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 Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne

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Mathilde l'Emperesse

Mathilde l'Emperesse

ϟ Lord of Treason ϟ


Messages : 77
Date d'inscription : 12/12/2012
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Feuille de route
Mon coeur est: entièrement dévoué à ma quête du pouvoir.
Je suis né à: Sutton Courtenay, Oxfordshire
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MessageSujet: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyMer 12 Déc - 18:02

Mathilde l'Emperesse  a  dit:
Mathilde l'Emperesse

Duchesse de Normandie, ex-empresse du Saint-Empire
« Non monsieur, plus qu'une Grande Reine, elle fut un Grand Roi ! »


Je m'appelle Mathilde l'Emperesse, ou Mathilde d'Angleterre et suis né en 1102, je suis donc agé(e) de 49 ans, à Sutton Courtenay, Oxfordshire, je suis donc Normande par le mariage. Pour de nombreuses raisons que je vous exposerai plus tard, je suis fidèle à mon fils ainé, Henri de Plantagenêt. Pour ce qui est de mes sentiments, bien que je déteste en parler ainsi, je suis mariée. Mon visage? Il s'agit de la merveilleuse Cate Blanchett trouvé sur Tumblr
Derrière l'écran il y a Lutin/Romain, j'ai 22 ans, je travail/fais des études de design graphique. J'ai connu le forum via des souces sûres What a Face, et je pense qu'il est très bien conçu, mais d'après moi il y manque ... RIEN  What a Face . Je suis plutôt ACTIF surtout durant les vacances, je fais de mon mieux pour y arriver. Et pour finir gros BIG UP pour les Plantagenêt :super:et surtout aux admins pour avoir réussi l'exploit de me faire prendre un personnage féminin ! mdr


    Halte-là, voyageur ! Dis-nous donc qui est ton maître, et les raisons qui t’ont poussé à lui prêter allégeance ! Est-ce par conviction, par intérêt, par obligation ? Voyageur ? Manant ! Répète encore une fois ce mot infâme en ma présence et mes gens se feront un plaisir de te couper les mains ! Courbe l'échine plutôt, cela vaudra mieux... Je suis la seule et unique maitresse de mon destin. Un lâche m'a usurpé la couronne qui me revenait de droit et je compte bien le faire payer. Mon fils Henri est l'arme idéale pour combler mes ambitions. Ce monde d'hommes pleutres n'a pas voulu de moi sur le trône d'Angleterre ? Soit ! Ils auront mon fils qu'ils le veuillent ou non ! J'y consacrerai ma vie s'il le faut.
    Si une guerre venait à éclater entre l’Aquitaine, la France, la Normandie et l’Angleterre, que ferais-tu ? Prendrais-tu part au combat ? De quel côté ? Ou bien resterais-tu à l’écart ? Moi, l'impitoyable Emperesse, rester à l'écart ? Allez-vous continuer à m'insulter de la sorte ? Je serai coûte que coûte aux côtés de Henri et mènerait à bien nos (mes) ambitions de reprendre le trône d'Angleterre !
    Toutes ces alliances, ces mariages… Qu’en penses-tu ? Servent-ils tes intérêts ? Ou chercherais-tu à les rompre ? Je ne peux que me réjouir de ces alliances ! La future rencontre entre mon fils et Aliénor d'Aquitaine se profile peu à peu à l'horizon et j'ai hâte que ce mariage soit proclamé ! (Cela sera une occasion pour moi d'évincer sa maitresse, un peu trop envahissante à mon goût et tout à fait vulgaire !) Je sens que je m'entendrais à merveille avec la duchesse d'Aquitaine. Ce mariage sera la clé de notre succès !
    Enfin, dis-nous un peu : plutôt bal ou plutôt tournoi ? Plutôt guerre ou plutôt paix ? Plutôt amour courtois ou plutôt croisade ? Comme beaucoup de femmes de cour, elle apprécie les bals pour les commérages et les complots plus que pour la danse (quand on est pas une demoiselle à peine tombée du nid) mais elle ne peut s'empêcher de préférer les tournois ! Toute cette violence, cette force ! Elle en redemande ! Et c'est surtout pour voir son fils Henri briller qu'elle aime applaudir et crier sa joie au vainqueur. L'amour ? Il y a longtemps qu'il a déserté sa vie ! Le dernier homme qu'elle a aimé n'était autre que l'Empereur du Saint-Empire, un homme dont elle admirait la force et avec qui elle partageait le pouvor : son parfait alter-ego en somme. Depuis ? Il y a eu beaucoup de batailles gagnées et perdues, des larmes, des morts ainsi qu'un mariage désastreux avec un homme qu'elle déteste. Pour gagner le coeur de cette femme ? Être son égal, et ce n'est pas une chose aisée, messieurs !


Il était une fois, il y a fort longtemps...


Il faisait un froid des plus glacials dans la grande chambre lorsqu’elle ouvrit doucement les yeux, son visage dépassant à peine de dessous les couvertures, le tout recouvert d’une épaisse fourrure d’ours. Un discret rayon de soleil et quelques chants d’oiseaux étaient venus caresser ses paupières la tirant enfin du sommeil des dieux. La chambre était déjà occupée par ses suivantes qui s’affairaient en tous sens pour préparer son réveil. Lorsqu’elle se releva doucement, elle laissa apparaitre un long corps fin et frêle, plus pâle que la lune, écartant d’une main une cascade de cheveux d’or foncés. Elle quitta sans attendre le grand lit, vêtue d’une simple et longue tunique blanche soulignant d’avantage sa longue silhouette, ses suivantes s’agenouillèrent immédiatement avec une synchronisation presque millimétrée à sa vue. A peine avait-elle mit le pied à terre que son regard effaça l’égarement du réveil pour laisser place à des yeux d’un bleu pénétrant et profond, plus tranchants que des lames. Elle ne semblait pas avoir d’âge et pourtant elle était bien humaine comme vous et moi. Elle s’avança dans la chambre, jeta un regard à la cheminée qui venait d’être allumée quelques instants plus tôt à en juger de l’âtre, et vint près d’un lourd rideau qu’elle écarta pour laisser rentrer la lumière de l’aube. La femme contempla quelques instants la cour du château, vide, ses occupants se réveillant à peine.

« Bonjour monde, dit-elle d’une voix claire et profonde avant d’entendre une porte s’ouvrir derrière elle puis se refermer.
Elle se retourna vers la personne qui venait d’entrer et reprit d’un ton plus dur :

« Si c’est à cette heure que tu compte venir exécuter tes services, saches que tu es déjà en retard. »

La personne à qui elle s’adressait était une servante qui était agenouillée près de la porte. Elle avait le visage baissé et semblait craindre quelques châtiments. Sa maitresse soupira puis agita avec lassitude une main pour lui indiquer de se relever.

« Allons, allons, trêve d’enfantillages et de tristesses inutiles. Tu es à mon service à présent et il faudra t’y faire. Venez plutôt faire ma toilette, ordonna la pâle maitresse tandis que la servante fila comme un éclair près du coffre au pied du lit pour en sortir des vêtements qu’elle déposa ensuite sur le lit.

Une suivante entra à son tour dans la pièce et vint déposer près de la maitresse des lieux un lourd bassinée en cuivre, remplie d’eau chaude avant de ressortir après une révérence. La jeune servante vint ensuite retirer la tunique de sa maitresse puis plongea un linge dans l’eau chaude avant de frictionner le corps blanc de sa noble maitresse. On entendit durant un moment que les quelques bruits qui émergeaient du château en plein réveil avant que la servante ne termine son ouvrage et ne passe la première tunique de la tenue de la dame. Une autre suivante attrapa délicatement les longs cheveux d’or et les extirpa de l’intérieur de la tunique. C’est alors que la femme rompit le silence :

« J’espère que tes fourneaux ne te manque pas trop, gamine. »

La servante qui s’affairait avec le reste de la tenue de la femme semblait avoir peur de sa nouvelle maitresse et n’osait pas répondre tout de suite. La blonde leva les yeux au ciel en haussant des épaules.

« Hum, tu étais bien plus bavarde lors de l’assaut de mon traitre de cousin… Peux-tu au moins me rappeler ton nom, gamine ? »

« Euh…hum… Ain…Ain Martin, Votre Majesté. »


Sa maitresse lui jeta un regard perçant, le visage indéchiffrable, avant de rire aux éclats laissant la servante rougir de honte. Les suivantes essayaient de masquer leur amusement, en vint.

« Allons, ne soit pas gênée petite, fit la noble femme entre deux rires. Mais tu sais… Il y a longtemps que je ne suis plus une « majesté » et tout le monde semble s’obstiner à m’affubler encore de ce titre ! Non pas que je le prenne mal, au contraire, mais ce phénomène me parait tout à fait fascinant, vous ne trouvez pas ? » Demanda-t-elle en prenant à témoin ses suivantes.

Ain jeta un regard intrigué à sa maitresse qui continuait de rire en séchant une larme au coin d’un œil. Non, décidément, être au service de Mathilde l’Emperesse n’était pas un travail comme les autres ! La blonde retrouva peu à peu son sérieux puis elle agita vite une main en direction de sa servante qui était restée là à l’observer.

« Je t’aime bien Ain, mais je commence à avoir froid… Si vous pouviez…

-Oh oui ! Tout de suite, Madame !
s’exclama la servante, confuse avant d’attraper la longue robe couleur bleu nuit qui était étalée sur le lit. Aussitôt, une suivante arriva auprès d’elle et la lui arracha sèchement des mains en claquant la langue avec agacement. Selon tout protocole ce n’était pas à une simple servante de lui passer la robe, mais l’Emperesse tapa dans ses mains pour dissiper tout malentendu :

« Brunehilde, ma chère. Ce n’est qu’une enfant. Laissez-la donc faire. »

Les suivantes restèrent interdites devant le comportement peu habituel de la Duchesse mais s’abstinrent de protester contre quelques déformations de protocole. Quiconque osait contredire la dame, courait souvent à sa perte. Ain s’avança timidement vers Mathilde puis lui passa la longue robe bleue brodée de fils d’argent. Alors que la jeune fille lassait les quelques rubans et fils qui ajustaient la tenue de la dame à sa taille frêle, celle-ci lança à Brunehilde :

« Ne prenez donc pas cet air offusqué, ma chère. Il me semble que votre servante fût d’un plus grand secours envers ma personne lors de l’assaut que vous. Je me trompe ?

La suivante semblait ravaler difficilement ses envies de protestation puis elle répondit d’une voix hésitante :

« Vous avez… tout à fait raison, Madame. »

Un sourire satisfait se dessina alors sur les traits sans âge de Mathilde.

« Bien ! Maintenant vous pouvez nous laisser. Cette petite va me coiffer. »
Dans un silence presque religieux, les suivantes firent une révérence de concert avant de sortir de la chambre dans un cortège de robes, de voiles et de corsages. Lorsque la porte se referma, Mathilde alla s’installer dans un fauteuil en bois sculpté installé en face d’un miroir et d’une petite table couverte de flacons et autres ustensiles de beauté. Elle attrapa un peigne en nacre posé devant elle et le tendit à la jeune fille qui vint derrière elle.

« J’espère ne point te mettre dans trop d’embarras, gamine. Tu sembles toute retournée !

-Et bien… Je…

-Aurai-tu peur… de moi ? »
Demanda la Duchesse avec sourire mystérieux.
Le silence de la servante en dit long sur sa pensée ce qui fit sourire d’avantage l’ex-Emperesse du Saint-Empire.

«Et bien, mon enfant. Dissipons donc ce trouble qui te tourmente tant, commença la noble femme tandis qu’Ain brossait les longs cheveux de Mathilde. Je ne suis pas devenu ce que je suis en un seul jour par un miracle du Seigneur, sache-le. Je suis ainsi parce que les hommes m’y ont forcé, dit-elle d’un ton dur et froid. Eux et leur bêtise sans fin ! Avant, il y a de cela longtemps, j’étais douce, réservée et bien sage devant ce que me dictait feu mon père, le roi Henri Ier d’Angleterre. C’était un homme extraordinaire, un grand monarque : le Lion de Justice, c’est comme cela qu’on l’appelait ! Un des rares hommes qui m’est respecté en tout… Il y avait aussi Henri…, mon premier époux, l’empereur du Saint-Empire ! ajouta-t-elle en souriant, étrangement nostalgique. J’étais déjà fiancée à lui à l’âge de sept ans. Es-tu fiancée, Ain ?

-Non, Madame,
répondit la jeune femme, troublée par les confessions de sa maitresse, essayant de rester concentrée sur la coiffure de l’Emperesse.

-Ce que tu entends là, Ain. C’est pour t’apprendre comment il faut nous défaire du joug des hommes. Je ne te dis pas cela par hasard, ou par faiblesse. J’ai connue des temps merveilleux. Ce mariage arrangé fût une des plus belles périodes de mon existence, je l’ai compris aujourd’hui. Mon époux me laissait être telle que je suis, dit-elle en levant fièrement le menton devant son reflet. C’était un allié inébranlable. Il me confia même la régence titulaire d’Italie durant un an. Elle rit. Un homme qui fait confiance à une femme, ça n’existe pratiquement pas Ain.

-Comment se fait-il que vous n’êtes plus Emperesse ? »
osa demander la servante.

Mathilde leva alors ses yeux pour les poser dans ceux du reflet de Ain, derrière elle.

-On croit toujours que les contes de fées se finissent bien. Seulement, on oublie trop souvent de nous raconter la suite… Après onze ans de mariage et plusieurs rebondissements contre le pape, Henri est mort… et notre unique enfant…Il n’a pas survécut non plus. J’ai donc rendu mes terres et je suis rentrée en Angleterre, beaucoup de choses m’y attendaient ! Et…

-Vous…Vous l’aimiez ? »


L’interrogation de Ain jeta un lourd silence dans la chambre de Mathilde, qui ne lui répondit que par un sourire étrangement tendre avant de reprendre comme si de rien n’était…

« Je suis donc retournée en Angleterre, sans me retourner, pour retrouver mon père. Malheureusement, depuis la mort de Henri, les malheurs n’ont cessés de me poursuivre. Le 25 novembre 1120, le navire de la Blanche-Nef a sombré avec 300 passagers à son bord… dont mon frère Guillaume. Lorsqu’on l’annonça à mon pauvre vieux père, il fût foudroyé par le chagrin… Je ne l’ai plus jamais vu sourire depuis…

-C’est si triste ce que vous me contez là, Madame…
fit la jeune Ain en soupirant. Où avez-vous donc trouver la force de supporter cela ?

-Je n’ai pas eu le choix, gamine. En sombrant avec la Blanche-Nef, mon frère me faisait seule héritière légitime au trône d’Angleterre…

-Mais… ?

-J’y viens, un peu de patience, gamine,
dit la Duchesse un peu sèchement devant l’impatience de sa servante. Mon père m’avait jugé apte à régner après son départ. Ma vie avec Henri m’avait prodigieusement libérée. Aucun homme ne pouvait se permettre de me faire plier. J’avais appris rapidement à manier les affaires d’états aussi bien, voire mieux, que beaucoup d’hommes, expliqua-t-elle avec un sourire satisfait. Mon père demanda alors à tous les barons et évêques présents à la cour, y compris mon cousin Étienne de Blois, de prêter serment et de me reconnaître, moi, sa fille comme héritière et successeur légitime. Seulement… Tous firent preuve d’une couardise prodigieuse à la mort de mon père. Et sans même attendre que le cadavre de mon père soit froid, ils placèrent cet idiot d’Etienne sur le trône !

-Mais comment êtes-vous devenue une Plantagenêt ?

-Ah ça ?
dit Mathilde avec presque du dégout. Et bien, le 17 juin 1128, mon père me fit épouser un gamin de quinze ans… j’en avais vingt-cinq… Geoffrey a toujours été d’une mollesse des plus a affligeantes et surnommé Plantagenêt à cause du brin de genêt qu'il a toujours l'habitude de porter à son chapeau… Ridicule ! soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. C’était évidemment un choix stratégique de la part de mon père mais je n’ai jamais pu supporter ce gringalet, confessa-t-elle avec un rictus. Pendant deux ans je n’ai jamais pu accepter l’idée de vivre sous le même toit que lui. Mon père insista beaucoup, car il lui fallait un héritier… Toujours une histoire d’appendice mâle comme tu le vois, ajouta-t-elle avec un rire moqueur qui fit sourire Ain. Bref, après avoir tentée de m’éloigner de l’évidence, il m’a fallu renoncer à mes envies de liberté pour l’amour de mon père qui avait fait réunir un concile à Northampton en septembre 1131. Si un autre me l’avait ordonné je n’aurai pas même bougé un orteil ! Je suis donc sagement allé retrouver ce freluquet dont on m’avait affublé… Après quelques efforts pour ravaler tout le dégout que j’avais pour lui, mes deux fils vinrent au monde avec un an d’intervalle. Deux mâles ! S’exclama-t-elle en levant les mains. Je ne pouvais pas faire mieux ! J’ai tout de même manqué de peu de rejoindre mes ancêtres dans le tombeau à la naissance de Geoffrey… A croire que je devais y voir là un signe…»

Elle resta songeuse un moment, Ain continuait de l’observer, à la fois fascinée et intriguée par cette femme qui n’avait pratiquement peur de rien. Puis l’Emperesse retrouva ses esprits et commença à prendre quelques bagues sur la console pour les passer à ses doigts tout en poursuivant son histoire.

« A cet époque je passais tout mon temps à Rouen avec mon cher père, il m'initiait au gouvernement de l'administration normande. Un grand professeur. Elle rit. Père refusait de donner à son gendre les châteaux faisant partie de ma dot dans le Sud de la Normandie et il avait bien raison ! On ne fait pas de cadeaux à un irresponsable pareil !... Quand il a quitté ce monde, je n’étais même pas présente… » dit-elle soudain plus grave.

La Duchesse de Normandie passait décidément du coq à l’âne et Ain avait bien du mal à s’y retrouver dans toute cette histoire, mais elle préféra ne pas poser de questions trop idiotes. Mathilde sentait bien la curiosité de sa jeune servante derrière elle, et sa perplexité.

« C’est à ce moment précis que le cheval s’emballe pour tout le monde… Mon père s’éteint et mon cousin en profita pour retourner tout le clergé et la cour d’Angleterre contre moi, faisant fi de tous les serments qu’ils avaient prêtés devant mon père, le Roi et le Seigneur… Des lâches ! Tous des lâches ! Cracha-t-elle en serrant les poings. Même le pape s’était retourné contre moi, estimant mon imbécile de cousin légitime ! Il n’était pas question que je me laisse faire ainsi ! J’étais décidée à reprendre ce qui me revenait de droit !

-Vous… Vous avez levé une armée ?
demanda Ain, soudain encore plus passionnée par le récit de sa maitresse qui prenait des tournures épiques.

-Parbleu ! J’ai même pris les armes ! s’exclama Mathilde avec énergie comme si elle semblait revivre ces instants de sa vie. Mon décérébré de mari ne m’était d’aucune aide, un idiot vous dis-je ! J’ai donc levée moi-même cette armée et nous avons foncé droit sur Etienne et ses troupes. J’ai pris immédiatement Argentan, Exmes, et Domfront. Et je m’installais dans la forteresse d'Argentan. Etienne n’a jamais été taillé pour être un monarque digne de ce nom et tout le monde à put rapidement constater à quel point j’avais raison… Ils m’avaient tourné le dos pour couronner un âne. Pauvres d’eux… Pauvre Angleterre ! dit-elle avec un rire jaune. Peu à peu, notre supériorité en Normandie devint incontestable et certains partisans d’Etienne retrouvèrent la raison vinrent agrandir mes rangs, dit-elle avec un sourire triomphant, le regard perdu dans le vide face à un champ de bataille fantôme. Le 30 septembre 11391, nous débarquons enfin en Angleterre. Ma belle-mère Adélaïde de Louvain nous accueillit au château d'Arundel. Étant sous la protection d'une reine douairière, Étienne n'a pas d'autre choix que de me donner un sauf-conduit jusqu'à Bristol. Mon camp est alors fort du soutien de quelques barons mécontents de la faiblesse du couard, et l'Église me rend sa confiance après qu'Étienne l’est gravement contrarié. Elle rit. Quel sombre crétin ! Dire qu’il est mon cousin ! N’es-tu pas d’accord Ain ?

-Si…bien sûr, Madame
, dit la servante, timidement, ne sachant trop quoi penser, mais Mathilde ne l’écoutait déjà plus.

-Rapidement nous prenons le contrôle d'une grande partie de l'Ouest de l'Angleterre, et j’établis ma cour à Oxford. Au fur et à mesure, les barons du royaume changent de camp au gré de leurs intérêts et Robert de Gloucester mène mes troupes avec un charisme fou ! Et c’est en février 1141 que j’obtins ma plus grande victoire ! À la bataille de Lincoln, le 2 février 1141, Étienne est battu et capturé par mes hommes, puis emprisonné à Bristol. Elle sourit largement. Ah ! Je connais ces dates par cœur ! rit-elle. Le 3 mars, je me fais Domina Anglorum, « Dame des Anglais », avec l'accord de l'évêque de Winchester, légat papal et propre frère d'Étienne ! Il organise une cérémonie dans sa cathédrale où je suis accompagnée par une procession d'ecclésiastiques…. Le parti d'Étienne se défait ! Le 7 avril, je deviens Angliae Normanniaeque domina, « Dame des Anglais et des Normands », au concile de Winchester ! L'assistance est maigre mais je n’en ai que faire, si tu savais Ain ! dit-elle avec un sourire presque extatique.

Mathilde n’était plus avec Ain dans cette chambre. Elle était loin, loin dans ses souvenirs, se remémorant sa gloire !

« Rapidement je prends mes précautions pour être enfin couronnée à Westminster. Je contrôle enfin tout le royaume !... dit-elle en fermant les yeux avec un sourire.

-Mais… Vous n’êtes pas…, osa la servante, presque effrayée par l’attitude de sa maitresse.

Mathilde rouvrit les yeux, revenant à la réalité et au présent.

« Je sais, lâcha froidement la Duchesse en jetant un regard glacial à Ain. Malheureusement, le Seigneur avait décidé de m’envoyer d’autres épreuves pour récupérer mon trône. Mon soutien militaire était trop faible... Certains de mes hommes attendaient que le pape me redonne ses faveurs… Londres était au mains des sympathisant royalistes, j’ai donc été obligée d’acheter le soutien du gardien de la Tour de Londres, Geoffrey de Mandeville, afin qu’il sécurise les alentours de la ville. Nous nous installons à Westminster en juin 1141 afin que je sois enfin couronnée. Seulement, Henri de Blois attends toujours un changement d’allégeance du pape… en vain. Durant l’été, les troupes d’Etienne se présentent autour de Londres…et… Les londoniens eux-mêmes s’attaquèrent à Westminster…

-Mais pourquoi ?
S’étonne Ain qui poursuit de coiffer Mathilde.

-Mon…arrogance… Voilà ce qui causa ma perte, gamine, dit-elle avec une voix soudain éteinte. Nous dûmes fuir en catastrophe et nous réfugier à Oxford… Mais j’étais aveugle, je ne voulais pas faire face à l’évidence qui se profilait à l’horizon… Sans en démordre je pris la décision de marcher sur Winchester pour forcer l’évêque à me couronner une bonne fois pour toute ! dit-elle avec rage. Seulement les troupes d’Etienne étaient encore là et ils en profitèrent pour assiéger la ville. Je perdais tous moyens de retraites et de ravitaillements… Le 14 septembre, je parvins à m’enfuir…grâce à l’aide de Robert de Gloucester, ses troupes sont mises en déroute et Robert… est capturé… Tout l'avantage gagné à Lincoln a disparu, dit-elle avec un sourire triste. Je n’ai jamais été aussi humiliée de toute ma vie, Ain.

-Et qu’avez-vous fait, Madame ?
demanda la servante, attristée par le récit de Mathilde.

-Nous avons été obligés de nous mettre d'accord pour un échange de prisonniers. Mon frère Robert contre ce chien de Blois. Ce dernier libéré retrouve sa place sur le trône, et se fait à nouveau couronner le 25 décembre. C’était un échec cuisant, affreux… Mon mari refusait toujours de venir me soutenir, trop occupé par son petit contrôle de la Normandie… Je fus même obligé d’envoyer Robert l’aider dans sa conquête, ajouta-t-elle avant de rire jaune. Lorsqu’il revient dans le royaume, à l'hiver 1142, nous nous trouvions assiégés dans le château d'Oxford ! Je ne dois mon salut qu'à une fuite ingénieuse et  terriblement dangereuse ! Début décembre, quatre de mes compagnons et moi, nous nous enroulons dans des draps blancs, pour ne pas être repérés, et se font descendre le long du mur du château en pleine nuit, alors qu'une tempête de neige nous accable. Nous prenons la fuite d'abord à pied dans la neige vers Abingdon avant de traverser la Tamise gelée, puis à cheval jusqu'à Wallingford et Brian FitzCount, puis jusqu'à Devizes… »

Ain restait presque bouche bée par le récit de l’Emperesse. Comment une femme avait pu vivre de telles rebondissements dans son existence et s’en sortir indemne ?

« Madame…Aviez-vous peur ? Le long des remparts ? Sur la glace ? Co…Comment avez-vous tenu ? demanda la servante. »
Mathilde leva les yeux vers Ain avec un sourire doux, les paroles de la servante semblaient la sortir de sa torpeur.

« Voyons Ain : c’est la peur qui m’a permis de survivre ! La peur de ne pas revoir mes fils, la peur de la mort, la peur de décevoir mon père, de décevoir Henri… La peur a bien des vertus, gamine, dit-elle avec un regard qu’Ain ne lui connaissait pas, que peu de gens avaient pu voir…

L’Emperesse reprit son occupation à choisir ses bijoux tout en contant son histoire :

-Par la suite, j’ai établi mon quartier général à Devizes dans le Wiltshire, car le château y est pratiquement imprenable ! Durant les années qui suivent, aucun de nos deux camps ne fût capable de prendre l'avantage, et le conflit s'enlisa dans une guerre de sièges. Geoffrey de Mandeville et Ranulph de Gernon revinrent dans mon camp après avoir été trahis par ce roi idiot. D'autres barons adhèrent également à ma cause mais c’était avant tout pour sauver leur patrimoine normand. Egoïstes qu’ils étaient. Mon mari, qui a pourtant achevé sa conquête de la Normandie, continue d’ignorer mes appels à l’aide...

-Il n’a rien fait ?
S’étonna la servante.

-Rien, dit Mathilde d’une grave et pleine de rancœur. Nous étions en 1142, j’ai fait un rêve, un sombre rêve… et c’est là que je compris que je ne serai jamais Reine d’Angleterre… Mais… mon fils, Henri, avait toutes ses chances ! Je réalisais enfin que ce n’était pas pour moi qu’il fallait que je me batte, mais pour lui et son héritage ! Et c’est alors que le Ciel m’a enfin sourit, Ain ! Après toutes ses années de lutte : le pape refuse de reconnaitre Eustache, le fils ainé d’Etienne, comme successeur au trône. La brèche de ce conflit était juste là ! dit-elle avec un sourire apaisé. En 1147, mon frère Robert est emporté par une fièvre à Bristol. Et en 1148, L’évêque de Salisbury, le propriétaire du château de Devizes menace de m’excommunier… Je n’ai donc pas eu d’autre choix que de me retirer ici, en Normandie. Depuis, c’est mon fils qui mène le combat avec la rage d’un fauve, dit-elle avec un sourire plein de fierté. Henri sera le prochain Roi d’Angleterre, je n’ai aucun doute là-dessus ! »

Elle ferait tout pour que son fils parvienne enfin sur le trône qui lui a été volé des années auparavant. Mathilde repousserait toutes les menaces et tous les obstacles, elle reprendrait les armes s’il le fallait ! Non, on ne pouvait pas dire que l’Emperesse avait peur de se salir les mains, au contraire ! Ain passa encore quelques coups de peigne dans les cheveux d’ors de sa maitresse puis vint décorer sa tête d’une fine couronne d’argent agrémentée d’un petit voile qui venait souligner la cascade de cheveux de la Duchesse de Normandie. La servante et sa maitresse eurent un sourire satisfait et entendu. Mathilde quitta le siège et laissa Ain redonner quelques ajustements à sa longue robe.

« Et qu’en est-il de votre fils Geoffrey ? demanda la servante d’une petite voix.

-Oh…Geoffrey… Oui, lâcha l’Emperesse avec un air agacé. Avec lui, cela a été toujours compliqué…Il ressemble tellement à son père…et pas dans le bon sens ! Il jalouse avec obstination son frère alors qu’il n’a absolument pas l’étoffe d’un Roi !...

Mathilde devint alors bien songeuse, puis elle jeta un regard sur sa servante qui rougit devant le regard perçant de la Duchesse.

« D’ailleurs, à ce propos, pourrais-tu me rendre un immense service ?

-Tout ce que vous voulez, Madame
, réponds alors la servante avec une révérence en courbant la tête ce qui eut le don de dessiner un sourire carnassier sur les lèvres de Mathilde.

-Garde un œil attentif sur Geoffrey et rapporte moi le moindre de ses faits et gestes… N’hésite pas à abuser de ses faiblesses s’il le faut.

-Mais… Madame…Je…

-Il n’y a pas de « mais » avec moi,
dit la Duchesse d’un ton impérieux et catégorique. Vous avez reçu une leçon aujourd’hui, gamine. Faites en bon usage. Méfiez-vous des hommes, ajouta-t-elle avant de quitter la pièce pour rejoindre ses suivantes et de laisser sa servante seule avec son embarras.

...
TO BE CONTINUED





Dernière édition par Mathilde l'Emperesse le Dim 8 Déc - 16:29, édité 2 fois
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Sybille de Déols

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyMar 1 Jan - 17:26

Sybille de Déols  a  dit:
Romaaaaaaaaaaaain super
Bonne année à toi *o* Et bienvenue sur LOT ! On te pardonne d'avoir changé de personnage mais à condition d'écrire vite cette fiche, qu'on puisse en savoir plus perv
Et... complooooots ! perv

Bref, bon courage pour la suite ! (:
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Thibaud de Blois

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyMar 1 Jan - 18:18

Thibaud de Blois  a  dit:
Bonne année!

Je sais qu'on n'a pas encore eu l'occasion de comploter sur ATDV mais à mon avis on devrait largement se rattraper ici!

Bon courage!
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Mathilde l'Emperesse

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyDim 20 Jan - 18:13

Mathilde l'Emperesse  a  dit:
J'ai finiiiiiiiiii ! happy
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Henri Plantagenêt

Henri Plantagenêt

Où apparaît la force, le droit commencer de rayonner

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyDim 20 Jan - 18:43

Henri Plantagenêt  a  dit:
Eh bien mon cher ami... What a Face Que dire sinon que cette fiche est parfaite ? mdr Tu as parfaitement saisi le personnage de Mathilde, de mémoire il me semble que toutes les infos historiques sont correctes et de toute façon je te fais confiance, tu es un habitué mdr J'aime beaucoup cette mise en abyme, qu'elle raconte son histoire à Ain ** Bref, Petit-Planta trouve sa maman merveilleuse et me met pratiquement l'épée sur la nuque pour que je te valide alors... mdr

Tu es à présent validé(e), bienvenue parmi nous :clap:. Tu peux à présent t'orienter vers le bottin pour réserver ton avatar. Une fois ceci fait, tu pourras créer tes liens ainsi que tes mémoires tu trouveras d'ailleurs dans ce topic des codes prêts pour t'aider si tu ne sais pas coder. Les rangs se font à partir de 100 messages, et les logements à partir de 200.

Bon jeu parmi nous heart
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Mathilde l'Emperesse

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyDim 20 Jan - 19:06

Mathilde l'Emperesse  a  dit:
OUAIIIIIIS TROP COOL !!!!! crazy

Trop content de remplir parfaitement le rôle de Mathi !!! super
Je te décevrai pas fiston ! :ptdr:
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Henri de Champagne

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyDim 20 Jan - 19:37

Henri de Champagne  a  dit:
Oh une Mathilde l'Emperesse **

Bienvenue à toi, j'adore ce perso et je sais que tu ne nous décevras pas, j'ai donc hâte de la voir évoluer sur LOT What a Face


A très vite mouhaha
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Thibaud de Blois

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyDim 20 Jan - 19:41

Thibaud de Blois  a  dit:
Ouiiiii! bravo pour ta validation :clap:

Comme mon frérot, j'adore ce perso aussi! Et j'aime bien ce que tu en as fait!

A très vite!
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Béatrice de Breteuil

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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyDim 20 Jan - 20:03

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Oh la vieille taupe belle-maman est là rah
On va bien s'amuser tiens perv

Sinon je viens de te le dire mais ta fiche est absolument géniale **

Amuses toi bien parmi nous super
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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyDim 20 Jan - 20:09

Mathilde l'Emperesse  a  dit:
Merciiiiiiiii à vous trois !!! happy
Trop content que ma fiche vous plaise autant !!!

Béa' ? La trainée ? Vous, ici ? perv

mdr
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MessageSujet: Re: Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne   Mathilde L'Emperesse ~ le pouvoir sans couronne EmptyJeu 24 Jan - 18:28

Aliénor d'Aquitaine  a  dit:
Belle Maman What a Face je sens qu'on va bien s'entendre nous (a)
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