Bateau ... Sur l'eau ...

Vous voyez cette petite fille qui joue dans le verger. C'est moi, Aénor de Lusignan. A cette époque, j'avais 5 ans et j'étais déjà une jolie petite tête blonde. Mais je ne suis pas née dans une rose, malgré tout ce que l'on peut en dire, je vais donc vous compter mon histoire, celle d'une enfant non désirée mais qui exauça malgré cela, les rêves de ses parents.

La famille de Lusignan est une importante famille de l'Aquitaine, elle possédait des Terres et était connue pour sa loyauté à son duché. De mes souvenirs, mon père et mon frère ont toujours été fidèles aux Ducs et les ont soutenus dans leur combat, notamment contre le royaume de France et son expansion régulière. Nous étions une famille sans grande histoire parmi les nobles d'Aquitaine, mon frère faisait l'admiration de nos parents par sa bravoure, son intelligence et sa force au combat. Mais un évènement non calculé vint perturbé la vie de cette famille prestigieuse: Moi. Je suis née en 1134 à Lusignan, plus de vingt ans après mon frère Hugues. Même si, je suis une enfant tardive, puisque je suis née longtemps après le mariage de mes parents, je sais qu'ils ont pour moi une affection profonde. Malheureusement, la place d'une femme dans cette société n'est pas sur le devant de la scène, a briller et à se faire remarquer. Non, loin de la. Elle est plutôt dans la gestion de la famille, à manier d'un main de fer les dépenses tout en portant gros ventre et en priant pour que l'enfant à naitre soit un fils, à faire honneur à son mari sans broncher , ni dire un mot. Je ne voulais pas finir comme ma mère, esseulé dans un château, à n'avoir pour ambition que le fait de tenir la plus belle maison de la région, mais je savais que c'était mon destin et j'espérais juste trouver un homme qui ne serait bon avec moi.

Ce n'est pas tant l'utilité que je pourrais avoir dans la famille qui me donna l'attention des Lusignan. Nous étions une famille riche, puissante, influente. Nous n'avions pas besoin de plus. Les Ducs d'Aquitaine nous connaissaient, et savaient qu'ils pouvaient compté sur notre force armé, la réputation des Lusignan n'étaient plus à faire. Et puis, la couronne de France n'était pas dans les petits papier de notre père, le terne de la cour, cette austérité du pays d'oc, et des conseillers verreux, rien qui ne donnait envie aux Lusignans, comme aux autre noble d'Aquitaine, de se lier à cette Couronne de France. Un mariage avantageux n'était pas indispensable et serait énormément d'investissement en temps, en argent pour la dot, pour peu de retour. Mais j'avais quelque chos en plus. Mon frère me parla souvent d'une joie de vivre qui étonnait la plupart de nos proches. Mon frère et moi étions très proches à une époque. A ma naissance, mes parents étaient déjà âgés, et mon frère, qui avait 22 ans, fut nommé comme mon parrain. Il s'occupa de moi quand il était présent et aujourd'hui encore, me raconte beaucoup d'anecdotes concernant ma jeune enfance. Il m'a décrit une Aénor joyeuse, courant partout , rigolant et toujours souriante qui faisait une quantité astronomique de bêtises.
Il disait que mon plus grand défaut était de faire trop vite confiance aux gens.

Défaut qui, aujourd'hui encore, me hante. Crédule, naïve, candide, on dit souvent de moi que je suis telle une poupée, ravissante mais aussi innocente qu'un nouveau-né. Toujours est-il qu'un jour, vint la grande question du mariage. Je ne m'y suis jamais opposée. Je rêvais d'amour, d'aventure, d'un homme qui n'aimerai que moi, qui me courtiserai. Mes parents étaient très exigeants dans la recherche du prétendant parfait. Il devait être issus d'une famille de même rang que la nôtre, se distinguer au combat, avoir une rente confortable et posséder les mêmes allégeances que les Lusignan. Pendant des mois je m'interrogeais ... Qui serait donc ce mystérieux époux ? M'aimerait-il ? Le trouverais-je à mon gout ?
Et puis, un homme s'est présenté, un cousin d'Aliénor d'Aquitaine, fort bon chevalier, il réunissait tous les critères que mes parents recherchaient et son ascendance était non négligeable. Je le rencontra lors d'une fête donné en l'honneur de nos fiançailles, il se nommait Geoffroy de Thouars et c'était un plutôt bel homme de 10 ans mon aîné. La fête fut grande et de prestigieux invités vinrent nous faire part de leur voeux. Le mariage suivit et mon époux se revela être une personne respectueuse et courageuse.
Il ne me fallut pas longtemps pour en tomber amoureuse. Et cela malgré les mises en garde de mes proches.

Prends garde Aénor, un homme, aussi droit soit-il, possède une faiblesse. Pour certains c'est leur femme, pour d'autre, ce sont des motifs bien plus matérialistes. Argent, pouvoir, gloire, ... Tu entre dans le monde des adultes et sa cruelle réalité. Ne t'attache pas trop à lui, car la chute n'en sera que plus douloureuse.

Mon mari est un homme ambitieux. Grace à sa naissance, nous nous sommes rapproché de la Couronne et je suis membre de la maison de la princesse Marie. Mais mon époux regarde déjà ailleurs. Depuis peu, on entend parler d'un jeune homme venus de Normandie et d'Angleterre, qui cherche, par tous les moyens, à récupérer la Couronne d'Angleterre. Je crois que cela intéresse Geoffroy qui, bien qu'il ne me le demande pas, écoute quelques conseils que je lui donne.
Je n'ai jamais été une femme forte et pleine de caractère. Je suis plutôt discrète, enjouée mais discrète. Le charisme et la force de caractère de Dame Aliénor, celle a qui reviendra à jamais mon allégeance, m'a toujours émerveillé. Aussi parfois, me risquais-je à donner mon avis sur l'une des envies de mon conjoint. Même si celui ci n'y répond pas favorablement, je sais qu'il m'écoute parfois.

Mais je dois garder en tête que ma situation actuelle n'est pas définitive. Nombreuses sont les dames qui me pressent de concevoir un fils. Je ne suis ni reine, ni princesse et mon mariage n'est pas un enjeu économique ou politique, mais si je n'ai pas d'enfant, mon mari pourra se débarrasser de moi comme il le désire. Rien ne le relie à moi tant que nous n'avons pas d'enfant et si, autrefois, cette idée me faisait rire, les évènements récent commencent à m'angoisser. Et si je ne me sécurise pas rapidement, je risque de courir à ma perte.