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 Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)

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Louis VII

Louis VII

ϟ Lord of Treason ϟ


Messages : 40
Date d'inscription : 17/11/2013
Age : 31
Localisation : En mon palais, sur mes terres, partout là où se trouve un roi.

Feuille de route
Mon coeur est: tout entier dévoué à sa cause.
Je suis né à: Paris, dans le Palais de la Cité.
A savoir sur ma personne:

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MessageSujet: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 18 Nov - 0:02

Louis VII  a  dit:
Louis VII de France

Virtus Fidesque Corona


Je m'appelle Louis VII, roi des Francs et suis né en 1120, à Paris, je suis donc âgé de 31 ans, et je suis chef de la maison capétienne. Pour de nombreuses raisons que je vous exposerai plus tard, je suis fidèle à mon royaume, et à Dieu. Pour ce qui est de mes sentiments, bien que je n'aime pas en parler ainsi, je suis marié à Aliénor d'Aquitaine, ce qui ne saurais durer. Mon visage ? Il s'agit d'Eric Bana trouvé sur Tumblr.
Derrière l'écran il y a Marie, j'ai 20 ans, je fais des études de science politique et d'histoire. J'ai connu le forum via une petite dame blonde dans ma tête What a Face, et je pense qu'il est carrément hype Cool, mais d'après moi il y manque gens :o. Je suis plutôt active, je fais de mon mieux pour y arriver. Et pour finir le roi, c'est moi :king: 


    Halte-là, voyageur ! Dis-nous donc qui est ton maître, et les raisons qui t’ont poussé à lui prêter allégeance ! Est-ce par conviction, par intérêt, par obligation ?
    Je ne suis pas un simple voyageur, et je n’ai pour maître que Dieu, qui est maître de toutes choses, comme tous mes ancêtres avant moi. C’est à moi que l’on prête allégeance, c’est de moi que les seigneurs du royaume, même les plus puissants, tiennent leurs terres, quand bien même certains voudraient pouvoir l’oublier. Je suis également fidèle au Royaume de France que mon père, Louis VI, a laissé entre mes mains, ce royaume que je souhaite voir toujours plus grand, toujours plus solide malgré les menaces qui pèsent sur nos frontières incertaines. Ainsi je n’ai pas de maîtres, mais des obligations, un devoir sacré envers Dieu et les hommes, ce devoir qui fait de moi un roi.
    Si une guerre venait à éclater entre l’Aquitaine, la France, la Normandie et l’Angleterre, que ferais-tu ? Prendrais-tu part au combat ? De quel côté ? Ou bien resterais-tu à l’écart ?
    Je ne suis pas un homme de guerre, je l’ai assez montré. J’en ai déclenché une au début de mon règne, j’ai lancé mon ost dans la croisade, autant d’échecs dont il me faut bien désormais tirer les leçons. Mais on n’échappe pas à la guerre, et je ne doute pas instant que les alliances à venir, qui se dessinent déjà, provoqueront bien des combats. Le moment venu, je lèverai donc mes vassaux, et j’irai moi-même me battre pour défendre mes intérêts et ceux de mon royaume, car c’est là mon devoir.
    Toutes ces alliances, ces mariages… Qu’en penses-tu ? Servent-ils tes intérêts ? Ou chercherais-tu à les rompre ?
    Mariages et alliances sont indissociables les uns des autres, ils sont les piliers de nos royaumes, ceux qui font et défont les inimitiés, les querelles entre seigneurs. Il faut savoir les nouer, trouver le bon parti, et ne pas hésiter à les rompre lorsqu’ils perdent de leur intérêt. Le mariage est un sacrement, mais Dieu a ses desseins, et s’Il nous laisse défaire les liens noués devant Lui, c’est bien que l’on ne peut s’obstiner dans une union qui L’offense, comme elle offense les hommes. C’est le cas, je n’en doute pas, de mon mariage avec la duchesse d’Aquitaine, qui sert bien des intérêts, mais à un prix que je ne veux plus payer, et sans résultat car il me manque toujours un héritier.
    Enfin, dis-nous un peu : plutôt bal ou plutôt tournoi ? Plutôt guerre ou plutôt paix ? Plutôt amour courtois ou plutôt croisade ?
    Je ne m’illustre que rarement durant les tournois, je laisse cela aux hommes avides de gloire. On me dit austère, il est vrai que je ne goûte guère les festivités, mais jamais cela ne m’empêchera de m’y montrer. La guerre est nécessaire, c’est par elle que se font et se défont les conquêtes qui ont tant d’effets sur nos royaumes, que se résolvent bien des conflits sans issue, mais que ne donnerais-je pour obtenir la paix ! Je prends les armes quand j’y suis contraint, mais je reste convaincu que la paix m’est indispensable pour mener à bien mes ambitions pour le royaume, ambitions qui ne laissent que peu de temps pour se livrer aux jeux courtois qui me laissent indifférents. La croisade, quant à elle, devrait pouvoir être une fierté, car il n’est rien de plus glorieux que de se battre au nom du Seigneur contre les Infidèles, de protéger  Jérusalem et les lieux saints, hélas, elle a donné lieu à tant de désillusions que rares sont ceux d’entre nous, anciens croisés, à vouloir s’en glorifier.


Dernière édition par Louis VII le Lun 25 Nov - 23:48, édité 3 fois
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Louis VII

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 18 Nov - 0:02

Louis VII  a  dit:
.
Partie I : 1131-1147



Huic superes tu qui superes successor honoris ;
Degener es si degener a laude prioris.

(Celui à qui tu survis, tu lui survis successeur de sa dignité ;
Tu manques à ta lignée si tu manques à sa renommée.
Épitaphe du roi Louis VII)

Le jeune homme pénétra brusquement dans la grande salle d’assises. Son visage était fermé lorsqu’il se mit à la parcourir d’un pas agacé, l’œil brillant d’une fierté impétueuse qui avait l’éclat de la jeunesse et semblait de celles que l’on devait se garder d’offenser. Entré à sa suite, le vieil homme s’installa calmement sur l’un des sièges de bois qu’avaient occupés tant de seigneurs et observa sans mot dire la silhouette qui faisait les cent pas face à lui. L’adolescent avait le port altier, la démarche décidée, les traits volontaires que l’on prêtait aux rois lorsqu’on se les représentait sans jamais les avoir vus, et certains aimaient à dire qu’il avait déjà la carrure d’un homme. Par sa fierté, l’énergie que dégageait chacun de ses pas, ses regards de flamme, le vieux chevalier songea qu’il ressemblait à sa mère, et que la nature n’aurait su mieux rendre justice à celle-ci qu’elle l’avait fait en lui donnant un tel fils. Il en avait en grande partie héritée la personnalité, cela ne faisait de doute pour personne, mais pour le vieux chevalier qui l’avait vu grandir, il ne fallait pas s’arrêter à ce que chacun s’accordait à dire. Car derrière l’orgueil agacé et la fière impatience qui animaient les traits de Philippe Auguste, il devinait bien, lui, les traces laissées par le père du jeune roi. La gravité dans laquelle il plongeait parfois et ses regards perçants qui ne se laissaient pas déchiffrer, c’était bien de Louis qu’il les tenait, et cette pensée tira un sourire amusé à Simon lorsque le jeune roi se tourna vers lui, car il savait que ce dernier ne l’aurait pas appréciée.
- Je ne supporterai pas que l’on me gronde comme un enfant ! déclara soudain Philippe, l’air résolu. Encore moins de leur part.
- Il s’agit de ta mère et de tes oncles.
- Justement.
- Les Blois sont des appuis dont tu ne dois pas te priver. De plus, Isabelle de Hainaut était promise au fils du comte Henri, ils étaient dans leur bon droit, rétorqua Simon Ternel en songeant que ce dernier avait bien mal choisi son moment pour partir en Terre Sainte.
Le jeune homme eut un geste d’impatience, comme s’il ne s’agissait là que d’une broutille.
- Les Blois étaient les principaux alliés de ton père, tu dois les ménager, reprit le vieux chevalier plus gravement.
- Ils le manipulaient !
Simon esquissa un sourire fataliste. Ce que l’on murmurait déjà du vivant de Louis VII faisait office de vérité générale maintenant qu’il était mort. C’était pourtant bien mal connaître le défunt roi.
- Mon père était un pantin dans leurs mains, et celles du pape. Je ne ferai pas la même erreur, poursuivait Philippe avec véhémence.
- Tu es bien sûr de toi.
- Ce n’est un secret pour personne. Aliénor l’appelait le roi moine ! Il a été chanoine !
- Chanoine de Saint-Martin-de-Tours, oui, il l’a toujours été. Comme tous ses ancêtres, et tout comme toi, sais-tu que c’est aussi l’un de tes titres ?
Devant le regard outré du jeune roi, Simon ne put retenir un éclat de rire, puis il se leva et, redevenant sérieux, posa une main sur l’épaule de celui qui avait presque été son pupille.  
- Il faut que tu cesses de croire tout ce que l’on te raconte sur ton père. Il était destiné à la cléricature quand son frère est mort et l’a fait héritier de ton grand-père, mais n’en fais pas un moine pour autant. Il a passé son enfance à étudier la théologie, mais il n’a jamais eu la vocation.
Simon se souvint avec l’un de ces regards à la fois amusé et mélancoliques qu’ont ces gens qui ont déjà beaucoup vu du jeune garçon qu’il avait vu pour la première fois à Reims en 1131, quelques jours à peine après la mort de Philippe, et que l’on avait sacré sous l’œil sévère de Louis VI. Il avait alors onze ans, tout comme le nouvel héritier, le futur roi dont il devait devenir l’un des amis les plus proches. Le vieil homme qu’il était devenu, quarante-neuf ans plus tard, se souvenait toujours du faste grandiose de la cérémonie, pourtant préparée dans l’urgence, en tous points comparable à celle qui avait fait de l’adolescent qu’il avait face à lui le monarque qu’il affirmait être.
- Les faits et notre situation ne parlent pas pour lui… ironisa Philippe Auguste en s’éloignant pour se laisser tomber sur le siège couvert d’une étoffe tissée de fleurs de lys qui dominait l’assemblée.
- Louis n’était pas un homme de guerre, mais il avait de grandes ambitions pour le royaume, dont tu comprendras un jour à quel point tu es tributaire. Il avait une haute idée du royaume, seule la paix a l’extérieur lui a fait défaut. Je crois que ton père a été roi à la mauvaise époque.

    Palais de la Cité, décembre 1141
« Malheur à la terre dont le prince n'est qu'un enfant. »
(Bernard de Clairvaux)


Alors qu’il s’approchait à grands pas de la salle d’assises, Louis pouvait déjà entendre s’en échapper quelques vifs éclats de voix, signe évident de la tension dans laquelle menaçait de se dérouler le conseil. Les clans qui se disputaient places et influence dans l’entourage du roi avaient en effet de quoi s’agiter en ce printemps 1141, pourtant, lorsque ce dernier fit son entrée dans la salle, le silence revint et tous les regards convergèrent vers celui dont les décisions provoquaient tant de remous dans le royaume. Suivi de ses familiers, au premier rang desquels Simon Ternel, l’un des rares hommes que l’on pouvait considérer comme son ami, il traversa la large salle et alla s’asseoir sur le siège recouvert d’une étoffe brodée de nombreuses fleurs de lys qui dominait la pièce. Depuis cette position, enfin, il jaugea l’assemblée, promenant son regard perçant sur les visages rassemblés autour de lui. Nombre de ce que le royaume comptait de grands personnages avaient été mandés et il dévisagea tour à tour les seigneurs, les clercs et les chevaliers qui attendaient qu’il déclarât la séance ouverte pour reprendre leurs disputes qui tenaient plus ces derniers temps d’empoignades que de véritables débats. Jamais les oppositions n’avaient été si vives dans l’entourage du jeune roi depuis qu’on avait ceint le front de ce dernier de la couronne laissée par Louis VI, cet homme qu’il n’avait jamais réellement connu avant la mort de Philippe et qui avait par la suite été plus un maître qu’un père. Un maître qui n’avait jamais fait que lui dicter pas à pas ce qu’il convenait de faire, depuis les actes sur lesquels il devait apposer son sceau jusqu’à la femme qu’il lui fallait épouser, et n’avait daigné lui donner de véritables conseils que lorsque sa santé l’y avait forcé. Elle était désormais bien lointaine l’époque où, associé au pouvoir sans réellement y participer, le jeune Louis, septième de son nom, se contentait d’observer ceux qui l’entouraient, guettant dans le moindre des gestes de son père ce qui faisait de lui le roi face auquel tous devaient se plier. Désormais, ces visages qu’il avait tant étudiés tandis qu’on lui prêtait à peine attention, c’était vers lui qu’ils étaient tournés, et il lui revenait de tenir face à eux la place dont beaucoup doutaient, il le savait, qu’il fût capable de l’occuper.
- Le comte de Blois est absent, commenta-t-il après avoir fait le tour de l’assemblée.
- Le seigneur d’Amboise lui a fait une nouvelle bravade, il est aussitôt retourné sur ses terres. Il tente sans doute à nouveau de prendre le donjon de Montrichard à l’heure où nous parlons, répondit un seigneur champenois.
Un murmure ironique parcourut l’assistance, car ce n’était pas première fois, et certainement pas la dernière que Thibaud IV, comte de Blois, avait maille à partir avec le seigneur Sulpice d’Amboise. Louis, quant à lui, tâcha de dissimuler son mécontentement, car il souhaitait l’entretenir d’une affaire importante qui ne souffrait pas de délais, néanmoins, il en put que lancer vers Suger qui lui avait promis d’arranger convenablement les choses un regard peu amène.
- Mais si je puis me permettre, sire, je crois pouvoir dire que le comte ne s'associera pas à une chevauchée contre Toulouse, reprit le seigneur de Brienne, visiblement porteur de la parole de Thibaud.
L’annonce jeta un froid dans l’assemblée, et sur les traits de Louis qui essuyait là de la part de son remuant allié et palatin un second refus, d’autant qu’il s’agissait pour lui d’une affaire cruciale. La reine Aliénor, qu’il avait épousée quatre ans auparavant, malgré la tendresse qu’il nourrissait à son égard, avait après plusieurs semaines d’insistances réussi à convaincre son époux d’aller revendiquer les droits qu’elle prétendait posséder sur le comté de Toulouse, profitant de l’effacement de la voix du sage Suger dans son entourage pour parvenir à ses fins. Louis avait fini par céder aux demandes de sa jeune épouse, non pas par faiblesse comme on le murmurait déjà, mais parce qu’il sentait qu’il lui fallait s’affirmer face à ses puissants vassaux et songeait qu’un coup de force militaire dans ce lointain sud où la couronne avait depuis longtemps perdu la main ferait enfin taire les voix dissonantes. C’est par la force que son père s’était imposé, il voulait faire de même, d’autant qu’un succès lui permettrait de reprendre pied dans les confins du royaume qu’il rêvait de voir renouer avec son autorité. S’il n’était pas épris de conquêtes ou de batailles, le jeune roi ne manquait pas d’ambition. Il voulait marquer son autorité sur ses possessions, recréer les liens qui y avaient disparus, mais à chaque pas qu’il faisait, un désaccord, un conflit semblait se dessiner pour ralentir sa marche. Il était temps de frapper les esprits.
- Sire, avança un abbé proche de Suger, est-il bien utile et prudent de se lancer dans une telle expédition ?
- La reine Aliénor a des droits sur ce comté, il revient à notre roi de les faire valoir, rétorqua avec véhémence le sénéchal Raoul de Vermandois, fervent défenseur du projet.
Un murmure d’approbation parcourut l’assemblée, à la grande satisfaction du roi dont la décision était arrêtée.
- Nous partiront lorsque l’ost sera rassemblé, avec ou sans les hommes du comte Thibaud, trancha-t-il.
- Avant de se lancer dans une telle expédition, ne faudrait-il pas se préoccuper des affaires en cours ? lança soudain un évêque. Sire, sa Sainteté le pape réclame que vous cessiez de vous opposer à l’entrée en fonction de monseigneur Grimoald à Poitiers, et de Pierre de la Châtre à Bourges. J’ai également  avec moi une lettre de l’abbé de Clairvaux dont les propos vont dans ce sens.
Il y eut à la suite de cette intervention un court silence. Le jeune roi, se redressa sur son siège pour dévisager l’homme qui s’était avancé.
- L’abbé des Alleux est passé outre l’investiture qu’il doit recevoir de moi, je ne le laisserai pas exercer ses fonctions en l’état. Quant à Bourges… il n’en est pas question.
- L’abbé Grimoald a commis une erreur qu’il se doit de réparer, mais Pierre de la Châtre a été élu régulièrement par le chapitre de l’archevêché. Un compromis doit être possible, Sire, intervint enfin Suger, s’attirant un regard noir du chancelier Cadurc et de ses partisans.
- Moi vivant, Pierre de la Châtre n’entrera pas à Bourges ! s’anima le roi, en se levant de son siège.
Faisant fi de la rumeur qui monta dans l’assemblée, il fit taire l’évêque qui allait protester et brandissait déjà la missive de Bernard de Clairvaux qui n’avait de cesse de se mêler de ces affaires, surtout quand elles ne le concernaient pas. Si l’élection de l’évêque de Poitiers n’était pas sans issue, le conflit qui entourait Bourges en revanche  semblait bloqué. Le roi avait interdit aux chanoines d’élire ce Pierre de la Châtre afin de favoriser son propre candidat, Cadurc, mais ceux-ci étaient passés outre son ordre. Bien décidé à ne pas souffrir un tel affront, il avait refusé de donner son investiture au vainqueur malgré les instances du pape et de l’abbé de Clairvaux qui le pressaient toujours de revenir sur sa décision. Ce serait Cadurc ou rien, il l’avait décidé, en dépit des conseils apaisés de Suger dont l’influence cédait peu à peu la place à celle d’un clan bien moins modéré, que les vipères disaient mené par la reine Aliénor à laquelle le roi, sincèrement épris de son épouse, prêtait une oreille trop attentive au goût de certains. Mais c’était donner trop de pouvoir aux clans qui se faisaient et se défaisaient autour du jeune roi. S’il avait pris pour habitude de prendre en compte les avis de ceux qu’il considérait, les décisions étaient siennes. Il ne serait pas le pantin dont le pape et son entourage se disputaient la maîtrise. Il était roi.

*
*  *
- Il ne suffit pas d’avoir des ambitions, il faut s’en donner les moyens. Il a constamment baissé les bras, marmonna Philippe en jouant négligemment avec le sceau royal à son doigt, ce même sceau qu’il avait confisqué à son père malade quelques mois auparavant. Sa première descente a Toulouse l’à ridiculisé.
- Il a fait une erreur, imiter ton grand-père ne lui a jamais réussi. Je te l’ai dit, ce n’était pas un homme de guerre… Et les chevaliers du comte de Blois lui ont fait défaut, soupira Simon en se remémorant la déception de son roi et ami lorsqu’ils avaient buté contre les murs de Toulouse.
Devoir se contenter de l’hommage du comte Alphonse de Jourdain n’avait pas été un résultat de plus reluisants en effet. Beaucoup en avaient blâmé le comte Thibaud, alors en pleines négociations avec Geoffroy Plantagenêt et sa femme Mathilde pour obtenir la libération de son frère. Les autres avaient décrété que ce n’était là que le résultat de la mauvaise influence d’Aliénor sur son faible époux, regrettant les temps où triomphaient Suger et la reine mère Adélaïde de Savoie qui, plutôt que de se laisser disgracier, avait préféré se remarier en attendant son heure. Louis VII, quant à lui, avait pris acte de la défection de son comte palatin, et avait pris ses distances vis-à-vis d’Aliénor. A bien y songer, sans doute était-ce à ce moment là que le couple royal avait commencé à battre de l’aile.
- Tu vois, on ne peut pas faire confiance aux Blois, lança Philippe dont les sourcils se froncèrent, sans doute encore à la pensée des remontrances que lui avaient adressées sa mère, la reine Adèle de Champagne et ses deux oncles, les comtes Thibaud de Blois et Etienne de Sancerre.
Le vieux chevalier laissa échapper un sourire amusé devant ce mouvement de mauvaise humeur, qu’il devinait causé par la fierté du jeune roi.
- Mon père lui-même a combattu Thibaud IV.
- Le conflit était inévitable, à l’époque, acquiesça Simon en reprenant sa place dans l’un des sièges de bois. La comtesse Mathilde, sa femme, avait décidé d’accueillir chez elle Pierre de la Châtre dont ton père ne voulait pas à Bourges, au risque de s’attirer les foudres du pape qui a lancé l’anathème contre le royaume. Je l’ai rarement vu furieux comme ce jour-là, ajouta-t-il en au souvenir de la scène qui avait suivi l’annonce.
Louis, en effet, n’avait pu contenir plus longtemps sa colère et son indignation de voir le pape et l’abbé de Clairvaux se ranger derrière Thibaud qui semblait décidé à le défier ouvertement. Amer, même si l’affaire de Toulouse l’avait rendu méfiant face aux exhortations d’Aliénor à laquelle il reprochait en plus de ne pas lui donner d’héritier, il avait à son tour pris le parti du conflit et soutenu les projets de Raoul de Vermandois qui cherchait à répudier sa femme pour épouser la sœur d’Aliénor, Pétronille. La femme en question étant la sœur de Thibaud, les tensions ne pouvaient que mener au conflit qui s’en était suivi.
- Mais cette époque est révolue depuis longtemps, reprit le vieil homme. Nous étions encore jeunes, ton père a été marqué par la guerre de Champagne. Et surtout, il a compris l’importance de certaines alliances, au point qu’il est parfois nécessaire de faire un certain nombre de compromis pour les conserver.  

    Vitry, automne 1142
« La mort a grimpé par nos fenêtres, - elle est entrée dans nos palais, - elle a fauché l'enfant dans la rue, - les jeunes gens sur les places. »
(Jérémie, X, 20)


Les cris des paysans et des bourgeois dont on pillait les maisons, la fureur des chevaliers en armes et des soldats qui se répandaient dans les ruelles, le crépitement des brasiers qui s’embrasait partout dans la ville, tout se mêlait dans le chao autour de Louis VII, qui, juché sur sa monture, voyait une nouvelle forteresse champenoise tomber entre ses mains. Silencieux, il assistait en spectateur à ce qui lui semblait une parfaite illustration de l’Apocalypse dont il était, avec ses hommes, le funeste porteur. Le jeune roi n’était pas un guerrier. S’il ressentait parfois à l’aune d’une bataille ce frisson qu’il sentait parcourir ses troupes, s’il avait lui aussi rêvé de gloire, d’associer son nom et son règne à de grandes victoires qui feraient de lui l’égal de son père, toujours la réalité morbide de la guerre le rattrapait, avec son lot de cris, de sang et de pillages qui ne ressemblaient en rien aux récits de grandes batailles dont on l’avait quelques fois bercé. Alors à Vitry comme dans toutes les cités où l’ost royal était passé, Louis observait les scènes rituelles qui suivaient la prise d’une ville sans toutefois y participer, et adressait à Dieu une prière silencieuse, demandant pour lui et pour ses troupes Son pardon pour le sang versé. Un sang qui lui salissait d’autant plus les mains qu’il coulait au nom de luttes pour le pouvoir, d’orgueils, de calculs politiques bien étrangers à ces gens dont l’on rasait méthodiquement la ville et les maisons, mais avait-il d’autre choix ? Les choses étaient allées très vite après l’échec cuisant de la chevauchée jusqu’à Toulouse. Le refus du comte Thibaud de se mêler à l’expédition avait acéré contre lui nombre de langues dans l’entourage du roi, et lui-même, d’amertume, avait été bien prompt à reprocher à son vassal indiscipliné sa défection, même s’il était bien conscient qu’il s’était trop facilement laissé convaincre par les propos peu stratégiques d’Aliénor qui lui avait fait miroiter une assise plus forte dans des possessions qui avaient depuis trop longtemps oublié ce qu’elles devaient à la couronne.
Les clans s’étaient resserrés autour de l’affaire de Bourges, poussant Pierre de la Châtre à aller chercher refuge en Champagne, tandis que Raoul de Vermandois, de son côté, répudiait Eléonore de Blois pour s’unir à Pétronille d’Aquitaine, provoquant aussitôt les foudres du pape qui avait fulminé l’excommunication contre le couple tandis que le comte Thibaud, fort de cet affront, mettait ses possessions sur le pied de guerre. Que faire sinon se jeter dans l’engrenage de la guerre et tenter d’en tirer tout le profit possible, de prendre la main et de régler rapidement un conflit que personne de voulait voir s’enliser ? Prenant une fois de plus le parti des armes contre les conseils du fidèle Suger, Louis avait lancé son ost sur la Champagne à Reims, Châlons, puis enfin Vitry, dans le but d’encercler les principales villes fortifiées de Thibaud IV. Il imaginait aisément la fureur ce petit homme sec, fulminant contre tout ce qui l’entourait, car son armée n’était pas de taille à lutter contre celle du roi et le forçait à se retrancher derrière les murs de ses cités. Vitry n’était qu’une étape dans le plan du jeune roi qui espérait obtenir un avantage tel que l’on ne pourrait s’opposer à ses conditions lorsqu’il serait temps de négocier la paix. Il ne comptait pas occuper indéfiniment les villes de Champagne, ni même les confier à cet Eudes de Champlitte qui se prétendait le comte légitime et dont il avait repris les revendications pour justifier son attaque. Ce qu’il voulait, en plus de mettre au pas ces Blois qui n’avaient cessé de le défier et son père avant lui, c’était faire plier le pape Innocent II qui, jaloux de prérogatives que Louis VII n’était pas prêt à lui laisser exercer, se mêlait d’élections épiscopales en son royaume, prétendait dispenser les évêques de l’investiture qu’ils devaient recevoir du roi et avait pris le parti de Thibaud IV. Il obtiendrait la levée de l’interdit qui pesait sur le royaume, celle de l’excommunication contre Vermandois et son épouse, et l’annulation de la décision du chapitre de Bourges, ou les combats se poursuivraient. Il y était résolu et ne pouvait en aucune façon faire machine arrière, pas cette fois, quand bien même il devait attirer sur sa tête le courroux divin qui, à la vue des scènes qui se déroulaient sous ses yeux, lui semblait proche.
- Sire ! Sire ! l’appela soudain la voix bien connu de Simon Ternel, le tirant de ses sombres pensées.
Louis redressa vivement la tête, prenant brusquement conscience que les cris semblaient avoir redoublé d’intensité et qu’une odeur de charnier s’élevait dans les airs. Il lança un regard interrogateur au chevalier, tout aussi nerveux que sa monture qui piaffa en s’approchant de celle du roi, pointant du doigt une direction derrière le donjon.
- Le fils du comte Thibaud et ses hommes ont rebroussé chemin, ils seront là d’ici peu.
- Il faut remettre nos troupes en ordre de bataille, décréta Louis qui se doutait lorsqu’il avait finalement décidé de prendre Vitry que l’on n’échapperait pas à une telle confrontation.
Il allait talonner son cheval afin de ramener ses hommes, mais les traits crispés de son ami l’arrêtèrent.
- Qu’y a-t-il, Simon ? l’interrogea-t-il. Que se passe-t-il là-bas ? ajouta-t-il en identifiant enfin le lieu d’où leur venait le crépitement de plus en plus violent qu’ils pouvaient entendre.
- Des soldats ont incendié l’église… les habitants y avaient tous trouvé refuge.
Un court instant, Louis, blême, resta saisi de cette annonce, le temps de réaliser ce qu’un tel acte signifiait. Sans attendre plus de précision, il s’élança vers l’église et une fois parvenu devant le bâtiment d’où s’échappait une fumée noire et une insoutenable odeur, resta glacé d’effroi. C’étaient des femmes, des enfants, des vieillards, des hommes désarmés qui brûlaient entre ces murs léchés par les flammes qui auraient dû les protéger de toute atteinte, cette maison sacrée de Dieu dans laquelle ils n’auraient dû trouver que la protection divine, et non une horrible mort.
- Dieu nous punira, souffla le jeune roi qui ne parvenait à détourner les yeux.
- Ne le sommes-nous pas déjà ? répondit Simon à qui cette vision semblait tout aussi insoutenable. Mais vous n’êtes pas responsable de ce malheur, sire, nous trouverons les coupables…
- Il s’agit de mes hommes, de mon armée, Ternel. Je suis responsable, je ne m’en défausserai pas sur…
De nouveaux cris interrompirent le roi, qui se tourna brusquement vers un groupe de chevaliers qui, tous, regardaient dans une même direction tout en se mettant en ordre de bataille. Non loin, à portée de voix, le jeune Henri, fils de Thibaud, était apparu à la tête de ses hommes qui semblaient être restés saisis à leur tour devant la vision infernale qui s’offrait à eux. Louis soupira, et mena sa monture au devant de ses troupes, plus nombreuses que celle du jeune champenois. Il allait les sommer de se retirer quand ce dernier, à la surprise générale, mit pied à terre et laissa tomber son épée sur le sol pour faire quelques pas au devant de ses ennemis. Le roi, dont le regard ne quitta pas cette étrange scène, vit du coin de l’œil Simon retenir le geste d’un archer tandis que face à eux, le fils de Thibaud IV levait le poing.
- Monstres ! Monstres ! hurla-t-il, sa voix portant, vibrante de colère, jusqu’au roi. Est-ce donc là la guerre que vous menez ? Où se trouve la gloire de massacrer des paysans et des artisans dans l'enceinte sacrée de la maison de Dieu ? Où se trouve la prouesse de tuer des femmes et des enfants, des hommes désarmés ? Monstres ! Je m'en remets à Dieu de votre châtiment !
Il n’y eut pour répondre à ce discours qu’un long silence, parmi les troupes royales, un silence troublé par le crépitement des flammes qui léchaient toujours les murs de l’église. Louis resta muet face au fils de son ennemi, qui ne saurait sans doute jamais quelle vive impression il venait de produire sur le roi. Il ne pouvait que lui donner raison, mais sentant que la tension risquait de monter, il dût se résoudre à lui enjoindre de rebrousser chemin, et de laisser la ville, qu’il ne pouvait reprendre face à une armée plus nombreuse. Inutile d’ajouter de nouveaux morts, Vitry, ce jour-là, en avait déjà bien assez vu. Lorsqu’il fut assuré que les combats ne reprendraient pas, Louis se tourna à nouveau vers l’église d’où s’échappaient inlassablement cette épaisse fumée noire et dont chacun cherchait désormais à s’éloigner. La gorge nouée, il se signa, tandis que les mots du jeune Henri semblaient toujours résonner à ses oreilles. Cette monstruosité-là, matérialisée par cette vision dont il s’empêchait de se détourner, elle le hanterait longtemps. Et alors qu’il mettait enfin pied à terre pour aller rejoindre le conseil de chevaliers que l’on venait d’assembler, il promit silencieusement à Dieu qu’il ferait tout pour l’expier.  

*
*  *
Au mot de « compromis », le jeune roi pinça les lèvres, tirant à Simon la pensée que c’était bien là un mot que l’impétueuse jeunesse se refusait à entendre. Il l’avait détesté, lui aussi, tout comme le défunt roi qui avait su montrer à quel point il pouvait être buté sur ses positions lors de la guerre de Champagne, si bien que même l’abbé de Clairvaux et ses saintes colères avaient peiné à l’amener à la négociation. Pourtant, combien avait-il dû en faire de ces compromis, par la suite ! Tout son règne en avait été gangréné, en une incessante suite de négociations, d’accords, souvent peu respectés, ou pas assez longtemps pour lui permettre de mener réellement à bien ses projets. Ironie du sort : c’était sans doute celui qu’il avait fallu faire avec le comte Thibaud et le pape, successeur d’Innocent II avec lequel aucune discussion n’était possible, qui avait mené sur la paix la plus durable.
- Un compromis ? Il a simplement cédé, une fois encore. Il a laissé Pierre de la Châtre à Bourges, et il a fallu attendre la mort d’Eléonore de Blois pour que le pape annule l’excommunication contre Vermandois et Pétronille, lança Philippe. Il avait l’avantage, mais a préféré négocier.
Le ton était toujours hautain, presque méprisant, mais quelque chose dans l’attitude du jeune avait changé. Affalé sur son siège quelques instants plus tôt, il s’était redressé, il avait abandonné le sceau royal qu’il faisait rouler entre ses doigts pour dévisager son vieux mentor.
- L’anathème pesait sur le royaume depuis deux ans, et le comte Thibaud projetait des alliances en Flandres et en Bourgogne, l’avantage n’aurait plus été aussi certain, répondit Simon avant d’ajouter avec un sourire songeur : ton père, même s’il s’est entêté, a fini par penser que la paix était préférable. Le nouveau pape offrait de lever l’interdit, et l’abbé de Clairvaux de le réconcilier avec un vassal puissant. A quoi bon plus de combats quand la paix était possible ? Nous en avions déjà trop vu à Vitry… La paix avec les Blois n’a presque plus été compromise par la suite, ce n’était pas un mal.
- On voit le résultat aujourd’hui, marmonna aussitôt Philippe, ils se croient tout permis.
- Tu apprendras que lorsqu’un homme seul réunit dans ses mains assez de terres pour cerner ton domaine, il faut savoir composer avec lui, répliqua Simon, ce qui poussa aussitôt le jeune roi à se rembrunir. Il était plus que temps de mettre fin à un trop long conflit, ton père en était conscient, d’autant qu’il ne pouvait agir sur deux fronts, or tu sais très bien que c’est vers l’Ouest qu’il lui a fallu se tourner.
Philippe hocha la tête, songeur. Il savait bien ce qui, soudain, avait rendu le ton du vieux chevalier plus sévère et son regard un peu plus inquisiteur.
- Il a assuré sa paix avec Thibaud et le pape pour faire face à Plantagenêt ? interrogea-t-il.
- Oui, Geoffroy, le père de ton grand ami le roi d’Angleterre, achevait la conquête de la Normandie, il était temps de s’en préoccuper. La suite nous a assez montré qu’une alliance avec Thibaud, puis ses fils, était plus que nécessaire.  

    Palais de la Cité, avril 1144
« Ubi concordia, ibi victoria. »
(Là où est la concorde est la victoire.)


Une cour nombreuse s’était réunie au palais ce jour-là pour assister à la cérémonie. Louis, qui apparaissait pour l’occasion dans toute la majesté de sa fonction, promena sur eux l’un de ces regards pénétrants, presque perçants qui lui étaient devenus coutumiers et un sourire austère vint un instant étirer ses lèvres. A leur habitude tant que l’évènement qui les rassemblait à Paris n’avait pas officiellement débuté, tous ces seigneurs qui se disaient ses fidèles vassaux ne lui prêtaient que peu d’attention, comme s’ils le considéraient comme quantité négligeable dans ce tableau chamarré d’étoffes soyeuses dont l’éclat masquait à grand peine les intrigues et les guerres de clans auxquels personne ne pouvait se dire étranger. Le jeune roi qui entamait la septième année de son règne l’avait bien compris, et s’il ne pouvait nier l’amertume qui le gagnait parfois lorsqu’il faisait ce constat, il se gardait toutefois bien d’en montrer quoi que ce soit. A vingt quatre ans, Louis songeait encore que l’on finirait bien par comprendre, en cette cour, que l’on se trompait lourdement à son sujet, d’autant qu’il venait de remporter une victoire qu’il estimait non-négligeable et que c’était la raison pour laquelle tous étaient venus. C’était pour voir Geoffroy Plantagenêt lui prêter un hommage certes, théorique, selon les dires de certains, mais qui n’en consacrait pas moins un fait crucial : le comte d’Anjou, désormais duc de Normandie, si puissant fût-il, n’en restait pas moins son vassal. Cette Normandie dont la conquête méthodique, obstinée, place par place qu’il avait faite forçait l’admiration, c’était du roi des Francs qu’il la tenait en fief, et c’était à sa libéralité à lui, Louis VII, qu’il devait d’en être véritablement investi. Et si l’on se murmurait, d’alcôves en couloirs, que ce n’était là que pure théorie, une seule chose importait aux yeux du jeune roi : officiellement, il avait l’ascendant, et Plantagenêt ne pouvait rien contre lui car ce serait se comporter en vassal félon que d’intenter une quelconque action contre son suzerain. Et au regard des ambitions du duc et de son insatiable femme, Mathilde, ce n’était pas là une garantie négligeable. C’est donc tout à fait certain de sa victoire que Louis, derrière le masque grave que les circonstances imposaient, jubilait lorsqu’il se dressa face au nouveau duc de Normandie qui, ayant fait son entrée dans la salle d’assises, s’agenouilla, mains tendues vers lui.
- Je jure en ma foi d’être fidèle à partir de cet instant au roi Louis, et de lui garder contre tous et entièrement mon hommage, de bonne foi et sans tromperie, déclara d’une voix clair le comte d’Anjou quand son suzerain eu refermé ses mains autour des siennes.
Louis lui retourna avec les mots consacrés la promesse de lui être un bon seigneur, puis Geoffroy se redressa et les deux hommes échangèrent le baiser qui achevait de sacraliser l’hommage, sous les vivats de la foule. Le jeune roi réprima un sourire, alors qu’il faisait face à l’assemblée. Cette fois, sa stratégie avait été payante : sa paix avec le comte de Blois conclu, il s’était aussitôt tourné vers la Normandie dont Plantagenêt achevait la conquête. Il avait pris ce dernier de vitesse en assiégeant le château de Driencourt, une des rares places fortes qui n’étaient pas encore tombées dans les main du comte d’Anjou, forçant ce dernier, s’il voulait parachever sa conquête, à négocier et à acheter assez cher l’investiture royale. En effet, en plus de l’hommage dont l’importance au moins symbolique était capitale aux yeux de Louis, ce dernier avait obtenu de Plantagenêt qu’il lui cédât le château de Gisors devant lequel, un jour, son propre père avait échoué, et d’autres forteresses dans le Vexin, région jusque là restée impénétrable à l’ost royal. Après les errements de la guerre de Champagne, c’était là une victoire qu’il convenait de savourer.
- Pensez-vous que le roi d’Angleterre va réagir ?
Les festivités en l’honneur de la cérémonie avaient commencé lorsque Simon s’installa auprès de son roi et ami dont le regard s’était un instant arrêté sur la silhouette de son épouse. Leurs liens, depuis quelques mois, s’étaient considérablement distendus. Rendu méfiant par ses échecs passés, il avait cessé de prêter l’oreille à ses conseils et à ses inimitiés, tout comme il avait cessé de soutenir la cause de sa sœur qui ne lui avait apporté que des conflits. La voyant en grande conversation avec ce qui semblait être l’un de ses troubadours, il s’en désintéressa et se tourna vers son chevalier.
- Etienne de Blois n’est pas en position de faire quoi que ce soit, la moitié de son royaume est aux mains de Mathilde et la Normandie était perdue pour lui.
Simon hocha la tête, songeur, et Louis sut que la même pensée leur avait traversé l’esprit. Il y avait quelques années désormais que les deux rois avaient noué une ferme alliance contre les ambitions des Plantagenêt en Angleterre, une alliance matérialisée par le mariage de la jeune sœur de Louis, Constance, avec le fils d’Etienne, Eustache. Mais depuis quatre ans que les noces avaient été célébrées, Constance n’avait toujours pas donné à son époux l’héritier que ce dernier souhaitait, et non contente de mettre en danger des liens nécessaires, cette dernière ne cessait d’écrire à son frère qu’elle ne souhaitait plus de ce mariage, le targuant d’insensibilité lorsqu’il lui enjoignait de remplir ses devoirs. Ajouté à cette situation, l’accord que Louis venait de passer avec les Plantagenêt ne devait pas avoir été vu d’un très bon œil de l’autre côté de la Manche, et l’amitié en avait sans doute été fragilisée. Pourtant, le jeune roi voyait mal Etienne se passer d’un allié dans sa situation, d’autant qu’il y avait bien longtemps qu’il n’avait plus la main sur la Normandie.
- Nous verrons, Simon, nous verrons, lâcha le roi en faisant tourner son gobelet rempli de vin entre ses mains. Nous n’en avons pas terminé avec les Plantagenêt.
Louis, alors qu’il portait son verre à ses lèvres, s’il se doutait que la tranquillité qu’il venait de s’assurer avec les Angevins ne durerait pas éternellement ignorait toutefois à quel point il faisait preuve de clairvoyance.



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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 18 Nov - 0:02

Louis VII  a  dit:
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Partie II : 1147-1149



- Il n’a jamais été de taille contre les Plantagenêt. Tous les hommages du monde ne l’auraient pas sauvé, déclara Philippe avec ce qui ressemblait à de l’amertume dans la voix.
- Geoffroy s’en est tenu à son serment, il avait besoin de la paix avec ton père pour pouvoir se tourner vers l’Angleterre. Nous n’avions pas encore eu affaire à son fils… lâcha Simon en s’enfonçant dans son siège, comme si les poids des souvenirs que lui évoquaient ces quelques mots et qui comportaient nombre d’échecs pouvait encore peser sur lui.
- A-t-il réellement jamais eu la paix ?
- Après Driencourt, oui. L’Angleterre a accaparé l’attention des Angevins, l’alliance avec le comte de Blois semblait assurée, Suger avait retrouvé sa place aux dépends du clan de la reine, et en 1145, enfin, Aliénor a donné naissance à sa première fille.
- La comtesse Marie ?
- Oui. Ce n’était pas l’héritier attendu, mais ton père m’a confié, plus tard, qu’il en toutefois été sincèrement heureux, comme on peut l’être devant son premier enfant. Il s’est bien gardé de le montrer à Aliénor, mais il lui a toujours voué une réelle affection, malgré les rumeurs qui ont circulé.
- Sur les amants de la reine ? Il ne les a pas crues ?
- Il l’a toujours considérée comme sa fille. Il ne se serait pas donné tant de mal pour qu’elle épouse le comte de Champagne si ça n’avait pas été le cas.
- Comment cela ? interrogea le jeune roi en dissimulant mal sa curiosité.
- Ton oncle avait d’autres… projets, qu’il a fallu contrarier.
Simon laissa un silence songeur passer, tandis que Philippe, quant à lui, haussait un sourcil ironique en songeant à ce qu’avaient donné ces arrangements, et à la situation de cette demi-sœur, qui par son mariage avec le comte Henri, était également sa tante, à bien y songer.
- Quoi qu’il en soit, reprit le vieux chevalier, elle a toujours été son aînée à ses yeux. Les rumeurs sur Aliénor n’ont jamais manqué, elles n’étaient certainement pas toutes fausses, mais celles-ci ont vite été dissipées.
- D’autres sont venues les remplacer ? lança Philippe Auguste avec une désinvolture qui montrait assez bien ce qu’il avait pu entendre sur le compte de la duchesse d’Aquitaine.
- Peut-être, mais nous avions autre chose à penser à l’époque, elles m’ont échappées.
Un sourire amusé étira les lèvres du vieux chevalier, un sourire qui perdit de son air enjoué lorsque son pupille se redressa sur son siège, comprenant enfin où il venait en venir.
- C’est là que mon père a décidé de partir en Terre Sainte, n’est-ce pas ?
Simon hocha lentement la tête, et l’adolescent qui le dévisageait put deviner comme une absence dans son regard, toujours la même lorsque l’on évoquait le sujet de la croisade dans laquelle Louis VII avait entraîné chevaliers et pèlerins devant l’un d’entre eux. Tous, Simon, le comte de Flandres, le comte de Champagne et les autres, tous le partageait ce vif éclat dans leur regard, mais brusquement, le vieux chevalier sembla revenir à la réalité.
- Il l’avait sans doute déjà décidé depuis longtemps, je crois qu’il s’en était confié à Saint Bernard dès les négociations de paix avec Thibaud. Mais la prise d’Edesse par les Turcs lui a donné un prétexte pour mettre en œuvre son projet. Il était bien le seul à en être convaincu, en 1145, mais après Vézelay… Nous sommes tous partis convaincus que rien ne pourrait nous résister, et que nous libérerions Jérusalem.
Une ombre passa sur le front du vieil homme. Il se souvenait comme de la veille du jour où l’armée du roi accompagnée de ses milliers d’hommes et de femmes désarmés, auxquels ont avait promis merveilles et rédemption qui avait quitté Paris puis Metz en 1147. Il se souvenait des espoirs, de l’excitation, de la ferveur qui s’était emparés d’eux… mais pour quelles déceptions.

    Jérusalem, septembre 1149
« Malheur aux chefs responsables ! Ils n'ont rien su faire de bon. »
(Bernard de Clairvaux)


La basilique de la Résurrection était presque déserte en cette heure tardive, et tout autour du roi de France n’était que silence et prière. Face à lui, le tombeau du Christ pour lequel il avait entraîné l’ost franc dans la longue et difficile épreuve qui venait de s’achevait se dressait, majestueux, comme pour lui rappeler qu’il ne devait pas se laisser envahir de regrets, car tout ce qu’il avait vécu depuis le jour où il avait recueilli l’oriflamme à Saint-Denis, deux ans plus tôt, il l’avait fait par amour pour le Seigneur et pour expier ses péchés. A cette pensée, le souvenir d’une église dévorée par le feu, d’une fumée noire et épaisse qui emportait avec elle l’âme de femmes et d’enfants troubla un instant son esprit, mais il réalisa brusquement que l’incendie de Vitry lui semblait désormais bien lointain et qu’il ne se doutait pas alors sur quel chemin le mènerait la volonté d’obtenir le pardon pour cette faute. Longtemps, il avait gardé son projet de croisade secret, ne s’en ouvrant qu’à l’abbé de Clairvaux lorsque deux années plus tard, la cité d’Edesse était tombée aux mains des Turcs. Il avait fallu le convaincre, ainsi que les seigneurs qui n’avaient d’abord pas montré un grand enthousiasme, mais peu importait, Louis se souvenait encore comme du jour précédent de l’assemblée de Vézelay, de la longue et sainte complainte de l’abbé Bernard, de la ferveur avec laquelle tous, comme un seul homme, avaient pris la croix et juré d’aller défendre Jérusalem pour la gloire de Dieu. Jamais ils n’avaient été aussi unis qu’en cet instant, jamais, surtout pas après, sur les routes qui les avaient menés de Paris à Metz, de Metz à Constantinople, de Constantinople en cette Terre Sainte qu’ils aspiraient pourtant tous à libérer du joug de l’Infidèle. C’en était fait de cette belle ferveur, songea le roi avec amertume, dès l’instant où ils avaient passé les frontières du royaume, traversant des territoires déjà épuisés, voir dévastés par le passage de l’armée de l’empereur Conrad III qui avait souhaité prendre de l’avance sur l’ost français, signe que déjà, l’orgueil et les dissensions le disputaient à la piété et à la pénitence. C’était pourtant bien pour cela que Louis VII s’était croisé, pour la gloire de se battre au nom du Seigneur et pour permettre à tous ceux qui le souhaitaient d’aller effacer leurs péchés sur la tombe même du Christ. Et pour quelles désillusions ? Bien peu étaient les pèlerins à avoir pu, comme leur roi, poser le regard sur ce Saint Sépulcre devant lequel il s’agenouillait ce soir-là. Tous ou presque avaient été tués sur la route, et tout ce qu’il pouvait faire pour eux, c’était mêler leur pensée à ses prières. Quant aux seigneurs et aux chevaliers qui avaient pu découvrir Jérusalem, cette ville dont le faste et les splendeurs, à l’image de Constantinople, tranchaient tant avec le mode de vie austère du monarque franc, ce dernier imaginait assez bien leur déception car c’était la même qui, parfois, s’emparait de lui. Il était déçu lorsqu’il songeait à ce que cette croisade qu’il avait voulue comme une preuve de l’unité de tous les chrétiens avait montré comme dissensions et oppositions entre Grecs, Syriens et Francs. Déçu lorsqu’il songeait à la trahison de Manuel Comnène qui n’avait eu de cesse de rendre le périple de l’armée croisée jusqu’à Jérusalem toujours plus difficiles, quitte à s’allier avec les Turcs qui les avaient décimés. Déçu lorsqu’il se remémorait le scandale d’Antioche provoqué par Aliénor et qui avait jeté l’opprobre sur leur séjour dans la cité de Raymond de Poitiers et irrémédiablement séparé les deux époux. Déçu, encore, au souvenir de l’incapacité des princes d’Orient à s’entendre et l’impasse dans laquelle l’avait mené leur orgueil et son ignorance. Ne restait que ce pèlerinage qu’il avait eu à cœur d’accomplir et qui l’avait conduit, depuis plusieurs mois, à visiter tous les lieux saints qu’il lui avait été possible de voir et où il cherchait à chaque fois le repos de son âme et le pardon qu’il désirait tant obtenir, jusqu’à revenir une dernière fois face au tombeau du Christ, presque huit mois après le départ de la plupart des croisés. Un soupir échappa au monarque et, après s’être signé une dernière fois, il se redressa et sortit, laissant l’air si particulier de ces soirées orientales l’envelopper.
- Nous partons demain pour Saint-Jean d’Acre, tout est arrangé, sire, lui glissa une voix bien connue lorsqu’il se fut éloigné.
- Merci, Jan.
Le roi adressa un regard entendu au chevalier avant de le laisser s’en retourner. L’espace d’un moment, jusqu’à ce que l’ombre n’avale sa silhouette, il regard s’éloigner celui à qui il devait sans doute la vie. Jan Fergusson l’avait sauvé bien des semaines plus tôt, lorsqu’on avait tenté de l’assassiner à Jérusalem. Il n’avait jamais su qui était le tuer, un traître ou un simple brigand comme il n’était pas rare d’en trouver, mais Jan, quant à lui, avait accepté de rester auprès de lui. S’il avait renvoyé des fidèles en France, tel Simon Ternel, afin de ne pas laisser à ses remuants vassaux le champ totalement libre, le Norvégien ne repartirai qu’avec le roi, dans les bateau qui les attendaient à Acre pour les ramener en Europe. Car il fallait désormais songer au retour. L’échec de l’armée croisée devant Damas avaient définitivement mis fin à la croisade, et depuis que les seigneurs étaient rentrés en Europe, l’abbé Suger à qui avait échue la régence du royaume ne cessait de le prier de mettre fin à ce qui ressemblait à un exil et de revenir y mettre bon ordre. Le frère cadet de Louis, Robert de Dreux, s’agitait et intriguait, comme à son habitude, menaçant d’entraîner à sa suite plusieurs grands vassaux en vitupérant contre l’échec de la croisade qu’il imputait à son aîné. Il était temps pour Louis VII de revenir, maître en son royaume, quand bien même beaucoup en doutait déjà et ne cesseraient sans doute jamais d’en douter. Il lui fallait également régler une autre affaire d’importance et au souvenir de sa femme, les traits du roi se durcirent alors qu’il revenait vers le palais où le jeune Baudouin III et sa mère Mélisende l’accueillaient. Le comportement d’Aliénor à Antioche avait ôté à son époux tout ce qu’il pouvait garder d’affection à son égard. Que la rumeur d’inceste soit vérifiée ou non, en se montrant bien plus proche de son oncle Raymond que ne le voulaient les règles, elle avait créé un nouveau scandale – le scandale de trop pour l’austère roi qui ne supportait plus d’avoir à ses côtés une épouse frivole et sans retenue. Il avait sincèrement aimé la jeune femme dans les premiers temps de leur mariage mais les années passant, ses mauvais conseils, son attitude, les désillusions, tout cela avait conduit Louis à s’en éloigner inexorablement, et la tendresse s’était changée en agacement perpétuel, voire en mépris lorsqu’il l’avait faite tirer de son lit pour la forcer à quitter Antioche. Depuis, le couple royal se battait froid et, excédé, Louis se prenait de plus en plus souvent à songer que ce manège ne pouvait plus durer. Le chemin de retour en Europe incluait un passage à Rome et alors qu’il pénétrait dans le palais de Jérusalem, Louis songea qu’il faudrait parler avec le pape. Après tout, il était à peu près certain qu’Aliénor n’en pensait pas moins que lui.
Ayant gagné ses appartements, le roi de France s’appuya un moment sur le rebord d’une fenêtre d’où il pouvait dominer les alentours. Les traits toujours empreints de cet air trop grave qui ne le quittait désormais que rarement, il embrassa la Ville Sainte du regard, les collines arides qui l’entouraient qu’il leur avait fallu affronter, et plus loin, l’horizon parsemé de premières étoiles, cet horizon qui semblait plein de promesses qu’il n’avait pu tenir, de défis qu’il n’avait su relever et qu’il quittait pourtant. Un échec, dont les souvenirs où se mêlait sang et poussière viendraient sans doute le hanter, mais Louis avait déjà connu trop de revers pour en rester abattu. Et si une puissante nostalgie s’empara de lui lorsqu’il devina, au loin, les flambeaux d’une caravane qui se dirigeait vers eux, il songea qu’il lui fallait désormais tirer les enseignements qui s’imposaient et qu’il restait toujours l’avenir.




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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 18 Nov - 0:03

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Partie III : 1149-1151



- Vous n’en parlez jamais, constata le jeune roi, tirant Simon des songes lointains qui avaient un instant assombri ses traits éternellement sereins. Mon père ne m’a jamais raconté, et les trouvères sont plus bavards que n’importe lequel des anciens croisés.
- Personne n’aime à se souvenir de ces choses-là, pourquoi crois-tu que le pape a eu tant de mal à convaincre quelques uns d’entre nous de repartir ?
- Mon oncle, le comte Henri est pourtant reparti, lui.
- On dit qu’il a fait une promesse, il y longtemps… souffla Simon en songeant que ce n’était pas là une brillante idée, et en esquissant un rictus ironique à l’idée qu’il n’était sans doute pas le seul à regretter son absence.
- Mon père n’y a-t-il pas pensé ? demanda Philippe Auguste.
- Je ne le crois pas. Il est toujours resté préoccupé par ce qui touchait à la défense de Jérusalem, mais il n’a jamais sérieusement songé à reprendre la croix. S’il y en a bien un parmi nous qui revenu marqué, et surtout changé en 1149, c’est bien lui.
- Il a décidé de se séparer de la duchesse Aliénor ?
- Il le désirait, oui, mais leur passage à Rome et leurs entrevues avec Eugène III les en ont dissuadé pendant un moment. Il fallait conserver au moins les apparences de l’entente, surtout après un tel désastre en Terre Sainte. Aliénor est vite retombée enceinte après cela.
- D’une nouvelle fille, ironisa Philippe.
- Oui, la comtesse Alix, quelques mois après leur retour à Paris. Ce n’était pas l’héritier voulu et il y a eu de nouvelles tensions. Tous les efforts du pape, de Suger et de l’abbé Bernard pour les réconcilier sont vite devenus inutiles. Leur séparation n’était qu’une question de temps, ton père ne désirait que cela, malgré les lenteurs du Saint Siège.
- Certains te répondraient qu’il était trop faible et trop manipulé par le clergé pour s’opposer frontalement à la volonté du pape… glissa le jeune homme.
Il y eut un court instant de silence. Simon, depuis son siège de bois, leva les yeux sur le fils de son défunt ami. A la hauteur et au mépris qu’il affichait au début de leur conversation s’était substitué un réel intérêt. Philippe n’accusait plus, il interrogeait et le vieux chevalier crut lire dans son regard qu’il souhaitait peut-être qu’on le contredise. Un mince sourire aux lèvres, il se leva et s’approcha jusqu’à se trouver à ses côtés, face à l’assemblée de sièges vides sur lesquels il avait vu passer tant de seigneurs et de prélats.
- Ton père n’était ni faible, ni manipulé par Rome, Philippe. Seulement, lorsqu’il est revenu de Terre Sainte, lorsqu’il a vu de quelle réputation de piété on l’avait affublé et que le peuple l’aimait pour cela, il a compris que donner à voir aux autres ce qu’ils souhaitaient voir pouvait lui être utile.
Le jeune roi fronça les sourcils, comme s’il ne parvenait pas à saisir où Simon voulait en venir.
- Réfléchis un instant. Toutes ces abbayes, tous ces monastères qui auraient profité de la trop grande piété de ton père pour lui arracher toujours plus de droits et de privilèges, aurais-tu la moindre emprise sur eux et dans le sud du royaume s’ils n’étaient pas redevable à la couronne ? Ferait-on appel à toi pour rendre la justice en dernier ressort s’il ne s’était pas imposé comme le protecteur de ces églises ? Pendant que les grands vassaux et leurs clans s’entre-déchiraient pour l’influencer et exercer la réalité du pouvoir, ton père avançait pas à pas. Je t’ai dit qu’il avait ses propres ambitions pour le royaume. Il aurait sans doute réussi dans la tâche qu’il s’était confiée s’il n’y avait pas eu d’incessants conflits avec Plantagenêt.
- Les Angevins, c’est là qu’est le danger, murmura Philippe.
- C’est ce qu’il t’a dit à la fin, n’est-ce pas ? Le jeune roi hocha la tête. Tâche de t’en souvenir. C’est à ton père que tu dois ta position, avec ses faiblesses, mais aussi et ses forces.

    Palais de la Cité, automne 1151
« Rien ne ressemble plus à un homme qu'un roi. »
(Charles XII de Suède)


Plongé dans la lecture de ce qui semblait être une longue lettre, Louis sortit à grands pas du palais, non sans lever un instant les yeux pour jeter un regard perplexe aux deux gardes qui l’accompagnaient et, à force de bavarder, manquèrent de trébucher sur un nouvel arrivant et sa vaillante monture. Lorsqu’il reconnut la silhouette décharnée, la bure blanche dont elle était couverte et l’âne à l’air résigné sur lequel elle était juchée, le roi s’arrêta et salua respectueusement l’abbé de Clairvaux qui, revenu de la croisade personnelle qu’il menait à l’abbaye de Lagny pour sauver l’âme du vieux comte de Blois que l’on disait un peu trop pétillant depuis que la maladie l’avait gagné, lui annonça qu’il avait avec lui des nouvelles du pape mais qu’ayant un nombre incalculable de lettres à écrire pour régler le sort de la Chrétienté, il souhaitait lui parler un peu plus tard. Esquissant un sourire amusé, le roi approuva et ordonna qu’on le conduisît à ses appartements avant de poursuive son chemin vers sa propre monture, songeur. Le pape avait-il enfin accepté de reconnaître l’invalidité de son mariage avec Aliénor ? Il en doutait, car il n’y avait pas à douter que l’abbé Bernard le lui aurait aussitôt annoncé. Il fallait bien toutefois que cette mascarade cesse. Il ne supportait plus son épouse – qui le lui rendait bien – et les évènements récents n’avaient fait qu’envenimer leurs relations qui se résumaient désormais à une unité de façade lorsque les circonstances l’exigeaient et qui laissait place la plupart du temps à une irrémédiable froideur. Lui qui pensait que le scandale d’Antioche aurait suffi à cette épouse trop frivole avait dû faire face à de nouvelles rumeurs, toutes aussi infamantes que les précédentes, et alors qu’il avait enfin réussi à obtenir du jeune et impétueux Henri Plantagenêt l’hommage qu’il lui devait pour l’Anjou, le Maine et la Normandie, cette courte victoire avait rapidement été entachée d’un nouveau bruit d’adultère entre la reine de France et le duc de Normandie. Ce nouvel éclat avait hâté la décision du roi, et il avait repris à son compte auprès d’Eugène III les arguments de son épouse sur ce lointain cousinage qui rendait invalide leur mariage. L’abbé de Saint-Denis, peu avant sa récente mort qui laissait un énorme vide dans son entourage et au conseil, avait bien plaidé une dernière fois en faveur de la réconciliation mais cette épreuve était l’épreuve de trop pour le couple royal et la patience pourtant grande du roi. Retrouvant toute sa gravité ordinaire, ce dernier baissa les yeux sur la lettre de sa sœur Constance, qui, usant elle aussi de cette patience, lui annonçait son arrivée prochaine à la cour, voyage dont son époux Eustache ne faisait pas partie et qui menaçait à nouveau la fragile alliance avec Etienne de Blois. Agacé de la voir désobéir si ouvertement à ses ordres, Louis plia la missive. Il serait toujours temps de lui parler lorsqu’elle serait là, et de lui faire comprendre qu’elle avait un rôle à jouer et ne pouvait simplement décider de l’oublier.
- Je serai de retour pour le conseil, annonça-t-il à son chancelier, un neveu de Suger.
Ce dernier hocha la tête. Il y avait bientôt deux ans qu’il avait pris la place de Cadurc à son office, peu de temps après le retour de Terre Sainte du roi. Ce dernier avait rapidement appris les troubles qu’avaient causés son ancien chancelier en compagnie de Raoul de Vermandois et sans surprise, de son frère cadet, Robert, troubles auxquels l’abbé de Saint-Denis, dont la régence s’était avérée exemplaire, avait eu bien du mal à répondre. A son retour à Paris, pourtant, Louis s’était bien gardé de punir ouvertement les coupables. Cadurc s’était même vu nommé archidiacre en la ville de Châteauroux, au grand dam de Pierre de la Châtre, l’archevêque de Bourges, et de l’abbé de Déols dont on disait qu’il avait rencontrait assez de difficultés avec la maîtresse de Châteauroux pour voir d’un bon œil l’arrivée d’un homme que l’on disait si proche du roi. Mais cette prestigieuse nomination qui avait d’abord comblé Cadurc avait vite révélé ses véritables intentions et, éloigné du conseil, ce dernier n’avait pu que donner raison au monarque lorsque ce dernier avait laissé entendre que cette distance ne convenait plus à la charge de chancelier, puis accepter de laisser sa place à un autre sans risquer la moindre plainte. Et si depuis lors Cadurc était de nouveau admis au conseil du roi, celui-ci avait néanmoins compris à quelles manipulations, sous son air grave et sa prétendue faiblesse, Louis était capable de se livrer.
- Ne voulez-vous pas une escorte, sire ? lança le chancelier.
- Ceux-là suffiront, répondit le roi en désignant les deux gardes qui s’étaient enfin mis en selle.
Par souci de simplicité, guidé par cette austérité que certain jugeaient digne des monastères cisterciens, rares étaient les fois où il se déplaçait avec une véritable escorte, d’autant plus que ce jour-là, il n’avait que quelques rues à parcourir, ce qu’il fit dans un silence songeur. La rupture de ce mariage qu’il appelait de ses vœux n’était pas sans poser un certain nombre de problèmes qu’il ne pouvait ignorer. Comme l’avaient déjà soulevé certains des grands vassaux consultés sur le sujet, la rumeur voulait que des projets d’alliances aient déjà été noués entre la duchesse d’Aquitaine et cette furie de Mathilde qui se proclamait Empresse. Une union entre Aliénor et le jeune Plantagenêt, même s’il venait de prêter hommage à son seigneur, aboutirait à la formation d’un bloc à l’Est bien menaçant pour le roi, et s’il ne voyait dans l’Aquitaine qu’une accumulation de seigneuries plus ou moins rebelles, mal unifiées, un ensemble en somme presque ingouvernable dont il ne se défausserait pas sur Plantagenêt avec tant de regrets, une telle hypothèse n’en demandait pas moins de réfléchir sérieusement à ses propres alliances. Au premier rang de celles-ci se trouvait la Castille, et Louis ne pouvait s’empêcher de soupçonner qu’il n’y avait pas de hasard au fait que la jeune Constance ait été envoyée à sa cour alors que les rumeurs de séparation allaient bon train. Il avait croisé à plusieurs reprises cette princesse vive, de quinze ans plus jeune que lui, mais si le parti du roi de Castille était intéressant, il n’avait pu s’empêcher de trouver en elle des traits semblables à ceux qui faisaient d’Aliénor une épouse si scandaleuse. Or s’il s’en séparait, ce n’était pas pour risquer de nouveaux problèmes dans son mariage dont il espérait désormais un fils. S’il gardait un œil distant sur la jeune castillane, il ne pouvait que s’en méfier tandis que celle-ci, ambitieuse, semblait avoir compris à quoi tenait son destin car l’on reportait, ça et là, que la frivole princesse s’assagissait, ce qui avait au moins le mérite de la présenter comme une jeune dame à l’esprit vif. Mais parvenu face à la vieille cathédrale Saint-Etienne, Louis chassa ces projets matrimoniaux de ces pensées. Rien n’était joué.
- Sire ! l’interpella Maurice de Sully alors qu’il mettait pied à terre, sous le regard circonspect de ses deux gardes. Je suis honoré que vous preniez le temps de m’écouter !
Le roi assura au prélat qui devait devenir l’un des évêques parisiens les plus connus lui assura que c’était là chose normale et vint le rejoindre devant la façade de Saint-Etienne.
- Vous vouliez me faire part d’un projet ?
- Oui, un projet que votre Majesté ne pourra qu’approuver, car je sais à quel point elle tient à protéger les fidèles sujets que Dieu a placé entre ses mains.
Louis tenta de ne pas voir dans la mince ironie qui avait percé sur les derniers mots de Sully un reproche voilé sur son attitude bienveillante envers les Juifs du royaume tandis qu’il poursuivait :
- Vous savez sans doute que Saint-Etienne est devenue trop vieille, et surtout trop petite. Les fidèles s’y entassent tous les jours plus nombreux… J’aimerais remédier à cette situation, Sire. Je suis un grand admirateur de ce qu’a accompli l’abbé Suger à Saint-Denis. J’aimerais faire table rase, et voir s’élever une merveille à cette place, une cathédrale si belle, si grande que le monde entier vous l’enviera !
- L’envie et l’orgueil ne sont-ils pas des pêchés, mon père ? ironisa Louis en se tournant vers la vieille bâtisse, songeur.
- Pas lorsqu’il s’agit d’honorer Dieu de la plus belle des façons ! Imaginez, Sire, s’enthousiasma-t-il en faisant de grands gestes, ici deux immenses tours, peut-être même des rosaces… Et le portail, monumental ! Pouvez-vous l’imagine, sculpté, représentant le Jugement dernier que tous pourraient admirer, redoutant ce qui attend les mauvais, souhaitant le sort des bons… Et ici, une petite effigie de Sainte Marguerite, déclara-t-il et montrant une direction au hasard, avant de se reprendre. Ne serait-ce pas magnifique ?
- Je vois que vous avez une idée précise de ce que vous souhaitez, mon père, constata le roi en essayant d’imaginer de telles splendeurs à la place de la vieille cathédrale.
- Je vois déjà tout, jusqu’aux six Vierges folles et six Vierges salles qui encadreraient la porte, Sire. Nous pourrions la dédier à notre Sainte mère la Vierge, qu’en pensez-vous ? N’est-elle pas la protectrice des pécheurs qui viennent chercher le secours dans la maison de Dieu ? Ce serait une merveille, Sire, et juste sur le pas de votre porte, il suffirait de créer une rue ici, jusqu’à votre palais…
Tout en parlant, Maurice de Sully avait désigné les maisons qui s’entassaient à quelques pas seulement de Saint-Etienne et ne laissait apparemment pas le moindre espace pour une quelconque rue.
- Hum, oui il faudrait procéder à quelques aménagements, quelques destructions peut-être, concéda l’enthousiaste prélat.
Louis esquissa un mince sourire. Qui ne pouvait rêver d’une telle merveille ? Quel meilleur écrin pour le royaume dont il rêvait qu’un si ambitieux édifice à la gloire du Christ et de sa mère ?
- Ce projet me plaît, Sully, lança-t-il. Je suis certain que vous trouverez le moyen de le mettre sur pied, lorsque ce sera fait, nous pourrons en reparler.
Il ne se doutait pas alors qu’il ne verrait jamais la fin  d’une telle entreprise, pas plus que Maurice de Sully qui le salua chaleureusement alors qu’il se remettait en selle, mais à quoi bon ? Le plus important n’était-il pas de laisser une trace dans cette Histoire qui oubliait si vite les hommes mais conservait si bien la pierre ? C’est sur cette pensée que le roi franc acheva son rapide retour vers le palais de la Cité, mais ces lointaines s’effacèrent bien vite devant la triviale réalité du conseil qui, aux dire de l’un de ses chevaliers, l’attendait. Lorsqu’il passerait cette porte, le roi qui nourrissait lui aussi projets et ambitions devrait, une fois de plus, s’effacer, laisser place à l’homme grave, austère, que certains songeait sans volonté, tel que tous voulaient le voir. Non sans regret, Louis avait bien compris, à force d’échecs, qu’il n’avait pas la force de son père, que jamais il ne s’imposerait comme l’avait fait Louis VI. Il ne lui restait, à lui, que sa faiblesse. Celle, exagérée, que l’on voulait lui attribuer et celle, réelle, dont il ne pouvait qu’avoir conscience, derrière laquelle il avait choisi de se retrancher, de se dissimuler afin d’en laisser d’autres se déchirer. Rares étaient ceux à avoir deviné que derrière ce masque bien souvent silencieux qu’il revêtait, il observait ces hommes qui se disaient vassaux fidèles mais se préoccupaient bien plus de le manipuler et de leurs intérêts, ces mêmes hommes qu’il avait convoqué à sa cour car c’était bien là et non sur leurs terres que leurs querelles étaient les plus inoffensives. Ces mêmes hommes qu’il connaissait bien plus qu’ils ne pouvaient l’imaginer, dont il savait parfois à l’avance les réactions, les requêtes quand personne, ou très peu, ne pouvait se targuer de savoir quelles pensées, quels projets traversaient l’esprit du roi.
Ainsi, alors qu’il parvenait à pas lents devant la grande salle d’assise, les traits du monarque se fermèrent et c’est un homme grave, peut-être songeur, accablé par ce rôle de roi qui lui seyait si mal, dont le regard pénétrant sonda pourtant chacun des hommes réunis qui s’avança.
- Et voilà notre Roi Moine qui vient, railla à voix basse un seigneur en se penchant vers son voisin.
Louis VII, comme s’il n’avait pas entendu ou supportait avec résignation ce quolibet ne tourna pas même la tête vers eux. Il se contenta de réprimer un rictus plein d’ironie et d’amertume, et sans plus attendre, déclara la séance ouverte.

*
*  *
Un silence s’était installé dans la grande salle, comme si les fantômes que l’on y évoquait avaient le pouvoir de faire taire les vivants, de leur rappeler que peu de temps auparavant, ils y trônaient encore. Le jeune roi, qui s’était complètement tourné vers le vieux chevalier, le dévisagea un instant.
- C’était donc lui qui manipulait, et non l’inverse ?
- D’une certaine façon… Il n’a jamais été grand stratège ou grand homme de guerre, il faisait parfois même preuve de naïveté, mais jamais il n’a été le pantin inoffensif que l’on voulait voir. Il s’en donnait l’air, ainsi personne ne le voyait jamais venir alors que je le soupçonne de s’être toujours douté à l’avance, ou presque, de ce que nous allions dire ou faire. Il avait une longueur d’avance, mais il avait parfois du mal à s’en servir. Il était faible sans l'être réellement, par manque de moyens... Mais ne doute jamais de ce qu'il a fait, tu lui dois beaucoup.
Philippe avait soudain bien des questions à poser, des évènements à interroger, mais l’heure à laquelle il avait fixé le début du conseil sonna brusquement et déjà, quelques seigneurs s’apprêtaient à faire leur entrée. Le jeune roi se redressa, comme s’il ne voulait pas être surpris à s’intéresser de la sorte à un homme que tous ou presque étaient d’accord pour mépriser, mais que si peu semblaient réellement connaître.
- Tu pars ? demanda-t-il à Simon qui faisait mine de tourner les talons.
- Ces choses-là ne sont plus de mon âge, tu le sais, et j’ai déjà bien assez parlé pour aujourd’hui, répondit celui-ci.
- Nous reparlerons, alors.
Un sourire amusé étira un instant les lèvres du vieil. Il hocha la tête et enfin, s’éloigna, saluant au passage les comtes de Blois et de Sancerre, ainsi que le comte de Flandres qui les suivait de peu, tous ces hommes qui n’appartenaient pas encore tout à fait au passé, qui avaient encore leur partie à jouer quand la sienne semblait se borner désormais à faire connaître un homme que l’on semblait déjà prêt à oublier à son fils. Philippe, quant à lui, suivit des yeux celui avait été le plus fidèle ami de son père, mais alors qu’il sortait, quelque chose d’autre, comme une ombre familière attira son regard. L’espace d’un court instant, c’est bien à son père qu’il lui sembla faire face, pas à l’homme malade des derniers temps auquel il avait confisqué le sceau royal quelques mois auparavant, mais au roi de son enfance dont il gardait encore quelques souvenirs. Sur ses traits graves, démentant son regard presque sévère, il lui sembla deviner un sourire mais un seigneur passa devant le fantôme et lorsqu’il s’éloigna, la silhouette tremblotante n’était plus. Le jeune Philippe Auguste détourna le regard de l’ombre disparue, et alors qu’il ouvrait le conseil, celui qui n’était pas encore tout à fait le conquérant, le vainqueur de Bouvines, le grand roi dont l’on devait se souvenir, se remémora l’épitaphe que l’on avait fait graver sur le tombeau de son père, ce dernier message devant lequel il n’avait fait qu’hausser un sourcil avant de se détourner. En levant les yeux vers les seigneurs assemblés face à lui, il songea soudain, non sans un mince sourire, qu’il y avait peut-être, finalement, une renommé à laquelle il ne devait pas manquer.



Dernière édition par Louis VII le Lun 25 Nov - 23:12, édité 5 fois
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Henri de Champagne

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 18 Nov - 0:38

Henri de Champagne  a  dit:
Bonsoir, c'est hype de traîner sur les forums (et de poster des fiches aussi visiblement) à des heures improbables What a Face

Henri ne pouvait résister à l'envie de venir souhaiter la bienvenue au roi, il a terriblement hâte de lire la suite de ta fiche (ton début donne terriblement l'eau à la bouche **) ainsi que de développer leur lien sword 

Et d'un point de vue plus personnel... RHA ce Loulou quoi ** ** , depuis le temps qu'on en parle, ça fait quelque chose de le voir par là et je suis sûre que tu seras le meilleur roi que nous aurions pu espérer lick .

Bon courage pour la suite de ta fiche sword (oui, ça y est, on peut partager le smiley épée What a Face) . Et rebienvenue :king: 
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Henri Plantagenêt

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 18 Nov - 18:39

Henri Plantagenêt  a  dit:
Roh flûte, v'là le mari green 

*la joueuse pousse son personnage sur le côté, l'envoyer rouler dans le décor*

Quel plaisir de voir enfin Louis VII débarquer sur le forum ** **  j'ai hâte de voir ce que tu vas nous en faire ! Même petit Planta est content dans le fond... mais si, mais si, j'te jure green

Bonne chance donc pour l'écriture de cette fiche, c'est un sacré morceau que ce personnage ! Mais je sais que tu t'en sortiras très bien green et puis, le premier DC du forum, ça se fête, espèce de schizo aggravée ! mdr

Bref, re-bienvenue parmi nous ! perv ** lick 
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Aliénor d'Aquitaine

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 18 Nov - 21:55

Aliénor d'Aquitaine  a  dit:
Ciel, mon mari ôO *prend Henri sous un bras, l'Aquitaine sous l'autre et file*

Blague à part j'ai hâte de lire ta fiche ** Couraaaaage! et fais-moi signe quand tu as fini
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Louis VII

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyMer 20 Nov - 23:52

Louis VII  a  dit:
Merci à tous les trois **

Adeline - Merci pour l'accueil à une heure wtf mdr Je suis flattée, j'espère que je vais être à la hauteur avec ce petit Loulou que j'aime déjà beaucoup **
En tout cas, lui, il est ravi de voir Henri par là, ils est persuadé qu'ils pourront faire de grandes choses sword (owi, ce smiley **)

Cha - Eh oui, voilà le mari What a Face (hum). J'assume ma schizophrénie, c'est hype de s'enfoncer toujours un peu plus 8D PP n'a qu'à bien se tenir ! sword

Cess - Prend donc ton Aquitaine, je m'en passe très bien, que des terres pas gouvernables de toute façon Suspect *il sort*


Ma fiche avance petit à petit - je suis gentille, je ne poste pas tout d'un coup, on ne pourra pas m'accuser de faire un truc trop long à lire du coup What a Face What a Face
J'espère avoir fini d'ici ce weekend **
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Mathilde l'Emperesse

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyVen 22 Nov - 16:45

Mathilde l'Emperesse  a  dit:
"Oh noooon pas luii !" Suspect 

*pousse Mathilde*

Faut toujours qu'elle râle l'emmerdeuse l'Emperesse mdr Je suis ravi de voir ton DC débarquer Marie !!! :perv:Je suis sûr qu'on pourra faire de graaaandes choses perv Moi aussi j'ai hâte de voir la suite de cette fiche !!!! Courage et re-bienvenue dans cette nouvelle peau !!!
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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyLun 25 Nov - 23:47

Louis VII  a  dit:
Aah... très chère Mathilde What a Face
Merci de ton accueil ! **



Bien bien bien... j'ajouterai que ma fiche est (enfin) terminée ! sword 
J'ai tâché de compiler le PV, nos conversations, mes idées et surtout mes lectures - je tiens à remercier Sassier qui m'a tenu compagnie en cette longue épreuve ** *je sors* - donc techniquement, tout y est !

J'ai hâte de jouer ! super 
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Aliénor d'Aquitaine

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyMar 26 Nov - 20:43

Aliénor d'Aquitaine  a  dit:
... Non... j'ai pas envie... j't'aime pas...

*pousse Aliénor et sa non-objectivité*

C'est fou comme on s'aime pas sur ce forum tous entre nous mdr

Aliénor dit que c'est dommage que Louis fasse pas plus de tournois, ça forge le caractère. (Mais quel chieur Philippe Auguste, les ados, vraiment...)

Si tu crois qu'on a pas vu ce que tu faisais entre les Amboise et les Blois... Référence à Sybille inside mdr 

Ta fiche était super sympa à lire, très fluide (comme d'hab ^^)

Tu es à présent validé(e), bienvenue parmi nous :clap:. Tu peux à présent t'orienter vers le bottin pour réserver ton avatar. Une fois ceci fait, tu pourras créer tes liens ainsi que tes mémoires tu trouveras d'ailleurs dans ce topic des codes prêts pour t'aider si tu ne sais pas coder. Les rangs se font à partir de 100 messages, et les logements à partir de 200.

Bon jeu parmi nous heart


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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyMar 26 Nov - 20:55

Louis VII  a  dit:
C'est hype de se détester What a Face

J'aurais fait des références, moi ? :o
Bon ok, Sybille n'aime pas l'idée de partager ma tête avec un autre moi LOTien du coup elle stalke, mais Loulou a trouvé que c'étaient surtout les Blois qui stalkaient sous son règne quand même Suspect 
Enfin bref, c'est cool la schizophrénie mdr

Merci pour la validation :king: 
J'essaye de travailler un peu et je m'en vais faire tout ce qu'il y a à faire 8D
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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyMer 27 Nov - 22:42

Élisabeth de Courtenay  a  dit:
Pardon du retard mais quelle magnifique fiche à lire ! Bravo ! Et donc bienvenue à nouveau ! Youhou Louis ! Les Français vaincront !
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Béatrice de Breteuil

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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyDim 1 Déc - 14:15

Béatrice de Breteuil  a  dit:
Mon Loulou 17e est pas d'accord avec ce nom là, faut en trouver un autre, il a déposé déjà la marque mdr green

Rebienvenue avec ce personnage en tout cas ^^
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MessageSujet: Re: Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée)   Louis VII ~ Rex Dei gratia (terminée) EmptyJeu 5 Déc - 19:26

Flore d'Evreux  a  dit:
Rebienvenue Marie ! heart  Tu fais un Louis VII qui dépote grave ! ** 
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