offre la paix encore pendant quelques années. La paix et l'amour. Qu'y a t-il d'ailleurs de plus beau qu'un poème et que l'amour courtois ? Les hommes pourraient répondre, qu'il n'y a rien de plus sublime que de se battre pour le Christ. Mais les Croisades n'amènent que désolation, tout autant que la guerre. Certes, je ne veux que la gloire pour mon frère adoptif, mais pas à ce prix là. Pas au prix du sang. En outre, une Croisade ou la guerre me ferait me soucier de leur sort et je me sentirai forcée de rentrer définitivement auprès d'eux et de revoir cet évêque de malheur. Où serait alors ma liberté ? Je suis sans doute égoïste, mais chat échaudé craint eau froide. J'ai été enfermée une fois, je ne le serai pas deux.


Dernière édition par Flore d'Evreux le Jeu 5 Déc - 15:22, édité 25 fois
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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyMer 24 Avr - 14:00

Flore d'Evreux  a  dit:
Il était une fois, il y a fort longtemps...


Diocèse d'Evreux, mars 1129,

Avant le procureur Villefort de monsieur Dumas, il y eut l'Evêque de Sées. On aurait pu comparer en effet, ces deux pères qui abandonnèrent lâchement leur enfant dès la naissance. La peur de l'adultère pour l'un, l'appréhension de la découverte du pêché de chair pour l'autre et bientôt le même remords ... Si semblables, à la seule différence près que si le premier fut un héros de roman, l'autre fut bel et bien réel. Ce qui rendit son acte bien plus terrible. Car cette nuit là, allait sceller le destin d'une petite fille. Une enfant qui comprenait peut-être du haut de ses quelques jours, qu'on l'arrachait à sa mère. Du creux de son panier d'osier, ses cris perçants aurait pu éveiller la cité toute entière. Ils n'étaient pas tous dus au froid de ce tout début de printemps à en juger par le soin qu'on avait mis à son emmaillotement et surtout par cette petite lueur au fond de ses yeux. Elle fixait l'homme qu'il la portait et venait de la déposer sur le parvis.

- Ne me regarde pas de la sorte ! Je ne peux pas te garder !

L'évêque désirait sans doute s'excuser auprès d'elle. Il secoua la tête quelques secondes plus tard, réalisant que ces quelques paroles ne serviraient à rien. Comment pourrait-elle se les rappeler ? Un instant, alors que ses doigts étaient encore refermés sur la anse du panier, il hésita malgré tout. Cette même hésitation que l'on peut ressentir, lorsque l'heure est grave et qu'un véritable tournant est sur le point d'être pris. Deux voies s'offrent alors à nous : la marche arrière ou aller jusqu'au bout. Tout dépend de notre force ou de notre lâcheté, mais  quoi qu'il en soit on se doit de l'assumer par la suite. Et comme ce genre de décision prise depuis des jours peut vaciller en quelques secondes, l'ecclésiastique resta prostré agenouillé au dessus de sa fille de longues minutes, le regard hagard.

Ce fut le guet d'Evreux qui le fit choisir définitivement, on ne devait pas le voir ici. Aussi, il abandonna sans lui lancer un regard de plus, l'enfant sans nom avant de se cacher derrière un arbre. Tout était consommé à présent. Il vit les hommes de la garde se retourner au son suraigu des vagissements de sa fille. Le chef de troupe ramassa le panier d'osier, scruta les alentours à la recherche d'éventuels parents puis abaissa plusieurs fois le heurtoir contre la lourde porte de la basilique.  L'évêque de Sées ne put en supporter davantage, ou tout du moins déjà sa conscience et profita de l'attention générale portée à l'enfant pour disparaître.

A l'intérieur de la basilique,

Lorsqu'on est le plus haut dignitaire de l'église dans une telle cité, les journées très chargées nous obligent à nous coucher tôt. C'est en cédant à la colère dont il irait se confesser à la première occasion à l'archevêque de Rouen, qu'Audin de Bayeux se réveilla. Son archidiacre venait de l'aveugler avec la torche qu'il portait.

- Que se passe t-il ? Un mourant désire l'extrême onction ?
- Non Monseigneur, c'est un nouveau né.

L'êveque se redressa, posant un coude sur son édredon.

-  Un baptême alors mais doublé du dernier sacrement, parce que je ne comprendrai pas pourquoi on demanderait à ce que ce soit fait, à une pareille heure !
- Non, rien de tout cela. Il s'agit d'un enfant abandonné sur les marches du parvis. Le guet est ici et son chef voudrait vous parler.  Il vous attend dans la nef.

Fronçant les sourcils à la seule idée que l'on puisse une fois de plus déposer des bambins dans ce froid, Audin quitta son presbytère et se présenta en chemise longue devant les gardes. Le commandant lui tendit aussitôt le précieux paquet.

- Monseigneur, nous avons trouvé cette petite jouvencelle devant cette porte. Je crois que nous ne pouvons pas la confier à quelqu'un de plus qualifié que vous, et c'était sans doute d'ailleurs, la volonté de celui ou celle qui l'a laissée ici.

Interloqué, l'évêque reçut le panier dans ses bras, ses pensées se bousculant dans son esprit. Lorsqu'il venait en aide aux orphelins ou des abandonnés, c'était toujours dans la plus grande discrétion.  Cette fois-ci, c'était assez différent. Les autorités étaient au courant et il suffirait qu'un de ces soudards en dise trop le lendemain à la taverne, pour que le bouche à oreille se transforme en rumeurs dérangeantes. Gênantes pour sa réputation bien sûr. Que n'irait-on pas imaginer ? Peut-être même raconterait-on qu'il avait fait lui-même simuler un abandon pour détourner les soupçons. L'évêque n'était pas connu pour être très vertueux, malgré des qualités certaines. En somme, il n'aimait pas cette prise en charge quasiment forcée. De plus, qu'allait-il en faire de cette enfant ? Ceux qu'il avait déjà recueillis étaient enfants de chœurs, aidaient aux cultures du diocèse. Il s'agissait principalement de garçons.

-  Ne pouvez-vous pas la garder quelques jours, vous-même, nous n'avons plus de place et ma bonne n'est pas là. C'est elle qui s'occupe toujours des enfants.

On aurait pu croire que l'évêque voulait également se débarrasser du bébé inconnu, mais ce qu'il disait n'était pas un mensonge. Il ne savait pas s'y prendre avec les nouveaux nés, ce n'était pas là sa fonction première. Il les inculquait bien plus grands, ces orphelins. Le latin et les chants religieux, lui semblaient bien moins compliqués que de changer des langes. Ce fut au tour du commandant d'être stupéfait par la proposition de l'ecclésiastique.

- Vous n'y pensez pas Monseigneur, demain a lieu la pendaison de l'ami Gunfred !  Ce n'est pas un spectacle pour un enfant. Nous vous enverrons une nourrice s'il n'y a que ça, le soldat Richard a proposé  tout à l'heure sa femme qui vient de faire ses couches. La bonne nuit Monseigneur.

Et sans plus attendre, par crainte que l'évêque ne revienne à l'assaut, le chef de la troupe fit faire demi-tour à ses hommes. Une fois, tout ce monde bruyant sorti de la basilique, Audin de Bayeux posa ses yeux sur la petite fille. La donzelle alors gazouilla et tendit ses petits bras vers lui. Comment lui résister ? L'évêque était déjà conquis et il était le premier d'une assez longue liste.


Château d'Evreux, quelques jours plus tard,

- Vous comprenez, dame Agnès, je ne puis garder cette enfant au diocèse. Aussi connaissant votre générosité et votre foi de bonne chrétienne, peut-être pourriez-vous lui trouver un quelconque placement ... Un toit et de braves gens pouvant prendre soin d'elle ne doivent guère manquer.

Audin de Bayeux venait d'être reçu au château des comtes d'Evreux. C'est là qu'il confessait de façon très régulière, la dame de Garlande. Mais ce jour là, il n'était pas venu que pour toucher des fonds pour ses paroisses ou entendre les péchés si anodins de la comtesse. Le cas de cette petite fille abandonnée sur les marches de la basilique devait être réglée au plus vite. Et qui était dans cette cité, plus indiqué que cette presque sainte pour y remédier ? Qu'elle la confie à un quelconque serviteur ou à l'une de ses amies que la stérilité pouvait frapper, qu'importait à vrai dire ! Ayant croisé ses doigts en signe de prière, il la suppliait également des yeux d'intervenir.

- Je ne demande pas mieux que de vous venir en aide. Mais que savez-vous de cette petite fille, Monseigneur ? La personne qui l'a abandonné a t-elle laissé un élément même mince, qui pourrait nous aider à l'identifier ? A t-on vu celui ou celle qui a commis un tel crime ?
- Non rien malheureusement.  Elle ne portait aucun objet et aucune lettre ne se trouvait dans le panier. Quant aux soldats, ils m'ont certifié que les rues étaient désertes lorsqu'ils l'ont trouvée à moitié morte de froid. Néanmoins, j'ai relevé un détail important, ses vêtements et la couverture étaient de la plus grande qualité. La richesse du tissu était indéniable. Il est impossible selon moi, qu'il s'agisse d'une paysanne. Cela m'a frappé d'autant plus, que les orphelins qui me sont confiés étaient vêtus de guenilles ou étaient bien souvent nus comme Eve face au serpent ... Sauf votre respect, comtesse.

Dame Agnès se leva pour faire quelques pas jusqu'à la fenêtre de ses appartements. Au delà, dans la forêt avoisinante, elle pouvait voir son époux s'entraîner avec son maître d'armes.  Leur fils Simon tout juste âgé de neuf ans, observait attentivement cette scène. A la vue de son aîné, elle porta machinalement la main à son ventre bien trop plat. Depuis plus d'un an à présent, elle ne portait aucune autre espérance en elle. Les pèlerinages n'avaient guère porté leur fruit. La naissance de Robert leur dernier né, avait mis ses jours en danger. Il s'était très mal présenté et ce furent des heures terribles de douleur intense. Serait-elle à nouveau grosse ? Le désespoir la gagnait de jour en jour.

Certes, pour l'heure, leurs trois fils se portaient bien, mais il lui fallait avoir d'autres enfants pour assurer dignement leur lignée. En ces temps de maladies, de morts infantiles et de croisades, avoir une nombreuse descendance rassurait. La mort pouvait frapper à la porte des plus fortunés, quand bon lui chantait et il n'était pas rare de voir toute une descendance décimée ! Certains seigneurs locaux en avaient fait l'amère expérience. De plus, outre cet aspect purement politique, un sentiment plus personnel tenaillait la comtesse.

En tant qu'héritiers mâle, ses trois fils lui avaient été enlevés dès les premiers jours. Pour les former comme il se doit, il ne devaient pas être dans les jupons de leur mère. Qu'était ce donc que la sensation de bercer un enfant dans ses bras ? De le nourrir au sein ? Elle ne connaissait rien de tout ça.  Était-elle donc simplement qu'une poule pondeuse, comme on aurait pu le dire vulgairement ? Agnès de Garlande ressentait donc au fond d'elle, un vide abyssal, un terrible manque maternel à combler ! Et ce n'était pas, parce qu'elle avait déjà une fille, que celle-ci ne lui avait pas été arrachée ! Cette dernière, objet de convoitise pour les royaumes de France et d'Angleterre, ne faisait que des allers-retours sur les terres de son fiancé. Dire que la petite n'avait que six ans à peine, mais son sort était déjà scellé. Enfin jusqu'à ce que peut-être un autre parti plus intéressant se présente. Elle la verrait alors, encore moins, qui sait ... Dans ce cas, peut-être que ... Qu'elle pourrait-elle commettre cette folie ? Une adoptée ne représente pas les mêmes enjeux politiques. On ne la lui prendrait pas celle-là ! Elle l'aurait tout à elle ! Mais qu'en dirait son époux ? Malgré ses appréhensions, elle venait de décider de recueillir l'enfant et de l'élever. Un caprice, un coup de tête, ou cet incommensurable besoin d'être vraiment mère, on aurait pu appeler cela comme on le souhaitait, quoi qu'il en soit sa fibre maternelle si frustrée n'avait pu y résister.

- Revenez avec l'enfant, dans trois jours Monseigneur. J'aurai fait le nécessaire.

Elle s'inclina pour baiser son anneau et prit congé de l'ecclésiastique. La dame ne manquant pas d'intelligence, mettait déjà en place toute une stratégie pour toucher le cœur d'Amaury.

Trois jours plus tard,

Au petit matin, la litière de l'évêque de Bayeux venait de faire halte dans la cour des domestiques. Il tenait l'enfant au creux de ses bras, cet enfant qui ne devait pas encore être vu. Agnès de Garlande en était d'ailleurs fébrile. Elle n'avait osé faire aucune requête directe à son mari. Prendre des détours seraient davantage couronnés de succès. Car l'adoption, il n'aurait jamais voulu qu'il en soit simplement question. Il était croyant certes, et venait en aide à ses prochains, mais était un homme de guerre et sa politique était aussi ferme qu'il pouvait l'être lui-même. Son éducation l'avait forgé ainsi. Peu sensible en apparence et autoritaire en effet, son épouse le craignait presque, malgré aucun mauvais traitement. Cette stature et ce caractère suffisaient à vouloir ne pas s'y frotter. Dieu seul savait quelle colère,  on aurait pu déchaîner ! Alors lui imposer une orpheline dont on ne savait rien, comment cela aurait-il pu se faire ? Ainsi, le plan élaboré au cours  des derniers jours était-il plus que nécessaire pour parvenir à ses fins !

Prenez un malheureux lépreux par exemple, anciennement grand ami de votre époux à qui il a dû la vie sur un champ de bataille.  Vous l'avez tant entendu conter par le menu cette histoire là, que vous décidez de la mettre à profit, car l'aubaine est trop bonne aujourd'hui. Car aujourd'hui encore, votre conjoint ne se remet toujours pas de cette cruelle séparation due à la maladie ! Lui qui ne sait point même en quel lieu se trouve cet ami si cher à son cœur ! Ainsi, que ferait-il cet époux, si un bambin portant sur lui une lettre suppliante signé de ce lépreux, lui demandait de prendre soin de l'enfant pour lui ? Ne serait-il pas touché et tout disposé à accepter, par gratitude et au nom de cette amitié ? La comtesse d'Evreux l'espérait bien ainsi ! Et ce n'est pas ce rejeté de la société des hommes considéré comme mort d'ailleurs comme tout lépreux, qui irait prétendre qu'il n'était pas vraiment le sien un jour ! Jamais plus, ils ne reverraient cet homme chez eux, jamais plus, ils entendraient parler ! Alors pourquoi donc Agnès de Garlande aurait-elle hésité à se servir de son nom au moyen d'une lettre ? Sa croisade à elle était désormais cette petite fille et elle l'obtiendrait par tous les moyens. Même s'il s'agissait de se servir d'un homme et de son mal ! Dès qu'elle aurait obtenu l'adoption, elle irait s'en confesser à l'évêque bien sûr. Mais ce dernier devrait alors trop heureux, pour lui refuser l'absolution de ce grand pêché qu'est le mensonge.

Mais l'heure pour l'instant, n'était pas aux prières mais à l'action. Elle prit l'enfant dans ses bras, la fixa un long moment avec un sourire très tendre, avant de la mettre dans un panier.  C'est alors qu'elle prit une de ses chambrières à part pour lui donner ses directives. Il s'agissait d'une femme digne de sa confiance et sachant garder ses secrets. En outre, elle n'était pas choisie au hasard puisque Amaury n'aurait jamais pu la renvoyer à ses fourneaux. Elle était la plus dévouée et la plus âgée des domestiques. Cela avait conduit à une considération palpable de la part du seigneur d'Evreux.

- Hildegarde, je te confie la petite. Dans quelques minutes, lorsque Monseigneur et moi seront dans nos appartements pour mes confessions habituelles, tu feras irruption chez le maître. Le comte doit être à la salle d'armes avec Simon. Tu lui tendras l'enfant en disant que tu l'as trouvé devant notre pont levis, abandonné.  Tente d'être suffisamment choquée par ta découverte et ne ménage pas tes plaintes concernant l'enfant. Et d'ailleurs dès que je serai partie, sors du domaine pour ce que ton arrivée soit crédible pour tous. On ne sait jamais qui peut te voir. Par la suite, tu n'auras plus rien à faire, la lettre et le sceau à l'intérieur du panier devraient se charger du reste.  

En effet, pour couvrir ses arrières et persuader d'autant plus son mari, Agnès avait fait refaire le sceau du grand ami de son mari par un orfèvre. Elle l'avait tant vu à son doigt, qu'il était très facile pour elle, d'en décrire toutes les armoiries.  Elle se souvenait même d'une petite accroche que l'usure avait causé à la bague.

- Bien ma dame ! Je ferai comme vous le désirez.

Rassurée sur ce point, Agnès monta donc avec discrétion jusqu'à sa chapelle privée avec l'évêque.  Il fallait maintenant, que celui-ci joue également son rôle le moment venu. Un rôle tout à sa mesure, puisqu'il lui faudrait être moralisateur et conseiller.

- Monseigneur, ne soyez pas surpris de ce qui va se passer. J'ai dû avoir recours à certaines ruses pour pouvoir moi-même adopter cet enfant !
- Ainsi vous la voulez pour vous-même comtesse ?

L'ecclésiastique était surpris et à la fois très satisfait. Il avait enfin trouvé un placement pour cette petite.

- En effet. Je vois que cela vous comble. C'est bien, car pour que cela réussisse il faudra peut-être votre concours. Si vous voyez des hésitations de la part de mon époux lorsqu'il nous fera appeler, ce qui ne tardera point, faites appel à sa foi. Qu'il se conduise en vrai chrétien en acceptant cette petite fille. Même si j'ose espérer, que vous n'aurez guère besoin d'user de l'influence que vous confère votre robe.

L'évêque s'inclina légèrement devant Agnès de Garlande. Son sourire  complaisant lui apprit avant même qu'il n'acquiesce, qu'il était tout disposé à l'aider dans son entreprise. Et les minutes passèrent, lentes et silencieuses. L'estomac de la comtesse était noué. Est-ce que tout allait échouer ? Et pire encore, Amaury découvrirait-il les moyens dont elle avait usé pour l'attendrir ? Puis tout à coup, on toqua à la porte. Alors Agnès se leva de son siège avant de donner la permission d'entrer. Ce fut Hildegarde qui se présenta sur le seuil.

- C'est fait comtesse. Le seigneur vous attend dans la salle d'armes, comme vous l'aviez deviné.

Bondissant presque hors de ses appartements, la maîtresse des lieux fit signe à l'évêque de la suivre. Elle longea les longs couloirs du château, et gagna la pièce où se trouvaient son mari et son cadet. Lorsqu'elle passa la lourde porte en bois, elle trouva Amaury penché sur le panier où l'enfant gigotait. Son visage ne paraissait pas contrarié. Était-ce une bonne chose ?

- Approchez-vous ma mie et voyez ce qu'Hildegarde vient de trouver. Une petite fille ! La fille sans doute illégitime de notre ami Raoul si j'en juge par cette lettre qu'il m'adresse. Il ne peut s'en occuper à cause de son mal et la mère est morte en couches, m'apprend t-il. Il nous supplie d'en prendre soin et nous jure sur son honneur qu'il s'est toujours tenu à grande distance d'elle, pour ne pas nous mettre tous en danger.  Un villageois l'a déposé pour lui, devant les grilles de notre château. Qu'en pensez-vous ma mie ? Que devons-nous faire ?

Il lui demandait son avis, c'était très bon signe ! Cela signifiait qu'il s'interrogeait tout au moins, et qu'il n'était pas disposé dans l'immédiat à se débarrasser d'elle. La comtesse reprit donc sans doute quelques couleurs et s'avança. Simon écarquillait des yeux, il montait même sur la plante des pieds pour mieux apercevoir la petite fille. Lorsqu'elle le vit, l'orpheline d'ailleurs se mit à rire. Elle semblait déjà l'aimer. Cette réaction, Agnès s'en servit pour faire un peu plus pencher la balance vers la prise en charge.

- Je constate que cette demoiselle semble déjà s'entendre à merveille avec notre fils. En outre, nous devons tant à Raoul, vous votre vie, et moi de vous avoir, que cela serait très ingrat de notre part de refuser !
- Vous avez toujours été si bonne, ma mie.

L'évêque jugea alors bon d'intervenir.

- Une bonne action dont le Seigneur se souviendra à l'heure du jugement dernier, ma fille, et cela sera de même pour vous mon fils, soyez en sûr.

A cette minute, Amaury de Montfort était vaincu, cela se sentait. Agnès de Garlande voulait déjà profiter de cette victoire, en berçant l'enfant. Elle la garderait toujours auprès d'elle, et à l'image d'une Sissi quelques siècles plus tard, elle la couverait, comme l'archiduchesse Marie Valérie.

- Eh bien je me rends, nous l'adopterons. Mais comment allons-nous nommer ce petit ange ? La lettre ne le dit pas.
- Que pensez-vous de Flore ? Elle est aussi belle qu'une fleur !

C'était Simon,  jusqu'alors muet observateur de toute cette scène, qui venait de faire cette proposition. Proposition qui sembla plaire à ses deux parents. Ils acquiescèrent de bon coeur. Se penchant sur le panier, Amaury caressa le bout du nez de l'adoptée.

- Soyez la bienvenue parmi nous, Flore d'Evreux !

Evreux, avril 1137,

La petite fille de huit ans qui était restée en retrait malgré son propre chagrin, s'avança pour prendre la main de sa mère et de son frère Simon. Tous deux ne pleuraient pas comme elle pouvait le faire, tandis que l'on descendait le cercueil dans le tombeau des comtes, mais elle avait à cœur de les soutenir. Ce que Flore avait compris du haut de son  jeune âge, c'était que Dieu avait rappelé à lui Amaury III de Montfort.  Ainsi, elle ne le reverrait plus, il les avait quittés à tout jamais.  Simon était jeune et devait se sentir écraser par les futures responsabilités, qui lui seraient peut-être un jour échues. Amaury leur frère et comte, n'était guère bien portant et n'avait ni épouse, ni enfant. Simon était l'héritier des terres. Son bien aimé frère ... C'est lui qu'elle fixait maintenant avec inquiétude. Entre eux, s'était tissé un lien d'une rare tendresse fraternelle. Agnès de Montfort, leur sœur était froide et très pieuse, tandis que Flore était toujours enjouée. Que l'on veuille la gronder ou la punir, son sourire vous désarmait et l'on finissait par la couvrir de présents, sans qu'elle n'ait jamais rien eu besoin de réclamer ! Seul la volonté de lui faire plaisir en tout, semblait compter dès qu'on l'approchait. Elle était véritablement une délicieuse enfant ! Par conséquent, elle avait su se frayer un chemin jusqu'au cœur du défunt et surtout, elle avait su le faire rire par ses nombreuses pitreries.  Elle qui n'avait été recueillie que par devoir, voilà un bien beau succès ! Mais de ce geste généreux remontant à sa naissance, elle n'en savait encore rien. Nul n'avait encore osé lui apprendre, qu'elle n'avait été qu'adoptée. Chose qui allait changer aujourd'hui même, à la découverte du testament du feu comte. En effet, au cours de l'après midi, l'évêque Audin de Bayeux se présenta au château afin de leur faire part des dernières volontés du défunt.

- Comtesse et à vous mes enfants, je vous fais part une fois encore de ma profonde peine. Il m'est difficile de rendre votre deuil plus ardu encore en évoquant votre mari et votre père, mais il m'a chargé de quelques dispositions à prendre avant de quitter ce monde.
- Nous vous écoutons.

L'ecclésiastique s'assit comme Agnès de Garlande venait de l'y inviter d'un geste de la main. Il se racla la gorge, avant de commencer.

- Le comte souhaitait tout d'abord que la question du mariage de son fils aîné, soit traitée avec diligence pour assurer la lignée.
- Mais la lignée est assurée par mon frère Simon et puis par Robert ! Je ne veux point me marier ! Les femmes sont des créatures du diable, qui me font horreur !
- Comte, je vous rapporte simplement les paroles de votre père, mais Dieu me garde de dicter la conduite à tenir en pareille affaire.
- Je l'espère ainsi, poursuivez.  Que vous a dit encore notre père ?
- Il vous recommandait à tous, de garder les yeux rivés vers le comté de Meulan pour des questions politiques. Galéran IV étant le fiancé de Mathilde d'Angleterre, jeune jouvencelle d'à peine quatre ans, il lui paraissait possible d'écarter cette enfant. Si un drame survenait à cette princesse, ou qu'on l'abandonne, cela pourrait permettre de placer à la tête de ce comté, votre jeune sœur Agnès.  A trente trois ans, le comte Galéran n'a guère encore d'héritiers et le jeune âge de sa promise est un obstacle. Vote père vous conseillait de profiter de cette opportunité.
- Je reconnais bien là les manigances si bien pensées de notre père ! Nous y réfléchirons en conséquence.  Autre chose ?
- Oui mon seigneur, mais il s'agit d'une affaire délicate et je ne sais si je dois en parler devant tous, ici présents.

L'évêque semblait en effet très gêné et son regard s'était porté instinctivement sur Flore.

- Parlez donc ! Nul ne quittera cette pièce !

La diplomatie ne semblait pas être connue du nouveau comte.

- Eh bien voilà. Le comte tenait à ce que sa fille Flore, ne soit pas chassée du château malgré le fait qu'elle ne soit pas de sa chair et de son sang.  Puisque vous êtes désormais le maître de ses terres, vous seriez en droit de le décider malgré son adoption, mais il vous suppliait de son lit de mort de n'en rien faire.

L'œil d'Amaury IV pétilla soudain de colère ainsi que celui d'Agnès sa sœur.  C'est cette dernière qui se levant brusquement de son siège, prit la parole pour s'insurger.

- Cette bâtarde n'est autre qu'une pièce rapportée dans notre illustre famille. On ignore même si elle est fille de paysanne ! Nous l'avons assez supportée au cours de ces dernières années.  Notre mère a toujours reçu les assiduités de très grands seigneurs, si après une période de deuil convenable, un mariage avait lieu, comment une fille née du ruisseau pourrait ainsi côtoyer la cour et peut-être même le roi ?! Ce serait une ignominie !  

Flore avait blêmi, certes la politique l'a dépassée, mais le ton très agressif de sa sœur ainsi que ses insultes la frappèrent en plein cœur.

- IL SUFFIT ! Notre sœur restera parmi nous, elle est une Montfort. Notre père l'a reconnue comme telle et tant que je vivrai, nul ne la chassera de ce domaine ! Quelle honte Agnès, je pensais que votre dévotion vous aurait rendu l'âme davantage chrétienne !

Simon venait de faire claquer ses gants sur les joues d'Agnès puis il attrapa par le bras, la malheureuse petite fille que tout ceci venait de bouleverser.  Il la conduisit jusqu'à sa propre chambre afin qu'elle se sente davantage protégée.

- Simon, je ne suis pas la fille de père ?
-  Vous l'êtes, Flore. Tout comme, vous êtes ma sœur chérie. Dieu vous a mis sur notre chemin et il n'y a que cela qui compte. Oubliez tout le reste et surtout ces méchantes langues. Dès demain, nous mettrons votre chambre tout près de la mienne. Ainsi, vous serez tout près de mère et de moi. Voulez-vous ?
- Oh oui !
- Alors ne pleurez plus mignonne, et faites moi un beau sourire comme vous en avez le secret.

Flore s'exécuta tant bien que mal pour faire plaisir à son frère. Puis elle enroula tristement ses bras enfantins autour de son cou.

Les jours et les mois qui suivirent furent bien sûr remplis du souvenir d'Amaury III, mais également du désir presque frénétique de combler Flore de présents. Elle déjà si couverte d'attentions, le fut d'autant plus. On désirait qu'elle oublie cette très fâcheuse révélation, les insultes reçues et les regards noirs quotidiens du comte et d'Agnès. L'amusement est un remède comme un autre, pensait-on ! Erreur ! A trop gâter une petite fille, cela peut avoir un revers dans l'avenir. Ainsi habituée à tout obtenir, comment Flore n'en aurait-elle pas profité ? Comment n'aurait-elle pas pu devenir frivole ? Et comment n'aurait-elle pas pu être irritée de rencontrer sur sa route un obstacle, à quelque chose qu'elle désirait, lorsqu'elle pouvait tout avoir sans ne rien demander !





Il était une fois, il y a fort longtemps...



Crécy, septembre 1145,

- Entrez  …

La voix n’avait pas été péremptoire mais au contraire douce et avenante. Toute une invitation se devinait derrière le timbre de la jeune fille vêtue simplement d’une chemise de nuit et d’une peau de bête. Ses boucles brunes cascadaient sur ses épaules et son dos. Quant à sa position lascive, elle saurait sans nul doute achever sa cible. Et ce n’était pas n’importe qui, que Flore d’Evreux s’apprêtait à conquérir, mais bien leur cousin de Rochefort. Un petit neveu de leur mère. A présent que la malheureuse Agnès de Garlande avait rejoint également son époux, au tombeau, et que son frère Simon était le maître d’Evreux, il fallait s’assurer de la loyauté de chaque membre fut-il éloigné de leur famille. Or, Hugues de Crécy, s’engagerait-il pour Simon ou embrasserait-il la cause de Robert de Dreux, second époux de leur mère ? C’est ce que Simon désirait savoir, ainsi sans qu’il ait eu besoin d’insister, Flore avait accepté de le sonder. Qu’importait les armes dont elle userait ! N’avait-elle pas plus d’un tour dans son sac ? Fouineuse, belle et très habile, elle saurait parvenir à ses fins avec ce cousin aussi roux que son père. Soit il n’était pas très séduisant, avec ses nombreuses tâches de rousseur et son gros ventre, mais puisqu’il le fallait …  

- Ma servante, m’a dit que vous étiez souffrante ma chère ! Je venais m’enquérir de votre état, allez-vous mieux ?

Flore posa sa main sur son front et secoua négativement la tête, avant de se redresser légèrement du fauteuil où elle se trouvait.

- Hélas non, sans doute aurais-je pris froid au cours de mon voyage.
- Vous m’en voyez désolé.
- Ne le soyez, je ne regrette en aucun cas ! Comment le pourrais-je vraiment, puisque j’ai eu le grand plaisir de vous rencontrer !

Un sourire naquit sur ses lèvres, mais elle le fit disparaître aussitôt pour se mettre à tousser à fendre l’âme.  Bien sûr, il ne s’agissait là que de théâtre ! Mais un premier pas était déjà franchi dans la séduction, puisque son cousin venait de s’asseoir auprès d’elle, apparemment inquiet.

- Oh j’étouffe, je crois que mon cœur va finir par éclater dans ma poitrine. Sentez comme il bat.

Et sans plus attendre, elle prit sa main pour la poser au dessus de son sein, chose qui troubla immensément son hôte.

- En effet, c’est un vrai tumulte !

Flore retira la main du malheureux aussi vite qu’elle lui avait attrapée, le tout le plus innocemment du monde.

- J’aurai tant aimé que cette fièvre et ses palpitations ne soient dues qu’à ce que je ressens aujourd’hui et non pas à un mauvais rhume !
- Pardon ?
- Que dis-je ? Je délire sans doute ! Excusez-moi !
- Vous disiez : ce que je ressens ? Ressentez-vous un sentiment tendre pour quelqu’un au point que cela vous en donne la fièvre ? Mais sans doute que je me montre trop indiscret !

La jeune Montfort se redressa un peu plus sur ses oreillers et avança son visage à quelques centimètres de Rochefort.

- Je m’étais promis de n’en jamais rien dire mais j’ai bien peur que mon état ne me trahisse malgré moi.

A présent ses yeux étaient plantés dans les siens. L’homme était de plus en plus troublé et elle sentait bien qu’il était presque mûr et prêt à être cueilli dans ses bras.

- Comment pourrait-on rester insensible à votre charisme à vos faits d’armes ? J’en ai tremblé tout hier et j’en tremble encore aujourd’hui.

Elle se blottit tout à coup dans ses bras.

- Voyez, sentez, comme mon corps est secoué et parcouru de frissons. C’est de votre faute !

Tout était dit, face à l’appel de la chair et d’un jeune corps à honorer, Rochefort flancha. Ses bras entourèrent la taille de Flore, et d’un geste, il la coucha à nouveau sur le lit, avant de la couvrir de baisers et de caresses. Flore supporta ses assauts tant bien que mal, elle n’était pas dégoûtée mais elle ne perdait pas de vue qu’elle ne faisait que cela pour obtenir une réponse politique. Elle l’obtint d’ailleurs après quelques jours de folle passion, les Rochefort se rallieraient aux Montfort ! Hugues de Crécy était le premier d’une assez longue liste d’amants, et ce fut toujours pour apporter un allié ou contrer un ennemi de son frère. Mais si aujourd’hui, s’amuser de leur naïveté était grisant, malgré les risques d'une grossesse qu'elle contre lesquels elle luttait par des breuvages de plantes, dans quelques années, cela serait bien différent. Flore d’Evreux devrait aviser son frère, cet ambitieux et bien aimé frère, de sa lassitude ! Elle ne serait plus un pion bien longtemps dans ses stratégies !

Le Neubourg, juin 1149,

- Blanche, que vous êtes belle ! Vous allez ravir votre futur époux !

La jouvencelle de seize ans vêtue d'une robe pourpre au fil d'or tout à fait sublime, se mit à rougir.  Il s'agissait d'une véritable oie blanche, comment aurait-il pu en être autrement ? Blanche était la seule fille de Robert de Neubourg, sénéchal de Normandie et surtout homme très pieux ! Une seule question parcourait toutes les lèvres, le concernant : Prendrait-il la robe lorsqu'un héritier naîtrait de l'union qui allait être célébrée ? Ce n'était pas impossible. D'ailleurs, Flore n'ignorait pas que ce grand seigneur voyait d'un mauvais œil, ses fréquentes visites à Blanche. Certes, le fait qu'elle ait déjà eu  quelques aventures sentimentales, n'était pas su de la province, mais sans doute son attitude frivole ne plaisait guère. Mais cela importait peu, puisque ces derniers mois, les deux jeunes filles s'étaient laissées aller aux mille et un amusements de la jeunesse.

- Vous le pensez vraiment mon amie ?

La jeune Montfort acquiesça de la tête, tandis qu'elle déposait sur le front de la mariée, un diadème orné au centre d'un diamant absolument sublime. Puis, elle se pencha sur son oreille pour lui murmurer, avec un petit gloussement :

- Vous lui ferez perdre la tête !
- Nous verrons bien, car pour l'heure celui que je vois terriblement fiévreux et n'ayant d'yeux que pour une femme est ce cher Geoffroy de Muzy !

Flore tout à coup très intéressée par la simple mention de ce nom, prit un siège et se rapprocha de son amie.

- Et qui est cette dame ?

Blanche de Neubourg eut un petit sourire entendu.

- Allons, comme si vous ne le saviez pas ! Cet homme se languit d'amour pour vous, et cela se lit tant sur son visage, que le nouvel évêque l'a durement réprimandé à ce sujet.

Passant du ravissement à la contrariété en l'espace de quelques secondes, la belle Montfort siffla soudain entre ses dents.

- Maudit religieux ! Dieu nous a ravi Monseigneur Audin, bien trop tôt ! Nous ne pouvons espérer que le plus pur fanatisme de la part de celui-ci !  
- N'ayez crainte, depuis ce sermon qu'il lui a fait au sujet de la résistance à la chair, on dirait que Geoffroy ne vous en désire que plus !

Blanche venait de poser sa main sur celle de son amie, pour la rassurer.

- Je gagerai toutes mes terres, qu'il sollicitera à votre frère, l'honneur d'être votre chevalier servant tout au long des noces.

Un sourire resplendissant et rempli d'espoir se dessina sur les lèvres de Flore. Elle n'en espérait pas moins de cette journée et au diable l'ecclésiastique !

Quelques heures plus tard,

Le mariage s’était passé à merveille, toute l’assemblée virevoltait dans des farandoles. L’épousée avait bien entendu chanté pour son époux, comme le voulait l’usage mais cette atmosphère légère devait être bien ternie par Philippe d’Harcourt. Il s’agissait du nouvel évêque de Bayeux, corbeau noir au sein d’invités tous vêtus de soieries colorées. Son regard noir suivait les faits et gestes de Flore d’Evreux que décidément, il n’aimait pas ! Cette fille du diable, cette fille d’Eve était coquette, légère, et surtout manquait à ses devoirs de confession ! Donnait-elle en outre à l’évêché ? Non ! C’est à peine, si elle venait à la messe. Et encore, ne l’avait-il pas vu bailler au cours d’un de ses sermons ? N’était-ce pas honteux ? Il ne pouvait tolérer l’impudence de cette femme et désirait plus que jamais, lui donner une leçon mémorable ! Il suffisait qu’elle lui en fournisse l’occasion idéale, il était à l’affût du moindre de ses faux pas. Ce rapprochement si visible avec le fringant Muzy, allait sans doute le servir. Ça serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase, si elle osait entretenir une relation avec lui ! Il ne résista pas à le menacer dans ce sens, dès qu’elle fut non loin de lui.

- Prenez garde damoiselle !

Flore sursauta en surprenant sa présence dans son dos.

- Et de quoi donc, Monseigneur ?
- De certains et graves actes, qui ne seraient pas sans conséquence s’ils étaient commis ! Surtout si ceux-ci vous conduisait à commettre le péché de la chair !

Le ton employé par l’ecclésiastique ne plaisait en aucun cas à la jeune femme, qui mit ses mains sur ses hanches pour le défier comme il se doit.

- Je ne comprends pas ces insinuations scandaleuses, Monseigneur et qui sont bien indignes de la robe que vous portez, aussi cela m’étonne. A présent, je vous prie de m’excuser, je me dois à mon frère !

Et sans plus attendre, elle tourna les talons avant de souffler toute son exaspération ! Ce n’est certainement pas ce vieux faucille qui serait un obstacle à une éventuelle relation avec Geoffroy. Il était si fougueux, lorsqu’il avait profité d’une danse pour l’étreindre, qu’elle se sentait déjà faiblir !

Cour de Normandie, septembre 1149,

L'heure était solennelle  à la cour du Mans, tout du moins elle l'était pour Flore. Vêtue de ses plus précieux brocarts, sa fine main posée sur le poing ganté de son frère Simon, la jeune femme s'avançait parmi les courtisans. Au loin assis sur deux trônes, se trouvaient Henri Plantagênet et sa mère Mathilde l'Emperesse. Cet homme blond, qu'elle pouvait encore peu distinguer soit, possédait un charisme naturel.  Quant à sa mère, on lisait sur ses traits tout le caractère d'une femme forte et surtout à poigne. C'était un honneur de leur être présentée officiellement. Lorsqu'elle avait été introduite à la cour de France, en tant que belle fille par alliance de Robert de Dreux, frère du roi Louis VII, elle n'était encore qu'une enfant. Le souvenir était assez vague, et donc c'était bien différent aujourd'hui. Respirant par petites bouffées, des fourmis d'excitation lui parcouraient le ventre. Elle tenta de contrôler un minimum ces émotions là, lorsqu'elle arriva au devant eux.  Sa profonde révérence l'y aida.

- Altesses, permettez moi de vous présenter ma sœur Flore de Montfort.
- La fameuse fleur d'Evreux.  Vous vous décidez enfin à nous la montrer, mon cher Simon ! On aurait pu croire que vous la gardiez jalousement jusqu'à aujourd'hui.

La voix de Plantagenet était douce, Flore avait bien du mal à croire les rumeurs qui décrivaient les colères noires, si typiques à cette famille.

- Il est vrai qu'elle est mon bien le plus précieux.

A cette déclaration toute fraternelle, la jeune femme répondit en refermant davantage sa main sur celle de son frère.

- Soyez donc la bienvenue à la cour de Normandie !

Elle s'était enfin redressée, puisque jusqu'à présent il ne s'était pas encore adressé directement à elle. Le protocole exigeant qu'elle reste courbée.

- Je vous remercie Monseigneur.
- Je me joins à mon fils, damoiselle.  

Le ton de Mathilde était plus sec, bien que poli. Elle ne l'en remercia pas moins, pour autant. Derrière son auguste personne, se trouvait une jeune femme brune un peu maigre. Une certaine Ain Martin, dont elle ferait bientôt la connaissance et avec qui, un jeu de dupes se mettrait bientôt en place.

Evreux, février 1150,

Flore jusque-là tenue fermement par le bras par un moine, se vit pousser sans ménagement à terre. Elle fut projetée au milieu de la pièce, aux pieds même de l’évêque.

- De quel droit, osez …
- Silence pècheresse ! Ne vous avais-je donc pas averti ? Votre conduite honteuse est arrivée jusqu’à mes oreilles, je devrais vous faire excommunier ! Repentez-vous ! Et commencez par ne pas vous relever, demandez moi à genoux le pardon de vos fautes !

La bouche de la jeune Montfort s’ouvra et se referma plusieurs fois de suite, sans qu’aucun son ne sorte ! Elle était à la fois indignée et stupéfaite. Toutes les rencontres avec Geoffroy de Muzy avaient été si discrètes, ils se séparaient même à un quart d’heure d’intervalle. Jamais, ils ne rencontraient au même endroit de plus. Comment avait-il pu savoir ? Serait-elle à présent la risée de la région ?

- Il est bien entendu évident, que vous épouserez cet homme pour ne pas apporter le déshonneur sur votre illustre famille !

Flore se détourna vers son frère Simon, atrocement apeurée ! Jusqu’ici, il était resté muet, mais elle lut dans ses yeux que son humiliation lui était très cruelle et qu’il en souffrait. Allait-il venir à son secours ? Elle connaissait sa piété mais également son caractère rebelle. Quoi qu’il en soit, avec ou sans son aide, elle était hors de question qu’elle épouse son amant. Il était très agréable d’avoir une relation avec lui, mais une relation libre ! Il était bien trop immature pour le mariage et ne rêvait que de gloire en Terre Sainte. Telle Scarlett O Hara avec son premier mari Charles Hamilton, serait-elle veuve aussitôt mariée ? Cela aurait pu être une solution certes, mais malgré tout le sacrement serait là. Elle n’en voulait pas !

- Il n’en est pas question !

Les clercs et l’évêque poussèrent presque un cri, tant ils étaient choqués !

- N’êtes-vous donc qu’une catin et si un enfant naissait de votre rapport lubrique avec ce jouvenceau ? Ne pensez-vous donc pas au scandale !
- Monseigneur, laissez-moi donc juge de ce qui serait un scandale ou non pour ma famille ! Je suis le mieux placé pour cela !

Flore relâcha sa respiration jusque-là saccadée par l’appréhension ! Simon allait la sauver de ce très mauvais pas, il n’y avait aucun doute !

- Mais comte … Soit, nul ne saura rien par nous mais nous ne pouvons pas ne pas sanctionner un tel comportement, lorsque votre jeune sœur s’adonne à la plus basse luxure ! Un péché capital pour tout bon chrétien ne l’oubliez pas, attitude que vous ne pourriez pas tolérer en tant que tel. Il ne s’agit point d’une lavandière ou d’une femme de serf !
- Me sanctionner ? Et que proposez-vous ? Que je me flagelle jusqu’à la fin de mes jours ? Que je sois clouée au pilori de la ville ?

L’ecclésiastique ricana l’espace d’un instant.


- Rien de tout ceci damoiselle, comme on vous l’a dit nous ne voulons pas que cela s’ébruite, nous tenons trop à la réputation du comte …
- Et sans doute plus à ses écus pour vos bonnes œuvres, argent que vous ne sauriez perdre !  
- Il suffit ! Je pense qu’un séjour dans le donjon du château devrait rabattre votre insolence, et vous donner à réfléchir au sujet de cette union nécessaire !
- Emprisonner ma sœur au donjon comme une criminelle ! Vous n’y pensez pas Monseigneur !
- Je n’y songe pas, c’est ce que je veux et soyez heureux que je ne lui fasse subir l’affront des rues, du à toute fille de joie ! Oseriez-vous , vous opposer à une décision de l’Eglise comte ?

Les yeux de l’évêque plantés dans ceux de Simon de Montfort, celui-ci sentit sans doute sa résistance chanceler. Il baissa la tête et Flore sut que la partie était perdue.  Elle ne pouvait pourtant pas ne pas en vouloir à son frère, qui avait tenté de tenir tête à Philippe d'Harcourt. Mais c'est avec l'énergie du désespoir, qu'elle tenta une ultime fois de faire appel à son frère.

- Non ! Simon ...
- Je suis désolé, je ne peux rien faire !
- Allons, dois-je vous traîner moi-même jusqu’au dit lieu ? Soyez digne et cessez donc de geindre !

La jeune femme redressa la tête avec fierté, après s’être relevée du sol. Elle se monta les nombreux escaliers jusqu’au donjon donc, l’évêque et son frère la suivant de très près. Une fois qu’elle fut rentrée dans la cellule circulaire, elle ne put qu’en constater l'espace réduit. Une cage, ça serait une cage !

- Vous ressortirez d’ici, lorsque vous montrerez plus de complaisance pour ce mariage et surtout quand vous vous repentirez ! Vous savez ce qui vous reste à faire !


Et la porte se referma la laissant dans une quasi obscurité. Derrière, elle entendit ce maudit religieux interdire à Simon de Monfort de fléchir en quoi que ce soit ! Elle aurait voulu tambouriner à la porte, hurler à en casser sa voix, mais il était hors de question qu’elle supplie cet homme ! Comme il était également hors de question, qu’elle lui cède ! Changer ? Si elle le faisait un jour, ça ne serait certainement pas par obligation !

Donjon d'Evreux, mai 1150,

Elle avait tout tenté ! La séduction auprès du geôlier n'avait guère marché comme elle l'avait espéré, ses évanouissements répétés étaient magnifiquement bien interprétés mais feints, et on le savait malheureusement ! Quant à cette épingle à cheveux qui s'était brisée dans la serrure de la très lourde porte, elle l'avait jetée avec rage. Cela faisait trois mois, qu'elle se trouvait dans cette pièce et n'en sortait que pour des promenades sur le chemin de garde, tout en étant étroitement surveillée.  Flore savait pertinemment que tous ces gardes qui devaient obéissance à son frère, peinaient à être des gardes chiourmes auprès d'elle. D'ailleurs, elle n'hésitait pas à les mettre d'autant plus mal à l'aise, en les foudroyant du regard dès qu'elle le pouvait. Ceux-ci baissaient alors la tête, penauds.  Aussi, elle n'avait pas eu à insister pour obtenir un feu de cheminée, des repas convenables,  ainsi qu'un minimum de mobiliers et ce dès le premier soir.  Aurait-elle dû dormir sur la paille, telle une misérable paysanne ? Il ne pouvait en être question bien entendu ! Et c'est à la lueur crépitante des bûches de bois enflammées, qu'elle réfléchissait à des moyens de s'enfuir. Elle en avait tout le temps hélas, les journées passaient comme des siècles. Mais après la séduction et les malaises, que pouvait-elle faire ? Certes la lucarne ne possédait aucun barreau et était assez grande pour lui permettre de passer mais c'était bien inutile. Le donjon était si haut, et elle n'avait guère de  corde assez longue. La seule issue qu'elle entrevoyait était d'agir au cours d'une de ses promenades. Depuis plusieurs jours, elle mesurait les distances, chronométrait à la seconde près combien de temps, elle pourrait mettre pour atteindre le pont levis du château. Oserait-on alors tirer quelques flèches ? Elle espérait bien que l'attachement qu'on lui portait et la crainte du grand courroux de Simon, sauraient dissuader la plupart des soldats. Mais pouvait-elle prendre le risque pour autant ? Oui ! Elle ne pouvait demeurer ici plus longtemps et sa résolution était prise ! Dès le lendemain, elle tenterait une évasion. Par conséquent, elle s'était couchée tôt pour être au meilleur de sa forme physique dès l'aube. Il lui faudrait prendre les jambes à son cou et sur une longue distance, jusqu'à ce qu'elle atteigne les bois. Que ferait-elle par la suite ? Elle supplierait d'être conduite, même à l'aide d'une charrettes s'il le fallait jusqu'à la cour de Normandie.  Elle y demanderait protection et asile. A présent, elle y avait été présentée après tout ! Accepterait-on de lui venir en aide, elle ne savait, mais elle devait véritablement tout tenter ! 

Soudain, un cliquetis se fit entendre. Un regard jeté sur la lune éclatante lui apprit, que l'on devait être au milieu de la nuit. Un instant, elle crut avoir rêvé. Mais un autre bruit métallique résonna dans la pièce. Etait-ce ce qu'elle devinait ? Essayait-on plusieurs clefs dans l'imposante serrure ? Qui cela pouvait-il être ? Simon ? L'évêque arrivé au bout de sa patience ? Allait-elle être transférée au diocèse ?  A vrai dire, à cette minute, les pires scenarii agitaient son esprit.  Se levant d'un bond, elle prit une bûche de sa réserve de bois, et se plaça derrière la porte. Lorsque cette dernière s'ouvrit, crissant sur ses gonds, elle vit tout d'abord une botte noire s'avancer puis une capuche de cape recouvrant le visage d'un homme apparemment brun.  Le cœur palpitant à tout rompre de frayeur, elle  vit l'homme aller jusqu'à son lit et retirer les couvertures.  Il maugréa dès qu'il vit, qu'il était vide.
 
- Qui êtes vous et que voulez-vous ? 

Se retournant brusquement, l'individu dont elle ne voyait guère le visage sortit sans plus attendre une corde de sous sa cape. 

- Vous faire évader ! 

C'était bien sûr très alléchant, mais elle voulait tout de même certaines réponses.

- Pourquoi ? 
- Cela me regarde, damoiselle. 
- Comment êtes-vous rentré au château, vous n'êtes pas un des gardes de mon frère !  
- Sans doute, mais j'en ai assommé deux, celui à qui j'ai volé ses vêtements ...

Et il découvrit sous son long manteau, l'uniforme typique des soldats avec les armoiries des Montfort. 

- Et votre geôlier pour lui prendre les clefs. Mais trêve d'explications, vous poserez vos questions plus tard. Il ne faut pas perdre de temps. Cette ouverture ne doit pas être trop étroite pour vous, je tiendrai la corde le temps que vous descendiez dans les fossés. Des hommes vous y attendent. Lorsque vous serez en bas, tirez sur la corde deux fois. Je vous rejoindrai par là où je suis venu et avec votre cape. 

Que répondre à ce flot de paroles ? Restée bouche bée encore, Flore s'avança vers la lucarne tandis que son mystérieux sauveur y mettait au dessous, la petite table qu'on lui avait octroyée. Elle y grimpa, et déroula la corde dans le vide avant d'enjamber l'ouverture. Agrippée comme jamais à cette liane, elle glissa non sans se brûler parfois les paumes des mains. Une fois parvenue sur l'herbe fraîche, elle fit comme convenu les deux coups répétés sur la corde. Quelques minutes plus tard, elle était hissée sur un cheval et prenait la direction du Mans. A ses côtés, l'inconnu était silencieux et plus tapi dans l'ombre de sa cape que jamais. Il ne lui fit plus l'aumône d'aucune autre parole, jusqu'à ce qu'ils furent arrivés à la cour de Normandie. 

- Nous repartirons de nuit pour Paris, dans dix jours. Réglez vos affaires, nous vous attendrons devant la cathédrale à neuf heures. Soyez ponctuelle. 

Et celui qu'elle ne savait pas être Grégoire de Lisieux, c'est à dire son oncle, lança son cheval au galop à travers la ville avant même qu'elle n'ait eu le loisir de le remercier. Quel étrange personnage ! Mais c'était fort mal connaître Flore et sa curiosité, que de croire qu'elle ne ferait pas tout pour découvrir son nom tôt ou tard. 

Quelques heures plus tard,

Flore avait pu être reçue par le sénéchal de Normandie. Soit, Robert de Neubourg ne l'appréciait pas vraiment, mais ses fonctions l'obligeaient. En sa qualité, il mettrait donc au courant Simon de l'endroit où elle se trouvait et qu'elle était également sous la protection de la cour désormais. L'homme fut froid et cassant, il ne tolérait pas que l'on brave ainsi l'autorité de l'évêque de Bayeux, mais cette dernière s'arrêtait aux frontières de son diocèse. Ayant tout de même bien compris la leçon et s'étant pleinement rendu compte de la puissance de l'église, elle irait faire amende honorable auprès du confesseur de la cour. Cela devrait calmer certains esprits un peu trop pieux. Elle sortait du confessionnal, lorsqu'un courtisan s'approcha d'elle en compagnie d'une jeune dame au visage très doux.

- Bien le bonjour damoiselle.
- A vous de même, messire.
- Je suis Hugues de Breteuil et voici ma sœur, Béatrice.

Les deux femmes se saluèrent avec gentillesse et quelques instants plus tard, se retrouvèrent seule à seule. Flore ignorait encore qu'il s'agissait de la favorite.

- J'ai une question qui me brûle les lèvres.
- Posez la, je vous en prie.
- Toute la cour ne murmure plus qu'à votre sujet. Il n'est question que de votre évasion. Vous auriez été retenue dans le donjon d'Evreux, est-ce exact ?
- En effet ... Une querelle avec l'évêque de Bayeux a causé mon enfermement durant plusieurs mois.

Une sorte de tristesse passa tout à coup dans les yeux de Béatrice. Qu'avait-elle ?

- Je compatis tellement avec vous, ça a dû être une terrible épreuve ! Tout comme, ça l'a été pour moi !

Flore fut interloquée. Cette jeune fille n'avait que dix sept ans, c'était plus atroce encore !

- Comment ?
- Hélas, c'est comme je vous le dis.

Leur coup du sort ainsi les rapprochait, alors qu'elle venaient tout juste de faire connaissance. Un silence lourd pesa l'espace de quelques minutes. Mais lorsqu'une musique entraînante retentit et que deux cavaliers s'empressèrent de leur demander l'honneur d'une danse, le sourire leur revint. Elles n'avaient point l'âge de l'aigreur mais bien celui de l'amusement. Et Flore trop longtemps privée de sa liberté, s'adonna aux plaisirs jusqu'au bout de la nuit en compagnie de sa nouvelle amie. Amie ? Bien entendu, car il ne leur fallut que très peu de temps pour qu'elles soient aussi inséparables que les doigts de la main. Il s'agissait d'un véritable coup de foudre amical ! Amies pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs. Fouineuses et malicieuses autant l'une que l'autre, intrigantes derrière leur visage d'ange, aucune rumeur ne leur échappe lorsque leur binôme frappe, et souvent même elles en sont à l'origine. Si leur réunion au cours d'une petite dizaine de jours aurait pu paraître insignifiant, c'est là qu'elles se sont fait les griffes. Une fois, qu'elles seront à Paris, ce ne sera plus guère des amatrices. Car on se souviendra sans doute encore longtemps de ce pauvre malheureux dont elles avaient volé les vêtements ! Il dut rentrer chez lui, en tenue d'Adam mais bel et bien couvert de honte. Ses yeux menaçants appelaient à la vengeance contre elles. Et ce ne serait pas le premier ou le dernier qu'elles ridiculiseraient. A leurs risques et périls bien sûr, car soit ces  lionnes aux allures de brebis ont des ressources mais les loups ne manquent pas.  Leurs petites manigances pourraient un jour tourner au vinaigre.

Paris, 1151,

Elle allait enfin revoir son bien aimé frère et Béatrice, avec lesquels elle correspondait très régulièrement. Quel bonheur ! Si elle avait rejoint la cour de Louis VII voici quelques mois, il n'avait appelé au  rassemblement de ses seigneurs, qu'il y a tout juste quelques jours.  En effet, toutes les grandes maisons vassales étaient priées de se rendre à Paris pour y renouveler leur hommage au souverain. A n'en pas douter, les Montfort s'y rendraient tout comme les Plantagênet et leur suite. Parmi cette suite d'ailleurs, se trouvait la fameuse Ain Martin, tout juste croisée le jour de sa présentation. Celle-ci venue il y a quelques temps aussi à Paris, s'était proposée pour la servir. Loin d'être stupide, Flore accepta en toute connaissance de cause le fait de l'avoir comme suivante. Elle savait pertinemment la fidélité farouche de la jeune femme envers Mathilde l'Emperesse. Il était certain, que la demoiselle était venue jusqu'à elle pour en savoir davantage, sur un sujet tenant à cœur à sa maîtresse. La position d'Evreux et de son frère vis à vis du parti angevin par exemple ? C'était très certainement ça oui ! Quant à Flore, elle s'en accommodait bien de sa présence car combien de fois, son frère lui avait-il parlé de ses interrogations concernant l'avantage d'une alliance avec les Plantagênet.  Ainsi, un jour, la jeune Montfort lâcha telle une bribe d'information tout en lançant une perche pour en obtenir une à son tour.

- Si seulement, Simon avait de plus amples détails  sur les intérêts qu'a à lui offrir le roi et les autres cours, ces dernières se font si discrètes sur ce point. C'est si regrettable, alors qu'il ne demanderait que de s'allier à l'une d'entre elles, j'en suis sûre !
- Vraiment ?
- Il me l'écrivait encore aujourd'hui même.
-  Alors, il serait plus sage en effet qu'il regarde vers l'avenir et non pas sur ce qu'on peut lui apporter ponctuellement. Il faudra bientôt compter sur des barons très puissants, et dont le pouvoir ne pourra que rejaillir favorablement sur lui et votre famille. Il serait dommage de ne pas serrer la main lorsqu'elle se tendra.

Aucune d'entre elle n'osait prononcer le nom Plantagenêt, mais il était si sous-entendu.  Ces quelques mots échangés persistent à l'être, et toujours avec la même subtilité.  Un échange d'informations et de bons procédés tout en restant discrètes malgré tout. L'arrivée en massage des puissants à la cour de France changera t-elle leur relation ? L'une devra t-elle davantage presser l'autre et mettre en œuvre un plan pour mieux découvrir ce qui se trame ? L'avenir nous le dira, tout comme peut-être il apprendra enfin à Flore le secret de ses origines. Un secret, pour l'instant bien détourné par une mère si inquiétée au moment de son adoption, qu'elle a dû imaginer tout un stratagème ! Nul doute, que cette quête pour laquelle Flore s'interroge peu à cette heure, sera sans doute autant semer d'embûches que celle du Graal. Mais ne présageons pas du futur, puisque tout est encore à construire ou à détruire. N'est ce pas Simon ? L'heure des règlements de comptes, semble être venue.  Ta soif de pouvoir au travers des aventures de ta sœur, s'arrêtera t-elle bientôt ? Laissons la te répondre également dans les prochains épisodes ... Elle devrait te surprendre, tout comme elle surprendra et marquera cette cour. N'en doutons surtout pas.

Fin ou plutôt le commencement d'une aventure.





Dernière édition par Flore d'Evreux le Jeu 5 Déc - 19:23, édité 52 fois
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Béatrice de Breteuil

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyMer 24 Avr - 19:46

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Oh tu prends ma poto What a Face
On va pouvoir cracher sur les gens et faire des crasses sword

Hé bien rebienvenue Lisa Wink
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Sybille de Déols

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyMer 24 Avr - 21:18

Sybille de Déols  a  dit:
Oh Lisa, j'ai mis douze plombes à comprendre mdr

Rebienvenue parmi nous alors ! perv
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Henri Plantagenêt

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyMer 24 Avr - 21:40

Henri Plantagenêt  a  dit:
Chouette, une alliée et la meilleure potesse de ma copine, voilà qui m'arrange green *PAN*

Re-bienvenue parmi nous Lisa, encore une fois c'est moi qui te validerai, donc tu sais où me trouver en cas de besoin mdr et j'archiverai ta fiche de Mary pour que tu puisses y accéder à nouveau si l'envie te prend d'en faire un DC un jour ou que tu veux juste la garder en souvenir \o/
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Aliénor d'Aquitaine

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 25 Avr - 3:52

Aliénor d'Aquitaine  a  dit:
Rebienvenuuuue ^^ j'espère que tu t'amuseras plus avec ce perso
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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 25 Avr - 14:41

Flore d'Evreux  a  dit:
Merci à vous les filles ! ** heart

Steph : Oui on va pouvoir faire nos bitch. green C'est trop bien. green

Petit Planta : Oui me voilà et je rejoins votre cause sans aucun problemo mais attention de comment vous allez traiter Béa hein ! clac green Et oui si j'ai un problème, je viens te voir Cha, merci pour ta disponibilité. heart
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Aénor de Lusignan

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyMar 7 Mai - 10:04

Aénor de Lusignan  a  dit:
Re-Bienvenue parmi tous Wink
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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 9 Mai - 15:28

Flore d'Evreux  a  dit:
Coucou, je n'oublie pas ma fiche loin de là, mais comme je suis en pleine installation sur Paris ou tout comme, pourrais je avoir un petit délai ? pliz J'essaie de me mettre à jour dans mes rps et en même temps de me pencher sur Flore, promis je finis ma fiche dès que possible. heart
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Henri Plantagenêt

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyVen 10 Mai - 18:06

Henri Plantagenêt  a  dit:
Nan, j'te supprime green (hahaha, quelle blagueuse cette admin mdr)

Evidemment que tu as ton délai voyons, surtout pour un déménagement Cool Bon courage, et bonne chance pour la MAJ et la fiche !
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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 1 Aoû - 8:19

Aliénor d'Aquitaine  a  dit:
Coucou Lisa, tu en es où? ^^
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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyVen 2 Aoû - 16:41

Flore d'Evreux  a  dit:
Coucou les filles,

Alors ne vous en faites pas, j'ai bien commencé mon histoire mais en fait comme deux de mes liens étaient dans les anglais qui ne sont plus là, je bloque un peu à ce niveau. Je ne peux intégrer que deux liens sur 4 en fait du coup.

Comme je sais qu'il y a la refonte en cours, j'attendais. Je guettais la future mise à jour pour découvrir mes nouveaux liens. :) Mais comme vous avez dit qu'on peut vous en parler directement, on peut faire ça dans ce cas par mp ou par skype. :) Ça sera sans doute plus simple.

A très vite les filles. hug
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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 5 Déc - 12:03

Flore d'Evreux  a  dit:
Mille ans plus tard (bah ouais 1151 et 2013, ça fait presque un millénaire green ) J'ai enfin fini ma fiche. super 

Fouettez moi ! clac  perv  J'ai horriblement honte d'un tel retard ! cache 

Pour me faire pardonner, je vous ai pondu un petit roman. J'espère qu'il vous plaira.  What a Face 

Si j'ai mis l'épisode du lépreux dont se sert sa mère adoptive pour pouvoir l'adopter, c'est pour me créer d'autres liens autour de ses origines et des fausses pistes. Ça ne mettra que plus de piment dans mes rps, je pense. :P Surtout si un Grégoire tarde à venir. ^^ Oui je suis maso, et alors ? green Et pis c'est la faute de Steph qui m'a mis cette idée de lépreux en tête, il y a quelques temps sur ATV. mdr  Finalement peut-être que la mission en léproserie aura lieu. mdr 

Bref, j'arrête mon speech et je vous laisse lire.  Bonne lecture ! What a Face
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Henri Plantagenêt

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 5 Déc - 18:45

Henri Plantagenêt  a  dit:
Eh bien écoute, je crois que c'est un sans faute :face:j'ai lu ta fiche d'une traite, un vrai plaisir à lire comme toujours ** **  Je crois que la petite Flore est prête pour faire ses premiers pas à la cour de Louis VII, qu'elle va tout dépoter, et que PP est impatient de passer ses vassaux en revue pour lui trouver un parti potable :mdr:et définitivement, Sarah Bolger est parfaite, surtout sur ce vava **  bref, EXCELLENTE fiche, rien à redire, elle est mignonne comme tout, elle va tout rocker avec Béa', et ça va être COOL. ** 

Juste, le premier mari de Scarlett, c'est PAS Ashley, BLASPHEME What a Face

Tu es à présent validé(e), bienvenue parmi nous  :clap:. Tu peux à présent t'orienter vers le bottin pour réserver ton avatar. Une fois ceci fait, tu pourras créer tes liens ainsi que tes mémoires tu trouveras d'ailleurs dans ce topic des codes prêts pour t'aider si tu ne sais pas coder. Les rangs se font à partir de 100 messages, et les logements à partir de 200.

Bon jeu parmi nous  heart
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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 5 Déc - 18:56

Flore d'Evreux  a  dit:
Quelle honte en effet ! cache La Bella en moi qui n'est pas vraiment morte, vient de me piquer une crise, elle qui est fan du bouquin. stab 

Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiii pour ta validatiooooooooooooooon et tes compliments ! **  lick 

Ce fut un loooooooooooooong accouchement pour Flore mais la voilà enfin par vous ! Je suis toute contente ! :D  Et ouiiiiiiiii, j'ai envie de tout dépoter ! happy  Flore est aussi impatiente de mettre le lien en PP en pratique. What a Face

Angevins rocks ! chair 
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Béatrice de Breteuil

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MessageSujet: Re: Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille    Flore d'Evreux ♛ L'adoptée de la famille  EmptyJeu 5 Déc - 19:03

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Ouais ma copiiiiiine est là devil eeuh eeuh 
On va tout dépoter What a Face Tremblez la Cour ! super 
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