Constantinople 1216

Il faisait chaud, trop chaud en ce mercredi après midi du mois d’avril. Pourtant restait au soleil, au bord de la fenêtre de ses appartements. Souriante, elle regardait le ciel en songeant qu’elle ne retournerait jamais en Europe, notamment le royaume de France dont elle était originaire. Comment étais ce de vivre dans un pays si froid, avec des mœurs si différente d’ici ? En effet, la jeune fille songea qu’elle ne devait pas du tout être à la mode. Cette idée la fit rougir honteusement

Marie se leva pour songer à sa famille. Comment allaient ses sœurs ? Les deux ainées avaient rejoint le royaume de France. Quant à Yolande, la voici reine de Hongrie et Agnès princesse d’un obscur territoire en Grèce. Que reste-t-il à la petite dernière ? Certes, après tout la jeune enfant était la fille de l’empereur latin de Constantinople mais tout de même. De plus, une de ses couines éloigné n’était t’elle pas devenue reine d’Angleterre ? L’évocation de tous ces titres lui faisait tourner la tête. Nonchalamment, elle réussit à quitter la mollesse de son lit pour chercher son arbre généalogique. Après tout, tous se vantaient d’être des Courtenay. En effet, nièce de la reine de France Isabelle de Hainaut par sa mère, elle descendait également du roi Louis VI par son père. Que de noms ! Cela en deviendrait presque ennuyeux. Sortant un livre, elle posa délicatement son doigts, pour suivre les noms de cet arbre afin d’atteindre le plus ancien.

« Pierre de France et Elisabeth de Courtenay » dit à haute voix la princesse. Elle sourit immédiatement en remarquant que les membres de sa famille portaient le nom de cet aïeul féminin. Dehors les oiseaux chantaient. Elle n’avait plus qu’a rêvassé au sujet de celle qui était en réalité sa grand-mère.



Paris, Palais de la Cité 1151, dans la nuit



Dormir, rêvez peut être ou alors se laisser mourir. Elisabeth que tous surnommait Eli ou Besse cherchait son chemin sans comprendre véritablement ce qu’il se passait. Le froid semblait atteindre chaque partie de son corps. Les corbeaux au loin croassaient déjà. Ce bruit ce fit de plus en plus strident, horrible, insupportable .Elle s’enfonçait dans la forêt bourguignonne, fuyant quelque chose qui la pourchassait. Ses pieds écrasaient des branches tandis que ses jupons frôlaient la fougère. Le regard hagard, elle sentait sa respiration devenir de plus en plus courte. .. Plus que quelques mètres songea-t-elle. Dés lors, elle pourrait demander asile dans l’église voisine. Or voila, qu’elle trébucha dans la terre. A cette instant, elle se sentit engloutit par cette dernière. Des serpents approchaient vers elle alors qu’elle étouffait. Ne résistant plus, la comtesse se laissait mourir.

« Elisabeth, Elisabeth réveille toi » entendit t’elle. Cette phrase se répétait en boucle dans son esprit, au moment même où la jeune femme ouvrait les yeux, péniblement toutefois. Une bougie était allumée et elle reprenait petit à petit ses esprits. Le lit, les rideaux, oui elle était bien dans ses appartements du palais de l’île de la Cité.
« Ce n’est rien ma douce tu as fais un cauchemar « murmurait une voix masculine au creux de son oreille. Sentant la caresse de l’homme sur son visage, elle reconnut celui auprès de qui Dieu l’avait mit, c'est-à-dire son époux. Il était fort rare pour les hommes de montrer leurs sentiments. Si au début, elle ressentit une certaine honte, Eli apprécia un tel moment. D’ailleurs, elle lui en serait reconnaissante. Lentement, elle suivit le contour du visage de son époux .Celui ci, pour la rassurer lui donna un tendre baiser.
« Rendors toi, il est encore tôt « furent les derniers mots qu’elle comprit avant dans les bras de Morphée.


Paris, Palais de la Cité, midi


Le soleil était à son zénith. C'est cet instant que choisit Elisabeth de Courtenay pour pénétrer sur la place menant à l’église Saint Julien des pauvres. Parvenant à monter les marches unes par unes de sa démarche altière, elle était prête à révéler ses plus grands démons, mais aussi qu'elle avait été sa vie. Jamais après cela, elle ne se confirait à quiconque. Seul Dieu pouvait entendre sa confession. Poussant doucement la lourde porte, elle se signa, trouvant l'endroit à la fois si paisible et si sacré. Sans être « bigote », la jeune femme pensait que le seigneur pouvait pardonner. Devait-elle repartir chez elle ? Non il était trop tard. Doucement, elle parvint à entrer dans le confessionnal en prenant soin de remettre en place un léger voile sur ses cheveux. Son cœur se mit à battre de marinière beaucoup plus intensive. Une sensation de peur la saisit. Devait-elle tout dire ? Oui Dieu devait savoir qu’elle n’était qu’une humble pécheresse. Elle devait se repentir. D’ailleurs, une profonde foi l’avait toujours animée.
« Pardonnez- moi mon père, car j'ai péché « furent ses premiers mots. Dit timidement le reste de son récit, se révélera beaucoup plus animé.
« Bien je vous écoute ma fille »Toussotant légèrement, Besse comprit que c’était maintenant ou jamais qu’elle devait parler.


« Avant de parler, je dois vous dire que si jamais vous dévoiler ma confession un jour, vous aurez de graves problèmes, le seigneur m'en est témoin » Caressant la petite grille, elle débuta son monologue sans avoir quelques difficultés à prononcer certains mots. Aujourd'hui, était un renouveau

« Mon nom à peu d'importance. Toutefois, afin de recevoir l'absolution, je vais tous dévoiler mon père. Je suis le fruit de l’union entre deux familles qui ne s’entendaient guère. Mon père se nommait Renaud. Il prit sur lui d’épouser Eustachi de Corbeil. Pensant ainsi apaiser les tentions, je ne puis dire si mes parents eurent l'un pour l'autre des sentiments amoureux. Voyant le mariage comme une alliance, ils vécurent des débuts d’unions assez houleuses en raison de l'ascendance de ma mère qui avait bien du mal à changer de camp. Cependant, sa belle famille l'y aida rapidement, ne lui laissant que le loisir d’écrire.
Ainsi devenue une douce, docile, sage épouse, on peut dire qu'elle remplit moyennement sa tâche d’épouse en ne donnant naissance qu’a deux fillettes. Je suis l’ainée de cette fratrie assez réduite, en somme.

Je n’ai jamais compris l’attitude de ma mère envers moi. Peut être avait t’elle trop espérer un fils ? Ainsi, on ne peut pas dire qu’elle m’aimait. Voila pourquoi je ne recherchais que peu sa compagnie. Au contraire, moins je la voyais mieux je me portais. Mon père était un cadet. Néanmoins, sans hériter, normalement de l’ensemble des titres de sa famille, il en possédait quelques uns. Or sans fils, il apparut rapidement à mes parents que je devais recevoir une solide éducation afin de pouvoir gérer ce domaine en plus de faire un très bon voir un excellent mariage. Cela était la chose la plus importante dans la vie d’une femme, si l’on écoutait ma mère.

Il fut décidé à l'âge de neuf ans que pour mon bien je devais partir vivre au couvent, moi qui selon leur dire avait "le diable au corps".Je me souviens que je pouvais passer des journées entières en compagnie de ma douce cadette à jouer, courir dans l’ensemble du palais pour le plus grand déplaisir de nos gouvernantes ou précepteurs. Cependant, une fois nubile, je devrais accepter d’entrées sur l’échiquier des mariages.


Prés du couvent Notre Dame en Bourgogne 1139

Je n’aime pas cet endroit, non je le déteste même. Pourquoi dois-je venir ici ? Ne savent t’ils pas déjà que j’aime dieu ? Néanmoins je ne souhaite pas rester dans ce lieu pour le reste de ma vie. En fait, je crois que j’ai peur. Ma gouvernante vient de mon lâcher la main. Nous pénétrons dans une grande salle. Devant une femme vêtue d’un long voile me dévisage. Mère me bise légèrement la joue. Je voudrais que ma sœur soit avec moi. Les gens de ma maisonnée partent. Je suis seule devant cette étrangère

« Déshabiller la « Quoi ?! L’instant suivant, une horde d’autres dames voilées sont arrivées. Je rougies de honte. En effet, toutes s’afférent à enlever mes divers jupons. On me prit mes affaires. A mon tour, je dois porter une robe vraiment très laide. Après avoir rechigné je me laisse faire. Des sanglots coulent sur mes joues

« Cessez de pleurnicher ma fille ! » tonna celle qui était la mère supérieure. Serrant mon chapelet entre mes mains, je prie Dieu. C’est certainement une épreuve que celui-ci m’envoie.

Paris, église Saint Jean des pauvres

Marquant une pause Élisabeth ne put s'empêcher de verser quelques larmes en silence avant de reprendre. Le souvenir de cette période de sa vie la peinait
« Le couvent fut l'endroit le plus horrible de ma vie mon père. Lors de mon arrivée on décida de me couper mes longues boucles noires. On m'enleva toutes mes magnifiques robes, bijoux et autres accessoires tout comme mon chien pour me laisser seule dans une austère cellule où ne se trouvait qu'un prie Dieu qui était posé devant une unique fenêtre. Combien de fois j'ai pleuré des nuits entières, recroquevillé sur ma paillasse. Je ne sais pas si mes parents eurent connaissance de la réalité de mon quotidien. A force de recevoir des coups de battons donnés soit disant pour mon bien, ma joie de vivre se trouva évanouie pour le reste de ma vie. Ce ne serait plus que comédie. J’ai même tenté de me percer les mains afin de faire croire que j’avais reçu les stigmates du Christ. Or cela eu était le pire mensonge de ma vie. Dès lors je ne songeais plus qu’a quitter la maison du seigneur. Lors d’une de mes dernières tentatives, je manquai de mourir dans la forêt poursuivit par un homme. Dieu soit loué, qu’une sœur me trouva. Depuis, j’ai souvent des sueurs froides la nuit. C’est à cette date, que je compris qu’il ne fallait plus taper du pied tel une petite fille pour obtenir ce que l’on souhaite dans la vie.
Alors, j’exécutais les règles, devenant une parfaite demoiselle. Coudre, chanter, danser n'avait plus de secret pour moi .Je crois que à la fin je devais connaitre bon nombre de chapitre de la sainte bible par cœur. Si cette période fut difficile, je dois avouer que j’en tire une grande piété encore aujourd’hui. Or, mon père ne croyait pas que c’est en envoyant les fillettes dans ce genre d’endroit, qu’elles apprendront ce qu’est la bonté.
A l’aube de mes seize ans, on vint finalement me chercher puisqu’il n’était pas prévu que je prononce mes vœux, chose dont ma mère finit par avoir eu peur tant mon comportement était irréprochable.


Le retour à la vie, si l’on peut dire fut assez difficile. On commença à m’exhiber dans la bonne société environnante. Mais j’en voulais plus. Le but de mes sacrifices n’était pas de devenir une obscure comtesse provinciale. Je rêvais de Paris, de la cour de France. Père, m’en racontait les moindres détails. D’autant plus que je souhaitais hardiment rencontrer la jeune reine dont la beauté était vantée jusque dans ma contrée éloignée. Je fis mon entrée à la cour, deux ans plus tard sans que personne ne le sache, je crois bien. Si le chevalier de Courtenay avait une certaine notoriété, il n’en fut rien pour moi. Toutefois, je ne regrette pas cette époque ni cette discrétion. J’appris beaucoup de chose en ne disant rien. Observer les puissants devint ma passion favorite. Je virevoltais de danses en danses afin d’apprendre des choses sur chacun. C’est mon côté curieuse !
Quant à mon père, consciente que je serais son unique héritier, il imagina que je devais connaitre quelque rudiments politique. Vous pouvez ne pas croire que telle fus mon éducation. J’eu beaucoup de chance. A une époque, où naitre garçon est beaucoup mieux. Celui-ci ne me reprocha nullement mon sexe. Apprendre à lire, est pourtant une chose rare pour nous les femmes.
En attendant, je n’étais toujours pas mariée, au plus grand déplaisir de ma mère. Elle affirmait que seule savoir chanter, était important. Elle nous quitta pour rejoindre le seigneur en décembre. Remarquez, je n’en suis plus très certaine. Sa dernière volonté était que je bâtisse une grande lignée, chose dont je me sentais capable. En fait je dois dire que l’ambition est le plus grand de mes pêchers voir de mes maux. Il me fallait un grand hymen ! Bien que j’eu la tentation de perdre ma vertu, cela fut un mal pour un bien.

La comtesse soupira furtivement. Elle devait reprendre son souffle avant de continuer. D’autant plus, qu’elle avait omis des détails, qui auraient pu se révéler importants. Qu’importe.

« Ah oui la croisade ! Père décida d’accompagner notre souverain pour libérer la terre sainte .C’est la chose dont je suis la plus fière, en vérité bien que je n’eu pas la chance de pouvoir le suivre. Je regrette tant de ne pas avoir foulé la terre que le christ. C’est ainsi !



Metz 1147

« Au revoir ma fille, prend soin de toi et de ta sœur « Il est rare, qu’il me tutoies. Au loin j’observe le départ monarque ainsi que de ce cortège. Moi, je reste ici, je n’irais pas en Palestine puisque tel est son souhait. A présent, je retourne chez moi, dans mes terres pour apprendre à gérer les terres familiales y comprirent celles de mon oncle Guillaume. Celui-ci est sans descendance. Je présume que cet ensemble m’appartiendra un jour. Je dois donc commencer à m’occuper de mon domaine .Or cela n’est guère facile pour une gente dame. Ce n’est pas le but du beau sexe.
J’ai 20 ans, déjà. Vais-je finir vieille fille ? Après moult fiançailles rompu, que vais-je devenir ? C’est mère qui doit se retourner dans sa tombe. On ne voit déjà plus vraiment très bien les croisés. Que dieu sauve ma famille «





A son retour de croisade, bien des choses changèrent. Le décès de l’oncle Guillaume agrandit considérablement mes titres. Ma main devenait plus avantageuse ainsi que ma dote. Mon père n’était plus que l’ombre de lui-même. Je voyais bien son envie de partir, de quitter ce monde. Rapidement, il chercha à s’occuper de sa succession .Ma petite sœur épousa le seigneur de Seignelay. Je me souviens encore de ma colère à l’annonce de ce prochain hymen. Voyez âgée de plus de seize ans, j’étais presque trop vieille pour le marché du mariage. Il est vrai que beaucoup de jeunes demoiselles étaient déjà des femmes, à peine nubile.
C’est vers cette date que j’appris que j’allais enfin convoler, moi aussi ! Et pas avec n’importe qui ! Au cours de la croisade, vers Antioche il me semble, mon père proche de la famille royale accepta de donner ma main au dernier frère de notre monarque soit Pierre de France. J’allais devenir membre de la famille royale ! Je peux dire que si les voix des seigneurs sont impénétrables, celle-ci sont faites pour faire le bonheur de chacun. A 21 ans, je n’avais plus rien d’une enfant candide. C'est-à-dire que je m’étais préparée à devoir cohabiter aux côtés d’un homme brusque voir lâche. Fort heureusement, mon époux est convenable. Bien que je l’aie déjà rencontré du moins vu lors de mon séjour à la cour, je découvre chaque jour sa personnalité. Si j’eu au début ressentit un certain respect envers le roi, je suis contente de ne point être sa femme. Pierre est pieux. Toutefois, pas de la même façon que Louis.

Le fait de devenir une capétienne m’a permit de pouvoir enfin rayonner. Certes la première place revient à ma belle sœur Aliénor, mais je me contente fort agréablement de la mienne. C’est que j’ai des responsabilités. De plus j’adore les tromperies ou autres trahisons qui rythment nos journées au palais de la cité. Je ne prétends pas vouloir devenir reine. J’avoue que mon envie de pouvoir n’a jamais était aussi forte qu’a l’heure actuelle. Comprenez que je fais ce qu’il faut pour devenir un membre respectable et trouvé ma place dans ce clan.

Une seule chose me tracasse mon père. Le couple royal bat de l’aile. Or je ne veux en rien que la France perde l’Aquitaine, cette riche province. Nous y possédons quelques terres, vers la Gascogne, il me semble. Puis, j’ai assez luttée pour être dans l’environnement de notre souveraine. Aussi, cette dernière ne met au monde que des filles, pour mon plus grand bonheur. Certes j’apprécie mes « nièces ». Or je ne veux en aucun cas, qu’un héritier pointe le bout de son nez, ruinant les possibles droits à la couronne de ma progéniture. Tant que le roi ne partage pas la couche, de son épouse, cela me va parfaitement. En outre, je préfère Aliénor à une petite gourgandine qui pourrait contrecarrer mes projets. Ainsi, Constance de Castille doit absolument quitter le royaume au plus vite ! La seule possibilité serait que le roi prenne l’habit et sa pour le moment je n’y crois pas.


Vous voyez mon père, j’ai beau être une fervente chrétienne, je mens chaque jours. Ma vie est telle une mascarade. C’est peut être de la prétention, mais je suis sur que Dieu me comprendra. Il est certain que des nobles doivent me trouver manipulatrice, jalouse, orgueilleuse, curieuse voir calculatrice. C’est juste que rien ne peut réduire mes ambitions mon père. Ce que je veux, je vais l’obtenir croyez moi …

Élisabeth avait cloué de cette façon son récit. Vidée, elle se sentait fatiguée voir épuisait. Lissant sa robe, elle songea qu’elle devait retourner au plus vite au palais pour le repas. Le prêtre prononça la fameuse phrase "Ego Te Absolve». Il souhaitait ajouter quelque chose, dire ce qu'il pensait de la mauvaise conduite de la dame. Il lui conseilla de jeuner, prier voir d’aller en Terre sainte. Notre héroïne sortit sans dire un mot. Relevant la tête, elle descendit les marches du parvis. A cet instant, elle fit signe à un homme, situé dans un coin, d’envoyer au ciel le prélat à qui elle venait de parler. Sa confession pouvait se révéler trop dangereuse. Puis ne dit t’on pas que nos actes, suivent le dessin de dieu ?